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placé, tantôt seul, tantôt avec son cheval et son serviteur près de lui, mais jamais il n'oublie son épée de gentilhomme. Pour ne pas surcharger son bagage il utilise quelquefois son papier sur les deux faces et c'est ainsi que les vues de Sancerre et Cosne sont au revers de la feuille qui porte celle de Bourges.

Après ces explications préliminaires qu'il nous a paru utile de fournir, nous allons signaler ce qui paraît le plus intéressant dans la vue de Sancerre de Duviert, laquelle nous renseigne sur l'aspect ancien de la ville bien plus complètement et plus exactement que les deux seuls documents connus jusqu'ici, qui sont :

1o Une vue du château par Claude Chastillon ', qui représenterait le siège de 1569 par Sciarra Martinengo et qui a été prise de l'est.

2o Une vue d'ensemble, très répandue, prise du nordouest de la ville et qu'un dessin d'Hazé a reproduite dans l'édition de 1838 de l'histoire de Sancerre par Poupard.

Cette gravure, sans date et sans nom d'auteur, fait partie d'un album intitulé Topographia Galliæ, édité à Francfort en 1657, avec des notices historiques en latin dues au géographe-voyageur Martin Zeiler (1589-1661), par Gaspar Mérian (1617-17...) l'un des fils du célèbre graveur bâlois Matthieu Mérian (1593-1650). La notice consacrée à Sancerre indique que l'auteur passa dans cette ville en 1621, mais la vue se rapporte à une époque

1. Claude Chastillon (1547-1616), voyageur, ingénieur militaire, topographe du roi, a laissé plus de 300 vues de villes, châteaux, sièges, trop souvent d'une exécution naïve ou fantaisiste.

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RÉDUCTION D'UNE ANCIENNE GRAVURE

faisant partie de la Topographia Galliæ éditée par G. Mérian à Francfort en 1657.

La vue se rapporte à une date bien antérieure, probablement vers le milieu du XVIe siècle.

plus ancienne, antérieure même à 1573, si l'on en juge par l'aspect du château, du beffroi et des murs de la ville.

Nous donnons, pour permettre la comparaison avec le dessin de Duviert, une réduction de cette vue. Peutêtre pourrait-on l'attribuer à Jean Peeters (1624-1677), peintre anversois, qui signa beaucoup de dessins de la collection Merian et, entre autres, une vue bien connue de Bourges. Cet artiste qui a fourni de nombreuses vues de sites et monuments ne dessinait pas d'après nature, mais travaillait d'après des documents qui lui étaient fournis.

La vue de Duviert est prise du sud-ouest (voir le plan), l'artiste s'étant placé sur un plateau appelé le Fort en souvenir d'un fort élevé par les assiégeants de 1573.

Le carrefour du premier plan avec une croix est celui de la Croix de Saint-Ladre, qui depuis a toujours conservé une croix, mais est devenu un faubourg très bâti, tandis qu'au moyen-âge le défaut de sécurité ne permettait pas de s'établir en dehors de l'enceinte protectrice des villes. Le chemin à droite de l'artiste est celui qui conduit à Bourges, et sur le côté droit une échappée de vue entre deux collines laisse apercevoir la Loire avec les villages de Tracy et de Pouilly sur l'autre rive. Des vignes entourent comme aujourd'hui la montagne et grimpent jusqu'aux murs de la ville.

Dans la ville même on remarque à droite la PorteVieille, la principale, avec un ouvrage de flanquement en avant, tout à fait à gauche la porte SaintAndré et non loin de là un sentier conduit à la porte Serrure. Nous retrouvons ici un précieux souvenir des

tours de l'enceinte, qui n'en était munie que sur ce côté seulement parce qu'il était le plus accessible. Mais la tour du beffroi et la masse imposante du vieux château féodal ont surtout frappé l'œil de l'artiste et son croquis leur attribue des proportions visiblement ́exagérées en hauteur et largeur. Il n'y a pas lieu de s'attacher au détail des maisons prises individuelle. ment c'est une simple figuration conventionnelle d'une agglomération urbaine.

Le beffroi, sorte de donjon municipal, est resté un intéressant monument de style gothique du commencement du XVIe siècle, qui a perdu sa flèche écroulée en 1723, mais qui a conservé au premier étage la salle de réunion des échevins avec une belle cheminée. Audessus de la porte extérieure de l'escalier y conduisant, trois écussons portaient les armoiries des comtes de la maison de Champagne à gauche, de la maison de Bueil à droite et de la ville de Sancerre au milieu 1. Depuis les guerres de religion cet édifice est devenu le clocher de l'église paroissiale et c'est probablement

1. Ces écussons ont été mutilés à la Révolution et sont aujourd'hui presque indéchiffrables, mais on sait par des documents écrits que les armes de Sancerre y étaient figurées, non pas par une herse rectangulaire de porte de ville, mais par une herse de labour triangulaire.

Le choix de cet instrument de culture de céréales étonne pour une ville dont la viticulture a été de temps immémorial la spécialité. Il s'explique par les idées qui avaient cours à l'époque de la création de ces armoiries, c'est-à-dire vers la fin du xve siècle, sur l'étymologie du nom de la ville On le faisait dériver de Sacrum Cereris, temple de Cérès. Cette étymologie ne reposait que sur une simple assonance de mots et n'a jamais été justifiée par aucun document historique. La herse triangulaire a été toujours conservée depuis par la tradition.

pour cette nouvelle destination qu'il fut surmonté d'une flèche vers la fin du XVIe siècle, car la vue de Mérian le représente ayant une allure de forteresse, terminé par une terrasse avec des mâchicoulis et des échauguettes.

Il ne sera pas sans intérêt de rappeler quel fut le sort, après le siège de 1573, de la cloche municipale, chargée de convoquer les bourgeois aux assemblées et qui complétait avec le beffroi les deux marques principales de franchises communales. Il était d'usage de retirer ses cloches à une ville prise et de les attribuer au grand maître de l'artillerie à qui les habitants les rachetaient généralement..

L'historien Poupard dit bien que La Châtre fit transporter à son château de Nançay l'horloge et les cloches, mais ce n'est pas exact. La Châtre trouva probablement trop embarrassante pour lui cette part de butin et dès l'année 1574 on voit que ces objets étaient installés à Bourges dans l'église Saint-Bonnet, où se rouve encore la principale cloche et d'où l'horloge a été récemment transportée au musée.

Cette cloche historique sancerroise est de grande dimension, mesurant 1 m. 35 de diamètre à la base, 1 m. 24 de hauteur, ce qui permet d'estimer son poids à 1500 kilogr. Selon un spécialiste qui a eu occasion de l'examiner, elle serait de fabrication irréprochable, elle donne le ré dièze en note fondamentale et possède de remarquables qualités harmoniques.

Elle porte en élégantes lettres gothiques, accompagnées de vignettes, une inscription qui ne laisse pas de doute sur son origine, inscription qui se déroule sur

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