Imágenes de páginas
PDF
EPUB

une carrière toute faite de labeurs littéraires. Qu'il me suffise d'avoir rendu à la mémoire de celui que, pour ma part, je vis bien peu souvent, un dernier témoignage d'adiniration. Ceux qui le connurent ou assistèrent à ses leçons ont reconnu qu'il avait été un professeur éminent et un historien, et un historien sérieux et impartial dans toute l'acception de ces termes.

Si l'Albigeois a perdu un de ses plus fidèles admirateurs en même temps qu'un de ses plus brillants écrivains, le monde catholique, lui, a vu disparaître un coopérateur zélé de toutes les œuvres de charité. M. l'abbé A. Garenc l'écrivait tout récemment :

« Les congrès annuels des catholiques du Nord à Lille n'oublieront pas de longtemps leur secrétaire si dévoué, si actif. Nous ne dirons rien d'exagéré si nous avançons qu'un des sacrifices qui ont le plus coûté à M. Canet fut de se voir contraint, par les exigences de son grand âge, à renoncer à prendre part à ces grandes et si fécondes assises annuelles des catholiques du Nord. Même après qu'il eut pris une retraite bien méritée, il s'acheminait, tant que les ménagements imposés par l'âge ne le lui interdirent pas, vers cette seconde patrie du Nord, pour apporter sa part d'effort à cette organisation admirable pour la résurrection de la foi et de ses œuvres. Il y pensait longuement et sollicitait tous concours autour de lui. »

On me permettra de ne pas insister davantage sur ce côté, pourtant si intéressant de la vie de Victor Canet et qui n'est pas à sa véritable place dans cette Revue. Mais on m'en aurait peut-être voulu de ne pas le signaler.

Tous les amis de l'histoire et de l'art trouveront à glaner beaucoup dans l'œuvre de ce beau et vert vieillard qui a travaillé jusqu'à 86 ans. A son école ils apprendront à aimer la véritable science, celle qui s'appuie sur les témoignages irréfutables et la plus scrupuleuse impartialité.

A. GUITTARD.

BIBLIOGRAPHIE

N. B. La Revue Historique rendra compte de tous les ouvrages dont il sera adressé un double exemplaire à l'administration; elle annoncera seulement ceux dont il n'aura été envoyé qu'un seul exemplaire, se réservant de les étudier, s'ils offrent un réel intérêt pour ses lecteurs.

HISTOIRE DU CLERGÉ DE FRANCE pendant la Révolution de 1848, par M. l'abbé HENRI CABANE, licencié ès-lettres, professeur à l'école du Sacré-Cœur de Montpellier, 2o édition. Nouvelle bibliothèque historique, Bloud et Cie, Paris.

Ce mémoire, présenté par M. Cabane à la Faculté des lettres de Montpellier, est avant tout un travail historique. L'auteur a essayé de mettre en relief le rôle très intéressant du clergé, généralement mêlé, et cela sur l'invitation du gouvernement même, à tous les faits importants de l'année 1848.

L'introduction expose les rapports de l'Église et de l'État sous la monarchie de juillet. L'épiscopat hésite d'abord sur la conduite à tenir en présence du nouveau régime; mais bientôt il prend pleine possession de ses droits, et se lance à la conquête de la liberté d'enseignement à partir de 1842.

Dans l'affaire Lamennais, l'historien présente les différents jugements de Rome et de l'épiscopat français. Le mouvement est, dans son point de départ, ultramontain; d'autre part, il paraît un paradoxe pour l'époque : les évêques en redoutent l'exagération. La première partie montre le rôle pacificateur du clergé dans les journées de février, rôle encore mal connu, intéressant, fécond en résultats.

Le clergé et la période électorale, le clergé et les élections, le clergé et l'Assemblée Nationale, le clergé et la Constitution font successivement l'objet des autres parties du livre.

M. Cabane expose simplement les faits: il s'en dégage cette idée que le clergé est très populaire, les sympathies vont à lui directement.

En somme, l'impression générale qu'on éprouve c'est que le clergé, détaché de tout parti politique, a surtout joué, durant cette année, un rôle de dévouement et d'abnégation, qui lui ont attiré

les sympathies du gouvernement provisoire et de tous les partis sans distinction d'opinion.

En lisant ces pages on se reporte à ces époques troublées de nos origines françaises, alors que clergé et évêques faisaient la France : ce que leurs pères avaient fait envers les barbares, les fils eurent la pensée hardie, mais chrétienne, de l'essayer avec un régime nouveau, dont les idées bouleversaient les idées reçues, nouvelle page d'histoire ajoutée à notre histoire de France.

Le ton et la forme de ce travail sont très modérées. L'auteur laisse parler les faits et s'abstient de tout commentaire qui pourrait froisser tel ou tel parti. D'ailleurs il sait qu'il est prêtre et il reste prêtre toujours et partout.

E. BOUSQUET.

HISTOIRE DE SAINT-MARTIN-DE-LONDRES, par l'abbé E. BOUGETTE, lauréat et membre correspondant de la Société archéologique de Béziers. Bel in-8°, illustré, de VI-290 pages.

Notre collaborateur, qu'une maladie cruelle vient d'éprouver, a fait paraître à l'imprimerie Serre et Roumégous, Montpellier, l'Histoire de Saint-Martin-de-Londres. Le nom de l'abbé BouGETTE est à lui seul une recommandation. Beaucoup de nos lecteurs voudront se procurer cette monographie, dont nous rendrons compte dans un de nos prochains numéros.

J. R.

L'Imprimeur-Gérant : CH. BAUsinger.

Le Vigan. Imprimerie Commerciale CH. BAUSINGER

Olargues

Pendant les guerres civiles du XVIe siècle

Tandis que le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, et le vicomte de Joyeuse, lieutenant général de cette province, mettaient tout le pays à feu et à sang pour arriver à satisfaire leurs ambitions politiques, des troupes de partisans ou, pour parler d'une façon plus exacte, des bandes de rapineurs et de brigands, tantôt religionnaires, tantôt catholiques suivaient de loin leur fortune s'emparant tour à tour des châteaux ou petites places fortes du Languedoc qu'ils traitaient en pays conquis et dans lesquels ils tâchaient, eux aussi, de satisfaire des ambitions plus immédiates, plus positives et plus réelles.

L'envahisseur occupait la place le plus longtemps possible, quelques mois, une année, deux ans au plus. Durant cet espace de temps, il rançonnait l'habitant, mettait à sac la ville et les environs, ripaillait et menait joyeuse vie, jusqu'au jour où il était forcé de se retirer devant un autre, qui, plus fort ou plus habile, le faisait déloger soit par les armes soit par la ruse.

Olargues est une des villes du Bas-Languedoc qui a eu le plus à souffrir de ces incursions; elle dut ce privilège à plusieurs causes. D'abord à sa situation stratégique : le château était perché très haut, défendu naturellement sur trois côtés par les escarpements abrupts de la montagne et par la rivière du Jaur qui l'entourait comme d'une boucle ; le quatrième côté qui avait son enceinte particulière était encore protégé par les remparts de la ville; celui qui le détenait avait l'espoir de l'occuper longtemps, même avec une faible garnison. Cette position sur une hauteur permettait à l'occupant de dominer une assez longue étendue de la vallée du Jaur; il avait chance ainsi de se défendre, d'u

ne façon plus sûre, en surveillant le côté de Saint-Pons d'où pouvait arriver l'ennemi, les flancs de l'Espinouse et le revers des montagnes de la Bacoulette. Les routes de Bédarieux à Castres et celles de la montagne à Béziers se croisaient à Olargues, au-dessous du château; et, comme elles étaient très suivies et très fréquentées par les propriétaires, qui échangeaient les produits de la plaine avec ceux de la montagne, et les fruits du Castrais avec ceux de Pézénas, les habitants du château avaient peu à se déranger pour arrêter les voyageurs et se pourvoir à leurs dépens de ce qui leur était nécessaire. Le pays a toujours été riche par la fertilité naturelle du sol; et le petit propriétaire, toujours demeuré économe, a su mettre de côté, et ramasser, au prix de ses privations, de beaux écus qui devaient tenter la cupidité du voleur, lequel, après une journée de brigandage, avait encore la facilité de conserver, dans un endroit fortifié et rapproché, le produit de son butin. Enfin, Olargues ne connaissait pas ses châtelains les Castelnau et les Caylus, qui en étaient les seigneurs à cette époque, habitaient loin de là, se souciant fort peu d'organiser une défense; l'évêque de Saint-Pons, lui-même, Castelnau de Clermont ne résidait pas et il venait, par son incurie, de laisser surprendre sa ville épiscopale.

Toutes ces raisons pouvaient exciter la convoitise des rapineurs, et les diriger sur Olargues, où ils avaient encore l'espoir d'être servis par certains habitants de la ville secrè tement désireux, eux aussi, de pêcher en eau trouble et de participer au pillage.

La période de 1581 à 1583 avait été très troublée dans le diocèse de Saint-Pons.

Il est notoire, dit un contemporain (1), que pendant les années 1581, 1582, les troubles n'ont pas cessé dans la ville et ses environs, de sorte que l'on est obligé de faire garde nuit et jour dans toutes les villes, châteaux et maisons fortes sous peine d'être surpris et forcés.... dict aussy scavoir que l'année passée, au mois d'avril ou environ, par commandement de M. le duc de Montmorency, feust faiste levée en le présent diocèse d'un bon nombre de gens de guerre pour assièger tant lesdits lieux de Labastide, Pierrerue et Minerte où les infracteurs estoient retirés où il convint mener artillerie et autres munitions

de guerre et pour assièger mesme Minerve où le siège

« AnteriorContinuar »