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du cardinal de Gennes et cellui de messire Vyete chefz de ladicte armee et plusieurs autres grans cappitaines, au moyen de quoy est ledict port et ville demourez a nostre dict frere; desquelles choses vous avons bien voulu advertir comme noz vraiz et loyaulx subgetz afin que de vostre part en rendez grace et louanges a nostre createur en telle soulempnité [que] il est acoustume de faire en tel cas.

Donne a Ast le xjme jour de septembre.

Signé CHARLES.

Depuis ces lectres escriptes nous avons este derrenierement advertiz que le surplus desdicts vii cent hommes a este deffait et que messire Nicole Vosin lun des capitaines et chef de ladicte armee a este prins prisonier, dont semblablement [que] vous avons bien voulu advertir.

Contre-signé NOBLET.

(Adresse au dos: «A noz chers et bien amez les bourgeois, manans et habitans de nostre ville de Chaalons. »)

XXXVIII.

Bannissement au X111° siècle.

(Communication de M. Ch. Gomart, correspondant, à Saint-Quentin').

Lettre des maire et jurés de Loon (Laon) aux maïeur et jurés de Saint-Quentin.

A sages hommes et honnestes, au maieur et as jureis de Saint Quentin, li maires et li jure de Loon, salut et bonne amour. Nous vous faisons a savoir que nous banissons houliers et houlieres et gens de mauvais renon a no volente fors de la pais de Loon; et se aucun deaus apres ce revienent sans congiet, nous les prendrons et en une place qu'on dist Chieureton, à Loon, les faisons enfoir par iij samedis bien la moitiet dou jour des iij marchies comencé, jusques devant vespres, tous drois seur leur pies jusques as mameles enclos en terre. Et a lissue dou tiers samedi nous les faisons convoier fors de la pais par gens de piet et ribaus a grant plenteit awec, et leur dist on, de par nous, que il ne rentrent, seur paine

Voir ci-dessus p. 9 et 223.

de tout vif enfouir, en la pais jusques au rappel le mayeur et les jureis. En apres nul qui soient banit pour souspecon doccision, de larrecin, de sartin (ou sarcin), de rapt, de murdre, nous ne souffrismes onques a rentreir, awec roi, awec evesque ne awec dautre se par notre greit ne fu, et sachies que nous vous envoions en escrit les nons et les seurnons de tels gens comme vous nous aveis requis que nous banesisines deesrainement fors de la pais de Loon. Dex vous wart.

Archives de l'hôtel de ville de Saint-Quentin. Liasse 30, dossier A, pièce 5. - Écriture de 1250 à 1300.

XXXIX.

Anciens vêtements sacerdotaux conservés à Avignon'.

(Communication de M. Canron, membre du comité archéologique de Vaucluse.)

Nous conservons religieusement dans le trésor de l'église paroissiale et jadis collégiale de Saint-Pierre, en notre ville, une dalmatique, une étole diaconale et un chapeau cardinalice du XIV siècle. M. Damase Arbaud se propose d'envoyer bientôt, à Votre Excellence, le dessin des broderies de la dalmatique.

Ces précieux objets appartenaient au bienheureux Pierre de Luxembourg, cardinal et évêque de Metz, mort à Avignon le 2 juillet 1387.

1o La dalmatique, que l'on appellerait mieux tunicelle, et qui est en tout semblable pour la forme à celles du xiv° siècle, a environ 1,20 de long sur o",80 de large, non compris ses manches, dont la longueur est de om,30, et la largeur de o",22. Elle a au bas une échancrure de om,25. Elle est formée d'une étoffe orientale où le fil se marie avec la soie; sa couleur blanche a un peu jauni avec le temps. Elle est couverte entièrement dans sa longueur de broderies en fil mêlées d'or, qui représentent alternativement un perroquet et un griffon perchés sur des branches

1 Cette lettre a pour objet de réclamer contre une assertion du rapport de M. Ch. de Linas, inséré dans le tome IV des Archives des missions scientifiques et littéraires. (Voir ci-dessus, p. 395, le rapport de M. de Guilhermy.)

dont les feuilles retombent en panaches. Le bec et les pattes du perroquet sont brodés en soie rouge ecclésiastique. Le bout des manches et le bas de la dalmatique sont garnis d'une autre étoffe qui, dans sa fraîcheur primitive, a dû être rouge ecclésiastique, et qui tire aujourd'hui sur le nankin: cette nouvelle étoffe, fil et soie, comme la précédente, porte aussi une broderie en fil d'or représentant une série d'oiseaux fantastiques au milieu d'arabesques.

2o L'étole diaconale, que pendant longtemps on a prise pour une ceinture, n'est pas entière. Ses extrémités ont été arrachées, l'on ne sait à quelle époque. Ce qui reste se compose de divers morceaux d'étoffe cousus en banderole de 2,40 de long sur 0,08 de large. Son tissu, tout oriental, est fil et soie, tirant sur le blanc, et brodé de fleurs vertes.

3o Le chapeau cardinalice est couvert de soie rose tendre trèsfanée à l'extérieur; son diamètre est de o", 60; sa coiffe est haute de 0,10, et la soie dont elle est doublée est artistement plissée à l'extérieur. Au bord d'une des ailes se trouve une petite ouverture ovale, munie d'un verre qui laisse voir la carcasse du chapeau. Cette carcasse se compose de deux feuilles de carton, entre lesquelles il y a de la paille grossièrement tressée: évidemment cette ouverture a été faite après la mort du bienheureux, et l'on pense généralement qu'elle fut pratiquée pour l'enchâssement d'un reliquaire que l'on devait faire baiser au peuple avec le cha

peau.

A ce chapeau se trouvait attaché un cordon qui en est séparé maintenant. Ce cordon, dont la couleur primitive rouge ecclésiastique a tourné au nankin, est un mélange de fils de soie et de fils d'or; il a o",80 de long et se divise en deux branches; il est excessivement déchiré et détérioré; il ne lui reste que cinq glands ou floculi, dont deux seulement sont encore terminés par leurs boulettes de bois recouvertes d'étoffe.

Les souliers du B. Pierre de Luxembourg, qui, dans leur état actuel, mériteraient plutôt le nom de sandales, se trouvent au petit séminaire d'Avignon. Ils ressemblent assez pour la forme aux socques que portent encore de nos jours les religieux récollets d'Italie. Ils sont formés d'une semelle en cuir de o",24 de longueur sur oTM,08 de largeur, et 0,004 d'épaisseur. Le bout

des pieds seul est recouvert d'une peau de veau très-souple, de couleur noire, sur laquelle se voient des restes de fleurs dorées, pareilles à celles que les relieurs impriment au dos des livres; les points blancs que l'on distingue sur la semelle, à la place du talon, indiquent évidemment que cette partie du pied devait être garantie par une bande de peau.

L'hôpital et la paroisse de Villeneuve-lès-Avignon possèdent aussi quelques précieuses étoffes du moyen âge.

La chasuble du pape Innocent VI est admirable de richesse et de travail. Elle pourrait aisément le disputer en finesse et surtout en fraîcheur à la fameuse chape de saint Maximin de Provence. On dirait qu'elle n'a que cinquante ans de date; et cependant son origine ancienne est établie d'une manière authentique et irréfragable. Léguée en 1362, avec d'autres richesses, à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, par Innocent VI luimême, fondateur de ce monastère, elle fut soigneusement conservée par les chartreux jusqu'à la révolution française. A cette époque, elle fut sauvée de la dévastation générale par le zèle de dom Antoine Crouzet, dernier vicaire de la Chartreuse, qui la garda soigneusement chez lui, et qui, à sa mort, arrivée il y a peu d'années, la laissa à l'hôpital de Villeneuve, dont il était devenu l'aumônier.

Il est à regretter qu'une piété peu éclairée ait altéré la forme de ce remarquable ornement: l'avant-dernière supérieure des religieuses chargées de cet hôpital, choquée sans doute de la forme antique de cette chasuble, crut bien faire en la coupant de nouveau sur le modèle des chasubles actuelles. Comme cet acte de vandalisme ne remonte pas au delà de quinze ans, il m'a été facile, en interrogeant les souvenirs, de m'édifier sur la forme primitive de cette chasuble: elle était, m'a-t-on dit, de cinq doigts plus longue; elle retombait un peu sur les bras entre le coude et les épaules.

Elle a maintenant une longueur de 2,10 sur une largeur de 0,66. Ses bords sont garnis dans tous leurs contours d'une double frange or et soie rouge; son fond est en drap d'or fin sur lequel se dessinent de grandes roses avec tiges et larges feuilles en velours cramoisi très-foncé; mais l'intérieur des roses et des feuilles est fil d'or en canetille. La croix qui se trouve sur le dos

de la chasuble et sa prolongation sur le devant sont larges de 0,15; elles n'ont pas été touchées, et il leur reste leur ancienne forme latine décrite par un large galon or et argent. Le fond de la croix et ce sa prolongation est en drap d'argent, sur lequel sont brodés, avec une perfection dont rien n'approche, des vases d'œillets, des vases de roses au milieu d'une multitude de fleurs printanières de toute espèce et de toute couleur. Entre les deux bras de la croix, qui, tous les deux réunis, n'ont pas moins de 0,53 de long, se trouve un beau vase de lis jaunes. Toutes ces broderies sont faites en soie fine, au point d'aiguille; et les vases sont incrustés de fils d'or.

L'étole et le manipule ont conservé leur forme première : leur largeur est de 0,08 au milieu, et de o", 17 à leurs extré mités, qui s'élargissent brusquement à angles fortement aigus. Ces deux parties de l'ornement portent les mêmes broderies que la croix de la chasuble; elles ont au bas une double frange or et soie rouge; leurs deux côtés sont unis par un long cordon en soie rouge dont les deux bouts se rapprochent dans un gland à franges or et soie.

La pale a 0,18 carrés : elle porte sur un fond de satin blanc des broderies or et argent. Au milieu se trouve limité par des galons d'or un petit carré de 0,10 sur lequel est brodée une croix grecque or et argent enchâssée de grosses perles blanches. A chaque angle de la pale, le point d'aiguille a brodé en soie fine de jolies petites roses de Corinthe. La bourse et le voile du calice manquent; mais j'ai trouvé, dans la sacristie de l'église paroissiale et jadis collégiale de Villeneuve, un magnifique voile en satin blanc de 0,60 carrés. Il est entièrement brodé; et plusieurs de ses broderies sont d'or en bosse. Aux quatre coins s'épanouissent de gros bouquets d'œillets, de roses, de lis rouges, de perce neiges, mêlés de bluets, de clochettes et d'autres fleurs des champs. Le milieu de ce voile est occupé par un grand soleil dont les rayons en or, enchâssés de perles blanches, encadrent, sur un fond soie blanche et bleue simulant le nuage, une colombe en perles blanches à fils d'or. J'ai tout lieu de croire que ce voile appartenait à l'ornement dont je viens de donner une bien faible description à Votre Excellence, et dont je me propose de lui

transmettre le dessin.

J'ai vu encore, à l'église métropolitaine de Notre-Dame-des

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