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Doms, à Avignon, la bourse d'un autre ornement du même pape. Cette bourse est à deux faces : elle est verte d'un côté et violette de l'autre. Le fond, en soie moirée, porte, brodée en or et en argent, une croix de Malte avec fleurs de soie mêlées d'argent. Le côté vert est bordé d'un petit galon en fils d'or très-fins. Ce précieux lambeau a o",26 carrés : il fut donné au chapitre métropolitain par dom Antoine Crouzet, précité, le 24 avril 1827.

XL.

Vase gallo-romain trouvé dans la Vendée1.

(Communication de M. Léon Audé, correspondant, à Napoléon-Vendée.)

Le vase dont je donne ici le dessin a été découvert dans le courant de l'année 1855 à Jard, petit bourg du littoral, canton de Talmont, arrondissement des Sables. Il reposait dans la terre, à une profondeur de o",30 à peine, et contenait de la cendre et des ossements humains incinérés, presque réduits à l'état de poussière. Il ne s'est point trouvé d'autres poteries dans le voisinage.

Ce vase, déposé par mes soins au musée de Napoléon-Vendée, est dans un état parfait de conservation. Sa forme est circulaire; ses dimensions sont, en hauteur de o",095, en largeur de om,19. Sa composition est en terre rouge bien cuite, sonore et recouverte d'une teinte rouge saturne, nullement altérée.

Une circonstance particulière prête un nouvel intérêt à la découverte de ce vase. Au-dessous de l'un des médaillons qui le décorent

Voir ci-dessus, p. 277.

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Une visite au musée archéologique de Nantes m'a fait connaître l'existence d'un second vase en tout point semblable à celui de Jard, sauf cependant pour le sujet des médaillons et l'état de conservation. On l'a découvert à Rezé, sur la rive gauche de la Loire. Il était brisé en fragments, et plusieurs de ceux-ci man. quent. A Nantes, pas plus qu'à Napoléon, l'inscription n'a été lue. Les plus habiles ont voulu que ce fût BVLINE, en supposant le mot renversé. Cette lecture ne me paraît pas admissible.

Depuis la communication de M. L. Audé, le comité a reçu de M. Hucher les fac-simile de plusieurs inscriptions gravées sur des poteries gallo-romaines trouvées au Mans. Dans le nombre, on en remarque une exactement semblable à l'inscription du vase appartenant au musée de Napoléon. Seulement elle est placée verticalement, auprès d'un personnage nu, représenté debout et ayant le bras droit relevé au-dessus de la tête. M. Hucher lit ce mot PATRANI. M. de Longuemar, membre de la société des Antiquaires de l'Ouest, a proposé, de son côté, la lecture PATERNE 2.

1 Voir ci-dessus, p. 344.

2 Bulletins de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3o trimestre de 1856, p. 77.

TRAVAUX DU
DU COMITÉ.

LXIII.

Rapport sur un document communiqué par M. Merlet, archiviste de la préfecture du département d'Eure-et-Loir, et présentant une liste d'ouvrages de jurisprudence du x111' et du XIV siècle, lu à la séance du 16 juin 1856, par M. J. Desnoyers, membre du comité.

M. Merlet, archiviste du département d'Eure-et-Loir, ancien élève de l'École des chartes et correspondant du comité, connu déjà par plusieurs bons travaux d'érudition, a adressé à M. le Ministre, pour être communiqué au comité, un extrait d'un Registre de contrats, du Chapitre de Notre-Dame de Chartres (t. V, fo 161 ro), conservé dans les archives de la préfecture. Quoique fort peu étendu, puisqu'il n'a pas plus d'une page et demie, quoique dépourvu de toute note explicative, ce fragment m'a paru, néanmoins, digne, à plusieurs égards, de fixer l'attention du comité, et mériter d'être imprimé dans le Bulletin. Il fait connaître les titres et indique la valeur approximative, au xiv° siècle, de plusieurs ouvrages manuscrits du xш° et du xiv° siècle, et de quelques objets mobiliers.

Indications sur la valeur des manuscrits au XIV' siècle.

(Communication de M. Merlet, correspondant, à Chartres.)

MERCURII POST PURIFICATIONEM MCCCLXXI (1372).

Laurencius Pimpenelli diocesis Aurelianensis gagiavit domino Poncio Boherii canonico Carnotensi unum volumen juris civilis qui Chivus (mus?) nuncupatur, sub estimatione xxxvi francorum; duos doctores super vi libro videlicet Archiepiscopum (ar) et Johannem Andree in uno volumine et de eadem littera, sub estimatione xvi francorum; quasdam Decretales, sub estimatione quinque francorum; casus Ber

Bulletin. III.

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nardi super Decretales, sub estimatione trium francorum; quasdam Clementinas cum glosa Johannis Andree, sub estimatione quinque francorum; summam Assonis cum casibus codicis et institutis, sub estimatione IIII francorum; speculum juris, sub estimatione decem francorum; unum breviarium ad usum Claromontensem, sub estimatione sex francorum; unum Rofredum super formatione libellorum, sub estimatione octo francorum auri; necnon et utensilia que sequuntur, videlicet duodecim scu- tellos staneos, sub estimatione duodecim solidorum; duos potos cupreos, sub estimatione octo solidorum; unam curtinam viridem, sub estimatione unius franci; unum moetarium lapideum, sub estimatione trium solidorum; tres platellos staneos, sub estimatione decem solidorum et unum bonum traynellum, sub estimatione quinque solidorum turonensium currentis monete.

(Registre des contrats du chapitre Notre-Dame de Chartres, t. V, fo 161,r*.)

On voit dans ce document qu'un certain Laurencius Pimpenelli, du diocèse d'Orléans, donna en gage (gagiavit), en 1372, à un chanoine de Chartres nommé Poncius Boherii (P. de Bobier?), neuf volumes, dont les titres sont indiqués assez clairement pour pouvoir être parfaitement reconnus, malgré quelques lectures douteuses de M. Merlet, que je crois pouvoir restituer sans incertitude.

Ces ouvrages sont tous, sauf un seul, ceux de glossateurs du droit canonique et du droit civil. Leurs auteurs sont tous Italiens et, pour la plupart, de la célèbre école de Bologne, à l'exception d'un seul, d'origine française, auquel son rôle politique dans les guerres entre la papauté et l'Empire, ainsi que la variété de ses nombreux écrits, a assuré une place honorable dans l'histoire littéraire. Ils ont joui pendant plusieurs siècles, dans les études des universités de l'Europe occidentale, et surtout en Italie et en France, d'une renommée aussi grande que l'oubli dans lequel ils sont tombés depuis longtemps.

Les copies citées dans cet inventaire sont, en grande partie, à peu près contemporaines des auteurs.

Voici, dans l'ordre indiqué par le document, les mentions suc'cessives dont je vais essayer de fixer la signification:

1. Unum volumen juris civilis qui Chivas nuncupatur, sub estimatione xxxvi francorum.

Tout en écrivant Chivus, M. Merlet reproduit, quoique avec doute, les lettres gothiques correspondantes dans le texte original,

et qui lui ont suggéré cette interprétation. Je crois pouvoir y lire sans hésiter Chinus, et y reconnaître, sous la forme de la prononciation italienne, le nom de Cinus (Chino), de Pistoia (Cinas, Cynus Pistoiensis, Pistoriensis), très-fréquemment indiqué dans l'histoire de la jurisprudence du moyen âge.

Son père s'appelait Guittone, nom dont on avait fait le diminutif Guitoncinus, et par abréviation Cinus1. Cinus fut ami de Pétrarque et de Dante, qui a fait un grand éloge de son talent poétique, dans plusieurs passages de son traité De vulgari eloquentia. Les poésies de la jeunesse de Cinus paraissent n'avoir pas été conservées, et c'est sur des écrits plus graves, quoique non moins oubliés aujourd'hui, que cette renommée s'est fondée.

Les écrits de Chino, ou Cinus, sont tous relatifs au droit civil. M. de Savigny lour attribue une originalité et une indépendance de pensées rares chez les glossateurs, ses contemporains, mais aussi une licence d'expression fort étrange chez un docteur enseignant. On connaît de lui: 1o Lectura in Codicem ;-2° Lectura in Digestum vetus, qui étaient probablement le texte même de ses cours, ainsi que le titre l'indique; -3° plusieurs Consilia sur différentes parties du droit; — 4° des Additiones au Speculum juris de G. de Durantis.

Ses deux principaux ouvrages (no 1 et 2) ont été plusieurs fois imprimés depuis 1467, date de la plus ancienne édition. Les manuscrits du premier sont les plus fréquemment indiqués dans les catalogues.

On en trouve des copies, presque toutes du xive siècle, à la Bibliothèque impériale, à celle de l'Arsenal, dans les bibliothèques des villes de Chartres, de Cambrai, de Lyon, de Metz, de Tours, sous les titres de Comment. in Codicem, ou de Lectura Codicis, ou d'Expositiones Codicis, ou même de Summa dom. Cini in Codicem2. Le volumen Juris civilis indiqué dans le document de Chartres contenait probablement les principaux écrits de Cinus. Son estimation, fixée à 36 francs, est la plus élevée de cet inventaire.

2. Duos doctores super VI libro, videlicet archiepiscopum et Johannem Andree, in uno volumine et de eadem littera, sub estim. XVI francorum.

La lecture Archiepiscopum, pour Archiñ., est donnée avec doute 1 De Savigny, Hist. du droit romain au moyen âge, trad. fr. t. IV,

p. 212.

1 Haenel, Catal. libr. manuscript. in-4°. 1830, p. 108, 125, 193, 226, 312, 483, etc.

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