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AVANT-PROPOS.

Entre tous les recueils diplomatiques qui font autorité pour l'histoire de nos contrées gallo-belgiques, il n'en est point qui jouisse d'une meilleure renommée que les Opera diplomatica d'Aubert Le Mire, continués par Foppens; 4 volumes in-folio ; Bruxelles, 1723-1748.

Cette collection est vraiment ce que nous possédons de plus riche en fait de documents originaux et primitifs. On en aura une idée lorsqu'on saura que les deux premiers volumes renferment 1316 titres, ni plus ni moins.

Par malheur, l'exactitude et la correction critique de ce grand recueil ne répondent pas à son abondance. Depuis longtemps, les érudits

y ont

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signalé de nombreuses erreurs, des interpolations infidèles et même des lacunes fâcheuses.

Voyez Mabillon, De re diplomatica, 302, 307, 335, 342. Voyez aussi Baillet, en plusieurs endroits de sa Vie des Saints. Les savants éditeurs des Acta SS. Belgii (1) ont eu souvent l'occasion de relever des fautes graves dans les Opera diplomatica. Paquot, lettre inédite citée par le Bulletin de la Commission royale d'histoire de Belgique, 1, 17, déclare que le recueil diplomatique de Le Mire fourmille de fautes.

De nos jours, M. Diericx, de guerroyante mémoire, n'a pas craint d'accuser Miræus d'avoir tronqué la plupart des chartes qu'il rapporte. On peut voir, du reste, comment l'abbé de Bast lui répond, dans son premier supplément au Recueil d'antiquités, p. , p. 56-57.

M. de Reiffenberg, dont la critique est plus sûre que celle de Diericx, après avoir (Introd. à la Chron. de Ph. Mouskès, XVI) rendu justice à l'infatigable activité de Miræus, ajoute : «< Avouons >> cependant que, malgré sa renommée, il est, en

(1) III, 340; IV, 17-18, 123, 124, 128, 129, 157, 165, 197, 224; V, 254, 255, 259, 679, 680, 683, 684; VI, 203, 386, 406, 408, 641, 656.

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général, inexact et peu judicieux, et qu'il doit plutôt les éloges qu'on lui a décernés à la multi

plicité et à l'importance des matières qu'il a choi>>sies qu'au talent avec lequel il les a traitées. On » va même jusqu'à l'accuser de mauvaise foi et » d'avoir altéré les textes qu'il a mis au jour. Ce reproche lui a été fait principalement à l'occa>>sion de Sigebert.

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M. Weiss (Biog. univ., art. Le Mire) donne à la collection diplomatique de Miræus des éloges sans restriction aucune; mais Feller (art. Mire) déclare qu'Aubert manque quelquefois d'exactitude et de critique.

Miræus avait reconnu lui-même l'imperfection. de son recueil. Aussi a-t-il laissé deux exemplaires enrichis, sur les marges, de ses corrections, additions et éclaircissements. Ces exemplaires ont été mis à la disposition de Foppens, qui s'en est aidé pour rendre son édition plus complète et moins fautive (1).

Or, quoi qu'aient pu faire et Le Mire et son scru

(1) Ac primum perquisivimus, quae et nacti sumus, horum librorum >> usualia ipsius Miræi exemplaria, quae nobis ut magno subsidio fuerunt, ita >> hanc editionem plurimum illustrant; iis si quidem auctor intexuit adversaria

puleux continuateur, il n'est résulté de leurs efforts combinés qu'une œuvre encore fort imparfaite qui appelle une sévère révision.

Si j'entreprends aujourd'hui un travail de ce genre, ce n'est pas certes avec l'immodeste prétention de m'ériger en censeur infaillible de tout un livre recherché, très-répandu jusqu'à présent, et où j'ai puisé, pour mes propres travaux, tant et de si utiles secours. Mes veilles et les ressources que j'ai sous la main ne suffiraient point, j'en fais l'aveu, à l'accomplissement d'une tâche pareille. Tout ce que je puis, c'est de mettre à profit les documents nombreux dont je dispose et les études auxquelles je me livre depuis assez longtemps pour apporter ma part à cette restitution de textes.

Je ne suis pas de ceux qui font peser sur Miræus l'accusation grave d'avoir sciemment et de propos délibéré, avec mauvaise foi, tronqué les titres qu'il reproduit. Quel intérêt avait-il de commettre ces faux? Et, en supposant que, pour servir une maison religieuse, une famille opulente, il eût

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manu exarata, in quibus sui ipse operis censor errata emendat, notas auget

et explanat, diplomatum fragmenta integritati restituit; ut jam secundam t. I.)

ab ipso auctore recognitam editionem publico offeramus. » (Praefat,

osé dénaturer quelques diplômes, comment expliquer les mutilations opérées sur tant d'autres, qui n'offrent pas seulement des lacunes, mais qui présentent encore des additions, des changements, des tortures de tout genre? Il est plus naturel, selon moi, d'imputer ces torts aux personnes qui lui remettaient des copies, en retenant les originaux. « On n'ignore pas, dit M. de Reiffenberg (1), com>> bien il était difficile de pénétrer jadis dans les >> archives des corporations et des particuliers, qui craignaient sans cesse qu'on ne tournât contre >> eux leur confiance communicative. >>

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Sous certains rapports, ne faut-il pas faire aussi la part de la censure officielle? On sait combien était grande la susceptibilité des examinateurs de livres (2).

Les Opera diplomatica sont enrichis de notes, en général judicieuses et satisfaisantes, qu'elles aient pour auteur soit Miræus lui-même, soit FopJ'aurai donc peu à y ajouter; mais je ferai en

pens.

(1) Monum. pour l'hist. des prov. de Namur, Hainaut et Luxembourg, t. VIII, pp. XL, XLI.

(2) Les exemplaires des Opera diplomatica, où les pp. 279 et 280 du premier volume se trouvent avec le carton qui les a remplacées, sont recherchés. Il y a aussi des cartons aux pp. 459-460. (Ermens, Catalog, no 3,811, 3,812.)

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