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Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.

Il est dorné lecture de la correspondance, avec renvoi à divers rapporteurs de la demande de subvention et des communications suivantes :

Demande de subvention :

La Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois demande une subvention qui puisse l'aider à publier le cartulaire de Marmoutiers, dont le manuscrit original a été copié à la fin du XIe siècle.

Cette demande sera l'objet d'un rapport à la prochaine séance.

Communications :

MM. SPONT, archiviste-paléographe, attaché à la Bibliothèque de

HIST. ET PHILOL.

I

l'Arsenal, et JACQUETON, archiviste-paléographe, conservateur adjoint à la Bibliothèque-Musée d'Alger, proposent la publication de l'État des recettes et des dépenses de la couronne de France de 1450 Renvoi à une commission composée de MM. DE RO

à 1560.

ZIÈRE, PICOT et DE BOISLISLE.

M. Alfred LEROUX, correspondant du Ministère, à Limoges: Règlement du collège Saint-Michel de Paris en 1568, confirmé en 1571. Renvoi à M. Gaston BOISSIER.

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M. MONGELOUS, juge de paix à Branne (Gironde): Copie de quatre lettres signées par Louis XIV et Anne d'Autriche, contresignées par trois ministres et le chancelier Séguier. — Renvoi à M. DE BOISLIsle.

--

M. Léon G. PÉLISSIER, professeur à la Faculté de Montpellier : Inventaire de quelques sources milanaises de l'histoire de Louis XII. Renvoi à M. de Boislisle.

M. L. DELISLE dépose sur le bureau une communication, annoncée depuis longtemps déjà, de M. Boucher de Molandon: Guillaume Erard, un des juges de Jeanne D'Arc; le document est prêt pour l'impression, il sera inséré dans notre Bulletin (").

Hommages faits à la Section:

M. MONGELOUS, juge de paix à Branne (Gironde): Histoire du canton de Branne depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours.

M. DE LA MARSONNIÈRE, président de la Société des Antiquaires de l'Ouest Les amitiés et les épreuves de dom Fonteneau, d'après une correspondance inédite.

M. Valentin SMITH: quatorze fascicules dans lesquels sont publiés les quatorze manuscrits existants de la loi Gombette.

MM. DELISLE et Picor proposent d'adresser à M. SMITH des remerciements d'une nature toute spéciale en raison de l'importance des publications dont il fait hommage au Comité.

(") Voir à la suite du procès-verbal.

M. L. LALANNE, au nom d'une commission composée de MM. Lalanne, Picot, de Boislisle et Marty-Laveaux, propose d'accorder à M. Tamizey de Larroque un quatrième volume pour la publication des Lettres de Peiresc. Cette proposition est adoptée.

M. Paul MEYER, rendant compte d'une communication de M. Bondurand: Péages de Tarascon, avec avertissement et notes, propose d'en écrire à l'auteur en lui retournant cette communication, comme il en a manifesté le désir.

M. Georges PICOT demande l'insertion au Bulletin d'une communication de M. Louis Guibert: Usages particuliers ayant trait au serment. — La culture des propriétés collectives au x1o siècle (').

M. DE ROZIÈRE, chargé d'examiner une communication de M. le chanoine Müller: Assize de Senlis.... (1340) émet l'opinion que la véritable place de ce document serait dans la Revue historique du Droit français, où elle pourrait recevoir, en outre des annotations historiques de M. Müller, un commentaire juridique détaillé. La Section se range à cet avis, et la proposition de M. de Rozière sera transmise à M. Müller,

La séance est levée à quatre heures et demie.

Le Secrétaire de la Section d'histoire et de philologie,

A. GAZIER,

Membre du Comité.

GUILLAUME ERARd, l'un des jugeS DE LA PUCELLE
Communication de M. Boucher de Molandon.

L'odieux procès de Jeanne d'Arc, à Rouen, si étudié qu'il ait été par d'éminents critiques, laisse encore à nos modernes explorateurs quelques details à glaner, quelques appréciations à compléter ou à combattre.

Parfois, un document contemporain, mis au jour après un long oubli, projette de précieuses lumières sur des faits incomplètement connus.

(Voir à la suite du procès-verbal.

Un parchemin, plus de quatre fois séculaire, tombé par une heureuse fortune entre nos mains, est ainsi venu nous révéler, en traits plus nettement accusés, la physionomie du tribunal de Rouen, celle surtout de l'un de ses membres les plus influents et les plus hostiles, Guillaume Erard, docteur en théologie, ancien recteur de l'Université de Paris, chanoine de Beauvais, plus tard chantre et chanoine de Rouen.

Peu de temps avant notre découverte, M. Charles de Beaurepaire avait retrouvé dans les Registres capitulaires conservés aux Archives de la Seine-Inférieure une date précieuse, et mis fin, en ce qui concerne ce personnage, à une étrange confusion qui avait jusqu'ici échappé à de savants auteurs.

Les actes du Procès et de la Réhabilitation ont constaté l'apreté de langage et la dureté fanatique ou calculée de Guillaume Erard envers l'infortunée captive. Par contre, des témoignages contemporains recueillis par du Boulay, de Launoy et autres () nous le peignent sous un tout autre aspect.

Pour plusieurs, c'était un des premiers hommes de son temps. Gérard Machet, évêque de Castres et confesseur de Charles VII, aurait vanté sa vertu éminente et sa sagesse céleste: vir clarissimæ virtutis et cœlestis sapientiæ. On ajoutait qu'en 1453, Charles VII lui avait conféré la cure de Saint-Gervais, au diocèse de Paris.

Aussi, dans la communication par nous faite, en 1890, à la Sorbonne, de telles divergences nous ayant semblé difficiles à concilier, nous eûmes peine à accepter les atténuations que, dans ses Aperçus nouveaux, notre éminent Jules Quicherat en déduisait en faveur de ce juge de la Pucelle (2). M. de Beaurepaire a clairement démontré (3) que l'on avait à tort unifié, en un seul, deux personnages différents, ayant porté les mêmes noms et prénoms, dans la première moitié du xve siècle, tous deux dignitaires de l'Université et dévoués à la faction bourguignonne; l'un, l'assesseur du Procès, reçu docteur avant 1430 et décédé en juin 1439, comme le constate l'obituaire de la cathédrale de Rouen, après avoir légué au chapitre un calice d'argent émaillé, plus 150 livres tournois, et après avoir institué pour son exécuteur testamentaire Jean de Lenizolles, son ancien secrétaire; l'autre, mort quinze ans plus tard, curé de Saint-Gervais, et auquel s'appliquent vraisemblablement les éloges pompeux de Gérard Machet et des autres biographes.

L'assesseur du Procès, le seul dont nous ayons à nous occuper ici,

(') Du Boulay, Histoire de l'Université de Paris; De Launoy, Histoire du Col· lège de Navarre.

(*) Aperçus nouveaux, pages 103-104.

(8) Notes sur les Juges du procès de condamnation de Jeanne d'Arc, 1890 page 33.

paraît être né à Langres. Il en devint chanoine et le fut également de Beauvais. Il professa avec éclat la philosophie et la théologie au Collège de Navarre et obtint les dignités de maître ès arts et de recteur de l'Université de Paris.

Le procès de la Pucelle était déjà commencé lorsqu'il fut mandé à Rouen par Pierre Cauchon, son supérieur hiérarchique. Il s'y rendit avec frère Jean de Lenizolles et y arriva le 6 mai 1431, ainsi qu'il le déclare dans une quittance conservée à la Bibliothèque d'Orléans ("). Il assista à l'interrogatoire du 9 mai 1431, où Cauchon fit mettre sous les yeux de Jeanne l'effrayant appareil des instruments de torture, et les bourreaux prêts à en faire usage au premier signal. Fut-il ému de l'énergique réponse de la captive? « Quand vous feriez retraire mes membres et partir l'ame de mon corps, je ne vous dirai pas autre chose », toujours est-il que, convoqué trois jours après, pour statuer sur l'application de la torture, il vota pour la négative. «Sans recourir à la question, dit-il, il existe contre elle des éléments suffisants d'information. >>>

Cette mansuétude, qui ne lui était pas habituelle, fut de courte durée. Le 19 mai, dans la chapelle de l'Archevêché, lecture fut faite, en sa présence, à la Pucelle, des lettres accusatrices de l'Université de Paris et des douze articles dans lesquels étaient perfidement condensées les odieuses imputations accumulées contre elle. Il y adhéra sans réserve.

Cinq jours après, le 24 mai, avait lieu au cimetière de l'église SaintOuen la théâtrale et lugubre solennité imaginée par Pierre Cauchon pour vaincre la généreuse énergie de l'accusée. Ce n'était pas assez pour lui qu'une condamnation en matière de foi la fit monter sur le bûcher; il lui fallait qu'au préalable elle se désavouât elle-même, qu'elle abjurât formellement sa mission et reniât la sincérité de ses constantes affirmations.

Il avait choisi pour auxiliaire Guillaume Erard, prédicateur en renom, disent les écrits du temps, et l'avait chargé d'admonester publiquement la Pucelle. Cette tâche lui déplaisait fort, déclara plus tard son secrétaire Lenizolles dans l'enquête pour la Réhabilitation; on le comprend sans peine; mais la virulence de son langage montre assez qu'aucun sentiment de justice ou de respect n'était entré dans son cœur pour l'infortunée victime. Nous ne pouvons que rappeler sommairement ici cette scène douloureuse dont tous les historiens de Jeanne ont recueilli les émouvants détails.

Du haut d'une tribune élevée, Cauchon, le cardinal d'Angleterre, et les principaux membres du tribunal, dominaient la foule. Sur une modeste estrade était Jeanne, accompagnée du greffier, de l'appariteur Massieu et

Manuscrits français de la Bibliothèque publique d'Orléans. Copies faites par Mercier, abbé de Saint-Léger de Soissons, bibliothécaire de Sainte-Geneviève sur les actes authentiques conservés jadis au prieuré de Saint-Martin des Champs Cette pièce porte le no 15 du Recueil.

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