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ཇ.

Première Partic.

NOTES HISTORIQUES.

APERÇU GÉNÉRAL SUR LA PRÉVÔTÉ.

Le collège épiscopal occupe aujourd'hui l'emplacement de l'ancienne prévôté bénédictine de Saint-Amand, dite de la Chapelle lez-Courtrai, une filiale de l'abbaye d'Elnon, tout comme la prévôté de Siraut, dans le Hainaut, et celle de Barisis, au pays de Laon (Aisne), en France.

Parmi les restes encore conservés des vieux bâtiments, il faut mentionner:

La tourelle, avec le corps de logis à pignon adjacent. Ces constructions portent les traces de multiples remaniements. Elles pourraient bien dater du XIVe siècle.

Le bâtiment connexe, qui sert aujourd'hui de réfectoire aux élèves internes, fut construit en briques d'Armentières, sur fondations plus anciennes. Une pierre, dans la façade méridionale, marquée au millésime 1629, rappelle l'œuvre de restauration entreprise à cette date par l'abbé de Saint-Amand, Dom Nicolas du Bois.

Il reste encore le chœur de l'ancienne chapelle, en pierre bleue de Tournai (flam. schelfsteen), mais dont les baies furent modifiées vers l'année 1680.

Enfin, les travaux d'aménagements faits, en 1903, à la classe de sixième, ont mis à nu les intéressantes arcatures en style roman, du XIIe siècle sans doute, dont nous donnons ici un croquis. Ce pan de muraille, en pierre de Tournai, correspondant au chevet du chœur, constitue le plus ancien souvenir des constructions conventuelles.

Par suite d'un long abandon, et des troubles du XVIe siècle, les bâtiments de la prévôté se trouvaient en fort mauvais état, au début de la prélature de Dom Nicolas du Bois (1622-1673). Ce fut lui qui entreprit la restauration.

Il fit appel à l'aide d'un maître-maçon courtraisien, Robert Persyn, fort en vue à cette époque. Il envoya, par bâteaux, de

Saint-Amand à Courtrai, les bois et les tuiles nécessaires à l'oeuvre qu'il projetait. L'aile sud fut en partie reconstruite; un nouveau corps de bâtiments, avec brasserie, fut élevé sur le côté ouest, entre la tourelle et l'église; on fit de grands travaux aux caves, aux fours, aux étables, partout, et, le 1er mars 1630, l'abbé paya de ce chef à maître Persyn la somme de 11,298 livres 5 sols parisis, plus une gratification extraordinaire de 66 livres et 15 sols (1).

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L'architecte Persyn fit baisser les eaux du fossé méridional, qui longeait les murs, dans l'intention de réparer les fondations. Celles-ci furent trouvées en si mauvais état, qu'il dût en maçonner d'autres, plus profondes, et les refaire sur pilotis pour les mettre en état de porter la nouvelle construction.

Persyn fut obligé encore de faire des travaux importants et difficiles aux caves. Pour mieux aménager celles-ci, il dût

(1) Le devis-quittance se trouve aux archives de l'évêché de Bruges, fonds: Prévôté.

Du Bois mit aussi un meilleur ordre dans les finances de la prévôté, et, à cette fin, il fit dresser des plans terriers des propriétés qui lui appartenaient.

mème rompre les fondations de la tour. Il rencontra dans le fond des substructions du sablon bouillant, et pour faire bonne besogne, il fallut construire un pavement avec des pierres spéciales, de grande dimension, appelées plancaises.

Citons quelques postes du compte présenté par Persyn :

Le premier marché du grand corps du logis at esté faict selon la teneur du contract en date du 13 de janvier 1629, pour la somme de 2,600 livr. par. Le deuxiesme marché a esté faict touchant la brasserie, accorder au prys de 2,700 1. p.

Par ordre dudict seigneur Prelaet faict ungue deuxiesme cave, dont ast estez nécessaire de raparfondir les fondations du vieu bâtiment et aussy rompre les fondations de la tour, et fair ung nouveau mure et fondation pour ladict cave et ungue nouvelle vausure, la cave pavé de plancaise en cendre de Tournay, laquelle cave j'ay estimé d'avoir coûté avec le canalle qui maine l'eau au fossé, la somme de 336 1. p.

Item comme dict est par contract de paveer la grande cave avec pieres, et comme on n'at point faict à cause que le fond estoit tout sablon bouillant, mais on at trouvé bon de paveer avecque plus grande pières, à scavoir plancaise,

Item livré les 2 troux d'huis de l'estable et entré de la sale,

24 1. p.

63 1. p.

Par ordre dudit seigneur faict changement de la chambre du palfrenier et contour, et faict la salette en lieu de 34 piets que 25 piets, dont at esté nécessaire de faire ungue nouvelle fondation et faire ung nouveau entresen, et ralongier les murailles, 1,054 1. p.

Item comme par contract estoit devisé de faire les baes chambres avecque pieres saultant hors de la viese muraille, on a trouvé lors que les eaux estant mis baes que les fondaments dudict muraille n'estoient suffisant pour porter le grand fardeau du corps de logis, et peu parfon fondé que on at esté contraint de repietreer ledict muer et maschonnier sur pillotz desoub le vieu muraille, et aussy faire des nouvelles fondation pour les baes chambres, pour donner fortification audict muraille, 78 1. 10 s. p.

Cest fortification a esté faict par advis de mondict seigneur, mémoire. Item auprès de la porte entrant à la court faict ung nouveau ele de masonnerie, la longuer de 16 picts, 19 1. 10 s. p.

Le 11 de jullet paiez à Pierre Maes, francq navieur de Gandt, pour avoir mené tout le bois pour le batiment, depuis S. Amandt jusque à Courtray, 648 1. p. Payé à Jehan Bergaert et Matthys Ollemart menee toutes les tuilles venant de Sainct Amand du rivaige à la prévosté,

Item livré au pignon vers l'orient 2 fenestres d'ordun,

71. P.

36 1. 10 s. p.

L'intention de l'abbé allait plus loin encore. Il avait une vénération particulière pour la chapelle, marquée au coin de la plus haute antiquité. Son plan était de l'embellir, et même d'y joindre une église. Déjà il s'était entendu en ce sens avec Persyn. Les circonstances l'empêchèrent de donner suite à ses beaux projets. C'est encore l'abbé du Bois qui communiqua à Sanderus le

croquis de la maison de Courtrai, après sa restauration, d'après le dessin de Vaast du Plouich; les notes que la Flandria illustrata nous a conservées sur la prévôté, sont, également, de la rédaction de ce prélat (1).

Le plan de construction pour la façade sud, prévoyait la pose d'une pierre d'Avesnes, taillée aux armes de l'abbé. Cette pierre n'existe plus. Elle aura été enlevée, croyons-nous, à la disgràce du prélat.

Les armes de du Bois, que nous donnons ici, portaient d'or à trois fasces de sable, avec la devise: Pacifice.

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Les deux pierres identiquement armoiriées, que l'on voit encore à la cour de l'internat, sont d'un abbé, puisqu'une crosse les surmonte. Mais elles semblent antérieures à l'abbé du Bois, car, de son temps, l'abbé de Saint-Amand était mitré.

A cette époque, la prévôté devait réaliser assez bien la description qu'en fait l'abbé Jules Desilve:

« Cachée dans un bastion avancé de la nouvelle ligne des » remparts qui défendait le cours de la Lys, cette maison se » composait d'un corps de logis à trois étages, orné de pignons pittoresques et de cheminées en encorbellement.

(1) Cfr. Jules Desilve, Nicolas du Bois, soixante-seizième abbé de Saint-Amand, Valenciennes, 1899, p. 171.

» Un second bâtiment, à usage de dépendances, se dévelop» pait en ligne droite, à gauche de l'habitation des religieux; » il était agrémenté d'un colombier et d'une tour assez haute, » qui rompait la monotonie des toits.

» La cour d'honneur s'étendait de ce bâtiment à la porte » d'entrée, près de laquelle s'élevait la chapelle, marquée au >> coin de la plus haute antiquité...

» Au-delà de l'humble cimetière que cette chapelle ombrageait, >> était un vaste potager, clos de murs et que des haies vives, >> formant charmilles, subdivisaient, suivant l'usage du dixseptième siècle, en quadrilatères réguliers.

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M.

PIERRE ARMOIRIÉE AU COLLÈGE SAINT-AMAND.

(A LA COUR DE L'INTERNAT).

» L'ensemble, sans rien offrir de très remarquable, avait un >> aspect d'aisance et de sécurité, qui résultait d'une ordonnance » à la fois simple et méthodique » (1).

II. PREMIÈRES ORIGINES DE LA PRÉVÔTÉ.

La tradition recule les premières origines de la chapelle et de la prévôté jusqu'au haut moyen âge.

(1) O. c., p. 73-74.

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