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GERMANIQUE

PUBLIÉE PAR

MM. CH. DOLLFUS ET A. NEFFTZER

TOME HUITIÈME.

PARIS

BUREAUX DE LA REVUE GERMANIQUE
7, Passage Saulnier

DÉFOT PRINCIPAL

LIBRAIRIE A. FRANCK

67, RUE RICHELIEU

1859

LES

ÉTUDES CELTIQUES EN ALLemagne.

M. AD. HOLTZMANN ET M. H. B. CHR. BRANDES 1.

Il est peu de questions ethnologiques qui aient donné lieu à un débat aussi prolongé que l'origine et les rapports respectifs des populations de l'ancienne Gaule. Voilà déjà plus de deux siècles que l'on se bat à coups de textes, que l'on s'assiége de citations, sans qu'aucun des champions se soit jamais déclaré vaincu. Cependant, après de si longues hostilités, il était naturel de penser qu'il surviendrait quelque armistice; point du tout, la guerre se rallume plus forte que jamais et elle menace de devenir un engagement général entre érudits. Chez nous, ce ne sont pas seulement de grandes batailles qui ont été livrées par les maîtres de la science, les provinces sont le théâtre d'engagements particuliers. En Belgique, depuis une vingtaine d'années, cette discussion est un des thèmes favoris de l'ethnologie. En Angleterre, bien que la lutte ait été moins vive, on a cependant apporté beaucoup d'ardeur aux recherches. Enfin, au delà du Rhin, on a accumulé les textes et opposé les systèmes avec une ténacité toute germanique. Un instant le succès de la belle Histoire des Gaulois de M. Amédée Thierry avait imposé silence aux défenseurs de l'unité absolue des races gauloise et tudesque. Mais ce triomphe a été de courte durée, et tandis que les uns réclamaient en faveur de l'identité des populations de la

1 Ad. Holtzmann, Kelten und Germanen. Stuttgart, 1855, in-4°. H. B. Chr. Brandes, Das ethnographische Verhältniss der Kellen und Germanen. Leipzig, 1857, in-8°.

Gaule et de la Germanie, les autres proposaient des systèmes en complet désaccord avec la théorie des Galls et des Kymris, qui n'en a pas moins fait son chemin malgré ces attaques. Deux professeurs allemands semblent avoir voulu vider enfin le débat par un combat singulier. M. Holtzmann est descendu dans la lice, la framée à la main, et résolu à pourfendre tous ceux qui ne reconnaîtraient pas la prédominance du sang germanique dans les antiques populations fixées à l'ouest de l'Europe. Il a invité à le suivre les plus célèbres érudits de l'Allemagne, et, quoiqu'on ait peu répondu à son appel, il a engagé le combat par une dissertation pleine de savoir, mais où le paradoxe n'est pas ménagé. M. Brandes, qui a relevé le gant, n'affiche pas de si hautes prétentions. Résoudre les ténébreux problèmes de l'ethnologie gauloise lui semble une chose presque impossible; mais il est des faits que ce savant professeur maintient comme acquis à la science et qu'il s'est décidé à défendre contre les charges à fond de M. Holtzmann.

Ceci dit, on comprend quel caractère différent ont les deux ouvrages dont je veux entretenir le lecteur. Hardi et absolu, le professeur de Heidelberg ne s'effraye pas du démenti des textes, qu'il refait au besoin pour son usage; il passe sous silence ce qu'il serait trop malaisé de réfuter; il appuie avec force sur les erreurs de ses antagonistes, et s'efforce de rattacher à sa cause de respectables autorités qui ne l'ont en réalité jamais secouru. Cependant il a aussi à faire valoir des arguments qui ont leur valeur et qu'il presse de façon à en tirer plus qu'on ne s'y serait attendu. M. Brandes est un tout autre homme; il procède avec méthode, tâte le terrain, s'avance avec circonspection, ne résout que ce qui lui paraît élucidé, et s'attache encore plus à nous défendre contre des erreurs qu'à nous révéler des faits ignorés.

Pour faire comprendre le fond du débat, il me faut nécessairement revenir sur ces témoignages éternellement cités de César et de Strahon que l'on tourne et retourne de toutes les manières, avec la bonne volonté d'y découvrir des données qui n'y sont malheureusement pas. Il nous faut surtout préciser ce qu'on entend par Gaulois et Germains; car l'ambiguïté des termes prolonge les discussions et s'oppose bien souvent seule à ce que les questions soient décidées.

Les anciens ne possédaient que des notions fort incomplètes sur les peuples fixés à l'occident de l'Europe. Les Grees avaient connu les habitants des Gaules par la colonie phocéenne de Marseille; ils tenaient de quelques voyageurs, qui s'étaient aventurés en compagnie de marchands, des renseignements plus ou moins vagues sur les côtes de

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