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et indiscutables, sur lesquels ils pourront s'appuyer pour écrire l'histoire telle que nos pères l'ont faite et

l'ont vécue.

Aussi faisons-nous appel à tous ceux qui ont le culte du Beau et du Vrai. La Revue leur ouvrira toutes grandes ses colonnes. Toute chose a son importance dans les questions historiques : un petit fait qui peut nous paraître de très minime importance, peut parfois jeter de la lumière sur un personnage, une époque; ouvrir sinon de nouveaux horizons, du moins diriger dans les recherches.

Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que l'histoire est une science absolument autonome, et ne doit pas se préoccuper des sciences qui l'entourent et lui demander leurs lumières. C'est dire qu'aussi longtemps que notre évêque nous laissera à la direction de la Revue, nous n'insérerons jamais des articles tendancieux ou dont la doctrine serait peu sûre; des articles, où, sans preuves nouvelles, soit directes, soit indirectes, on attaquerait les traditions res ectables de nos anciennes églises.

La plus grande liberté est laissée aux rédacteurs. Ainsi chacun gardera pleine et entière sa responsabilité. Si le directeur de la Revue a la responsabilité morale, à laquelle il ne peut se refuser, on comprendra qu'il ne puisse répondre de la valeur scientifique des articles insérés. On ne peut raisonnablement exiger de lui qu'il aille contrôler sur les documents toutes les assertions de ses collaborateurs. La publication d'un document, tel qu'il est, est de la simple honnêteté.

Un mot encore : que nos collaborateurs n'oublient

pas que la prudence est, sinon la première, du moins une des premières qualités d'un historien consciencieux, et qu'un article d'histoire ne s'écrit pas comme on écrit un article de journal.

Nous prions nos abonnés de nous excuser si, dès le premier numéro, nous n'avons pas atteint la perfection, qu'ils sont en droit d'exiger de nous. Nous espérons que le second numéro sera irréprochable.

Le directeur: J. ROUQUETTE,

curé de Sussargues.

Lettre de Monseigneur Douais

Monseigneur Douais, évêque de Beauvais, nous avait promis un article pour le premier numéro. Sa Grandeur n'ayant pu, à cause de ses occupations, nous donner ce témoignage de sympathie, nous a adressé la lettre suivante :

Beauvais, le 7 avril 1909

Monsieur le Directeur,

A la veille de partir pour Rome où je me rendrai pour assister à la Béatification de Jeanne d'Arc, j'ai trop peu de temps pour songer à mettre sur le métier quelques doenments sérieux, de façon qui ne soit pas trop au-dessous de Votre Revue.

Tout au moins je puis, et cela m'est très agréable, vous dire combien je me réjouis de sa création; et cela, non en vertu d'un principe ou par définition, mais parce que les matériaux sont innombrables et riches. Il est bon que quelqu'un les mette en valeur.

La Rerne offre le grand avantage de les fire sortir de Foubli à mesure des trouvailles et des découvertes proprement dites. Ainsi elle ouvre la voie à l'histoire qui s'écrira le jour où ces documents pourront être coordonnés, permettre une doctring et asseoir une solide synthèse.

Je vous lirai avec attention; et pais je m'estimerai trop heureux de vous aider par une collaboration effective. Pour l'instant le champ ne parait pas absolument circonscrit. Le diocèse actuel de Montpellier, répondant au département de Hérault, est surtout une expression administrative, les données ethnographiques représentant beaucoup plus et mieux que le département. Vous serez amené à rayonner dans tout

l'ancien Languedoc, entre la Garonne et le Rhône. Vous contenteriez-vous du littoral de la Méditerranée, que vous auriez encore beaucoup à chercher et beaucoup à dire,

Plusieurs, en apprenant la fondation de cette Rerue, se sont écriés déjà: «Nous les verrons à l'œuvre. » Vous ferez une œuvre critique, scientifique et savante. Ainsi vous serez utiles; vous rendrez même service. On parle beaucoup d'atavisme aujourd'hui : on a raison. Le présent réflète le passé. Chacun peut se reconnaître dans les mœurs, les habitudes et les idées des ancêtres. L'histoire fait tout mieux comprendre, et, à son étude sérieuse, suivie, profonde, l'âme grandit. C'est du moins ma conviction. Vos lecteurs la partageront avec vous. Qu'elle vous soutienne dans ce noble labeur. Agréez, Monsieur le Directeur, l'assurance de mes plus dévoués sentiments.

J. C. DOUAIS, évêque de Beauvais.

La décimarie

du vestiaire de Maquelone

La fonction de vestiaire remonte évidemment à l'origine même de la communauté des chanoines de Maguelone. Dans une collectivité d'hommes, réunis pour mener la vie commune, cet office est de la première nécessité, et a même une certaine importance. Pendant longtemps cependant la vestiarié (1) ne forma pas un bénéfice indépendant: elle fut unie au prieuré de Saint-Firmin, dont elle ne fut séparée qu'en 1247.

On avait eru bien faire, porte l'acte d'érection de ce bénéfice, (2) et augmenter ainsi le prestige du prieur de SaintFirmin, en ajoutant cette fonction à ses charges. L'expérience apprit qu'on s'était trompé. A cause de ses occupations, le prieur ne pouvait toujours s'acquitter de cet emploi à la satisfaction de tous de là des plaintes et des récriminations. De plus ses revenus étaient déjà assez considérables, et son prestige assez grand, pour ne pas accumuler tant d'honneurs sur une même tête. Il valait mieux séparer la vestiarié du prieuré, et ériger la première en bénéfice autonome, afin que la charge fut mieux remplie, et que l'honneur fut partagé.

Mûs par ces motifs, l'évêque Rainier et le prévôt, Bernard de Murviel, assistés de leur chapitre, séparèrent la vestiarié du prieuré de Saint-Firmin 12 des kalendes de janvier, 21 décembre 1247. Avant tout, il fallait créer des revenus au nouveau bénéfice; on ne pouvait les prendre

1. Vestiarié, vestiaria: on trouve aussi parfois vestiariatus. Je préfère cependant ressusciter l'ancien vocable.

2. Arch. dép. de l'Hérault : fonds du chap. Saint-Pierre, cass. cotée Saint-Firmin: acte édité par Germain: Maguelone sous ses évéques et chanoines, p. 211.

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