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Valergues le souvenir du bien qu'elles faisaient autour d'elles. Elles aimaient à enseigner le catéchisme aux enfants du village, et longtemps depuis s'est perpétué cette coutume de permettre aux habitants l'accès du parc et du château.

L'aînée des trois demoiselles Capblat mourut fort jeune en 1837. La deuxième, fut mariée à Etienne Daudé de Lavalette (de la famille Daudé d'Alzon), avocat à Montpellier. La troisième, Marie Alexia Elisabeth, filleule de l'historien Alexis Monteil, épousa, en 1835, M. Antoine Pierre Marie de Tourtoulon, dont la famille était originaire de l'Auvergne.

Elle habitait tantôt Valergues, tantôt dans le Gard. Elle mourut quatre ans après son mariage, laissant deux fils, dont l'un mourut peu de jours après elle (1839).

Antoine de Tourtoulon. Devenu veuf, M. Antoine de Tourtoulon se consacra à l'éducation de son fils Charles. Il habitait Montpellier et Nice pendant l'hiver, Valergues et Saint-Martin-de-Corconac en été. Plus tard, ayant vendu cette dernière propriété, il passa la plus grande partie de l'année à Valergues. Il vécut dans la plus profonde retraite. La douleur qu'il éprouva à la mort de son épouse altéra sa santé. Ses idées religieuses le sauvèrent du désespoir. Personne n'avait plus que lui l'énergie et la rectitude de la foi sans réserve dans les enseignements de l'Église.

La façon dont il célébra la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception donne une idée de cette obéissance aux enseignements de l'Église. Il illumina d'une façon merveilleuse la maison et le jardin qu'il habitait à Montpellier, au faubourg Boutonnet.

Sa mère vivait avec lui. Elle était liée avec la famille du cardinal Annibal della Genga, qui fut pape sous le nom de Léon XII. Son heureuse influence rayonna de bonne heure sur les âmes de son fils et de son petit-fils, qui furent toujours fidèles aux principes religieux qu'ils avaient reçus dans leur enfance.

Antoine de Tourtoulon avait un certain talent littéraire, qui se fit connaître malgré son extrême modestie.

Il écrivait dans des revues savantes de Nice, de Mont

pellier et de Paris. Pour faire plaisir à ses amis, il fit imprimer quelques-unes de ses productions littéraires. Parmi celles-ci citons: Jeanne de Morelet, drame en trois actes, qui fut joué au théâtre de Montpellier; Lettres sur Nice et ses environs (1852); puis, Pensées, maximes et portraits (1854), un grand nombre de poésies, parmi lesquelles une Cantate à Sainte Agathe, patronne de Valergues, qui ne fut pas imprimée.

Il savait faire un intérieur agréable aux êtres chéris auxquels il s'était consacré. Il créa pour son fils un théâtre de lanterne magique et d'ombres chinoises dans une pièce du château. On y admettait tous les Valergois à tour de rôle : car grands et petits se disputaient les places insuffisantes. On se souvient encore dans le pays de ces innombrables. tableaux de la lanterne magique et des petites pièces com-. posées par M. de Tourtoulon, et jouées, soit en ombres chinoises, soit sur un petit théâtre dont il avait fait luimême les décors et les personnages. « La Coumedia », comme on appelait ce spectacle, a fait la joie de plusieurs générations de Valergois. On parle encore de « l'istuèra, naturèla» et de la « fusica » de « Moussu Charles ». C'étaient une jolie collection d'oiseaux empaillés et d'insectes, plus une machine électrique, qui a fait sursauter bien des gens de cette époque. Telles étaient les grandes distractions de Valergues que les étrangers ne dédaignaient,

pas.

M.. Antoine de Tourtoulon était certes qualifié pour administrer les intérêts matériels de son pays. A maintes reprises on le lui proposa; mais il n'accepta aucune fonction.

M. Antoine de Tourtoulon avait des crises violentes de rhumatisme aux yeux et dans la tête. Ce fut l'une d'elles qui causa sa mort, le 12 mai 1870.

(A suivre).

H. VÉZIAN.

II. — DOCUMENTS

Bullaire de Maguelone

BULLE D'ALEXANDRE IV (15 FÉVRIER 1256)
Bullaire, fo 2 vo et 3 ro

Alexander, servus servorum Dei, venerabili fratri episcopo Magalonensi (1), salutem et apostolicam benedictio

nem.

Ex insinuatione tua nobis innotuit, quod canonici Magalonensis ecclesie, ordinis sancti Augustini, personatus, prioratus et administrationes habentes, confisi quod ab eis contra voluntatem suam non consueverunt hactenus amoveri, nec etiam ad integram administrationis sue reddere rationem, quod videtur a regulari honestate ac utilitate ecclesiastica discrepare, dicuntur interdum committere que oculos Divine Majestatis offendunt; eorumdem personatuum et administrationum proventus illicitis quandocumque usibus, consumentes, in grave Magalonensis ecclesie prejudicium, laycorum scandalum et suarum periculum animarum (2).

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Quare a nobis humiliter postulasti, ut, indempnitati ejusdem ecclesie ac animarum saluti paterna sollicitudine providentes, statuere curaremus ut predicti canonici personatus, prioratus et administrationes predictas, quas obtinent, in quibus non sunt per electionem capituli, occasione eorumdem personatuum et prioratuum, canonicam instituti, saltem semel in anno, in presentia tua et capituli ejusdem ecclesie teneantur super hiis villicationis sue red

dere rationem, ad quam per te, districtione qua convenit, compellantur : ita quod si archidiaconi, archipresbiteri vel sacrista, quos in eadem ecclesia tu solus de more instituis hactenus observato (3), vel priores, quibus prioratus, qui ad capitulum ejusdem ecclesie pertinent, a te et preposito de consuetudine committuntur, tempore rationis reddite repperti fuerint, ob culpam vel negligentiam aliquam, a commissis sibi officiis vel administrationibus removendi, tales hujusmodi ad quos officia vel administrationes ex jure tu solus assumis, finitis et redditis rationibus, libere valeas amovere, vel de loco ad locum, sicut videris expedire, transferre; et hoc idem tu et prepositus ecclesie predicte de illis possitis simul efficere qui ab ambobus communiter et principaliter, ut est moris, administrationes et officia hujusmodi assumantur, non abstante aliqua consuetudine, statuto vel indulgentia Sedis Apostolice, per que ecclesie necessitates vel regularis reformatio impediri circa hoc valeat vel differri (4).

Quocirca fraternitati tue per apostolica scripta mandamus, quatenus, de consilio prepositi et aliquorum ex ipsius ecclesie discretis canonicis, quos videris expedire, statuas super hiis, auctoritate nostra, quod regulare videris et honestum, ac cum salute animarum et utilitate ecclesiastica convenire, contradictores per censuram ecclesiasticam, appellatione postposita, compescendo.

Datum Laterani XV kal. martii pontificatus nostri anno secundo.

NOTE 1. Cette bulle est adressée à Pierre de Conques qui succéda à Rainier en 1249 et mourut en avril 1256. Le prétendu empoisonnement de son prédécesseur ne l'empêcha pas d'opérer des réformes. Aussi croyons-nous que le chapitre ne devait pas être aussi récalcitrant qu'on s'est plu à nous le dire. Le prévôt était alors Jean de Gondalric

NOTE 2. - On constatera que nous avons ici des faits précis et des accusations nettes portées par l'évêque au Souverain Pontife. Le pape ne fait que transcrire la lettre de Pierre de Conques. Or tous ceux qui, s'appuyant sur un passage d'Arnaud de Verdale, croient pouvoir soutenir l'empoisonnement probable de Rainier, ne citent aucun fait qui aurait pu attirer à cet évèque l'inimitié des chanoines. Il nous semble bien difficile d'admettre que le Pape, en écrivant cette bulle, n'ait dit aucun mot, même voilé, de la mort tragique de Rainier; bien plus qu'il ait pris, invité par l'évêque, qui ne redoutait pas son chapitre, une détermination aussi grave que celle-ci.

-

NOTE 3. Ce passage de la bulle d'Alexandre IV n'est pas très exact la nomination de l'archidiacre et du sacriste ne dépendait pas seulement de l'évêque. Si la nomination du premier regardait surtout l'evêque avec le consentement des archidiacres, du prévot, etc., celle du second regardait surtout le prévot, avec l'évêque et le chapitre.

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NOTE 4. Cette bulle change la constitution du chapitre sur des points très importants: 1o tous ceux qui ont un bénéfice quelconque, auquel ils sont appelés sans un vote du chapitre, doivent rendre compte tous les ans de leur administration en présence de l'évêque et du chapitre;

2. L'évêque peut leur enlever la charge, soit seul pour les dignitaires dont la nomination lui appartient, soit avec l'assentiment du prévôt pour les dignitaires dont la nomination appartient à tous deux conjointement.

BULLE D'ALEXANDRE IV (26 JANVIER 1256)

(Bullaire, f 3 ve)

Alexander episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri episcopo Magalonensi, salutem et apostolicam benedictionem (1).

Cum sicut exposita nobis tua petitio continebat quod quamplures canonici Magalonensis ecclesie, ordinis Sancti Augustici, dantes in lubricum pedes suos, non solum infra, verum etiam extra Magalonensem diocesim, a te non obtenta licentia nec petita, dampnabiliter evagantes, velint respicere ad superbiam effrenato calcaneo, licet eos pluries monueris in spiritu lenitatis, nobis humiliter supplicasti ut compescendi hujusmodi audaciam tibi licentiam prebe

remus.

Quocirca fraternitati tue per apostolica scripta mandamus, quatenus circa prefatos canonicos super hiis libere officii tui debitum exequaris, non obstantibus privilegiis et indulgentiis aliquibus, ex quibus eis suffragium defensionis perveniret contra regularem et canonicam disciplinam. Datum Laterani VII Kal februarii, pontificatus nostri, anno secundo.

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NOTE 1. Cette bulle adressée encore à Pierre de Conques a été éditée par Germain (Maquelone sous ses évêques, etc., pièces justificatives XXXIX). Nous la rééditons afin que tous aient en mains les pièces se rapportant à cette époque, comme nous réé

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