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lut tout d'abord de mettre le siège devant Noviodunum. Déjà les assiégés, désespérant d'être secourus, avaient envoyé une députation à César pour lui demander grâce; celui-ci avait exigé qu'on lui remît les armes, les chevaux et les otages: une partie des otages était livrée, on s'occupait d'exécuter les autres conditions. imposées par le vainqueur, et des centurions, accompagnés de quelques légionnaires, étaient entrés dans l'oppidum pour chercher les armes et les chevaux, quand on vit de loin apparaître la cavalerie gauloise qui précédait l'armée de Vercingétorix. Les habitants de Noviodunum reprirent courage, poussèrent de grands cris, saisirent leurs armes, fermèrent leurs portes et coururent aux remparts.

Les centurions qui se trouvaient dans l'oppidum, ayant compris, à cette agitation et à ce tumulte, que quelque chose de nouveau se préparait, avaient mis le glaive à la main et occupé les portes, afin de protéger la retraite des soldats romains.

César fit sortir du camp sa cavalerie et l'envoya contre la cavalerie gauloise; mais elle commençait à plier; il la fit soutenir par six cents cavaliers germains environ qu'il avait auprès de lui depuis le commencement de la guerre.

Les Gaulois ne purent soutenir le choc des Germains ils s'enfuirent, après avoir perdu beaucoup d'hommes, et rejoignirent le corps d'armée. Il était commandé par Vercingétorix, qui, en apprenant l'ar

germains. L'effectif de la légion pouvait s'élever jusqu'à plus de 6,000 hommes. Le nom Bituriges s'est perpétué dans celui de la ville de Bourges.

rivée de César, s'était håté de quitter le siège de Gortona, capitale des Boji, vassaux des Edui (habitants du Nivernais et de la Bourgogne), et comme ceux-ci alliés des Romains 1.

Spectateurs du combat, les habitants de Noviodunum furent terrorisés : ils s'emparèrent de ceux qu'on regardait comme les instigateurs de la révolte, les livrèrent à César et firent leur soumission (702 de Rome; 52 avant notre ère).

Aujourd'hui qu'il est prouvé que Cenabum est Orléans, il s'agit d'identifier ce Noviodunum dont César s'empara en se dirigeant sur le Berry. On a successivement proposé :

Nohant-en-Septaine2 (cne, con de Baugy, arr. de Bourges, Cher);

Nouan-le-Fuzelier' (che, con de Lamotte-Beuvron, arr. de Romorantin, Loir-et-Cher);

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Neuvy-sur-Barangeon (cne, con de Vierzon, arr. de Bourges, Cher);

1. Cf. CESAR, Com. de bel. Gal., vii, 12, 13, 14. Voir la traduction de ce passage dans RAYNAL, Histoire du Berry, t. I, Bourges, 1845, p. 50; elle est exacte, je la lui emprunte en grande partie.

2. D'ANVILLE, Carte des Gaules.

3. Hermès Delacour, Lemaire, Lancelot, Dom Bouquet, le général Badois Von Göler, Heller, Léon Fallue, Amédée Thierry, Hippolyte Boyer, Francis Monnier, Holder. Pour les renseignements bibliographiques plus complets, voir RAYNAL, op. cit., p. 51. Le travail d'Hippolyte BOYER est intitulé César chez les Bituriges; il a paru dans le Compte rendu des travaux de la Société du Berry à Paris, 1864.

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4. Adrien de Valois, Walkenaer, Louis de La Saussaye, Jollois. - M. Camille JULLIAN dans Vercingétorix, 2° édition, Paris, 1902, p. 164, place Noviodunum près de Neuvy-surBarangeon.

Dun-sur-Auron1 (ch.-l. de con, arr. de Saint-AmandMontrond, Cher);

Pierrefitte-sur-Sauldre (che, con de Salbris, arr. de

Romorantin, Loir-et-Cher);

Sancerre (ch.-1. d'arr., Cher).

Il est très important de remarquer que les manuscrits des Commentaires n'indiquent pas tous que Noviodunum fût sur la route que suivait César, ni que cet oppidum fût dans la civitas Biturigum: certains manuscrits portent simplement : « oppidum Noviodunum oppugnare instituerat », et non « oppidum Biturigum positum in via Noviodunum oppugnare instituerat »“.

Les trois premières identifications ne reposent que sur la ressemblance qui paraît, de prime abord, exister entre Noviodunum et les noms modernes Nohant, Nouan et Neuvy. Mais cette ressemblance, il est à peine besoin de le dire, est purement fortuite.

1. Dans la Chronique du chapitre du Château-lez-Bourges, par DESORMEAUX, en 1716 (manuscrit des Archives départementales du Cher); dans MOREAU, Histoire de Dun-le-Roi, t. I, p. 31.

2. Colonel SAINT-HIPOLYTE (ainsi s'orthographie son nom) ; Louis RAYNAL, Histoire du Berry, t. I, p. 53.

3. Victor DURUY, dans son Histoire des Romains, t. III, p. 198; mais il ne se prononce pas très affirmativement. Quant à E. DESJARDINS, Géographie historique et administrative de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1878, p. 478-480, 673-674, il ne se prononce pas non plus, et qualifie ces questions d'identification d'interminables et souvent stériles >> (p. 480). Son ignorance en philologie romane suffit à expliquer ces qualificatifs.

4. Oudendorp, l'un des éditeurs les plus estimés de César, place entre parenthèses les mots Biturigum positum in via M d'ARBOIS DE JUBAINVILLE, op. cit, p 84 et 85, accepte le texte classique et place Noviodunum chez les Bituriges. On sait par Hirtius que ce peuple avait beaucoup d'oppida : « Cum latos fines et complura oppida haberent » (VIII, 2).

Les noms de lieux Nohant et Nouan ne peuvent dériver que du nom celtique latinisé Novientum1, ou du nom celtique latinisé Noviomagus. Cf. Drevant' = Derventum; cf. Rouen, Ruan = Rotomagus.

Quant à Neuvy, il a pour étymologie Novus Vicus. Cf. Viévy, Vetus Vicus; Longwy, Longus Vicus; Tremblevif (mauvaise graphie pour Tremblevy), Tremuli Vicus.

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On a voulu aussi placer Noviodunum à Dun-sur-Auron (en latin médiéval Dunum), anciennement Dun-le-Roy, mais une pareille aphérèse est inadmissible; et, d'ailleurs, étant donné que Cenabum est Orléans, la situation de Dun

1. Novientum signifie littéralement « la chose neuve », << la nouveauté ».

2. Noviomagus signifie littéralement « le nouveau champ Des clercs du moyen-âge refirent sur la forme française le nom Noemium [Herveum, capellanum de Noemio, Aurelianensis diocesis (acte de 1243, Arch. dép. du Cher, Saint-Sulpice, Oizon, 9. liasse] Nouan-le-Fuzelier Cf. Noemium = Nouan-surLoire (cne du Loir-et-Cher), dans un acte de 1259, aux Arch. dép. du Loiret, chapitre Sainte-Croix d'Orléans, liasse de Nouan-sur-Loire. Sur le sens de Noviomagus le champ

neuf ou nouvellement défriché, opposé à Senomagus = le vieux champ, voir D'ARBOIS DE JUBAINVILLE, Recherches sur l'origine de la propriété foncière..., p. 153.

3. Cne du con et de l'arr. de Saint-Amand (Cher). Derventum dans un acte de 1217 (Arch. dép. du Cher, abbaye de Noirlac). 4. Ch.-1. du dép. de la Seine-Inférieure.

5. Cne, con de Droué, arr de Vendôme (Loir-et-Cher). GUERARD, Cartulaire de Saint-Père de Chartres.

Voir

6. Viévy-le-Rayé, cne, con d'Ouzouer-le- Marché (Loir-et-Cher), Vetus Vicus Raherii dans un acte de 1165 (Arch. dép. de Loiret-Cher, abbaye des chanoines de Notre-Dame de Bourgmoyen de Blois).

7. Longwy, ch.1. de con, arr. de Briey (Meurthe-et-Moselle). 8. Tremblevif ou Saint-Viâtre, cne, con de Salbris, arr. de Romorantin (Loir-et-Cher).

au sud-est de Bourges ne permet pas de faire entrer cette localité en ligne de compte pour la solution du problème.

On a aussi cherché Noviodunum à Pierrefitte-surSauldre, en latin du moyen âge Petra Ficta', localité antique où l'on remarque des massifs de terre qui pourraient bien être les restes des remparts d'un oppidum. L'on a fait remarquer que Pierrefitte possédait des ruines romaines et se trouvait sur la route de Cenabum à Avaricum (Bourges). Cela ne prouve rien, à notre avis, puisqu'il s'agit d'événements antérieurs à la conquête et que nul ne peut affirmer que la voie romaine de Cenabum à Avaricum soit la même que la voie gauloise.

La sixième identification, avec Sancerre, tombe d'elle-même, depuis qu'il est démontré que Gien2 ne peut être l'ancien Genabum ou Cenabum.

En somme, la méthode suivie par les meilleurs érudits qui se sont occupés de l'emplacement de Noviodunum était bonne c'était la méthode philologique. Malheureusement, la linguistique se trouvant encore dans l'enfance, ils ne pouvaient arriver à un résultat sérieux.

Notre opinion personnelle est celle-ci : philologiquement parlant, et si le nom de Noviodunum s'est perpétué, nous ne voyons au sud de la Loire et dans les

1. Dans un acte de 1202 (Arch. dép. du Loiret, chapitre SainteCroix d'Orléans, liasse de Nouan-le-Fuzelier).

2. La forme la plus ancienne du nom de Gien, nous l'avons dit plus haut, est Giemum, dans des textes carolingiens. Voir A. LONGNON, Atlas historique de la France, 2e livraison, Paris, 1888, p. 182.

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