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XLIII.

Documents relatifs au régime de l'artillerie de la ville de Bourges
au XVIe siècle '.

(Communication de M. Boyer, correspondant, à Bourges.)

Priviléges du gouverneur de l'artillerie.

Aujourd'huy, sur la requeste et remonstrance à nous faicte par François Crochet, sieur du Champ au Bouer, habitant de ceste ville de Bourges, cy davant commis au gouvernement de l'artillerye d'icelle, tendant affin que, en considération des services qu'il a faicts à la ville au gouvernement de ladicte artillerye, il nous plaise le faire exempter des contributions, taxes et cottisations qui se font et feront cy apprès sur les habitans d'icelle ville, ensemble du treiziesme du vin 2; offrant, en ce faisant, quicter les gaiges de six escus qui luy estoient ordonnez par chacun an, et outre faire service à la ville, en ladicte charge, quant il nous plaira et à nos successeurs luy commander. Et ayant dellibéré et consulté ensemble de ce que dessus, et communicqué avec les advocat et procureur de ladicte ville, mectant en considération que dès et depuis les premiers troubles de l'an mil cinq cens soixante deux 3, iceluy Crochet s'est tousiours employé au gouvernement de ladicte artillerye, icelle conduicte, exploictée et faict exploicter par le commendement de messieurs les gouverneurs de ceste dicte ville et pays de Berry et de nos prédécesseurs maire et eschevins, en toutes les occasions qui se sont présentées, et mesmement en plusieurs siéges des villes et chasteaux de ce pays qui ont esté assiégées et prises et audavant desquelles a esté menée ladicte artillerye par la conduicte dudict Crochet. Et aussi que quant il

1 Voir ci-dessus, p. 277.

2 Droit d'appétissement du treizième, ou prélèvement d'une pinte de vin sur treize chez le marchand. Il fut établi en 1360 par le roi Jean, pour rétablir un peu les finances ébranlées par sa captivité; temporaire d'abord, il finit par s'établir et devenir, pour la ville de Bourges, grâce à la faveur des rois, un octroi qui venait en aide à ses dépenses. L'exemption fort enviée de cet impôt fut toujours un sujet de procès et de discussion. (Note de M. Boyer.)

› Année de la prise et de l'occupation de Bourges par les protestants, sous la conduite du comte de Montgommery. (Idem.)

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Il s'agit notamment ici du fameux siége de Sancerre (1572), dans lequel

l'artillerie de Bourges joua un grand rôle. (Idem.)

survient quelques affaires où l'on se veult servir d'icelle artillerye, soit pour faire entrée et reception aux princes et seigneurs venans en icelle, ledict Crochet est ordinairement employé. Avons advisé et conclud que ledict Crochet sera doresnavant quitte et exempt des cottizations et levées des deniers qui se feront sur les habitans de ladicte ville, ensemble du droict du treiziesme du vin qu'il vendra en destail, en ceste ville de Bourges, de son creu seullemént, moiennant aussi qu'il ne luy sera plus payé lesdicts six escuz que l'on avoit acoustumé lui ordonner chacun an pour le gouvernement d'icelle artillerye, et oultre qu'il baillera par escript ung estat et la façon et forme qu'il fault garder pour la conduicte de ladicte artillerye, lequel estat sera mis ès archives de ladicte ville pour s'en servir si l'occasion se présentoit; et outre sera tenu faire service à ladicte ville, en ladicte charge, quant l'occasion s'y présentera et qui luy sera ordonné par ladicte ville.

Faict en la maison et chambre commune de la ville de Bourges, par nous maire et eschevins d'icelle soubsignez, le neufviesme jour de juing l'an mil cinq cens quatre vingts et quatre.

Signé : Damours (maire), Debourdiers et Foucault (échevins) et Françoys Crochet.

Ensuit la coppie de l'estat baillé par ledict Crochet.

C'est l'estat que baille François Crochet, sieur des Champs aux Bouers, gouverneur de l'artillerie de la ville de Bourges, à messieurs les maire et eschevins de ladicte ville, pour gouverner ladicte artillerie tant en ladicte ville que en compagnye (campagne?)

Pour esquiper et gouverner l'artillerye dans la ville fault mectre les pièces d'artillerye sur les rempars et plattes formes aux lieux les plus commodes qui sera advisé, et leur donner bonne garde nuict et jour par les habitans, loger les canonniers aux maisons les plus proches des pièces qui y tiendront la grosse pouldre à canon en deux sacs de coutilz, tenant un boisseau ou plus chascun, et deux petits sacs de cuyr pour la poudre d'esmorche, tenant chascun trois livres, dans ung coffre de bois fermant à clef; et aussi les boullets de plomb, chargeoirs, escovillons, boullets de fer, haulce leviers, boute feu, corde à feu, ung combleau', pour

1 Gros et long cordage qui était habituellement enroulé autour de la pièce et la • recouvrait presque entièrement. (Note de M. le colonel Favé.)

exécuter lesdictes pièces promptement, quant il est requis tant jour que nuict, et doivent avoir une lanterne ou deux et de la chandelle de suif.

A l'entretoise du flasque de chascune pièce, il doibt avoir escript en parchemyn les noms et surnoms desdicts canoniers, assavoir à chascun canon quatre canoniers, à chascune grande coulJeurine quatre, à la bastarde et moyenne à chascune trois, et à chascun faulcon et faulconneau deux pour faire ladicte exécution; tous lesquels doibvent avoir chascun ung desgorgeoir, deux touches et ung boute feu. Ung cappitaine pour choisir lesdicts canonniers, se donner garde s'ils font leur debvoir où il les aura ordonnez, pour faire faire les plattes formes, gabions et rempars, homme expérimenté et dilligent qui yra partout le circuyt de la ville souventes fois jour et nuict ordinairement; qui fera bailler tout ce qui sera nécessaire pour l'exécution de ladicte artillerye, par celuy qui aura la charge des munitions d'icelle par son ordonnance, comme grosse pouldre à canon, pouldre menue grenée, sacs de coutilz, petis sacs de cuyr, boulets de fer, boulets de plomb, chargeoirs, escouillons, haulces, levyers, corde à feu, lanternes, chandelle de suif, chandelle de cire, fallots, coffre de bois, picqs, pelles ferrées, pelles de bois, cogniés, serpes, pinces de fer, vernis, cordaiges et autres choses; et fera radoubber et remonster ce qui fauldra ès dictes pièces par les charpentiers, forgeurs et charrons, de sorte qu'elles soient en bon ordre et soient gressées par les charrons.

Comme il fault charger chascune pièce.

Au canon 1, deux lenternes de grosse pouldre tenans chascune unze ou douze livres de ladicte pouldre, duquel son boulet poise trente trois livres de fer de fonte, qui est de pouldre les deux tiers de la poisanteur dudict boullet.

A la grande couleurine, deux lenternes poisant chascune cinq livres et demye de grosse pouldre, parce que le boullet poise seize livres fer.

de

A la bastarde, deux lenternes, en chascune deux livres et demye grosse pouldre, qui est de cinq livres pouldre.

1 Les noms des pièces d'artillerie mentionnées ici sont ceux des six calibres de France qui ont formé exclusivement l'artillerie royale depuis le milieu du xv1° siècle jusqu'au milieu du xv11o. (Note de M. le colonel Favé.)

A la moyenne, une lenterne tenant deux livres et demve de de grosse pouldre.

Le faulcon, une livre de pouldre.

Au faulconneau, trois quarterons de pouldre.

Et à l'acquebute à croch, deux unées bonne pouldre.

Munitions nécessaires en la ville pour équiper et exécuter les pièces d'artillerye.

Pour chascun canon, quatre haulces, six leviers, deux lenternes de cuyvre avec leurs hampes et refoulloer, escouillons garnis de hampes et refouloer, deux sacs de coutilz tenant ung boisseau de pouldre chascun et deux sacs de cuyr pour l'esmorche et semblablement pour la grand coulleurine, bastarde et moyenne, faulcon et faulconneau.

Cordaiges.

A chascun canon ung combleau, deux pallonneaux garniz de deux hardiers et quatre traicts, et dix-huit paires d'autres traicts.

A chascune grande coulleurine, ung combleau, deux pallonceaux garniz de deux hardiers et quatre traicts, et quatorze paires d'autres traicts.

A chascune bastarde, ung combleau, deux pallonneaux garniz de deux hardières et quatre traicts, et dix paires d'autres traicts. A la moyenne cinq paires de traicts.

Au faucon deux paires de traicts.

Avoir grand quantité de grosse poudre à canon, de pouldre menue grenée, de pouldre d'esmorche, de boullets de fer de fonte pour canon, grand couleurine, bastarde et moyenne, et aussy pour les faulcons et faulconneaux.

Et en cas de nécessité, à faulte de n'en avoir, s'en pourroit faire en la ville avec du plomb, estaing, pièces et carreaux de fer et de pierre dure pour canon, grand couleurine, bastarde, moyenne, faulcon et faulconneau, en mectant dans les moulles desdicts boullets lesdicts carreaux de fer, pièces et loppins de fer, pierres et aussi des cailloux en les couvrant de plomb ou estaing fondus dans lesdicts moulles.

Avoir force plomb, corde à feu du menu cordaige, fil de fer, bobines à refouller, lanternes, bobines à escouillon et bobines à refouller pour les canons, grandes couleurines, bastardes, moyennes, faulcon et faulconneau, et bon nombre de hampes de fresne, de

cueur de chesne, pour enmancher lesdictes bobines quant il en sera besoin.

Aussi avoir des falots, lanternes, serpes, picqs à tranches, cougnyes à abattre bois, et pelles de bois, outre les ostils des charpentiers et charrons.

Comme il fault conduire et faire marcher l'artillerye en campagne.

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Et pour mener je boullets au faulcon, dans ung cacque fermant

à clef...

Nombre au fort attelaige.

Nombre au foible attelaige.

Nombre charrettes.

j charete et j chevaulx.

Fault pour exécuter lesdictes pièces sept milliers de grosse poudre et ung cacque de pouldre d'esmorche. — A les mener cinq charrettes à quatre chevaux pour chascune charrette, cy v charrettes, xx chevaulx.

Une charrette pour les charrons avec ung coffre fermant à clef à mectre leurs menuz ostils, ung essieu tout ferré pour chascune pièce pour le mectre incontinant au lieu de ceulx qui rompront, quatre essieulx pour charette, une eschelette avec son levyer ferrez, ung tresteau et ung petit cacque plain d'oing viel.

Bulletin. III.

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