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Sur la face principale, le Christ occupe le milieu de la croix ; il est nu et ne porte qu'un linge drapé à la ceinture; les cheveux sont longs; il a la barbe et les moustaches; sa couronne est tressée; les mains sont clouées; les pieds aussi. Au-dessus de sa tête, sur une banderole on lit: INRI en caractères très nets et très bien gravés. A la droite du Christ, la Vierge est debout, les mains jointes, dans le costume et avec l'attitude qui lui sont ordinaires. A gauche, Saint-Jean est drapé dans un manteau à la romaine.

Au revers de la croix, la Vierge-Mère est droite, la tête entourée d'une riche couronne et portant, sur son bras gauche, l'Enfant Jésus, complètement nu, qu'elle soutient de la main droite; ses pieds reposent sur un écu, dont le blason a été effacé. A sa main droite, un moine en costume béné. dictin est debout, les moins jointes, dans l'attitude de la prière. A sa gauche, un personnage fait une génuflexion dans la posture d'un donateur; il tient, dans la main droite, une palme qu'il a l'air d'offrir à la Vierge.

Les quatre personnages assistants n'ont d'autre particularité iconographique que l'absence de nimbe; ils sont supportés par des socles attenants à la hampe et identiques à ceux de la croix de Saint-Vincent-d'Olargues.

Sur le corps du Christ, il y a de l'anatomie, mais elle est très rudimentaire; les draperies sont mieux traitées et ne manquent pas de naturel. La dureté de la pierre et la difficulté que l'on éprouve à la travailler, font que la sculpture de la croix n'a pas le fini et la perfection de celle de SaintVincent-d'Olargues; elle a plus de raideur.

L'église de Cébazan dépendait de la mense du chambrier de l'abbaye de Saint-Chinian; c'est donc cet officier que rappelle probablement le moine bénédictin dont les armes étaient sculptées sur l'écu placé aux pieds de la Vierge. Il est plus difficile de préciser qui représente la sculpture de gauche; l'église était sous le vocable de Saint-Martin, mais notre personnage n'en porte aucun des attributs; il a d'ailleurs une attitude de suppliant, qui parait peu conve-. nir à un saint, surtout à côté d'un religieux qui, lui, se

tient debout. Nous préférons voir dans cette image celle d'un donateur offrant une palme à la Vierge, comme l'indigène de Saint-Vincent-d'Olargues lui offre des fruits.

Les deux croix de Saint-Vincent-d'Olargues et de Cébazan sont sœurs; et il y a entre elles, une très grande analogie. Même forme octogonale; supports des assistants identiques; même costume et même attitude pour la Vierge; volutes en crosse semblables, aux extrémités des bras de la croix. Celle de Cébazan est beaucoup plus simple; elle a moins de personnages; le travail y est moins fini; ce qui tient, comme nous l'avons dit, à la dureté de la pierre ; mais toutes deux sont de la même époque, peut-être du même ouvrier, sûrement du même atelier.

Quelle date leur assigner? Aucun détail iconographique ne nous guide; mais l'ensemble, les volutes en feuilles, la ressemblance avec les croix datées du XVe siècle nous autorisent à les rapporter à cette époque, ou au commencement du XVIe siècle.

Les deux croix que nous venons de signaler sont toutes deux d'une grande richesse d'ornementation et d'un très bel effet. Nous devons exprimer le souhait que l'on veille à leur conservation.

J. SAHUC.

Maurus de Valleville

Maurus de Valleville fut évêque de Maguelone de l'année 1453 à l'année 1471, après avoir été longtemps vestiaire de Maguelone, puis, pendant près de six ans, prieur de Frontignan.

Il succéda à Robert de Rouvres en 1453 et non en 1450. Le dernier acte que j'ai trouvé de Robert de Rouvres, agissant comme évêque de Maguelone, est fait à Lusignan, diocèse de Poitiers, et porte la date du 23 mai 1453 (Pierre de Furno, not. 1446-1463 fol. 190). Mourut-il cette année-là? Donna-t-il sa démission ? Pour des raisons que j'exposerai plus tard, et d'après un acte que j'ai trouvé (il ne porte pas de date) je crois que Robert de Rouvres mourut en 1453.

Maurus fut élu évêque en 1453.

Le 5 avril 1454, il dépose dans un procès; il a 50 ans, et dit que le fait, objet du procès, sans intérêt pour nous en ce moment, s'est passé au mois de juin ou de juillet précédent, lui étant prieur de Frontignan. (Pierre de Furno, not. 1446-1463 fol. 199).

Son élection a donc eu lieu de juillet 1453 au 6 avril 1454. A quelle époque précise? Au mois de février 1454, il était certainement élu. Nous en avons la preuve dans la nomination qu'il fit le 11 février 1453, (an de l'Incarnation, par conséquent 1454 pour nous) de Jean Delort (de Orto) au prieuré de Saint-Martin-du-Crès : Datum [et] actum in domo claustrali prioratus sancti Petri de Frontiniano sub sigillo quo ante nostram electionem utebamur, die undecima mensis februarii anno dominice incarnationis millesimo ccccmo quinquagesimo tertio. (Pierre de Furno 1446-1463, fol. 295).

C'est le premier acte officiel, portant une date, que je connaisse de lui; mais dans ce même notaire, au fol. 86, on trouvera à la date du 14 janvier 1453 (54) un acte avec ces préliminaires: Mauro eadem Dei gratia, electo, confirmato magalonensi [episcopo] presidente. J'ai ajouté le mot entre crochets qui ne se trouve pas dans l'acte.

Entin j'ai trouvé de cet évêque un autre acte officiel, ne portant pas de date, mais qui, je crois, est décisif dans cette question: Maurus confirme la nomination faite par Jacques Vinère, vicaire général, de Jean Barrière, père d'Ysarn Barrière, comme juge de la temporalité du diocèse, nomination qui avait été faite par le vicaire général, en vertu des pouvoirs que l'évêque lui avait conférés, en décembre 1153.

Maurus, etc... Notum facimus quod cum venerabilis frater officialis et procurator noster, dominus Jacobus Vinere... tam ex potestate sibi per nos ad hoc attributa quam ex nostro verbali et expresso mandato... ad nostra promoverit officia, et inter ceteros venerabilem et scientificum virum dominum Johannem Barrerie... ad officium judicature appellationum quod a judicibus terre nostre temporalitatis ac dilecte sponse nostre mapalonensis ecclesie vassalorum nostrorum ad nos contingit interponi, illumque in mense decembri anni Domini M IIIIcLIII in judicem dicte nostre judicature appositum curaverit.... (Pierre de Furno, notaire, 1446-1463 fol. 195).

Fisquet a donc raison contre Gariel, d'Aigrefeuille et les frères de Sainte Marthe; mais il se trompe sur l'année de la mort de Maurus, qui ne mourut pas le 28 février 1472, mais bien fin août

1471.

Dans un acte de Bertrand de Anneto (année 1471 fol. 28 vo) nous lisons en tête de page, ces deux mots: sede vacante. Cet acte est du 4 septembre ; celui qui précède immédiatement est du 27 août 1471. L'évêque mourut donc dans cet intervalle.

Dans un autre acte du même notaire, (fol. 43) à propos d'un acte concernant l'hôpital de Mauguio, on lit qu'il fut fait le huit octobre 1471, sede episcopali magalonensi vaccante....

Enfin autre preuve. Dans le procès-verbal de l'élection des syndies de Mudaison, (même notaire, fol. 41) nous lisons: Anno MIIIIe LXXI et die tertio mensis decembris... coram nobili viro Gervasio de Baulato, regente juridictionem et justitiam comitatus Melgorii sub manu regia, SEDE EPISCOPALI MAGALONENSI VACANTE.

Maurus n'est donc pas mort au mois de février 1472, mais six mois plustôt. Fisquet dit que Jean Bonal fut élu au mois de mars 1172. D'abord nous ne croyons pas que Bonal ait jamais été vestiaire de Maguelone, malgré ce que dit Fisquet; ensuite il est sûr que le 13 mars 1471 (1472) Jean Loubière était encore vicaire capitulaire, sede vacante (Amorosi, 1463-1476, n. 5 fol. 61).

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Maurus de Valleville, d'abord vestiaire de Maguelone pendant près de vingt ans, puis prieur de Frontignan, fut élu évêque de Maguelone au plustard en décembre 1453 et mourut du 27 août au 4 septembre 1471. Fisquet lui a consacré vingt lignes, avec quelques erreurs. C'est bien peu. De 1430 à sa mort, il a été mèlé à tous les événements importants du diocèse. Il est certainement la plus belle figure d'évêque de Maguelone au XVe siècle, et mérite certes une étude spéciale que nous lui consacrerons un jour.

J. ROUQUETTE.

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