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CCXLVIII.

Manifeste de l'empereur Maximilien et de l'archiduc Charles contre le duc Charles de Gueldre : 25 juin 1511.

DE PAR L'EMPEREUR ET L'ARCHIDUC.

A nostre gouverneur de Namur (1) ou son lieutenant, salut. Comme il soit notoire et manifeste à tous que nostre très-chière et très-amée fille de nous, Empereur, dame et tante de nous, Charles, l'archiducesse d'Austrice, ducesse et contesse de Bourgoingne, douagière de Savoye, etc., à sa dernière venue en noz pays et seigneuries de par deçà, pour entendre au bien et gouvernement d'iceulx noz pays, ou nom et en l'absence de nous, Empereur, ait trouvé nous, Charles, tout jeusne orphenin et pupille, nosdicts pays constituez en guerre et perplexité, et le fait de nous, Charles, et de nosdicts pays, au moyen du trespas de feu nostre très-chier et très-amé filz et père, le roy de Castille, que Dieu absoille, grandement désolé et despourveu de confort, à laquelle cause elle se feust de toute son affection et désir employée d'y faire et procurer quelque bien, à quoy, par faulte d'ordre, bonne conduite ou autrement, elle n'ait sceu parvenir, ne mener et conduire les choses à telle ne si bonne fin comme elle désiroit, et meismement n'eust trouvé adresse ne apparance que par la force lesdictes guerres cussent pour lors peu estre terminées ne mises à fin, par quoy et considérant l'absence et occupacion de nous, Empereur, ladicte minorité de nous, Charles, et qu'elle trouva en advis que par la voye de

(1) Le même manifeste fut adressé aux gouverneurs ou conseils de justice des autres provinces.

paix se pourroient mieulx ressourdre et radresser les affaires de nous et de nosdicts pays, elle eusse depuis cerché et mis en praticque tous honnestes et convenables moyens pour parvenir à ladicte paix, et y tant labouré, comme chascun le puet aussi savoir, que, à l'oppinion de pluiseurs, elle en a plus fait que bonnement ne devoit; mais, pour devoir qu'elle en ait peu ou sceu faire, pour la deffidence, inconstance et desloyaulté de ceulx ausquelz l'on a eu à traicter, riens n'y a peu estre conclu ne accepté, ains finablement les choses menées jusques au point de faire le rapport du pourparlé, et que cependant tous exploiz de guerre devoient cesser, les entrefaictes estre réparées, et le traicté de Cambray entretenu et gardé, messire Charles de Gheldres, contrevenant directement aux choses pourparlées et promises, a, cauteleusement et par mauvaise malice, trouvé moyen de surprendre premièrement nostre ville de Hardewyck, en après de faire prendre pluiseurs bons marchans et autres noz subgetz de par deçà, en si grant nombre que chascun scet, allans, sur fiance et confidence desdicts traictez, à la foire de Francquefort, en faisant détenir iceulx-marchans et autres noz subgets en prison estroite et fermée, comme s'ilz estoient de bonne prinse, nonobstant iceulx traictez de paix et qu'ilz eussent saulf-conduit, sans les vouloir eslargir ne mectre à délivre, quelque poursuite que en ait esté faite vers luy; et encores, non content de ces choses, mais en continuant tousjours de mal en pis, a induit et enhorté ceulx de la ville d'Utrecht à courir sus noz pays et subgetz de Hollande et autres, surprendre places et fors oudiet pays, bouter feuz, rompre dicques, inunder le pays et faire pluiseurs autres exploix de guerre, en quoy il les a assisté de sa personne et toute sa puissance, comme il fait encores journellement; et si a aussi nouvellement fait surprendre nostre ville de Bommele: par lesquelz ses exploiz et manières de faire l'on puet assez évidamment cognoistre qu'il n'a vouloir ne inclinacion à quelque bien de paix, ne que foy ou seurté dove estre adjoustée à chose qu'il

traicte, promecte ou jure. Et ne fait à croire ce que, pour coulourer son malice, il puet avoir semé et mis avant, que l'exploit fait par nostre cousin le jeusne seigneur d'Isselsteyn sur ou contre lesdicts d'Utrecht auroit esté occasion de la prinse de nosdictes villes, marchans et subgetz: car il n'y a nul de sain entendement qui ne puisse bien entendre et congnoistre que en ce n'a quelque vérité ne apparance de raison, veu meisment que l'affaire d'Utrecht ne touche en riens audict messire Charles de Gheldres ne aux siens, comme aussi ne fait à nulz ne aux nostres l'affaire de nostredict cousin d'Isselsteyn: par quoy, se nostredict cousin s'est voulu vangier desdicts d'Utrecht, ses ennemis, qui lui avoient fait, ensemble à ses gens et serviteurs, pluiseurs finesses et mauvaises venues, il ne s'ensuyt que icellui de Geldres deust pourtant contrevenir au traictić par lui prins, juré et promis, ne s'en prendre à nous ne à nosdictes villes et subgetz, qui de riens n'en estoient cause ne coulpe, veu meismement que nostredicte fille et tante a par bons et grans personnaiges présenté faire la raison et bonne justice, parties oyes.

Toutes lesquelles choses considérées, et congnoissans, par expérience et fait, que la voye doulce et amiable devers ledict messire Charles n'a peu ne peult proffiter, aussi que aucun traictié ou appointement se puist trouver avec luy, en quoy l'on puist avoir fiance ou sceurté, et que, les choses demourans en l'estat où elles sont, il pourroit infalliblement emprendre de plus en plus sur nosdicts pays et subgetz, à quoy, à l'ayde de Dieu, de noz bons amis et allyez et d'iceulx noz subgetz, nous espérons en brief temps remédier comme le besoing et l'affaire le requiert, sans en ce espargner aucune chose du nostre, nous soyons présentement résolus et délibérés de par tous moyens et sans déport impugner et rebouter les desraisonnables et inicques emprinses d'icellui messire Charles, et de mectre fin à la guerre qui tant longuement a duré, à nostre grand regret et desplaisir, nous voulons et vous ordonnons

bien expressément que incontinent et sans délay vous faictes publier ces présentes par tout nostre pays et conté de Namur, ès lieux où l'on est accoustumé faire cryz et publications, aflin que chascun entende et congnoisse les debvoirs en quoy nous nous sommes mis, ensemble le bon vouloir, désir et affection que avons tousjours eu de tenir nosdicts pays et subgets en paix, et que chascun soit sur sa garde, et s'employe par tous moyens à nuyre et grever audict messire Charles et ses adhérens, et faire une fin à ladicte guerre, actendu meismement que l'affaire requiert haste, et qu'il est temps et saison d'y besoingner mieulx que jamais, car ainsi nous plaist-il; et de ce faire vous donnons povoir, auctorité et mandement espécial, mandons et commandons à tous noz justiciers, officiers et subgetz que à vous en ce faisant ilz obéissent et entendent diligemment.

Donné en nostre ville de Bruxelles, soubz nostre seel cy mis en placcart, le xxvme jour de juing, l'an mil cinq cens et unze. (Archives du royaume : Registre aux acles, etc.,

du 18 mars 1507 au 4 mai 1512, fol. 205 vo.)

CCXLIX.

Instructions données par l'archiduchesse Marguerite, régente des Pays-Bas, au secrétaire d'Espleghem, envoyé vers l'Empereur, en Espagne, avec les apostilles et réponses de l'Empereur : 25 avril et 31 juillet 1527 (1).

Instruction à maistre George d'Espleghem, secrétaire ordinaire de l'Empereur, de ce que, de la part de Madame, il aura de faire vers l'Empereur, vers lequel elle l'envoye.

Il fera préalablement les très-humbles recommandations de madicte dame et présentera ses lettres; il luy dira qu'il tarde bien à madicte dame sçavoir de son estat et de ses nouvelles, et qu'elle luy ait donné charge de s'en enquérir, si avant qu'il plaira à Sa Majesté luy en déclarer, et, outre ce, luy dire et l'adviser de l'estat de ses pays et affaires de par dechà.

DE GHELDRES.

Et premiers, du fait de Gheldres, assçavoir: que messire Charles de Gheldres, environ le mois de juin dernier, que la trefve d'entre Sa Majesté et luy estoit sur l'expirer, tint propos

(1) Cet important document jette un grand jour sur la situation du gouvernement des Pays-Bas, et les difficultés, tant intérieures qu'extérieures, contre lesquelles il avait à lutter, au moment où la guerre allait se rallumer entre Charles-Quint et François Ier. On sait que ce dernier monarque, à peine remis en liberté, avait refusé d'exécuter le traité qu'il avait juré et signé à Madrid le 14 janvier 1326.

La Correspondenz des Kaisers Karl V, publiée par M. LANZ, ne contient rien au sujet de la mission que l'archiduchesse Marguerite donna au secrétaire d'Espleghem.

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