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autres ne sont que pour elles; il ne faut iamais ni changer cet institut, ni y rien adiouster; c'est l'intention du Roy et mon advis est de se renfermer à une seule obligation, pour sen mieux acquitter.

Je vous conjure de prier Dieu pour moy et de luy demender que ie sois plus occupée de mon salut, car ie me partage en tant de différentes choses que i'en ay du scrupule, quoy quil ny en ait pas vne de mauuaise.

le ne vous dis rien, Monsieur, sur l'estime que iay pour vous crayant vous lauoir prouuée par ma confience.

Nora. Cette lettre formait quatre pages petit in-4°. La dernière ligne ne laissant pas de place pour signer, la signature a été remplacée par un petit paraphe que madame de Maintenon employait habituellement.

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Ne douttés pas que vous ne me faciés vn fort grand plaisir en menvoyant tout ce que vous ecrivés qui pourra estre vtile a lestablissement de St Cir.

Limpatience que Mme de Brinon a de voir quelque chose de commencé l'a obligée de faire faire vne retraitte; ie ne my suis pas oposée par ce que cela ne peut faire que du bien et que iay esté bien aise quelle fist connoissance avec Mr l'abbé Gobellin, que ie voudrois que nous eussions pour superieur cest vn bon homme sçauant, pieux et sans cabale.

Je nose establir vne grande communauté sur mes seules lumieres; ie consulte de tous les costés et ie trouve vne difference dadvis qui iusques à cette heure ne sert quà m'enbarasser. Les vns ne veulent point de vœux; les autres pretendent quil en faut de simples; les vns disent quils engagent comme les autres ; les autres soutiennent que l'euesque en peut dispencer; les vns veulent que la closture soit establie, les autres n'en veulent point. Il y en a qui veulent que les dames ne renoncent point à leurs biens, et ie voudrois quelles neussent point cette raison de tourner encore les yeux vers le monde. Les vns veulent douze années d'épreuue, les autres six, les autres deux; les vns veulent quelles ne puissent faire des vœux quà vingt ans les autres à dix-huit, M' Gobellin à seize. Enfin ie ne say plus ou ien suis sans conter les contradictions du dedans, car Me de Brinon a aussy ses volontés et veut que lon y

defere. Elle a dans la teste de former vne communauté de filles de quinze ans, pour nen auoir pas vne seule qui nait esté formée par elle; ie luy ay mandé que ie voulois absolument en mettre deux de dehors et cela dans la veue d'essayer de celles que vous m'aués proposées; mais il ne faut pas quelle sache quelles viennent de vous, mandés moy ce que cest et si ie les auray quand ie voudray.

Jay fait dire a Me de Brinon, qui est gouuernante de la petite princesse dHarcourt que ie luy conseillois de se confesser à vous; ie vous la recommande; cest ie croy vne bonne fille mais toutes ces parantes de Mme de Brinon m'ont donné de la peine en voulant des distinctions que ie n'admets point dans ceste maison et que ie refuse à celles qui me sont proches.

Voila les constitutions que je vous envoye; lisés les, ie vous prie, auec attention, pour men dire vostre advis, i'y vais ioindre les reigles des iournées et l'a maniere dont ie voudrois les charges et tout l'ordre de la maison.

Dittes moy vostre advis librement sur tout; iay gardé ce que vous maués escrit à Chambord, pour men seruir en temps et lieu. Je croy que nous serons a Versailles le 14 de novembre, en attendant priés Dieu pour moy ie vous prie ie nen eus iamais autant de besoin.

III.

ΜΑΙΝΤΕΝΟΝ.

Ce 27 octobre (Fontainebleau 27 octobre 1685).

Si vous me disiés en confession ce que vous mecriués aujourd'huy ie croirois deuoir lescoutter sans replique et souffrir en esprit de penitence ce que iy pourrois trouver dinjuste, mais comme cest vne lettre ie croy que vous y voulés vne reponce et qui soit dans toute la liberté que iay auec vous. le mapperçeus bien le ieudy saint que Me de B..... (Mme de Brinon) vous auoit persuadé et iescoutay auec assés d'estonnement que vous me dissiés quelle ne cederoit pas à ma faueur et à ma puissance et que sa conscience l'emporteroit tousiours sur la complaisance quelle me deuoit. Ie croyois que vous sauiés assés que ce nest pas moy qui veux mettre le desordre dans St Cir, que cest moy qui y presche la regularité et que ie ne connois rien que ie puisse me reprocher,

qu'un peu trop d'impatience des deffauts qui y sont et d'auoir trop souffert du relaschement de Mme de Brinon, qui a gasté les dames au point quelles m'ont dit elles-mesmes quelles auoient vne extreme peine a obeir presentement à la sous prieure qui les conduit pendant les absences de leur superieure (parce qu'elles ny sont pas accoutumées 1). Il faudroit escrire vn volume pour vous expliquer tout ce qui fait nos demesles depuis trois ans. J'ay employé tout ce qui m'a esté possible pour la changer et ie nay appellé du secours que lorsque i'ay esté à bout. Ie vous ay consulté, vous l'aués condamnée; iay consulté M' Joli par vous; il m'a fortifiée; iay le pere de la Chaise, il ne la croit pas religieuse; iay consulté Mr l'abbé des Marais qui trouue quelle a tort. Fortifiée par tous ces bons advis là iay esté plus ferme a faire obseruer ce que ces MTM ont cru bon et voila ce que Mme de B. . . . . n'a pu souffrir. Tout s'est passé à merueilles pendant ses voyages et pendant ma maladie mais à son retour de Bourbon, tous les troubles sont reuenus. lay donc pris là dessus ma resolution et ie l'ay mandé à Mãe de B. . . qui est de l'oster tout a fait, ou de la laisser faire. lay mis cette decision au iugement de gens de bien et ien attaus en paix la décision, resolue à m'y soumettre malgré toutes les raisons que ie croy auoir. Si on me conseille doster Mme de B..., ie le feray; dès que ie seray à Versailles et ie souffriray tous les deschainemens.

NOTA. Cette lettre n'a pour signature que le paraphe déjà indiqué.

IV.

Le iour de la Toussain (1685).

Vous m'avés fait grand plaisir de m'escrire et ie receuray tousiours tout ce qui viendra de vous auec beaucoup de soumission et de reconnoissance. Je conuiens auec vous que Dieu a fait beaucoup pour moy et que ie nay encores rien fait pour luy, mais iay bien enuie de luy donner tout le temps qui me reste et tout ce que vous croirés que ie doy faire pour cela sera fait moyennant sa grace, pourueu que ce soit des choses possibles. Il y en a bien qui ne me le sont pas et ie ne puis donner que des maximes ge

Les mots renfermés entre deux parenthèses sont écrits en surcharge dans la lettre originale.

nerales: Quand vous voudrés vous expliquer plus clairement, ie vous diray mes raisons et, quoy quil arriue ie vous seray toute ma vie obligée de l'attention que vous aués pour mon salut. Comme cest la plus importante de mes affaires, ou plustost la seule importante, ma reconnaissance est proportionnée a la grandeur de l'obligation.

le suis, monsieur, vostre très humble et très obeissante seruente

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Fragments d'une chronique inédite du x111' siècle : De rebus in Italia ges tis', relatifs à la seconde croisade de saint Louis et au retour de Philippe le Hardi en France.

(Communiqués par M. Huillard-Bréholles, membre du comité?.)

MCCLXX, eodem mense [aprili], rex Francie qui crucem adsumens (sic) pro redemptione peccatorum suorum, pro recuperatione Terre Sancte de ultra mare cum principibus et ducibus, comitibus et baronis Francie, Picardie et illarum partium crucesignatis, venit in Provinciam. Deinde transire cupit ad Aquas Mortuas ubi fit maximus apparatus navium occasione transitus predicti. Est enim maximus transitus iste plus quam fuit [ex quo] magnum tempus est elapsum. Transivit enim in presenti pasagio tres reges coronati crucesignati cum omnibus baronis suis, scilicet rex Francie, rex Aragone, rex Navare, et dicitur quod Oddoardus filius regis Anglie debet similiter cum magnatibus ejusdem Anglie transire; et rex Aragonensis qui presenti3 estate transire voluit

British Museum, fonds Harley, no 3678.

Voir ci-dessus, page 62.

Il faut lire ici preterita ou mieux precedenti, car dans un autre passage de la chronique, à l'année 1269, ce même fait est présenté comme il suit : « Eodem tempore de mense augusti rex Aragonie cum quantitate militum armatorum

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et non potuit propter ferocitatem maris, secum ducit filiam suam quam copullavit in uxorem regi Tartarorum vel ejus filio, qui Tartarus est inimicus Saracenorum. Et ambaxatores Venetie, Pisis (sic) et Janue debent esse coram predictis regibus ad illas partes pro componendo inter se pacem vel treuguam occasione dicti transitus. Et die mercurii II mensis julii navigium adscenderunt...

Rex vero Francie cum toto exercitu suo secundo die intrante mense julii navigium per mare adscendit. Primo applicuit in Sardenam in insula Sancti Petri, deinde de mense augusti versus terram regis Tunixi juxta stagnum ubi Cartago civitas illa fuit prope Tunicem per x miliaria applicuit et terram accepit et congregat totum posse suum, volens regem Tunicis et gentem et regnum ejus subjugare, et se ibi fossis et spaldis circumdedit. Die vero sabbati xxx mensis augusti rex Francie [Deo] vocante ad eternam gloriam convolavit' et filius ejus Johannes Tristanus per duos dies ante similiter in prelio defecit. Die vero lune primo mensis septembris rex Karolus cum gente sua ibi navigio applicuit et factus est capitaneus 2 totius exercitus. Est enim ibi maxima caristia victualium. Timent enim Christiani ad mortem Saracenos propter multitudinem equitum armatorum. De mense vero octubris Oddoardus filius regis Anglie cum quingentis militibus. et alia gente sura cum navigio ibi applicuit. Unde videntes rex Philipus filius quondam regis Francie et rex Karolus et rex Navarie et dictus Oddoardus non posse ibi moram facere propter victualia et propter multitudinem Saracenorum et propter dompnum Fredericum de Castella et comitem Fredericum Lanciam3 qui cum multa quantitate militum Christianorum ad soldos regis Tunicis ibi erant, pactum fecerunt cum rege Tunicis promittente eis dare

transivit ultra mare pro danda filia sua in uxorem regi Tartarorum, sicut publice ferebatar, sed propter turbationem maris reversus est ad propria. »

'Erreur manifeste. Saint Louis expira le lundi 25 août.

Les meilleures autorités sont d'accord pour établir que Charles d'Anjou débarqua en Afrique le jour même de la mort de son frère.

3 Dans le manuscrit, Lantum.

Ce fait curieux était resté ignoré, et confirme ce que l'on savait déjà au sujet des auxiliaires chrétiens entretenus par les souverains de Tunis au x11' et au xiv° siècle. Frédéric de Castille et Frédéric Lancia avaient pris la part la plus

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