Ruppe Moyria (1), domino Guilhermo Turnonis (") militibus; domino Petro Laleca, rectore ecclesiarum Privacii et de Lacu, domino Pontio de Cassanholis, domino Johanne Andreæ, domino Guilhermo Charboys, domino Guilhermo Lupi, domino Johanne Corberii, presbiteris; Petro Rostagni, aliter dicto Symayza, domicello; Pontio Lamberti, habitatore Bani, Burgundione de Privacio, notario, et me, Petro Boscheti, de Privacio, notario publico dicti domini nostri regis et dicti domini comitis Valentinensis, qui predictis omnibus interfui de mandato et consensu expresso predictorum domini comitis et domini Adhemari, ejus filii, et, ad requisitionem dictorum scindicorum et actorum, hoc instrumentum publicum scripsi et signo meo consueto signavi, in testimonium premissorum.

Ad hec nos, comes predictus, et nos, Adhemarus de Pictavia, miles, filius ejus, intellecto tenore presentis instrumenti, quod scimus et fatemur esse verum et publicum, et in fidem plenariam habere volumus in omni curia atque loco tanquam vero et publico instrumento, ad majorem firmitatem omnium predictorum, presenti instrumento, vero et publico, sigilla nostra auctentica certa jubsimus et fecimus appendi.

DÉLIBÉRATION DE LA COMMUNAUTÉ DE PRIVAS EN 1690.

Ce jourd'hui, onziesme jour du mois de novembre, assemblés en conseil politique les syndics et habitants de Privas dans la maison curiale, a été représenté par noble Pierre Bernard, premier syndic, qu'en l'année 1670 une partie du peuple du Vivarez s'étant révoltée du service du Roy et mis sous la conduite du nommé Roure ("), qui s'en disoit le chef, auroit com

(1) Une concession royale de péage faite en 1299 à Aymar de Poitiers mentionne, parmi les témoins ce même personnage: nobilis sir Guillelmus de Ruppemoira. S'agit-il de Rochemaure sur le Rhône, aujourd'hui chef-lieu de canton (autrefois Ruppesmaura), ou du vieux château de Rochemure, dont il ne reste que des ruines, entre Chalancon et Saint-Julien-La-Brousse? On peut alléguer, à l'appui de la première supposition, le séjour plusieurs fois constaté d'Aymar III de Poitiers au château de Rochembure, ce qui ferait supposer que ledit Guillaume était son vassal; mais il est à remarquer, d'autre part, que ce nom de Ruppemoira ou Ruppemoria revient surtout, dans les documents de cette époque, à propos des barons de Retourtour et de Beauchastel, beaucoup plus voisins de Rochemure que de Rochemaure. Voir VAL

ЯONNAIS.

(*) Guillaume ou Guy, frère et successeur d'Odon de Tournon. En 1303, il assistait à une assemblée de nobles de la sénéchaussée de Beaucaire, et, en 1304, il fut compris dans la convocation de toute la noblesse du royaume pour la guerre de Flandre. En 1313, Philippe le Bel, ayant créé la sénéchaussée de Lyon et voulant y joindre une partie du Vivarais, consulta plusieurs seigneurs du pays, Guy de Tournon entre autres. Guy mourut en 1314. Il avait épousé Alix de la Roche-en-Régnier, dont il eut cinq enfants.

() Le soulèvement de paysans connu sous le nom de révolte de Roure.

mis plusieurs violences dans ledit pays et fait beaucoup de désordres et de pillages, particulièrement sur ceux qu'il croyoit les plus attachés au service de S. M., comme étoient les habitants de cette ville; laquelle ayant été attaquée par lesdits rebelles, les habitants furent contraints de l'abandonner, ne pouvant résister à la force, ladite ville se trouvant démantelée et bandière, et n'y ayant que très peu d'habitants pour lors, à cause d'un arrêt du Conseil qui leur en défendoit l'habitation, en sorte que lesdits rebelles, en ayant été les maîtres pendant trois jours, brûlèrent les meubles de plusieurs d'entre eux, les papiers et autre chose, et en emportèrent tout ce qu'ils purent, et, entre autres choses, un extrait en forme des Privilèges accordés auxdits habitants par le seigneur comte de Poitiers, en qualité de souverain dudit pays, il y a environ 200 ans, lesdits privilèges consistant, entre autres choses, aux droits de pescher et de chasser, à la modification de beaucoup de droits seigneuriaux, de ceux des magistrats aux ordinaires dudit Privas et du greffier, droits d'amende à raison des crimes qui se commettent par les emphyteotes; et comme c'est un acte qui fait foi en justice, au pied duquel il y a même un chargement de celui qui en a les originaux, sans lequel on ne sauroit le convaincre ni l'obliger à les rendre, ledit sieur syndic a représenté l'importance de retirer ledit extrait : à quoi il est d'avis de ne perdre aucun temps, que l'occasion est urgente, que celui qui en est le maître lui a fait dire que, moyennant six louis d'or en prix, il le lui mettroit entre les mains. Sur quoi, ledit syndic requiert qu'il soit présentement délibéré.

Ce qu'entendu par lesdits habitants, ont unanimement délibéré que, s'agissant des privilèges d'une si grande considération pour cette ville et d'un si grand avantage de se les conserver, il doit être incessamment envoyé à Monseigneur l'intendant pour lui présenter une requeste tendant à ce qu'il lui plaise permettre l'emprunt desdits six louis d'or pour être employés au recouvrement dudit extrait en forme, pour, au moyen d'icelui, retrouver les originaux, sans lesquels ils savent très bien qu'ils n'auroient moyen de les recevoir. Et, pour cet effet, cette compagnie charge ledit sieur Bernard, syndic, d'y avoir soin et de faire les frais aux dépens de la communauté. Et se sont les sachant écrire soussignés :

TAVERNOL, BARRUEL, etc.

commença au mois de mai 1670 et se termina par une débandade complète des insurgés, au premier contact avec les troupes royales, le 25 juillet suivant. Roure, qui, du reste, avait été mis à la tête du mouvement malgré lui, fut arrêté quelque temps après sur la frontière d'Espagne et exécuté, le 29 octobre à Montpellier.

(1) Le mot bandier est encore employé dans l'idiome local: cos tout bandier, c'est tout ouvert.

FONDATION D'une école a AIRE EN ARTOIS AU XVI SIÈCLE

Communication de M. Léopold Delisle.

La planche que nous publions est la reproduction réduite d'un curieux dessin enluminé du xvIe siècle, conservé dans la bibliothèque de feu M. François Morand, qui a longtemps pris une part active aux travaux du Comité et à qui nous devons, entre autres publications, un volume de la Collection des documents inédits : l'Appendice au Cartulaire de l'abbaye de Saint-Bertin, imprimé en 1867.

Ce dessin, d'une exécution assez remarquable, représente les formalités auxquelles donna lieu la fondation d'une école dans la ville d'Aire. Les légendes qui accompagnent chacune des scènes en expliquent suffisamment le sujet. Il n'a pas semblé inutile d'en insérer ici le texte :

Icy est maistre Robert Cavrel, lequel, de son propre mouvement, aiant faict assambler et assamblé les estats de ceste ville d'Aire, donne douse cents florins pour le gaige d'ung maistre d'escolle, pourveu que l'hospitalet Sainete Bregide soit accordé à usaige d'escolle.

II.

III.

Icy est le dict seigneur Cavrel avec messire Jehan de Sainct Omer, gouverneur de ceste ville, avec aultrez principaulx qui vont de la dicte salle par ensemble visiter le dict hospitalet.

Icy est le dict seigneur Cavrel, qui demonstre au dict messire Jehan de Sainct Omer et aux aultres principaulx de ceste ville, avec certains carpentier et machon que (1) le lieu à luy accordé, suivant sa requeste, par les dictz estatz estre propice pour y accomoder les dictz douze cens florins, par le dict Cavrel donnez ou promis de donner.

IV.

Le logis claustral de Cavrel, etc.

Maison de la provosté.

Icy est monsieur Cavrel aiant de son propre instinct evocquié trois personnes tesmoings dingnes de foy, quy demonstre auz dictes personnes tesmoing sa maison claustralle, grange et prison, appertenantz à la communaulté de chapitre de Sainct Pierre en Aire, estre aussy ou plus propice que le susdict hospitalet, et dict et promect es presence des dictz tesmoings d'acomoder ces dictz lieux en escolle à ses despens, ensamble fonder rente tant å l'entretenement de quattre enffans, gaige du maistre predict, comme aussy pour l'entretenement des lieux, ou cas que messeigneurs de chapitre luy voeullent accorder sa dicte maison et les dictz ediffices contigus au dict usaige d'escolle; et au meisme instant le dict Cavrel insinue qu'il prie,

(1) Ce mot que doit être supprimé.