SEP 29 1924 BIBLIOTHÈQUE DE LA FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES DE l'Université de Liège FASCICULE XXXI La Principauté et le Diocèse de Liège sous Le lecteur trouvera ici, plutôt qu'une biographie de Robert de Berghes, une étude sur l'histoire de la principauté et du diocèse de Liége sous le règne de ce prince-évêque. Que le sujet méritât d'être traité, on en sera convaincu, nous l'espérons, lorsque nous aurons exposé les divisions de cet essai et ses principaux résultats. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une biographie, une large place revenait au prince qui personnifie l'État et dont l'action sur les événements fut souvent prépondérante. Nous avons donc divisé notre ouvrage en deux parties. La première est consacrée spécialement à la vie de Robert de Berghes et à son règne. Afin de situer notre sujet et d'en faciliter la compréhension historique, nous avons d'abord exposé largement la situation de la principauté à l'avènement du prince-évêque. Nous ne pouvions pas non plus, dans une étude de ce genre, omettre tout de la vie antérieure du personnage, notamment les circonstances qui expliquent son accession au siège épiscopal. Dans la seconde partie, nous examinons les principaux faits du règne, les événements saillants de cette courte période. Une des premières questions concerne les rapports du pays de Liége avec les États voisins. A l'avènement de Robert de Berghes, nous trouvons la principauté sous le régime de l'alliance avec l'Espagne. Que deviendra cette alliance, quelles en seront les manifestations, quels en seront les résultats ? Autant de points à examiner et sur lesquels nous croyons présenter des aperçus nouveaux. Pareillement, nous voyons l'Empire intervenir dans la principauté. On connaît d'une manière générale les liens étroits qui depuis des siècles unissaient les deux États. Mais quelle est la nature exacte de ces rapports ? Sous quelle forme se manifestent-ils ? Quelle répercussion l'intervention impériale a-t-elle dans le pays de Liége? L'étude de ces problèmes entrait aussi dans nos projets. Mais pour la mener à bonne fin, un complément d'informations, que nous ne désespérons pas de nous procurer un jour, eût été nécessaire. Il eût fallu consulter, parmi les archives du Cercle de Westphalie, les procès-verbaux des « Journées» auxquelles était representé chaque État du Cercle et où s'examinaient les affaires d'intérêt commun. Un voyage aux archives de Dusseldorf serait indispensable ; nous n'avons pas été à même de l'accomplir jusqu'ici. Ces questions ne nous ont cependant pas laissé indifférent et, des documents que nous avons réunis à ce sujet, se dégage déjà une conclusion: à savoir le changement d'attitude de l'Empire vis-à-vis de la principauté de Liége à la suite de l'abdication de Charles-Quint et de l'avènement de Ferdinand Ier. N'ayant plus les mêmes raisons que Charles-Quint de se concilier les bonnes grâces des Liégeois, se souciant très peu de les maintenir dans l'alliance avec les Pays-Bas, Ferdinand se dispense d'user avec eux de ménagements. Nous voyons, sous son règne, l'Empire réclamer énergiquement le payement des sommes dues par les Liégeois et susciter ainsi au prince-évêque des difficultés que ses prédécesseurs n'avaient guère connues. L'histoire du XVIe siècle est dominée, nul ne l'ignore, par la Réforme protestante. Impossible d'étudier cette période sans envisager la question, délicate et toujours controversée, du développement des nouveautés religieuses et de leur répression. On serait tenté de penser que, dans la principauté ecclésiastique de Liége, la défiance vis-à-vis des doctrines hérétiques dut être particulièrement marquée et les poursuites contre les Réformés plus rigoureuses qu'ailleurs. Nous constaterons plutôt que, si la propagande en faveur des idées nouvelles fut assez vive dans les Etats Liégeois, les protestants ne jouirent dans aucun autre pays catholique d'un régime aussi libéral. La fixation de cette législation particulière, son application aussi sont, estimons-nous, parmi les questions les plus intéressantes que nous offre l'histoire du XVIe siècle liégeois. Restait la grosse question du démembrement du diocèse décrété par le pape sous l'épiscopat de notre évêque. L'érection des nouveaux évêchés n'eut pas seulement de sérieuses conséquences politiques pour les PaysBas; elle ne se borna pas à être dans nos contrées un des points culminants de la réformation catholique; elle intéresse le diocèse de Liége au premier chef. Sans être consulté, l'évêque se voit enlever une étendue considérable de son diocèse. Pouvait-on espérer que le gouvernement épiscopal admit sans protester ce qu'il devait considérer comme une spoliation? Nous devons plutôt nous attendre à ce que l'évêque et son chapitre s'opposent énergiquement à l'exécution des bulles pontificales. Et bien que l'issue du conflit qui s'éleva à ce sujet entre les Liégeois et le gouvernement des Pays-Bas ne pût être douteuse, encore sera-t-il intéressant d'en |