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l'éditeur passe en revue les documents qu'il y a rassemblés, et donne, sur les auteurs des chroniques et des récits qui en font partie, des détails biographiques, accompagnés d'observations sur le mérite et l'intérêt de leurs ouvrages. Deux tables, l'une des matières et l'autre analytique, le terminent.

Parmi nos vieux monuments historiques, la chronique de De Dynter était surtout renommée : aussi, au xviime et au XVIIIe siècle, avait-il été question souvent de la publier. Le savant Paquot proposait même au comte de Cobenzl de lui donner la première place dans le recueil que ce ministre avait l'intention de faire livrer à la presse.

Aujourd'hui le vœu formé, depuis si longtemps, par les amis de l'histoire se trouve réalisé. M. de Ram a donné, en trois volumes in-4°, d'après le manuscrit de Corsendonck, réputé original et appartenant à la bibliothèque Goethals-Vercruysse, à Courtrai, l'ouvrage du secrétaire des quatre ducs de Brabant, Antoine de Bourgogne, Jean IV, Philippe Ier et Philippe le Bon. Au texte latin de l'auteur, éclairci par des notes nombreuses, il a ajouté une traduction française faite, sous les auspices de Philippe le Bon, par Jehan Wauquelin. Cette traduction, tirée de quatre anciens manuscrits dépareillés, mais qui se complètent presque en entier l'un par l'autre, nous rappelle les charmes du langage de Froissart.

Il ne reste plus à publier, du De Dynter, que la première partie du premier volume, comprenant l'introduction, la vie de l'auteur et celle de son traducteur Wauquelin, l'analyse critique de la chronique, l'indication des sources auxquelles De Dynter a puisé, la description des différents manuscrits qu'on connaît de son livre, quelques

opuscules du même historien et la table alphabétique et générale des matières des trois volumes. Cette partie de l'ouvrage est entre les mains de l'imprimeur, et ne tardera pas à être achevée.

Dans les longues et laborieuses investigations qu'il a entreprises, M. de Ram est parvenu à recueillir plusieurs chroniques brabançonnes qui, sans avoir l'importance du grand ouvrage de De Dynter, n'en méritent pas moins d'être connues. La Commission a décidé qu'il en formera un recueil, sous le titre de Corpus chronicorum minorum Brabantiae, pour faire suite au Chronicon ducum Brabantiae. On aura ainsi en quelque sorte la généalogie des chroniques brabançonnes en langue latine.

D'autre part, grâce à la complaisance de M. le comte Eugène de Limminghe, et à l'intérêt qu'il porte à l'histoire de la patrie, la Commission se trouve en possession du manuscrit autographe de l'ouvrage du célèbre docteur Jean Molanus, Rerum Lovaniensium libri XIV. L'intérêt qu'offre cet ouvrage, non-seulement pour l'histoire particulière de Louvain, mais encore pour celle du Brabant en général, l'a fait juger par la Commission digne d'occuper une place dans la collection de nos chroniques nationales. M. de Ram, qui avait été chargé d'en faire l'examen, a été naturellement choisi pour en soigner l'impression, qui est com. mencée depuis quelque temps.

III. Feu M. de Reiffenberg fut désigné pour la publication des deux chroniques d'A Thymo et de Mouskés. Il s'occupa d'abord de la seconde. Le meilleur manuscrit qu'on connaisse de Philippe Mouskés est celui que possède la Bibliothèque impériale, à Paris; il le fit copier, et déjà en 1836, il livra au public une partie

de l'œuvre de ce chroniqueur : la seconde vit le jour en 1838.

Les deux volumes de Philippe Mouskés ont ensemble près de 2,200 pages.

Le premier commence par une introduction étendue. L'éditeur y jette un coup d'œil sur les tentatives et les travaux faits jusqu'à notre époque pour la mise en lumière des monuments originaux de notre histoire; il traite de l'emploi de la langue française en Belgique, depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin du XIe siècle; il donne une notice biographique sur Philippe Mouskés; il se livre à l'examen de sa chronique, et analyse la partic de cet ouvrage que le volume contient. Cette introduction est suivie d'une édition nouvelle du Prodromus de Nélis, avec la traduction française de Lesbroussart, et des Remarques ou notices sur un grand nombre d'écrivains anciens. et modernes. Puis viennent les 12,135 premiers vers de la chronique, éclaircis par une foule de notes historiques et philologiques. Sous le titre d'Appendices, sont rangés : a. un extrait de chroniques françaises relatives à Charlemagne, d'après un manuscrit de la bibliothèque de Tournay; b. une « Table des conquestes de Charlemaine,» tirée d'un manuscrit de la Bibliothèque de Bourgogne; c. Joannis Turpini historia de vita Caroli Magni et Rolandi, ex Reubero; d. une chronique latine de l'abbaye de SaintAmand, d'après un manuscrit de la bibliothèque de Tournay, avec divers fragments relatifs à cette maison; e. une chronique latine des évêques de Tournay; f. des diplômes des ixme, xme, xime, xime et xime siècles, au nombre de 14, concernant l'église royale d'Aix-la-Chapelle; g. Catalogus et acta episcoporum Leodiensium, par frère Jean Bruesthem ( manuscrit de la Bibliothèque de Bourgogne).

Dans le second volume, le texte de la chronique est précédé, comme dans le premier, d'une introduction considérable. L'éditeur y fait d'abord l'analyse et l'examen de ce texte; ensuite il s'occupe des chansons de geste et des héros du cycle karolingien mentionnés par Philippe Mouskés, lesquels il considère dans leur rapport avec la Belgique; enfin il examine la grammaire et la versification de Philippe Mouskés, revient sur la langue française en Belgique jusqu'à la fin du xume siècle, et termine par un aperçu de quelques travaux d'histoire et de philologie. Des éclaircissements non moins nombreux que dans le premier volume, sont placés au bas du texte de la seconde partie de la chronique. L'éditeur a réuni, dans des Appendices a. des extraits du roman du Chevalier au Cygne et d'A Thymo concernant Godefroid de Bouillon et les croisades; b. une addition à la chronique de Bruesthem, insérée dans le volume précédent; c. des leçons diverses et des observations supplémentaires.

Quatre tables, savoir des mots de la basse latinité, des proverbes, des noms géographiques, des noms de personnes, et un glossaire roman complètent cette publication.

Un Supplément à la chronique de Philippe Mouskés fut donné par M. de Reiffenberg en 1845. Mettant à profit les recherches et les découvertes de notre collègue, M. Du Mortier, il y rectifiait l'opinion qu'il avait avancée, sur l'autorité d'André Duchesne et de Du Cange, et d'après laquelle l'auteur de l'histoire de Philippe-Auguste en rimes wallonnes aurait été l'évêque de Tournay, Philippus de Gandavo, surnommé Mus ou Muus ou Meuse. Grâce à d'habiles et heureuses investigations, M. Du Mortier venait d'établir, dans une notice qu'il avait présentée à la Commission, que le chantre roman de Philippe-Auguste était un trou

me

vère tournaisien de la première moitié du XIIIe siècle.

La chronique d'A Thymo faisait partie du programme de 1827, et déjà alors M. de Reiffenberg devait en être l'éditeur : il venait même d'achever l'impression d'un volume in-8° qui en renfermait le commencement, lorsque éclata la révolution de 1850. Cependant, en examinant de plus près le manuscrit d'A Thymo, qui se compose de trois volumes, il reconnut que le premier n'était qu'une espèce d'essai refondu dans le deuxième; il remarqua aussi que les deux autres, à la fois historiques et diplomatiques, contenaient des documents déjà publiés, et que, s'il s'y trouvait en assez grand nombre des pièces inédites, les originaux ou des transcriptions plus complètes de celles-ci pouvaient exister ailleurs. Ce résultat d'un examen scrupuleux l'amena à conclure qu'imprimer A Thymo tout entier, ce serait, en faisant une dépense considérable, reproduire des renseignements qu'on possédait déjà, et aller même contre le dessein de l'auteur; que tout au plus faudrait-il extraire du texte du chroniqueur ce qui était inédit, et quant aux pièces diplomatiques non encore publiées et non reproduites dans De Dynter, qu'il convenait de les collationner sur les originaux conservés dans nos dépôts d'archives.

Sur ce rapport, appuyé d'une analyse des trois volumes d'A Thymo, la Commission résolut d'en ajourner la publication.

IV, V. Le soin de mettre en lumière nos chroniqueurs en vers flamands ne pouvait être mieux confié qu'à feu M. Willems, qui avait fait de la poésie et de la vieille langue flamandes l'étude de toute sa vie. Ce savant donna au public, en 1856, la chronique de Jean Van Heelu, qui se

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