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apportez lui-même, qu'ils n'avoient pù ter- | Toulouse, celle de Montauban avec leurs miner son affaire sans une permission speciale du pape.

XL.

Le roi d'Aragon appelle au pape du refus du concile de Lavaur, et se déclare ouvertement pour le comte de Toulouse.

Pierre voyant que sa négociation ne prenoit pas un bon train, fit prier le concile 1 par ses ambassadeurs, d'engager Simon de Montfort à accorder au comte de Toulouse et à ses associez une tréve jusqu'à la Pentecôte, ou du moins jusqu'à Pâques. Il esperoit recevoir dans cet intervalle une réponse favorable de Rome; et il comptoit que le bruit de la tréve empêcheroit les peuples de France de se croiser, et de venir au secours de Montfort mais les évêques rejetterent sa demande. Enfin ce prince ne pouvant rien gagner, se déclara publiquement le protecteur du comte de Toulouse et de ses alliez, et appella au S. Siege du refus que les évêques du concile de Lavaur faisoient d'écouter ses propositions. Ces prélats ne firent aucun cas de cet appel et passe rent outre. L'archevêque de Narbonne lui écrivit 2 en même tems une lettre fort vive, pour le détourner, et lui défendre de prendre cette protection. Il lui fait entendre qu'il ne peut manquer de tomber dans l'excommunication, en embrassant le parti des excommuniez et des hérétiques; et le menace de dénoncer excommunicz tous ceux de ses sujets qui s'employeroient à la défense du païs.

Ces menaces n'ébranlerent pas le roi d'Aragon; il se lia au contraire plus étroitement avec les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges, le vicomte de Bearn, les chevaliers de Toulouse, ceux de Carcassonne qui s'étoient réfugiez dans cette ville, et enfin avec les Toulousains en general, qui lui firent 3 tous serment à Toulouse, le dimanche 27. de Janvier de l'an 1213. Le comte de Toulouse et son fils par le leur, mettent leurs personnes, la ville et le fauxbourg de

1 Petr. Val. ibid.

2 Ibid. - Innoc. III. ibid. ep. 43. 3 Innoc. III. ep. 47. et seqq.

dépendances, tous leurs domaines, leurs vassaux et sujets, à la disposition et dans la possession réelle et actuelle de Pierre et de ses lieutenans, avec pouvoir, tant de promettre au pape en leur nom, de faire entierement ce qu'il ordonneroit, que de les y contraindre s'ils refusoient d'obéir. Ils enjoignirent au chapitre, (c'est-à-dire à l'assemblée des consuls ou magistrats municipaux,) et à tous les habitans de Toulouse de faire serment qu'ils obéiroient fidellement à ce prince pour l'exécution de toutes ces choses. Vingt-trois consuls de Toulouse prêterent ensuite ce serment entre les mains du roi, au nom de toute la ville et de tout le peuple de Toulcuse. Raymond-Roger, comte de Foix, Roger-Bernard son fils, Bernard comte de Comminges, Bernard son fils, et enfin Gaston vicomte du Bearn lui firent un semblable serment.

XLI.

Le concile de Lavaur députe au pape pour faire l'apologie de sa cenduite à l'égard du comte de Toulouse, et ses alliez.

1

Les prélats du concile de Lavaur, avant que de se séparer, écrivirent en commun une.longue lettre au pape, et lui rendirent compte de ce qui s'étoit passé : ils commencent par remercier le pontife des soins qu'il s'étoit donnez pour déraciner l'hérésie de la province. « On trouve encore, ajoûtent-ils, >>> des restes de cette peste dans la ville de >> Toulouse et dans quelques châteaux des >> environs, dont le prince, sçavoir le comte » de Toulouse, connu depuis long-tems pour >> fauteur et défenseur des hérétiques, at>>taque l'Eglise avec les forces qui lui res>> tent, et s'unit aux ennemis de la foy, pour >> s'opposer à ceux qui la professent. Depuis » son retour d'auprès de votre sainteté, il » n'a exécuté aucune de ses promesses; il a >> augmenté les péages ausquels il avoit re>>> noncé si souvent, et a favorisé de tout son >> pouvoir vos ennemis et ceux de l'Eglise de >> Dieu appuyé de la protection de (l'em>> pereur) Othon, ennemi de Dieu et de

1 Innoc III. 1. 16. ep. 41.

>> l'Eglise ; il a menacé, comme on l'assûre, >> de chasser entierement de ses états et >> l'église et le clergé ; et il s'est lié dès-lors >> plus étroitement avec les hérétiques et les >> routiers. Dans le tems que l'armée ca>>>tholique attaquoit Lavaur, où étoit le siege » de Sathan et la primatie de l'erreur, il a » envoyé des chevaliers et des soldats au >> secours des assiegez. Les croisez ont fait >> brûler vifs plus de cinquante hérétiques » revêtus (ou parfaits) qu'ils ont trouvez » dans son château de Casser, outre un grand >> nombre de croyans. Il a appellé contre l'ar>>mée de Dieu, Savaric sénéchal du roi » d'Angleterre, ennemi de l'Eglise, avec le» quel il a eu la témerité d'assieger le comte >> de Montfort dans Castelnau-d'arri : le Sei>> gneur a puni bientôt sa présomption; et >> une poignée de catholiques a mis en fuite >> un nombre infini d'Ariens. Se voyant sans >> esperance de la part d'Othon et du roi » d'Angleterre, il a envoyé des ambassadeurs >> au roi de Maroc, pour implorer son se» cours, à la honte du christianisme : mais >> Dieu a mis des obstacles à ses mauvais des>> seins. Il a chassé l'évêque d'Agen de son >>> siége, et l'a dépouillé de tous ses biens : il >> a fait prisonnier l'abbé de Moissac, et il a >> détenu captif pendant plus d'un an l'abbé » de Montauban. Ses routiers et ses com>> plices ont fait souffrir le martyre à une >> infinité de pelerins, dont ils retiennent en>> core quelques-uns dans les fers: sa fureur » n'a fait que prendre de nouvelles forces, >>> en sorte qu'il empire tous les jours, et >> qu'il fait tout le mal qu'il peut contre >>> l'Eglise, soit par lui-même et par son fils, >> soit par les comtes de Foix et de Commin>> ges, et par Gaston de Bearn, ses confederez, >>> hommes scelerats et pervers. Le comte >> Simon de Montfort ayant occupé presque >> toutes leurs terres, à cause qu'ils sont en>>> nemis de Dieu et de l'Eglise, ils ont eu >> recours en dernier lieu au roi d'Aragon, » par le moyen duquel ils tâchent de sur » prendre votre clémence : ils l'ont amené à » Toulouse, avec nous, qui étions assemblez >> à Lavaur par ordre de votre légat et de >> vos déleguez, pour y entrer en conference. >> Vous verrez ce que le roi a proposé, et

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>>> ce que nous lui avons répondu, par nos lettres scellées. Nous envoyons aussi à >> votre sainteté le conseil que nous avons >> donné à vos déleguez, après en avoir été >> requis, sur le fait du comte de Toulouse. » Ces prélats finissent leur lettre par prier le pape de terminer une affaire qui avoit si heureusement commencé, de mettre la coignée à la racine de l'arbre, et de le couper pour toûjours, afin de l'empêcher de nuire. << Soyez certain, disent-ils, que si on res>>titue à ces tyrans, ou à leurs héritiers, >> les domaines qu'on a enlevez avec tant de >> peine, et par l'effusion du sang de tant de >> chrétiens, outre le scandale qui en arri» vera, l'église et le clergé seront dans un >> peril éminent. Au reste nous nous abs>> tiendrons de rapporter les énormitez, les >> blasphemes, les abominations et les autres >> crimes dont ils sont coupables, de crainte >> que nous ne paroissions faire un livre: nos » envoyez pourront vous en raconter une » partie de vive voix. »>

XLII.

Le comte de Toulouse fait de nouveaux efforts, mais en vain, pour être reçu à se justifier.

Ces envoyez furent l'évêque de Commin. ges, l'abbé de Clairac, Guillaume archidiacre de Paris, maître Thedise chanoine de Gennes et commissaire dans l'affaire du comte de Toulouse, c'est-à-dire sa plus forte partie, et enfin Pierre Marc, ou de Marc (Marci) correcteur des lettres apostoliques. Avant leur départ le comte de Toulouse fit 2 encore une tentative auprès de l'évêque de Riez et de maître Thedise, pour tâcher de les fléchir il leur envoya un de ses chevaliers nommé Cambon, accompagné d'un notaire, et leur fit signifier l'offre qu'il faisoit d'obeir absolument à tous leurs ordres; les suppliant humblement d'agir à son égard avec miséricorde et non dans la rigueur de la justice, et de venir le trouver à Toulouse, ou de lui marquer un lieu où ils pussent s'assembler et conférer ensemble.

1 Petr. Val. ibid.

2 Innoc. III. ibid. ep. 39. et 46.

Les deux commissaires répondirent par écrit | laume de Maguelonne, Guillaume de Carau comte, qu'ils ne pouvoient traiter avec lui pour les raisons qu'on a déja dites. Ils lui reprochent dans leur réponse, le refus qu'il avoit fait d'exécuter, conformément au rescript qui étoit venu de Rome, les ordres qu'ils lui avoient donnez au concile de S. Gilles, et ceux qu'il avoit ensuite reçus de la part des légats à Narbonne et à Montpellier; d'avoir augmenté les péages au lieu de les supprimer; d'avoir violé les sermens qu'il avoit faits aux légats; et enfin tous les autres griefs dont les évêques du concile de Lavaur font mention dans leur lettre au papc. « Vous avez de plus négligé, ajoûtent-ils, >> de comparoître quand nous vous avons » cité de la part du pape, et vous ne nous » avez jamais requis de travailler à votre >> affaire, pour laquelle vous nous avez fait >> nommer commissaires par le pape. Quoi» que vous ayïez sçû que nous avons été de>> puis peu pendant huit jours au concile de >> Lavaur, vous ne nous avez pas écrit, et » vous n'y avez pas envoyé un ambassadeur. >> Pour ces raisons et pour plusieurs autres, » vous ne méritez pas que nous vous rece>> vions à vous justifier, suivant l'ordre du >> pape, ainsi qu'il a été défini par tout le » concile; c'est pourquoi nous protestons » par les présentes, que nous aurons soin » d'informer le pape de toutes ces choses, >> afin qu'il procede dans votre affaire comme >> il le jugera à propos. >>

XLIII.

Plusieurs évêques écrivent au pape contre le comte et les

habitans de Toulouse.

Les deux déleguez ne manquerent pas en effet d'écrire au pape en particulier, pour lui faire le détail de leur conduite à l'égard du comte de Toulouse; ils chargerent de leur lettre les députez que le concile de Lavaur envoyoit à Rome. Plusieurs évêques se servirent de la même voye pour écrire conjointement ou séparément au pape contre ce prince. Entre ces prélats furent 1.o Michel archevêque d'Arles, et les évêques Guil

1 Ibid. ep. 39.

pentras, Guillaume d'Orange, Gaufrid de S. Paul Trois-châteaux, Bertrand de Cavaillon, Raimbaud élû de Vaison, et Pons abbé de saint Gilles. Leur lettre est datée d'Orange le 20. de Février. Après avoir loué le pape Innocent III. d'avoir déraciné l'hérésie de leurs diocèses et de presque toute la province de Narbonne, ils lui marquent la crainte qu'ils ont que la ville de Toulouse, si on la laisse subsister, et si on ne la détruit pas entierement comme un membre pourri, n'infecte tout le voisinage, et ne fasse revivre l'erreur dans tous les endroits d'où on l'a chassée. Ils le prient avec instance de s'armer du zele de Phinées, et d'anéantir entierement cette ville, (qu'ils comparent à Sodome et à Gomorrhe,) avec tous les scélerats qui s'y étoient réfugiez. « Autrement, >> ajoûtent-ils, nous vous disons dans la >> vérité, qui est Dieu même, que si pour >> nos pechez, ce tyran, ou plutôt cet héré>>tique Toulousain, (ils désignent ainsi le >> comte Raymond,) ou même son fils, pou» voit élever la tête qu'on lui a déja écrasée, » et qu'il faut lui écraser encore plus for>>tement, il feroit des ravages affreux, et >> renverseroit tout comme un lion rugis>>> sant. >> Enfin ils prient le pape de s'en rapporter entierement sur les besoins de la province, à maître Thedise porteur de leur lettre, lequel, disent-ils, est pleinement informé de tout.

2o. L'archevêque de Bourdeaux et les évêques de Bazas et de Perigueux remercient" le pape du bien qu'il avoit fait dans les provinces de Narbonne et d'Auch, et dans leurs Idiocèses, et d'avoir exterminé l'hérésie et les routiers par les soins de Simon de Montfort et des croisez. Ils le supplient à la fin de leur lettre d'achever ce qu'il avoit commencé.

3o. Bertrand évêque de Beziers prie 3 le pape de détruire de fond en comble la ville de Toulouse avec les lieux voisins, où le reste des hérétiques s'étoit refugié ; et d'em

1 Ep. 40. 2 Ep. 42. 3 Ep. 44.

pêcher que le comte Raymond et son fils ne pussent nuire d'avantage à l'Eglise, «Que >> votre sainteté prenne garde surtout, dit ce >> prélat, que le roi d'Aragon ne vous sur>> prenne, et que ce prince, qui, sans blesser >> le respect qui est dû à l'onction qu'il a >> reçue, paroît être devenu un enfant re>>> belle, et qui se vante présomptueusement » d'obtenir la restitution des terres saisies, >> et les bonnes graces de votre sainteté en >> faveur de ce comte et de ses complices, >> ne les amene en votre présence, car ils » sont tous hérétiques, routiers, sacrileges, >> homicides et chargez de toute sorte de cri>> mes. En effet si la ville de Toulouse, qui » est l'asyle des hérétiques, comme elle >> l'étoit anciennement, (car on lit qu'elle fut >>> autrefois entierement renversée, et que la >>> charrue passa par dessus pour une sem>> blable cause,) demeure à ces hommes per>>> fides, il en sortira une flamme qui dé>> vorera nos cantons avec tous les païs voi>> sins. >> On ne sçait dans quelle source ce bon évêque avoit puisé la fable que la ville de Toulouse avoit été autrefois entierement renversée pour ce crime d'hérésie.

4o. Enfin Bernard archevêque d'Aix, écrivit au pape à peu près dans les mêmes termes, avec plusieurs abbez, tant contre la ville de Toulouse que contre le comte Raymond.

XLIV.

Le roi d'Aragon tâche de gagner le pape et le roi Philippe. Auguste, en faveur du comte de Toulouse.

Pierre roi d'Aragon 2 ayant appris par ses ambassadeurs à Rome, que le pape sur leurs remontrances avoit ordonné à Simon de Montfort de restituer aux comtes de Foix et de Comminges, et au vicomte de Bearn, les terres qu'il avoit envahies sur eux, et que ce pontife avoit mandé vers le même tems à l'archevêque de Narbonne, de révoquer la croisade contre les hérétiques, se flata de le gagner entierement. Pour le prévenir sur ce qui s'étoit passé au concile de Lavaur, et lui faire entendre l'injustice du procedé des

1 Ep. 45.

2 Petr. Val. c. 66. - Innoc. III. 1. xv. ep. 47.

évêques qui s'y étoient trouvez, il lui envoya les actes par lesquels le comte de Toulouse et son fils, les consuls et les habitans de cette ville, les comtes de Comminges et de Foix avec leurs fils, et Gaston vicomte de Bearn, remettoient leurs personnes et leurs biens entre ses mains, avec promesse d'exécuter fidellement tout ce qu'il plairoit au pape de leur ordonner : il fit authentiquer les copies de ces actes, dont il garda les originaux, par l'archevêque de Tarragonne, et les évêques et les abbez de ses états, qui l'avoient accompagné à Toulouse, et qu'il avoit envoyez au même concile pour négocier la paix. Ces prélats étoient à Perpignan lorsqu'ils vidimerent ces actes, le 6. du mois de Mars de l'an 1213.

même

Pierre songea d'un autre côté à se rendre le roi Philippe Auguste favorable. Il n'ignoroit pas que ce prince, alors extrêmement refroidi envers le comte de Toulouse, appuyoit la croisade, et qu'il avoit consenti, quoiqu'avec peine, que Louis son fils prit la croix au mois de Février de cette année, pour marcher au printems suivant contre les hérétiques de la province : démarche qui avoit engagé une grande partie de la noblesse Fançoise à se croiser par complaisance pour le jeune prince. Le roi d'Aragon voulant détourner ce coup, envoya l'évêque de Barcelonne et quelques chevaliers de sa cour en ambassade à Philippe, et les chargea de publier en France, que le pape par sa lettre à l'archevêque de Narbonne avoit revoqué la croisade contre les hérétiques. Il avoit en vue d'empêcher par là que Simon de Montfort ne reçût de nouveaux secours; et c'est pour le même motif qu'il envoya des copies de cette lettre, scellées des sceaux des évêques de ses états, au roi Philippe, à la comtesse de Champagne, et à tous les grands du royaume.

1 Petr. Val. c. 68.

XLV.

Le roi d'Aragon donne la ville de Montpellier à Guillaume son beau-frere. Le pape confirme le mariage de ce prince avec Marie. Sort des freres de cette princesse du second lit.

Pierre chargea ses ambassadeurs à la cour de France d'une autre négociation très-importante; c'étoit de demander pour lui en mariage la fille du roi. On a déja remarqué que le roi d'Aragon, dégoûté depuis longtems de la reine Marie de Montpellier sa femme, faisoit tous ses efforts pour la répudier; et il esperoit si bien que les ambassadeurs qu'il avoit chargez de poursuivre la dissolution de son mariage auprès du pape ne manqueroient pas de réussir, qu'il se regardoit déja comme libre. Les intérêts de Marie, de laquelle il étoit séparé de corps depuis long-tems, lui tenoient d'ailleurs fort peu au cœur, comme il paroît par un acte ', suivant lequel étant à Toulouse le 24. de Janvier de cette année, sans aucun égard pour les droits de cette reine, et de Jacques leur fils unique sur la baronic de Montpellier, il reconnut ceux de Guillaume son beau-frere, fils de Guillaume VIII. seigneur de Montpellier, et d'Agnès sa seconde femme. En effet il lui donna en fief la ville de Montpellier, les châteaux de Lates, de Paulhan et d'Omelas avec leurs dépendances, c'està-dire tous les domaines de la maison de Montpellier, excepté ce que le comte de Toulouse possedoit en qualité de comté de Melgueil, avec promesse de l'aider à recouvrer tous ces domaines des mains de ceux qui les détenoient contre sa volonté. Raymond comte de Toulouse, Raymond-Roger comte de Foix, Bernard comte de Comminges, Nugnez Sanche fils du comte de Roussillon, et plusieurs grands seigneurs du royaume d'Aragon et de la principauté de Catalogne, qui avoient suivi le roi Pierre à Toulouse, furent présens à cette donation. Les ambassadeurs d'Aragon n'oserent 2 cependant faire au roi Philippe la proposition du mariage de sa fille avec le roi leur maître, parce qu'ils trouverent en ar

1 Spicil. tom. 10. p. 178. et seq.

2 Petr. Val. ibid.

rivant qu'on sçavoit déja à la cour le jugement que le pape venoit de rendre au sujet de la dissolution du mariage de Marie, qu'il avoit déclaré indissoluble.

Innocent III. avoit commis depuis longtems l'examen de cette affaire à l'évêque de Pampelune et à ses deux légats frere Pierre de Castelnau et frere Raoul; avec ordre de faire les informations sur les lieux. La mort

des deux derniers 2 et les grandes occupations de l'évêque de Pampelune ayant interrompu le cours de la procédure, le pape nomma pour nouveaux commissaires, Arnaud abbé de Citeaux, et les évêques d'Usez et de Riez ses légats. Après divers actes faits devant ces prélats durant plusieurs années par le roi et la reine d'Aragon, pour prouver de la part de ce prince l'invalidité de son mariage, sous les divers prétextes dont on a parlé ailleurs, et de la part de Marie pour en soûtenir la validité, la reine en appella au pape, et se rendit en personne à Rome pour y défendre sa cause. Le roi y envoya de son côté un procureur; et l'affaire ayant été plaidée en plein consistoire, le pape déclara le mariage légitime et indissoluble le 19. de Février de l'an 1213. Innocent écrivit en même tems au roi d'Aragon pour l'exhorter à reprendre la reine sa femme, et à la traiter avec toute l'affection d'un mari, surtout,

ajoûte-t-il, puisque vous en avez eu un fils, et que c'est une dame qui craint Dieu et qui a beaucoup de mérite. Il lui marque à la fin que s'il refuse d'obéir, il avoit ordonné aux évêques de Carcassonne, d'Avignon et d'Orange de l'y contraindre par les censures ecclesiastiques.

Un autre motif engagea encore la reine Marie à faire le voyage de Rome. Ses freres du second lit, qu'elle prétendoit être adulterins, lui disputoient la succession de leur pere, et elle obtint alors du pape une sentence contre eux: c'est ce que nous trouvons dans les mémoires que Jacques I. roi d'Aragon, leur neveu, nous a laissez de sa vie. <«< Guillaume 3 seigneur de Montpellier, dit

IV. ci-dessus l. xxi. n. 24.

2 Innoc. III. xv. ep. 22.

3 Chron. o comment. del rey en Jacm. c. 3.

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