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tout ce que dessus led. s Giron, ensemble les d. d'Huisseau et Jaunay, religieux de la d. abbaye, ont requis ce présent acte et procès-verbal, pour leur servir et valoir de décharge de leur devoir, ce qui leur est octroyé. Fait ès présence de..., etc.

Et plusieurs autres à ce présens.

Et le vendredy 4o jour de mars 1594, les d. Giron, d'Huisseau et Jaunay sont partis de cette dite ville, pour eux en retourner en la dite abbaye de Marmoutiers, prins et emporté ce saint reliquaire de la sainte ampoule et ont déchargé les d. de S. Père en Vallée de Chartres. Signé de la Chaussée, I. Jaunay, M. Giron, J. d'Huisseau, Rocu et J. Gaudeau, avec paraphes.

L.

Jacquemart Yolens, horloger et serrurier lillois, inventeur du Jacquemart de Dijon (1408-14381).

Communication de M. de la Fons de Mélicocq, correspondant, à Lille.)

Le savant Gabriel Peignot, auteur d'une dissertation sur le Jacquemart de Dijon, est le seul, suivant nous, qui ait trouvé la véritable origine de ce nom. Il établit, en effet, que, en 1422, un nommé Jacquemart, orlogeur et serrurier, demeurant dans la ville de Lille, travaillait pour le duc de Bourgogne, et qu'il reçut 22 livres pour les besognes qu'il avait faites à l'horloge de Dijon. De ce document authentique, M. Peignot tire l'induction suivante: ce Jacquemart, de Lille, ne serait-il pas le fils ou le petitfils de celui qui aurait fait l'horloge de Courtrai, transportée à Dijon en 1382, et qui a dû être faite peu de temps auparavant, c'est-à-dire de 1375 à 1380? Le peu de distance de Lille à Courtrai le donnerait à penser. Alors il serait présumable que le nom de notre Jacquemart proviendrait de celui de son fabricateur, le vieux Jacquemart, de Lille.

Les documents que nous avons trouvés dans les archives de l'hôtel

Voir ci-dessus, p. 284.

de ville de Lille, nous portent à croire que ce fameux Jacquemart n'est autre que l'habile orlogeur et serrurier lillois Yolens, nommé tantôt Jacques, tantôt Jacqmart, lequel, reçu bourgeois de Lille (1414) moyennant lx' feibles, s'intitule Jacqmart Yolent, orlogeur, fils de feu Colard, né de Mons en Haynau.

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Ayant, vers les premières années du xv° siècle, succédé à Pierre de Meleville, le même, sans aucun doute, que Pierre Daimleville, signalé (1379) par M. le comte de Laborde1, Jacquemart Yolens devait déjà jouir d'une belle réputation, puisqu'il parvint à supplanter son prédécesseur, malgré la protection alors toute-puissante du duc de Bourgogne, dont la requête fut présentée par le gouverneur lui-même, qui se rendit à cet effet en halle, et auquel on offrit viu los de vin vermeil.

Ce ne fut certes pas sans regret que les échevins de Lille congédièrent Demeleville, auquel ils devaient leurs premières pièces d'artillerie, et peut-être leur première horloge; car l'argentier nomme aussi quelquefois notre Pierre: Pierre del Orloge.

Le comptable néglige, au reste, de nous dire à quelle époque cette œuvre d'art fut terminée; il nous apprend seulement que, dès 1373, les échevins avaient envoyé à Gand Jehan le Viard, Robert Canard et Mo Jehan Pillon, pour y conférer « avec un mestre des orloges et marcander de fere une orloge avisée à fere ordener par deseure le cambre des comptes. »

Demeleville accompagna-t-il les trois personnes que nous venons de nommer? Fabriqua-t-il, à son retour, cette première horloge? Même incertitude.

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Ce n'est que longtemps après (1380-81) que l'argentier porte en dépense, d'abord les c donnés « à Pierre Demeleville pour avoir fait une roe servant à le ventelette des clocquettes del orloge, puis les xl'« à lui alloués comme orlogeur, pour et en ayde d'une cotte avoir, adfin de mieuls et plus diliganiment servir et poursongnier le orloge.

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En 1384, il reçoit des échevins, le jour de ses noeches, xvi lots de vin. Deux ans après, i fr., de vni' x', lui sont accordés « pour se desserte de avoir retourné les clocquetes del orloge et icelles pendues à vir (vis), alors que, en 1393, il exige 11 fr. de lxvi pour icelle orloge faire tapper à le demy heure. »

Les Ducs de Bourgogne, t. I, introd. p. lxi, note.

L'année même où il succédait (1408) à Denieleville, Jacquemart Yolens commença ses travaux; car l'argentier nous fournit ce précieux document :

« A maistre Jacques Yolens, pour avoir ouvré al orloge de ledite ville; par marquiet à lui fait en tasque, et y fait une grande reuwe double, l'une dentée et l'autre nient, qui servent, en confortant les vin quevilles qui lievent le grand martiel, et fait sur cascune desdites quevilles une pollie tournans, laquelle reuwe maine une autre reuwe, qu'il a fait noefve de arbre et de tourte, qui maine par une tourte noefve par lui faite les volans, qui font le delay dudit orloge, et par ce sonne douchement sans noize. Item a rassis le reuwe, qui se nomme de lxxvii contre le double dessusdite, fait les destentes et fremetés par autre fachon. Item une grand tourte à gros fusiaulx, qui sert pour relever le grand contrepoiz, et en osté une reuwe et deux tourtes qui point n'y servoient. Item y a fait deux fors arries pour tenir ledit contrepois seurement, et pour conforter l'un l'autre, et portans de fer qui portent ledit martiel. Item raparfondu les dens et arrondi de le grand reuwe des appeaulx et remis à escantillon et compas. Item a mis le petite reuwe et le vollet audeseure de ledite grande reuwe des appeaulx. Item rassis au mouvement de ledite orloge le reuwe dudit contredit au-dessus de le grand reuwe dudit mouvement. Item y a fait vin posteles de fer et trois lozens pour tenir lesdits postiaulx qui servent à tenir les noefves reuwes et celles que on renouvera, et les volans de le grand sonnerie et des cloquettes, par lui fait, et osté de ladite orloge tous empeschemens, et ossi pour avoir fait un enseignement à manière de cadran depuis ycelle orloge, et, en ces choses, livré toutes estoffes de sondit mestier, parmy ce qu'il en a eu à son pourflict tout le fer et plonc, qu'il y trouva, et moyennant la somme de xxx11'. »

Pour les roues et les étoffes du cadran il fallut vixx m' et demie d'arain, à v3 la livre; les clous des roues furent aussi de fin arain, au même prix.

Observons ici que le tournesien Colard du Molin qui, durant quatorze jours, « ouvra à faire les reuwes et autres ouvrages d'arain servant au cadran, gagnait vi par jour. »

Appelé pour compléter l'œuvre de Jacqmart Yolens, que les horlogers des villes de Tournai, de Valenciennes (invités par lettres closes adressées aux magistrats de ces deux villes), ainsi que celui

de Lens, étaient venus visiter1, « parce que icelle orloge n'estoit point bien ordenée, » Walwain de le Croix, chiboulleur, sculpta pour le cadran, moyennant xxxvi', une ymage de bos, en forme de angele, pour enseignier les heures du cadran, un tabernacle par où l'ordenanche de le lune passe, et une estoille 2.

Quant à Jehan Hourard, vi3 lui étaient alloués pour une boule de bos, dont on a ordené en pointure la fourme de le lune audit cadran. Ce fut le peintre Willaume Liedet qui fut chargé de peindre le cadran de cette magnifique horloge. Outre les couleurs diverses dont il l'enrichit, il employa du fin or de mouton (sorte de monnaie).

Pour ce premier travail il reçut « xl', puis vi' pour avoir paint et doré de fin or l'angele et le tabernacle, livré les estoffes et repoint ledit cadran en pluiseurs lieux, où mestier estoit. »

Très-longtemps après (1435) Jacqmart Yolens «rencauchioit l'arbre de le reuwe de le grande sonnerie, renforchioit la croiserie qui étoit tout usée, » faisait une tourte adaptée aux nouveaux volans de fer substitués à ceux en bois, et mettait « aux cappeaulx noefve tourte et volans de fer.»

Au cadran il plaçait une reuwe qui maine le soleil et lune, et une autre de keuvre, qui maine les signes et les mois. Pour ces divers travaux, l'adroit artiste obtenait xlu'.

A Abreham le Groul, escringnier, on accordait xviii' pour avoir fait ang cassich Danemarche, pour employer en le lune du cadran, et vis au peintre.

Jacqmart Yolens s'était acquis une belle position, car nous voyons qu'il payait x11' « pour l'escassement3 des biens meubles et cateulx donnés à mariage par lui, qui est bourgois de Lille, à sa fille, unie avoec ung homme non bourgois.

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En 1438, Robert Magnel, orlogeur, succédait à Jacqmart Yolens, qui venait de mourir, et, comme lui, recevait une robe de vi1.

Le messager, envoyé à Lens vers la loy d'icelle ville, pour demander le maistre de l'orloge, reçut xn' febles, et les échevins, le rewart et le maire des huyt hommes de Lille dépensèrent avec lui xl' febles, pour frais de bouche. Pour l'horloge de Béthune, voyez Nos artistes, p. 100 et 106.

3 Voyez Roquefort, au mot Escas.

* Comme Pierre de Meleville, son prédécesseur, Yolens fit faire d'immenses progrès à l'artillerie de la ville de Lille. (Voy. notre Notice sur l'artillerie de la ville de Lille.)

LI.

Extrait d'une notice sur les anciennes cloches de Traenheim
et de Wittisheim'.

(Communication de M. Schnéegans, correspondant, à Strasbourg.)

Cloches de Traenheim (arrondissement de Strasbourg, canton de Wasselonne), et de Wittisheim (arrondissement de Schelestadt, canton de Markolsheim).

I. La cloche de Traenheim.

C'était une cloche d'un assez beau volume déjà et de belle apparence. Elle pesait 549 kilogrammes. Son diamètre mesurait 0,930, et sa hauteur om,840, l'anse non comprise, et 0,960, avec cette dernière. C'était, comme on le voit, une assez belle et grosse sonnerie pour un simple village.

Une inscription en belles majuscules gothiques, régnant en haut dans tout le pourtour de la choche, indiquait le nom du fondeur qui l'avait exécutée, le patron auquel elle était consacrée et l'année de la fonte: elle attestait que Nicolas André, de Colmar, l'avait fondue en 1412, et qu'elle était sonnée en l'honneur de saint Pierre. En voici le texte :

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LVITE + MICH +CLAVS + ANDRES + VON +
KOLMAR+GOS + MICH + IN ST + PETER +
ER+ LVT + ICH + SER+ »

(Sonne-moi. Nicolas André de Colmar me fondit. Eu l'honneur de saint Pierre. je sonne fort.)

Cette inscription allemande prenait toute la circonférence de la cloche. Au-dessous, sur une seconde ligne, se trouvait ajoutée la date en latin :

Ano+ Dni + MCCCCXII,

Voir ci-dessus, p. 182.

Cette inscription, comme celle des cloches de Mutzig, présente la particularité digne de remarque qu'elle fut produite par l'impression sur le moule de caractères mobiles: de là provient l'inégalité de la pose des lettres, dont plusieurs

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