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V.

Les anciennes façades de Courtrai.

RAPPORT PRÉSENTÉ AU NOM DE LA COMMISSION INSTITUÉE POUR LEUR CONSERVATION ET LEUR RESTAURATION,

à la séance du 18 mai 1905.

NE Société archéologique du pays, une consœur de notre cercle, mais une sœur infiniment plus respectable par son âge et par ses importantes publications, La société historique et archéologique de Tournai, vient de consacrer son cinquantehuitième volume à l'étude d'un sujet analogue au nôtre (1).

Et, en terminant ce long inventaire de l'architecture domestique dans l'antique capitale du Tournaisis, le savant auteur, M. Soil de Moriamé, trace ces quelques lignes de conclusion, qui, à nous, serviront de préface :

Cette abondance de maisons anciennes, possédant une valeur réelle, constitue pour notre ville un magnifique patrimoine, légué par nos pères à leurs descendants, et que ceux-ci peuvent, selon qu'ils l'administreront bien ou mal, dilapider ou faire valoir. C'est, en effet, un véritable capital, qui, bien administré, peut devenir très productif, comme l'établissait M. Eugène Broerman, président de l'œuvre de l'art appliqué à la rue, dans une brochure publiée en 1895, et où l'auteur, se plaçant au seul point de vue utilitaire, affirme que certaines villes peuvent se contenter, pour assurer leur prospérité, d'offrir de belles œuvres à l'admiration du passant.

» La beauté pittoresque des villes, dit M. Broerman, a toujours eu une importance énorme sur leur développement et leur avenir; il est certaines cités, pour ainsi dire sans commerce ni industrie, comme Venise, Pise, Pistoie, Bruges, Ypres, qui vivent uniquement de leurs trésors artistiques, et d'autres qui y trouvent un appoint considérable pour leur prospérité.

(1) Soil de Moriamé, L'habitation tournaisienne du XIe au XVIIIe siècle, dans les Ann. soc. hist et arch. de Tournai, nouvelle série, tome S.

» Un exemple entre tous: la petite ville de Pistoie, dont les ressources industrielles sont nulles en quelque sorte, se fait des revenus inestimables à cause du bas-relief en terre cuite coloriée de Lucca della Robbia, lequel décore la façade de son hôpital. Cet unique chef d'œuvre attire continuellement des flots de visiteurs et fait vivre la plupart des 14,000 habitants de cette petite cité toscane (1)... »

Assurément, notre bonne ville de Courtrai ne peut pas offrir à l'étranger, au visiteur, l'attrait que possèdent Bruges, Venise, Nuremberg, par exemple. Mais, ses monuments publics, dont la restauration fait, à juste titre, l'objet de la sollicitude de notre édilité, et ses maisons anciennes, ses antiques pignons constituent certes un patrimoine artistique, que d'autres cités pourraient lui envier.

Et, pour ne nous placer qu'au point de vue utilitaire, nous pouvons répéter, avec MM. Broerman et Soil, que ce précieux legs du passé formerait un appoint considérable pour sa prospérité, si nous avions souci de le bien faire valoir.

Notre cercle a compris l'intérêt que cette question d'esthétique présente et l'importance qu'elle a pour la prospérité de Courtrai. Déjà, dans sa séance du 19 janvier dernier, il inscrivait à son horaire ce sujet tout d'actualité. La conservation et la restauration de nos anciennes façades y furent longuement discutées et trois d'entre nous furent désignés pour dresser un inventaire sommaire des restes d'architecture privée, que la ville conserve

encore.

C'est au nom de cette délégation du Cercle historique et archéologique, que j'ai l'honneur de prendre, en ce moment, la parole.

Laissez-moi, tout d'abord, vous dire notre surprise en constatant combien importante est encore notre fortune artistique et pittoresque, combien elle dépasse ce que nous même nous escomptions. Nous cùmes un peu, si je puis, en matière d'art, évoquer une comparaison bien prosaïque, nous eûmes l'agréable étonnement de ces héritiers, qui, en inventoriant le patrimoine délaissé par un parent fort choyé, s'aperçoivent que le « magot >> dépasse de loin les prévisions et... les espérances.

(1) Soil, p. 354-355.

En parcourant les diverses artères de la ville, non sans que nos arrêts devant mainte façade, notre notebook et notre crayon n'attirassent sur nous des regards étonnés, nous pûmes noter, MM. de Geyne, Goethals et votre serviteur, plus de 170 constructions anciennes. La modeste rue des vignes, par exemple, en conserve une dizaine et, à la grand'place, nous en avons compté seize.

Elles sont nombreuses, donc, ces façades d'autrefois, qui, à un titre quelconque, se réclament de l'archéologie ou, tout au moins, du pittoresque. Seulement, trop habitués à les voir sur notre chemin, à les longer dans nos courses pressées, nous ne les remarquons point. Comme ces vieux meubles de la maison ancestrale, sur lesquels nos yeux tombaient déjà, lorsque nous y cherchions un appui à nos premiers pas et qui, depuis, ont continué à vieillir avec nous.

Du reste, ajoutons-le, on n'a que trop fait pour dissimuler le mérite esthétique de nos vieux pignons. Que la maison serve de boutique, de cabaret ou de home privé, le rez-de-chaussée a, généralement, été transformé; le reste de la maçonnerie se cache sous de multiples couches d'un impitoyable badigeon ou sous un doigt de plâtre; les cordons saillants, les linteaux de pierre blanche ont été arrasés pour obtenir une égalité plus parfaite; quant aux pittoresques chassis d'autrefois, ils n'ont que trop cédé la place aux grandes glaces, aux vulgaires carreaux de vitre, sauf à les doubler de jalousies simulant les petits plombs de jadis.

Nous n'osons pas, MM., vous engager à nous suivre de rue en rue, de façade en façade, à travers tout le vieux Courtrai. La promenade serait longue, fatiguante, ennuyeuse peut-être. L'inventaire que nous avons dressé, très sommairement, je le répète, sera annexé à cet exposé. Chacun de vous y pourra voir s'il est l'heureux propriétaire ou, tout au moins, l'occupant de quelque maison archéologique et si, partant, il n'a point l'occasion de concourir à l'embellissement de la ville, en conservant, en restaurant son antique pignon.

Mieux vaut, semble-t-il, pour vous faciliter cette excursion archéologique, classer nos vieilles façades en quelques catégories et signaler, dans chaque division, les principaux spécimens du genre.

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