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BIBLIOGRAPHIE

I. La vieille chronique de Maguelone (chronicon Magalonense vetus), nouv. édit. par Jos. BERTHELÉ, archiviste de l'Hérault. Montpellier 1908.

M. Berthelé a donné dernièrement une nouvelle édition de la vieille chronique de Maguelone avec une introduction et des observations topographiques. Depuis sa découverte, c'est la quatrième édition : deux par M. Germain qui l'édita le premier en 1853 et 1869; une par E. Mabille 1875, dans l'Histoire générale de Languedoc, édit. Privat, Toulouse, 1875, tome V.

Nous croyons inutile de nous arrêter au texte publié, d'une grande correction. Trois points, croyons-nous, méritent de fixer notre attention.

D'abord l'introduction. Avec une érudition et une sagacité qui l'honorent, M. B. s'est efforcé de découvrir l'auteur de la chronique. M. Germain penchait pour l'évêque Jean de Monlaur. M. B. émet l'hypothèse que ce n'est pas l'évêque, mais un des dignitaires de Maguelone, vivant à cette époque (1150-1180) qui en est l'auteur. Parmi ces dignitaires c'est très probablement un chanoine ouvrier. De là à émettre une autre hypothèse, et à attribuer à Bernard de Tréviers la paternité de la chronique, il n'y avait qu'un pas que M. B. a franchi facilement. « Série d'hypothèses », dit-il avec raison, qui n'ont pas toute rigueur scientifique, mais qui cependant sont étayées avec beaucoup d'érudition.

Ce qui a amené M. B. à émettre cette hypothèse, c'est, je crois, la reconstitution d'un passage de la chronique qui a été gratté dans l'original et qui avait arrêté les premiers éditeurs. M. Germain avait lu: Mortuo domino Raimundo, magalonensi episcopo, Johannes in capitulo magalonensi, in capitulum convenimus. Mabille . . Johannes in capitulo magalonensi... in capitulum convenimus. M. B. Johannes in capitulo magalonensi [electus fuit in episcopum ? In capitulo convenimus... Le sens devient très clair, et, en même temps, l'hypothèse de M. Germain, qui penchait pour attribuer la chronique à Jean de Monlaur, tombe d'elle-même. Les mots entre crochets sont

empruntés à la chronique d'Arnaud de Verdale. Tout le monde peut se convaincre, en effet, que cet évêque a inséré presque mot à mot dans son Catalogus episcoporum magalonensium, ce passage de la vieille chronique, qu'il mentionne d'ailleurs. Le droit de M. B. d'emprunter au chroniqueur du XIVe siècle ces trois mots pour reconstituer le texte du chroniqueur du XII, parait incontestable.

Cette édition contient à la fin des observations topographiques du plus haut intérêt pour l'histoire de nos églises. Je n'en mentionnerai qu'une l'identification de l'église de Altianicis, avec le mas d'Aussargues ou Daussargues ou actuellement Naussargues. M. Germain avait lu dans son édition de la vieille chronique ecclesiam de Juvinhiaco et de Altianicis, et traduit (p. 12 Maguelone, sous ses évêques et ses chanoines), Juvignac et Autignac; dans son édition d'Arnaud de Verdale (p. 74) il avait lu ecclesias de Juviniaco et de Alteyranicis, et traduit : les églises de Juvinhac et de Teyran. C'est d'Aussargues ou de Naussargues, commune de Juvignac, qu'il s'agit et non de Teyran. M. B. cite aussi un acte de 1361 prouvant l'existence de cette chapelle au milieu du XIVe siècle et qu'il faut ajouter à ce que j'ai dit plus haut sur cette église.

J. ROUQUETTE.

II. Une petite commune rurale de Languedoc sous l'ancien régime: FABRÈGUES, par M. G. SAUMADE maire de Fabrègues. Imprimerie coopérative ouvrière, Montpellier 1908.

M. Saumade a écrit un gros volume in-8° de XXV-668 pages sur une petite commune sous les règnes de « un despote comme Louis XIV », de « un débauché comme Louis XV », et de « un incapable comme Louis XVI. » (p. 668).

Disons tout de suite qu'il est impossible de rendre compte de ce gros livre. Si l'auteur supprimait les contes de grand'mère qu'il y a semés, les erreurs qu'il a éparpillées sans nombre, les remplissages inutiles dont il a bourré ce volume, il aurait pu nous donner un ouvrage intéressant, de 150 à 200 pages, mais, en fait de méthode, M. S. en est encore au XVIIe siècle.

M. S. paile de tout et touche à tout. Il écrit 30 pages sur la dime aussi facilement qu'un article de journal. Il connait les impôts de notre province beaucoup mieux que Lamoignon de Baville; écrit sans hésiter que le don gratuit payé par la province était un impôt sur le clergé, et que, cependant, ce même clergé ne payait pas d'impôts.

M. S. nous est le type du politicien qui s'est fourvoyé, par

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erreur, et momentanément nous, l'espérons, dans l'histoire. Ce qu'il a écrit de mieux, ce sont les pages qu'il a consacrées à l'administration communale (fin XVIIe et XVIIIe siècles) Nous lui conseillerions cependant d'apprendre ce que sont les lettres d'amortissement.

On n'écrit pas l'histoire avec parti pris, et surtout sans connaitre les institutions d'une province comme le Languedoc. Nous l'accusons même d'avoir tronqué les documents volontairement ou de n'avoir pas su lire.

S'il avait tout écrit comme les 150 premières pages, malgré quelques incorrections, M. S. aurait fait œuvre utile. Son livre est un pamphlet semé d'erreurs, à part toujours les 150 premières pages. - L'histoire a fait des progrès et ne se contente plus de la méthode de Voltaire.

J. ROUQUETTE.

NÉCROLOGIE

M. Alexandre VITALIS

Par la mort de M. A. Vitalis, l'histoire locale et l'archéologie viennent de faire une perte sensible.

Né à Lodève le 4 janvier 1856, M. A. Vitalis avait puisé, dans son milieu de famille et dans de sérieuses études classiques, un goût très vif pour les études historiques. Profondément attaché à Lodève où depuis longtemps sa famille jouissait d'une légitime considération, M. A. Vitalis s'intéressa de bonne heure au passé de la vieille cité. A l'occasion d'une exposition artistique des anciens souvenirs locaux, il publia une charmante plaquette: Une exposition artistique à Lodève, où il se montrait critique d'art, plein de goût et de connaissances.

Propriétaire du domaine de Saint-Michel-de-Grammont, à quelques kilomètres de Lodève, M. Vitalis voulut en ressusciter les souvenirs. Il écrivit l'histoire du prieuré depuis la fondation au XIIe siècle jusqu'à la Révolution, sous le titre : Une page de l'histoire du diocèse de Lodève. Le prieuré de Saint-Michel-deGrammont. (Montpellier, Serre et Roumégous, 1895).

M. A. Vitalis trouva bientôt un nouveau sujet d'études qui exigea de nombreuses et patientes recherches. Vers la fin du

IVI siècle était né à Lodève Barthélémy Roger, qui devait se faire connaitre comme graveur. Sans comparer son mérite à celui de Jean Morin, de Robert Nanteuil ou d'Edelinck, on Feut classer Roger parmi les bons graveurs de la première itié du XIXe siècle. M. Vitalis collectionna les estampes jues à son compatriote, recueillit avec un soin persévérant les étails biographiques, et publia en 1900 un Essai sur la vie et urre de Barthélémy Roger. (Montpellier, 1900).

L'euvre principale de M. A. Vitalis, celle qui, sortant du cadre de l'histoire locale, a servi à éclairer certains points bscurs de l'histoire générale, c'est la publication de la CorresFondance politique de Dominique du Gabre, évêque de Lodève, Trésorier des armées à Ferrare (1552-1554), ambassadeur de Fture à Venise (1554-1557), (Alcan, Paris, 1903). M. Vitalis ait précéder la Correspondance d'une intéressante introduction ans laquelle il présente son personnage : les détails qu'il nous Jane sur la famille, la vie et le caractère de Dominique du Gabre s sont d'autant plus précieux que sa biographie était peu et al connue. Le Fonds français de la bibliothèque nationale, les archives du ministère des affaires étrangères, la bibliothèque de renoble et les archives de Modène ont livré près de 220 lettres, int la publication constitue un apport important pour l'histoire diplomatique de la seconde moitié du xvIe siècle.

La publication fut favorablement accueillie, et la critique hisfique loua l'extrême diligence, l'impeccable érudition et les sagaces commentaires qui en doublaient le prix.

Dans ces dernières années, la curiosité historique de M. A. alis avait été attirée par un sujet plus rapproché de nous, Las presque aussi peu connu que la vie du diplomate lodévois Avr siècle. On savait bien que le cardinal Fleury était né à deve, mais on ne connaissait que de vagues détails sur la mille, et des jugements d'une sécheresse dédaigneuse sur les buts du personnage lui-même.

M. Vitalis avait conçu le dessein « de tirer de l'oubli les anres et de reconstituer la physionomie vraie du cardinal au emps de sa jeunesse ». La laborieuse enquête fut entreprise; ais la mort vint l'arrêter à peine commencée. Les premiers sultats en fu. ent publiés dans les Annales du Midi (Privat, Toulouse, année 1906), sous le titre de Fleury, les origines, la unesse, travail particulièrement intéressant, et qui fait regretter autant plus vivement la disparition de son auteur.

La caractéristique, et aussi le réel mérite des travaux histoFques de M. A. Vitalis, c'est qu'ils sont toujours appuyés sur des ruments d'une indiscutable valeur, et mis en relief avec un But judicieux et sobre qui en double l'intérêt.

La Société Nationale des Antiquaires de France voulut récompenser la consciencieuse érudition de M. A. Vitalis en le choisissant en mars 1897 comme associé correspondant national.

Pendent opera interrupta... M. Vitalis eut pu rendre encore à notre histoire locale bien des services appréciables; soyons-lui reconnaissants des sérieux travaux qu'il laisse après lui et de l'amour éclairé et diligent qu'il porta au passé religieux de notre ancien Lodévois.

M. GRANIER.

L'Imprimeur-Gérant : CH. BAUSINGER.

Le Vigan. Imprimerie Commerciale CH. BAUSINGER.

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