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vel aliqua non teneat canalem quæ ejiciat aquam in carreria nisi faciebat ad aquam pluvialem. Et si forte aliquis vel aliqua contra hoc venerit, teneatur consulum cognitione : et quod aliquis vel aliqua non accomodet pecuniam alicui homini vel fæminæ ad ludum super vestes quas detulerit, nec accipiat vestes suas ad ludum, nec aliquis vel aliqua pignoretur in vestibus quas detulerint, pro pecunia quam accomodasset vel adacquisisset ad ludum nec supra ludum et qui contra hoc fecerit amittat pecuniam quam accomodavit vel adquisivit ad ludum, reddat vestes absolutas et nullam possit inde facere petitionem. Item consules Tolosæ urbis et suburbii, fecerunt stabilimentum tale, quod aliquis vel aliqua non faciat se ducere vel tenere alicui ad corpus mortuum alicujus propinqui, vel ad aliud corpus mortuum; quod si fecerint ille qui fecerit se ducere vel tenere, et ille, vel illi qui tenuerint eum, vel duxerint det quilibet eorum unum miliare de tegulis planis nomine pœnæ ad clausuram villæ excipiuntur pater et mater, filii et filiæ, fratres et sorores, maritus et uxor; isti enim non teneantur si fecerint se ducere vel tenere ratione propinquitatis: et quod aliquis, vel aliqua non ingratinent se in facie cum unguibus, nec capillos dilanient cum manibus, nec scindant vestes, nec in terram se prosternant. Et qui contra hoc stabilimentum fecerit det unum miliane tegularum planarum nomine pœnæ ad clausuram villæ, totum consulum cognitione. Item consules Tolosæ urbis et suburbii cum communi consilio fecerunt stabilimentum tale, quod joculatores, joculatrices non intrent in domibus hominum vel fæminarum Tolosa nisi ad Nobias, nisi cum domino domus vel cum domina domus quæ sine marito erit; et si joculator extraneus vel joculatrix veniet in hac villa Tolosa de 8. die in antea sit in eadem conditione, et si fortè aliquis vel aliqua contra hoc stabilimentum venerit, teneantur in castello cognitione consulum et permaneat ibi consulum cognitione omnia hæc suprascripta stabilimenta fuerunt cum communi consilio Tolosæ urbis et suburbii posita et statuta ut durarent et observarentur in perpetuum. Hoc fuit factum et statutum ad confirmandum 10. die in introitu mensis martii feria 5. regnante Philippo rege Francorum et Raimundo Tolosano comite et Raimundo episcopo, anno et incarnatione Domini 1204.

:

13 Nous trouvons dans l'histoire ancienne et moderne de Lot-et-Garonne, par M. de Saint-Amans (1),

année 1203.

<< Raymond III, comte de Toulouse, vient à Agen, Il est admis en paréage par le chapitre de SaintCaprais, pour la seigneurie de la Sauvetat-de-Savères, actuellement du canton de Laroque-Timbaut, près d'Agen. Ce chapitre, qui se donnait ainsi un puissant protecteur, se réserve les dîmes.

>> Deux ans après, le même prince, de l'avis du pricur

(1) I, 85.

et du chapitre, donna les coutumes d'Agen à la Sauvetat. Ces coutumes, alors écrites depuis peu de temps, furent bientôt adoptées par la plupart des communes voisines, telles que celles de ClermontDessus ou Souleiran, de Lamothe-Bésiad, etc. Cette dernière et très petite commune, englobée depuis longtemps dans celle d'Agen, semble devoir le nom qu'elle porte à quelque tombelle ou tumulus gaulois.

14 Dom Vaissete a déjà dit, suprà, page 71, que Pierre, roi d'Aragon, et seigneur de Montpellier, avait solennellement promis, le 15 août 1204, tant pour lui que pour ses successeurs, d'observer et de faire observer les coutumes de cette ville, et que Marie, sa femme, fit la même promesse le 28 du même mois. Les coutumes, approuvées alors, ne forment que la première partie du code municipal de Montpellier. Le savant bénédictin ne les a pas examinées avec soin, bien qu'il eût sous les yeux le manuscrit qui les contenait, et qu'il en eût reçu, de Montpellier même, une copie faite par les soins du syndic de la province. Ces coutumes et libertés portent pour titre, en latin : Consuetudines et Libertates villa Montispessulani; et, en langue romane: Las Costumas e las Franquesas de Montpeylier. En 1205, on avait beaucoup ajouté à ces coutumes on en avait rédigé une seconde partie, qui porte, dans les manuscrits, le titre de Secunda pars Consuetudinum Montispessulani; c'est ce que Dom Vaissete a ignoré. Il a confondu cette seconde partie avec la première, sans songer que l'espace d'une seule année écoulée, depuis la première confirmation, semblait écarter tout besoin d'en donner une nouvelle. C'est cette seconde partie qui fut approuvée, en 1205, par Pierre, roi d'Aragon, et Marie. Elle est divisée en dix-sept articles, qui portent chacun un titre dans le texte roman, mais qui n'en ont point dans le latin.

En tête de cette seconde partie, qui a pour date, Idus junïï m. 11. v., on lit ces mots :

<< E nom de Dyeu aquestas costumas son de la vila de Montpeylier, establidas e manifestadas daycels als quals le Senher Rey en P. d'Aragon e la dona Maria molher de lui, filha say enreyre den G. senher de Montpeylier, doneron et autreieron plen poder d'establir las costumas en la vila de Montpeylier (1). » Cette seconde partie est terminée ainsi :

« Totas aquestas causas sobredichas e cadauna establiron, e per veras costumas esser tenedoyras en ia sempre, ajustat cosselh de mostz proshomes de Montpeylier, e de savis, et especialmens daquestz XII

(1) Voici le texte latin :

« Hec sunt Consuetudines ville Montispessulani, constitute in nomine Domini et promulgate ab illis quibus dominus Petrus, rex Aragonis et domina Maria ejus uxor, filia quondam Guillelmi domini Montispessulani, dederunt et concesserunt plenam potestatem statuendi consuetudines in villa Montispessulani. >>

proshomes que son establits ad acosselhar la comuna leza de Montpeylier, aquill als quals de far aquestas causas le senher Rey e la Dona Regina plen poder autreieron, so es assaber en P. de Bizancas, en Pei. Lucian, Jo. de Latas, R. Benezeg, P. Lobet, G. de Grabels, establits en luoc deu B. de Gleyas que era

mortz.

« Fachas totas aquestas cauzas son et establidas sollempnamens, e publicamens manifestadas el Solier de la Erbaria el cal li x accosselhadors de Montpeylier e de la comunaleza saiuston e tracton de la comunaleza, en lan de Encarnation M. CC. v. so es assaber ydus junii.

«En presentia et en guerentia den Gui, prebostz de Magalona, Berenguier Lambert Plaies, R. de Caors, B. Capdemalh........... e R. de la Porta notari de la cort de Montpeylier. »

Si Dom Vaissete avait lu avec quelque attention ces coutumes, il aurait vu qu'elles ne peuvent être confondues avec celles de l'année 1204. Celles-ci sont acceptées, établies, confirmées : « Totas las cauzas sobredichas e cadauna per me et per mos successors en bona fe, et en aquel sagramen que sobre sans Evangelis fis en la mayzon de Cavalaria, de lauzar e de tener las costumas de Montpeylier el temps que la terra de Montpeylier a me parvenc, me attendore për neguna sazon ni per neguna occayzon non corrompedor, de certa scientia promet et conferme, » dit Pierre, roi d'Aragon, le jour de l'assomption de Notre-Dame de l'an 1204. Mais dans la suscription de la seconde partie des Coutumes de l'année suivante, on voit que celJes-ci n'étaient qu'un supplément aux premières, qui avaient été approuvées, et qu'elles avaient été dressées d'après la permission, l'octroi et le pouvoir donné par le seigneur de Montpellier : c'est du moins le seul seas que semble offrir la fin de cette seconde partie: « Totas aquestas causas e cadauno establiron, e per veras costumas esser teneydoras en ia sempre, ajustat cosselh de mostz proshomes de Montpeylier, e de savis, et especialmens daquestz xu proshomes que son establitz ad accolhar la comunaleza de Montpeylier, aquill als quals de far aquestas causas le senher Rey e la dona Regina plen poder autreieron.»

15 Nous avons déjà parlé du château de Lescure, donné par le roi Robert au pape Gerberge. Celui-ci l'inféoda sous un cens de dix sols melgoriens à un certain Vidianus. Les descendans, ou les ayant-cause de celui-ci, rendirent, à diverses époques, hommage au Saint-Siége. Les originaux de ces actes et diverses bulles des papes, relatives au lieu de Lescure, conservées à Rome, furent donnés au cardinal de Bernis, par le pape Clément XIV, et elles sont peut-être encore conservées dans les archives de la préfecture du Tarn. Le château de Lescure, pris et ravagé successivement par Pierre, roi d'Aragon, et par Amauri de Montfort, fut presque entièrement détruit durant les premières années du xe siècle. En 1212, le pape,

après avoir reçu l'hommage d'Adhemar, un des cosseigneurs de Lescure, rappela, dans une bulle, que ce feli heu avait été donné à l'église, et inféodé par l'an de ses prédécesseurs à Vivianus, et que, plus tard, Humbert, Reginald et Sicard, successeur de ce dernier, avaient reconnu la suzeraineté de l'église, et payé le cens annuel Il défendit par le même acte, à quelque personne que ce fût, les seigneurs de Lescure exceptés, de bâtir aucune forteresse sur le territoire de cette seigneurie. Il donnait ensuite aux habitans, pour arbitre et juge de leurs contestations. leur métropolitain, ou le légat du Saint-Siége. Par la même bulle, le souverain pontife désigna Pierre Marc, correcteur des rescrits de la cour papale, et archidiacre de Fréjus, pour recevoir l'hommage et le cens de Vivianus, Gaillard et autres seigneurs de Lescure.

16 D'Aigrefeuille (Histoire de la ville de Montpellier, 60), en citant aussi en note le Spicilegium, dit à ce sujet : « Je ne sçai si, dans ces entrefaites, la reine ne fit pas un voyage dans le Roussillon, que son mari lui avait assigné pour sa dot, car nous avons une donation qu'elle lui fit à Collioure, en date du second dimanche de septembre 1205, par laquelle elle lui doune entre vifs et irrévocablement, Montpellier, Lates, Chateauneuf, Montferrier, Pignan, Castries, Loupian, Frontignan, Omelas, et généralement tous ses biens, présens et à venir : et quidquid in alüs locis habeo vel habere potero; renonçant par exprès à la loi qui défend pareils dons entre mari et femme : renuntiant legi quæ donationem prohibet inter virum et uxorem. » Tout cela est tiré de l'acte lui-même. Mais on peut être étonné que d'Aigrefeuille ait pu émettre un doute sur la présence de Marie de Montpellier en Roussillon. Il n'aurait pas du écrire : Je ne sais si la reine ne fit pas (en 1295) un voyage en Roussillon; puisque l'acte qu'il cite prouve qu'elle était à Collioure le second dimanche du mois de septembre de cette année.

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persona. E entendia se en la molher de son senhor | 、 Barral, e pregava la, e de la fazia sas cansos. E anc r re quel fes no li vol far plazer d'amor per que tosm se playns en sas cansos.

Can lo bon rei de Castela fo estatz descofitz per lo y de Marroc loqual era apelatz Miramoli, e li ac uta Calatrava e Salvaterra, el castel de Toninas, fon an dols per tota Espanha, e per totz cels que o auziro, er so car crestiantat era tant descofida, et car lo bon y era estatz descofitz, e avia mot perduda de sa rra e soven intravan las gens del Miramoli en las rras del rei 'n Anfos, e i fazian gran dan. Lo bo rei nfos mandet sos messatges al Papa, quel degues far corre als baros de Fransa e d'Englaterra, e al rei Arago, e al comte de Toloza. En Folquetz era amic el rei de Castela, e no sera encaras rendutz en 1 Orde de Cistel; si fes una prezicansa per confortar los Baros que deguesso socorre al rei de Castela, mostran a honor que seria 'l secors el perdo que n'aurian, e omensa aysi :

Huei mais noi conosc razo.

« Folquet, si com avetz auzit, amava la molher de son senhor en Barral, madona na Alazaitz de Roca Martina, e d' ela fazia sas cansos. E gardava se fort c'om non o saubes, car era molher de son senhor; la dona li sufria sos precs e sas cansos, per la gran lauzor quel fazia d ela. En Barral si avia doas serors de grand valor e de gran beautat; luna avia nom na Laura de San Jorlan, l'autra na Mabilia de Ponteves: abdos estavo ab en Barral. En Folquet avia tant d amistat ab cascuna, que semblans era que en cascuna se entendes per amor. E madona n Alazais crezia que entendes en madona Laura e que 1 vogues be. E si 1 acuzet ela el fetz acuzar a motz homes, si quela li det comiat, que no volia plus sos precs ni sos ditz; e que se partis de na Laura, e que de lieis non esperes mais be ni

amor.

« Folquet fo mot dolens can sa dona l ac dat comiat, e lay set solas e chan e rire. E estet gran sazo en marrimen, planhen la desaventura que l era venguda, car perdia sa dona qual amava mays que re, per lieis a qui el no volia be mas per cortezia. E sobre aquel marrimen el anet vezer l'emperayritz, molher d'en G. de Monpelier, que fo filha al emperador Manuel, que fo caps e guitz de tota valor e de tot be, e clamet se ad ela de la desanventura que 1 era avenguda. E ela lo confortet tan can poc, e' I preguec que no s marris ni desesperes, e que per la sua amor chantes e fezes chansos. Don el per lo sieu prec fec aquesta que ditz :

Tan mon de corteza razo.

« E avene se que madona n'Alazais muri, en Barral sos maritz e senher de luy muri; e muri lo bon rey Richart, e 1 bon coms de Toloza, el rey 'n Anfos

d'Arago; don el per tristeza de sa dona e del baros qu'ero mortz abandonec lo mon, e rendec se en l'Orde de Cistel, ab so molher et ab dos fils que avia. E fon fatz abas duna rica abadia ques en Proensa, que a nom lo Torondet; e pueis fon fatz avesques de Toloza e lai definet. »

Ce fut donc le regret de voir disparaître successivement de la scène du monde, et celle qu'il avait tant aimée, et ses illustres protectears, qui détermina la vocation religieuse de Foulques, qui d'ailleurs était marié et avait deux fils. La ville de Toulouse doit avoir en horreur la mémoire de ce troubadour, devenu, non le ministre d'un dieu de miséricorde et de paix, mais le serviteur dévoué de l'odieux usurpateur du trône des Raymonds. Pierre de Vaulx-Cernay a vanté le courage de Foulques; mais cet écrivain a prodigué aussi à Montfort le tribut de la plus basse flatterie; et qui le croirait? il a de nos jours trouvé des imitateurs........ Comme cet écrivain fanatique, le R. P. de Lacordaire, dédaignant les plus pures sources de l'histoire, a répandu le blâme sur un prince, devenu la victime de l'ambition d'un Condottieri implacable; il a donné l'épithète d'hérétique à des peuples sincèrement attachés aux vérités du catholicisme, et ses phrases retentissantes, et son éloquence animée, ont de nouveau consacré l'erreur et propagé le mensonge... Que nos lecteurs comparent les récits, toujours appuyés de preuves incontestables, que le vénérable Dom Vaissete nous a laissés, et ces quelques ligues du célèbre orateur qui nous a rendu l'ordre de Saint-Dominique, et qu'on juge.....

« Depuis long-temps, dit le R. P. Lacordaire, la sécurité n'existait plus pour les catholiques dans les pays dépendans de la domination de Raymond VI. Les monastères étaient dévastés, les églises pillées; il en avait transformé plusieurs en forteresses.... Aucun catholique ne pouvait obtenir de lui justice contre un hérétique. Toutes les entreprises de l'erreur étaient placées sous sa sauve-garde, et il affectait pour la religion ce mépris éclatant, qui, dans un prince, est déjà une tyrannie »..... Là, tout est faux, tout est calomnieux. Si l'auteur avait voulu faire le portrait d'un homme dévoré de la soif du sang et de celle de l'injustice, ce n'était point Raymond VI qu'il aurait dû choisir, c'était Foulques, traitre envers les Toulousains, et qui les livra sans défense à leur bourreau...

Après avoir chanté Alazais de Roquemartine, Laure de Saint-Jorlan, Mabille de Ponteves, et beaucoup d'autres, Foulques, entré dans un cloître, parce que le monde ne lui offrait plus que d'amers souvenirs, cultiva encore la poésie. Mais ce ne furent plus des hymnes profanes qu'il fit entendre: la Viergê, mère du Sauveur, fut désormais l'objet de ses chants. L'auteur de sa biographie, et tous ceux qui ont écrit sur la littérature romane, paraissent avoir ignoré ses hymnes à Marie. Catel dit : « J'ay treuvé parmy ses œuvres escrites en langage de ce pays un chant chrétien fort dévot...... qu'il semble avoir composé sur la

fin de ses jours, car il est le dernier dans ses œuvres, » Le voici :

Vers Dieus el vostre nom, e de Sancta Maria
Mes velharai huei mais, pus l'estela del dia
Ven daus Jerusalem, quens essenha ques dia :
Estaits sus evelbatz

Senhors que Dieus amatz
Quel iorns es aprosmatz
E la nuech ten sa via.

E sians Dieus lauzatz

Per nos e adoratz,

El preguem quens don patz

A tota nostra via

La nuech vai, el iorn ve

Ab clar temps e seve

E l'alba nos rete

Ans ve belhe complia.

Senher Dieus que nasquetz de la Verge Maria
Per nos guerir de mort, e per restaurar via
E per destruir Efer quel Diables tenia,
E fos en crotz levatz,

D'espinas coronats
E de fel abeuratz,
Senher merce vos cria
Aquestz pobles onratz
Quel vostra pietatz
Lor perdon lors pecatz
Amen Dieus aissi sia.
La nuech vay el iorns ve
Ab clar cel e sere
El'alba nos rete

Ans ve belhe complia.

Qui no sap Dieus pregar ops es que o aprenda,
E auja qu'ieu dirai, e escout et entenda :
Dieus que commensamens es de touta fazenda
Laus vos ren, e merce
Del be quem factz anc se
Eprec Senher queus prenda
Gran pieta tz de me
Que nom truep nim malme,
Nim engane de re
Diables nim mesprenda.
La nuech vai el iorn ve
Ab clar temps e sere

E l'alba nos rete

Ans ve belhe complia.

Dieus donats me saber e sen ab quien aprenda
Vostres sanhs mandemens, els auja, els atenda,
El vostra pietatz quem guerisi em defenda,

En est segle terre
Que nom trabuc ab se
Que ieus ador eus cre
Senher eus fauc uffrenda
De me e de ma fe
Qu'aissis tanh es coue
Per so vos crid merce

E de mos torts esmenda,

La nuech vai, el iorn ve Ab clar cel e sere

E l'alba nos rete

Ans ve belhe complia.

A quels glorios Dieus que son cors det a venda
Per tots nos à salvar, prec qu'entre nos estenda
Lo sieu sant Esperit que de mal nos defenda
E daitan nos estre

Josta los sieus nos me, Laissus on fi capte

Ens meta dins sa tenda : La nuech vai el iorn ve Ab clar temps, e sere

E l'alba nos rete

Ans ve belhe complia.

18 La Chronique, en langue romane, ou l'histoire municipale de Montpellier, ne dit pas un mot, sous l'an 1206, de la guerre qui eut lieu entre le roi d'Aragon, seigneur de Montpellier, et les habitans de cette ville; et, sous l'an 1207, cette chronique ne parle point du traité de paix, confirmé par le pape le 13 avril de cette année. Voici, en effet, ce que l'on trouve dans l'histoire de ces deux années :

<«< En lan de м e cc e vi, a la festa de Sant-Jacme. pres en P. de Montlaur en R. d'Armasenagues lo coms R. e Mezeron lo a Claret, et estet y vi jorns, e rezemet se C. milia S. E mes Montlaur en poder den Bremon d'Anduza. Et en aquel an lo coms R. pres en P. de Montlaur e lendeman de la Ascension hom lo gitet de la redorta de Belcayre en avall, en R. de Belluoc ab ell.

« Et en aquel an comensset San Domergue lorde dels Presicadors, e San Frances lorde dels Frayre Menors. El papa Innocent tres confermet los a Roma.

<< En lan M. cc. v., lo primier dia de febrier e fon a divenres, nasquet en Jacme rei d'Aragon lo fill de la regina dona de Montpellier. »

Dans cette réserve du chroniqueur municipal, qui se tait sur les événemens auxquels on doit attribuer la révolte des habitans de Montpellier contre leur seigneur, il faut reconnaître cet attachement aux inté rêts de la communauté, cet amour-propre local, qui ne veut pas avouer, sinon une défaite, du moins un traité de paix, dont la conclusion fut en quelque sorte forcée. Cependant, comme il faut toujours consigner quelque part le texte des conventions les plus solennelles, le Grand Talamus de Montpellier, cite par d'Aigrefeuille, en a conservé le souvenir.

19 « En ce temps, dit Pierre de Vaulx-Cernay (1). advint un miracle qui nous a semblé digne d'étre placé ici. Un jour, que nos prédicateurs avaient disputé contre les hérétiques, un des nôtres, nommé Dominique, homme tout en sainteté, lequel avait été

(1) Traduction de M. Guizot.

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compagnon de l'évêque d'Osma, rédigea par écrit les argumens qu'il avait employés dans le cours de la discussion, et donna la cédule à un hérétique, pour qu'il délibérat sur les objections y contenues. Cette nuit même les hérétiques étaient assemblés dans une maison, siégeant près du feu. Lors, celui à qui l'homme de Dieu avait baillé la cédule, la produisit devant tous: sur quoi, ses compagnons lui dirent de la jeter au milieu du feu, et que, si elle brûlait, leur foi (ou plutôt leur perfidie) serait véritable; du contraire, elle demeurait intacte, qu'ils avoueraient pour telle la foi que prêchaient les nôtres, et qu'ils la confesseraient vraie. Que dirai-je de plus? A ce, tous consentant, la cédule est jetée au feu mais comme elle est demeurée quelque peu au milieu des flammes, soNdain, elle en ressauta sans être du tout atteinte. Les spectateurs restant stupéfaits, l'un, plus endurci que les autres, leur dit : « Qu'on la remette au feu, et alors vous expérimenterez plus pleinement la vérité. » On l'y jeta derechef, et derechef elle ressauta intacte. Ce que voyant cet homme dur et lent à croire, il dit : qu'on la jette pour la troisième fois, et alors nous connaîtrons avec certitude l'issue de la chose. >> Pour la troisième fois donc on la jette au feu; mais elle n'est pas davantage offensée, et saute hors du feu entière et sans lésion aucune. Pourtant, et bien que les hérétiques eussent vu tant de signes, ils ne voulurent se convertir à la foi. Ainsi, persistant dans leur malice, ils se firent entr'eux très expresse inhibition pour que personne, en racontant ce miracle, ne le fît parvenir à notre connaissance; mais un homme d'armes, qui était avec eux, et se rapprochait tant soit peu de notre foi, ne voulut céler ce dont il avait été témoin, et en fit récit à plusieurs. Or, cela se passa à Mont-Real, ainsi que je l'ai ouï de la bouche même du très pieux personnage qui avait donné à l'hérétique la cédule en question. >>

20 Le couvent de Prouille a été complètement démoli, et l'on y rechercherait en vain ces restes d'ancienne splendeur que Dom Vaissete indique. La charrue sillonne le sol de cette ancienne maison religieuse, et nous avons en vain recherché la place du caveau qui renfermait les dépouilles mortelles des religieuses de ce couvent. Jadis on allait prier sur ces sépultures: aujourd'hui on ignore la place qu'elles occupaient; mais le souvenir des saintes filles de Prouille n'est pas effacé dans l'ancien diocèse de Saint-Papoul, et nous avons vu des vieillards se rappeler, en versant des larmes, et leur mémoire et leurs bienfaits.

21 La chronique romane de Montpellier ne dit rien de la réconciliation de Marie, reine d'Aragon, avec son mari, ni des autres événemens que Dom Vaissete raconte. Nous avons vu, en effet, dans la note 18 que, sous l'an 1207. cette chronique ne rapporte que la naissance de Jacques, fils de Marie et de Pierre, roi d'Aragon. Cette chronique d'ailleurs se trompe. Jac

ques ne naquit pas le 1er février 1207, mais bien le 1er février de l'année suivante. La réconciliation de Pierre, roi d'Aragon, et de Marie, n'avait eu lieu, comme le dit notre savant historien, que vers le mois de mai de l'an 1207.

Dom Vaissete a dédaigné, avec raison, les fables que les auteurs Espagnols et Français ont débité sur la naissance du fils de Pierre d'Aragon, et de Marie de Montpellier. D'Aigrefeuille (Histoire de la ville de Montpellier, 62, 63) en rapporte plusieurs que nous laisserons dans son livre; mais ce qu'il dit ensuite est plus digne d'être conservé. «< A peine la grossesse de la reine eut paru, que les consuls, comprenant toute l'importance qu'il y avait d'en assurer les suites, prièrent le roi de vouloir bien qu'un nombre de seigneurs de la cour, et de dames de la ville, restassent auprès de la reine pour la servir, et pour être témoins de ce que Dieu accorderait à leurs vœux. Leur prière ayant été très bien reçue, ils en firent dresser un acte par deux notaires; et la reine, pour être plus en repos, se retira dans la maison de Tournemires, in præclara Tornamirensium domo, dit Gomesius; et don Juan de Tornamira de Soto, l'appelle casa grandes y de muchos aposientos. » D'Aigrefeuille ajoute, que, de son temps (vers 1737) « cette maison était située dans la petite place, appelée encore plan de Tournemire, que nous avons vu appartenir au trésorier Clauzel, et dont le sieur Cassagnes, qui en avait été le maître avant lui, fit changer les fenêtres du premier étage et laissa celles du second dans leurs formes gothiques, où l'on voit encore les armes d'Aragon, celles de Montpellier, et celles de Tournemire, qui sont une tour. »

22 Guillaume de Tudèle, ou l'auteur de la Cansos de la crozada contr els ereges d'Albeges, n'attribue pas non plus au comte de Toulouse la mort de Pierre de Castelnau. Il dit seulement : « Pierre de Castelnau est aussi venu vers Rozers (1), en Provence, sur son mulet amblant; il excommunia le comte de Toulouse, qui maintenait les routiers qui pillaient le pays. Alors un méchant écuyer, pour avoir à l'avenir la bonne grâce du comte, occit traitreusement le légat, en

(1) Sur ce mot Rozer, M. Fauriel, 683, assure que le nom de Rozer est l'ancien nom provençal du Rhône, encore aujourd'hui nommé Roze, et il ajoute que Rozer est le nom provençal de la ville de Saint-Gilles; et relativement au nom du fleuve, il est d'accord avec M. de Rochegude (Glossaire Occitanien, 271). Cette dénomination de Rozer, donnée à la ville où mourut P. de Castelnan, viendrait à l'appui de ceux qui croient que l'ancien nom de cette ville était Rhode ou Rhoda, et que cette ville était une colonie grecque, On a vu (tom. iv) que nous avons découvert à Saint-Gilles quelques monumens antiques, qui, s'ils ne décèlent pas une origine hellénique, offrent quelques noms grecs parmi ceux qui sont inscrits sur les cippes et les tombeaux qu'on y conserve encore.

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