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Lui-même alluma le feu, assisté de tout son clergé et des consuls de la ville (1).

Quelques mois après, le 15 décembre, il se rendit à Pézenas pour saluer le duc de Montmorency (2).

Le 22 mai 1627, nous retrouvons le prélat à Clermont. Il est venu présenter ses hommages à Madame et à Monsieur de Montmorency. Il dit la messe pour eux à « l'église des Racoletz et les communia (3) ».

Au mois de septembre, il n'hésite pas à se rendre à Narbonne pour y saluer Madame la Duchesse (4).

Le 11 décembre 1629 il fait mieux encore et se rend à la Cour où il resta jusqu'au 21 juin de l'année suivante (5). Là, il devient le confident de Marie de Médicis qui se plaint amèrement de Richelieu dont les procédés autoritaires la blessent chaque jour; il retrouve Gaston d'Orléans et Montmorency qui lui tiennent le même langage parce qu'ils connaissent son dévoûment.

Le gouvernement royal aimait à récompenser cette touchante fidélité.

En voici une preuve éloquente. A la fin du mois de septembre 1627, Plantavit revenait de Narbonne. En route on lui annonça que les huguenots rebelles au roi «< s'étaient » saisis du château de Lunas et de celui de Cazillac, ce qui occasionnait de grandes incommodités à son dio» cèse. » Sur sa demande, Mgr de Montmorency lui accorda 50 soldats pour la garde de ses « deux châteaux du Caylar » et de Montbrun », sous le commandement de MM. de la Pause et de Ratte, ses neveux (6).

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Les États-Généraux connaissaient le crédit de Plantavit et s'en servaient à l'occasion. C'était lui le plus souvent qu'on déléguait quand il fallait plaider leurs intérêts devant les pouvoirs civils et même auprès du roi.

En 1628, ceux de Toulouse le désignèrent à l'unanimité pour aller défendre les affaires de la Province « et supplier » sa Majesté de rétracter la crue de 3 livres 5 sols sur chaque minot de sel ».

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Le roi était alors au siège de La Rochelle. L'heure ne manquait ni de tristesses, ni de périls. Le prélat délégué accompagné du comte de Vieule et des consuls d'Albi, partit de Toulouse le 27 avril 1628. Il arriva, dit son Journal, devant la ville de La Rochelle, le 8 mai, et logea dans

un petit village du nom de Jarsie attendant l'heure favorable pour l'audience royale. Les protestants arrivèrent le 11, ajoute le même document, et ne furent chassés que huit jours après.

Le 25, le roi put recevoir les envoyés du Languedoc. Le 6 juin, Plantavit était de retour dans sa demeure épiscopale (7).

Disons-le bien vite, les Lodévois étaient en parfaite communion de sentiments avec les États-Généraux. Les cahiers des délibérations des consuls témoignent à chaque page de la confiance qu'ils avaient à l'intervention épiscopale.

En 1629, quand ils se virent menacés de perdre le siège de l'Assiette au profit de Clermont, ils demandèrent au prélat de se faire leur défenseur. Fiers de leurs droits, ils l'envoyèrent au roi « lui promettant 1.000 livres d'or s'il » réussissait (8) ».

Deux hommes à la Cour étaient particulièrement chers à l'évêque de Lodève : Gaston et Montmorency. Il avait vu grandir le premier et tenait de la famille du second son siège épiscopal.

Cette amitié devait troubler sa vie et le jeter dans des évènements particulièrement douloureux. Il l'a écrit luimême en termes éloquents (9).

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Écoutons-le, son cri est navrant :

« Le tourbillon soudain d'une guerre inopinée me saisit >> imprudent et m'enveloppa. Hélas! que le poète a raison : » Nescia mens hominum fati sortisque futuro. Oui, l'esprit de l'homme ignore ce que lui réserve l'avenir! » Il se livre aux biens présents et il n'aperçoit les maux » que lorsque déjà ils le tourmentent. Si quelqu'un me » demande ce qui m'est advenu sur le déclin de mes ans, » je répondrai : J'ai plus souffert que je ne le méritais. »

Il est temps de raconter les malheurs de ce prélat, nous allons le faire avec tout le respect que mérite une grande infortune, supportée par un grand homme.

C. BLAQUIÈRE.

1. Journal de l'évêque de Lodève, fol. 8.

2. Ibid. fol. 13.

3. Ibid. fol. 13.

4. Journal de l'évêque de Lodève, fol. 18.

5. Ibid. fol. 18.

6. Ibid. fol 18.

Quelques historiens disent qu'à peine nommé Lodève, l'évêque Plantavit dut monter à cheval pour faire délivrer son château du Caylar assiégé par les protestants. Son journal ne parle pas de ce fait. Il se contente de donner les détails que nous avons cités ci-dessus. Le journal de l'évêque doit être dans le vrai, les autres assertions sont donc fantaisistes. 7. Journal, fol. 13.

8. Ibid. fol. 11.

9. Chronologie des évéques de Lodève

La République de Montferrand

Au XVe siècle

(Suite et fin)

A côté de l'administration seigneuriale, il y en avait une autre celle du peuple par le peuple, et c'est celle qui nous intéresse le plus, parce que c'est celle que les historiens ont laissée le plus dans l'ombre. Les idées de liberté ne datent pas de nos jours, et nous croyons avec Guizot que, si un des syndics de la petite république, aujourd'hui disparue, sortait de la tombe, il serait bien surpris de voir le peu de libertés communales que nous a laissées la Révolution. Quilibet nascitur liber, immunis a quocumque jugo, sive prestatione vectigalis, tributi et alterius oneris. Les syndics de Montferrand n'avaient pas attendu 1789 pour proclamer que tous les hommes naissent libres; ils l'affirment en 1520 dans une de leurs requêtes (cité par GERMAIN Le temporel des évêques de Maguelone, pièces justificatives, p. 88). Cette phrase en dit long sur l'état des esprits à une époque que les historiens officiels aiment à nous représenter comme vouée à la servitude. Pour nous c'est le beau temps des libertés communales qui ont subi trois assauts: La Réforme, Louis XIV et surtout la Révolution.

Tandis que dans les autres parties du diocèse nous ne parlons pas de Montpellier la paroisse se confondait avec la communauté, la communauté de Montferrand comprenait, comme nous l'avons dit, une douzaine de paroisses:

les Matelles, Viols, Valflaunès, Saint-Etienne-de-Cazevieille, Saint-Sébastien-de-Cassanhas avec le Triadou, Saint-Martin-de-Tréviès, Saint-Mathieu et Notre-Dame-de-Cesselles, Saint-Vincent-de-Barbeyrargues, Saint-Clément, SaintJean-de-Cucules, Saint-Gely-du-Fesc, Saint-Sauveur-duPin et Combaillaux; plus le mas de Biranque. Ailleurs, à Ganges, Fabrègues, Cournonterral, Mudaison, Montferrier, etc. les syndics ou consuls sont élus pour un an; à Montferrand, ils sont élus pour deux ans, et leurs pouvoirs vont de la fête de saint Martin à la fête de saint Martin. Dans les autres communautés, la date de l'élection est fixe ordinairement; dans la République de Montferrand, elle a lieu dans les premiers jours de novembre en 1456, le 9; en 1468, le 3; en 1480, le 6 novembre. Ici comme ailleurs, les syndics sortants ne sont pas réélus. Etaient-ils éligibles? Nous n'avons trouvé aucun document ni pour ni contre; mais nous croyons que c'était une coutume, basée sur le sentiment de l'égalité et de la justice, et aussi surtout sur ce fait, que les syndics sortants devaient présenter leurs comptes aux auditeurs nommés par les élec

teurs.

Dans une véritable démocratie, il convient que chacun puisse aspirer à gérer les affaires et à partager les honneurs; voilà pourquoi tous les ans on change de syndics, tous les deux ans à Montferrand à cause sans doute du déplacement obligatoire des électeurs. De plus ne laissez pas manier pendant plusieurs années les deniers publics par le même individu : il s'habituera à les considérer comme siens nos pères avaient raison.

Assistons maintenant à une élection: nous prendrons pour type celle de 1468 (Marcel Robaud, not., 1468 no 25, fo 39), parce qu'elle fut faite sous la présidence de Tristan de Montlaur, capitaine de Montferrand pour Maurus de Valleville, et qu'elle eut lieu dans l'église même des Matelles.

Outre les trois syndics sortants, 81 électeurs de la confédération y prirent part: 21 des Matelles, 1 de Viols, 11 de Saint-Jean-de-Cucules, 10 de Saint-Martin-de-Tréviès, 8 de Valflaunès, 6 de Saint-Etienne-de-Cazevieille, 9 de Saint-Gely-du-Fesc, 9 de Combaillaux, 2 de Saint-Clément, 4 de Saint-Vincent-de-Barbeyrargues.

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