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Voilà, si je ne me trompe, ce que rappelle l'inscription. On a additionné, il fallait soustraire en rectifiant certains chiffres.

Nous croyons donc pouvoir avec une certitude absolue quant au sens, et une approximation littérale suffisante, restituer ainsi les derniers

vers:

Et droit XXXVI ans devant

Ces x jors mains avec u mois
Fu primes coroné li rois;
Et

cens (ans) devant et vi
Fu desor Aisne desconfis
Oleuns, emperère molt fiers,
Si le venqui li rois Lohiers

Et droit XXXIV ans devant,
Ces jors mains avec mois,
Fu primes coronés li rois;
Et cens xxx avant et vi(1)
Fu desor Aisne desconfis
Ote, uns emperere molt fiers
Si le venqui li rois Lohiers.

Le dérasement prochain du bastion, s'il nous rend ce précieux texte lapidaire enfoui sous le terre-plein-lors du siège de 1640, aura du moins pour nous cet avantage, qu'il nous permettra de vérifier l'hypothèse. Si légère que soit cette compensation, en présence des regrets que nous cause le parti pris de ne pas laisser debout le moindre souvenir historique de ces vieilles murailles, il faut pourtant reconnaître qu'au point de vue du perfectionnement des méthodes, la démolition à outrance peut avoir ses avantages: en archéologie, comme en médecine, le meilleur critérium du diagnostic, c'est l'autopsie.

Quand la note qui précède fut communiquée à la Commission des Monuments historiques, le bastion était encore debout. Depuis lors, la démolition a achevé son œuvre, et nous avons été déçus dans notre dernière espérance, celle de retrouver sous le terre-plein la vieille porte et son inscription; les remaniements successifs opérés de ce côté du rempart en avaient depuis longtemps consommé la ruine.

Seule, une des deux tours rondes en grès qui flanquaient la porte émergeait encore de sept mètres; c'était une relique à conserver, on s'est empressé de la démolir, comme d'ailleurs tous les autres souvenirs historiques du passé militaire d'Arras, dont pas un n'a trouvé grâce devant le parti pris municipal.

De l'inscription, nous n'avons sauvé qu'une pierre et un fragment noyés dans les décombres. Cette pierre, provenant des assises calcaires qui forment le sol même du bastion, porte, en capitales et onciales mélangées, les deux premiers hémistiches des quinzième et seizième vers:

SI ERT DE VEGIER DESIRANS

LI UNS OT: NOM LI CVENS FERRANS

La séparation des mots est indiquée par trois points symétriques en ligne verticale (*).

(4) Ou Et cens devant xxx et vi.

(*) Voir la planche ci-jointe.

L'autre fragment, beaucoup moins important, présente les deux groupes superposés, NK et CV. Ils appartiennent évidemment aux vingt-troisième et vingt-quatrième vers :

S1 ERT DE TI NK ENEBORC SIRE

L IQUARS FU CV ens de SALESBIRE

Ces caractères, gravés en creux, ont de om, à oo,12.

Quant à la pierre, elle mesure o",60 de long sur o",35 de haut, avec une épaisseur de oTM,20.

D'après ces dimensions, il devient facile de rétablir exactement celles du frontispice. Nous savons en effet par Floris vander Haer que les quarante-deux vers de l'inscription étaient répartis dans quatre colonnes de dix vers chacune, surmontées des deux premiers vers en une seule ligne formant titre. Or, une pierre pour deux hémistiches suppose, par chaque colonne de dix vers, un double rang de cinq pierres juxtaposées, en tout quarante pierres semblables à celle que nous possédons. D'où l'on peut conclure que l'inscription couvrait une surface de 4,80 sur une hauteur de 1,75, sans y comprendre le titre, non plus que la moulure dont elle devait être encadrée.

Et maintenant, qui dira ce que toutes ces pierres sont devenues, celles de l'inscription romane comme celles de l'inscription latine, qui n'a pas laissé la moindre trace? Comment se fait-il que ses ruines mêmes aient péri? On comprend qu'à défaut de mesures conservatrices, plus d'un de ces précieux débris ait pu être jeté pêle-mêle avec les autres moellons dans les tombereaux des remblais. Ce soupçon, que malheureusement toutes les vraisemblances autorisent, ne saurait cependant s'appliquer a la disparition en bloc de matériaux aussi considérables que ceux des deux monuments. On est donc amené à conclure que leur anéantissement remonte plus haut, sans qu'on en connaisse l'auteur, ni qu'on puisse en préciser l'époque. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'à Arras le vandalisme ne date pas d'hier, et qu'ici, comme partout, les niveleurs se suivent et se ressemblent.

L'IMPRIMERIE A ALENÇON DE 1529 A 1575

Communication de Mme Gérasime Despierres.

Nous n'avons, à cette session, que l'intention de faire connaître les documents relatifs à l'établissement de l'imprimerie à Alençon de 1529 å 1575.

Des libraires étaient établis dans cette ville antérieurement à cette date. Louis Gaumer, demeurant à Alençon, est l'un des libraires mentionnes à

la fin d'un «< Manuale ad usum sagiensem », imprimé en 1515, à Rouen, chez Martin Morin, et dont il existe un exemplaire dans la bibliothèque du grand séminaire de Séez.

Le 14 février 1521, « Loys Gaulmier, libraire, bourgeois d'Alençon, reçut de Michau Letort, libraire, natif de la paroisse de Montigny () près d'Alençon, et de Mariette, sa femme, la somme de trente livres à cause de livraison de libvres de librairie. »>

Le 19 octobre 1530, Loys Gaulmier, libraire, prenait comme apprenti pour un an Jehan Girouard, « fils de Guillaume Girouard, teinturier, pour luy apprendre son mestier de libraire. » (Tabell. d'Alençon.)

Louis Gaulmier fit construire, en 1535, une maison près le pont du Guichet (). Il fait marché avec « Guillaume Herisson, cherpentier, de la paroisse de Saint-Pol-Le-Vicomte (3), pour luy fournir le boys d'une maison de la longueur de vingt-sept piedz 1/2 et de la largeur de vingtcinq piedz. >>

Louis Gaulmier était décédé avant le 21 juin 1554; à cette date, « Richard Gaulmier, libraire, demeurant à présent au Mans, fils de déffunct Loys Gaulmier, vend à Pierre Bonvoust et Suzanne Gerveseaulx, sa femme, une portion de maison assise sur la grant rue d'Alençon et joignant l'allée du Gravier ... >>

Il eut encore pour fils Guillaume Gaulmier, libraire à Alençon en 1562. Le 21 octobre 1562, « Guillaume Gaulmier, bourgeois d'Alençon, époux de Pasquière Hebert, vendit à Claude Guyon, et Ysabeau Gaulmier, sa femme, sœur dudit Guillaume, une pièce de terre. En présence de Pierre Lasne, libraire à Alençon. »>

Claude Guyon était libraire à Alençon avant 1562. Le 25 novembre, Ysabeau Gaulmier, sa femme, lui donnait ce jour < une procuration pour la choisie des lots de deffuncte Robine Fresnel sa grand-mère. »

Pendant plus d'un demi-siècle, les Gaulmier ou Gaulnier ont donc été libraires à Alençon.

Le 29 avril 1533, Jehan Lasne, libraire, demeurant à Alençon, s'obligeait « de payer à Loys Gaulmier la somme de quinze livres pour et à cause de vendicion de denrées et marchandises de librairie. Es présence de Raulin Heurtault et Jehan Louvel. »>

En 1543, le 16 juillet, «< Guillaume Lepaige, libraire, louait de Pasquier Taulpin, marchand, bourgeois d'Alençon, une partie de maison sise en cette ville d'Alençon près la porte de la Barre. » Il avait épousé Jacquine Boullant. Le 6 juin 1556, ils habitaient la ville de Fougères en Bretagne et vendaient à Marc Boullant « la tierce partie d'une maison. »>

Pierre Lasne, libraire, bourgeois d'Alençon, marié à Marthe Beuschet,

() Montigny, commune du département de la Sarthe, arrondissement de Mamers, canton de Fresnay-sur Chedouet.

Pont jeté sur la rivière de Briante dans la Grande-Rue.

(*) Saint-Pol-le-Vicomte.

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