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La fonction de l'accent grave est d'indiquer les sons demi ouverts ou moyens, comme dans père, collège. On le place aussi sur à préposition, pour le distinguer orthographiquement de a, troisième personne du présent du verbe avoir; sur là adverbe, pour empêcher de le confondre avec la article ou pronom. Si on eût consulté l'intérêt de la prononciation, l'accent grave aurait dû être attaché plutôt à la troisième personne du verbe avoir, qu'à la préposition à ; celle-ci étant toujours aiguë, tandis que l'autre se prononce toujours un peu ouverte.

Quant à l'accent circonflexe, il affecte toutes les voyelles indistinctement. Dans beaucoup de mots, il annonce la suppression d'une lettre employée dans l'ancienne orthographe; mais, en même temps, il indique la prononciation de ces mots; car tous les sons qui en sont affectés, sont généralement ouverts et longs. Cet accent pourrait être de la plus grande utilité, si son emploi était plus général, et si on le plaçait sur tous les sons très ouverts et longs. Cette répétition ne choquerait point les yeux. Ce ne serait point un nouveau caractère introduit dans la langue, et l'on aurait, par ce moyen, une prosodie abrégée; tout le monde étant averti que les voyelles surmontées de l'accent circonflexe sont très ouvertes et rigoureusement longues.

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il

y a encore,

Outre ces trois accens dans notre langue, d'autres signes orthographiques, qui, sans affecter aussi particulièrement les sons simples, ont néanmoins une grande influence sur la prononciation. Ils

sont au nombre de sept: l'apostrophe, la cédille, le tréma, le trait d'union, la parenthèse, le signe admiratif, et le signe interrogatif.

L'apostrophe est une virgule qui se met au haut d'une lettre pour indiquer l'élision d'un son simple; et ce cas a lieu quand le mot suivant commence par une voyelle ou par un h muet ou non aspiré, comme dans l'amitié, l'humanité.

pro

La cédille est un signe en forme de c renversé qu'on place place au-dessous de la consonne c, quand elle forme syllabe avec les voyelles a, o et u. Il a la priété de modifier le son dur qu'elle a dans ce cas, et de lui donner le son d'un c doux. Il effaça, façon, reçu. Autrefois, on écrivait un e entre le c et la voyelle suivante : 1l effacea, faceon, receu.

On appelle voyelle tréma, un son simple, qui est surmonté de deux points; et ce signe indique que ce son doit être détaché dans la prononciation de la voyelle qui le précède immédiatement, comme dans na-ï-veté, ha-ïr. Ce signe est trop rarement employé dans notre langue; on ne le met que sur l'i, l'u et l'e muet; il serait cependant bon qu'on le mît aussi en certaines occasions sur l'a et sur l'o, comme dans les mots: Il arguä, nous arguöns, qu'on écrit comme dans largua, larguons, et qu'on prononce néanmoins si différemment.

Le trait d'union sert à montrer la liaison que doivent avoir dans la prononciation deux ou trois mots réunis par ce signe, et qui sans cela devraient avoir chacun leur pulsation distincte et particulière, comme dans

c'est-à-dire, conjonction, que l'on doit prononcer bien différemment dans cette phrase: c'est à dire cela que vous devez vous attacher.

On nomme parenthèse, deux crochets renfermant une citation ou une proposition qui ne font point partie du corps de la phrase, mais qui servent à y jeter un grand jour, ou à certifier la vérité d'un fait qui s'y trouve avancé. La manière de prononcer ces sortes de propositions incidentes, appartient à l'art de phraser, dont je développerai ailleurs les principes.

Enfin, les signes admiratifs (!) et interrogatifs (?), sont employés pour caractériser un sentiment, et pour indiquer les inflexions qui lui conviennent; on les place à la fin des phrases ou à la suite des interjections qui renferment ce sentiment. Je traiterai particulièrement de leur influence dans la troisième partie de cet ouvrage.

Ces principes posés, parcourons sommairement les modifications dont les sons simples sont susceptibles dans notre langue.

De l'A. Cette voyelle, la première des sons simples, et celle dont l'émission est la plus naturelle à l'homme, est proférée dans sa modification la plus étendue, non-seulement avec la plus grande ouverture de bouche, mais encore en procurant au son le passage le plus spacieux, par le plus grand abaissement de la langue : elle est grave dans cet état; et si le son se prolonge, elle est grave et longue en même temps; ses modifications diminuent à mesure que l'ouverture de la bouche se resserre; de sorte qu'à la ri

gueur, on peut en distinguer de trois sortes: la plus étendue dont nous avons parlé; la moyenne et l'aiguë: vous verrez dans la prosodie quels sont nos a ouverts et longs, et nos a aigus ou brefs.

De l'E. La voyelle e est celle qui joue le plus grand rôle dans notre langue, par l'importance et par la variété de ses modifications: c'est elle qui répand le plus de vie dans le discours, qui donne, tantôt le plus de douceur et de rapidité, tantôt le plus de force et de caractère à nos inflexions oratoires, qui forme les liaisons les plus euphoniques et les plus coulantes de nos mots, et dont les modifications se combinent le mieux pour peindre les images et les pensées pittoresques.

Vous pouvez juger par-là combien il importe de saisir avec justesse les divers sons de cette voyelle et d'en étudier la prononciation. Je mettrai d'autant plus d'intérêt à vous les faire remarquer dans nos lectures, que je regarde comme un grand pas de fait vers la belle prononciation française, quand on est parvenu à rendre les modifications de ce son avec le plus d'exactitude et à les nuancer avec pureté.

Sans nous arrêter au grand nombre de modifications que quelques grammairiens ont cru trouver dans la voyelle e, nous n'en distinguerons que les principales et les plus distinctes: elles se réduisent à quatre. L'é fermé ou aigu, comme dans été (saison); l'è un peu ouvert ou moyen, comme dans père; l'è trèsouvert, comme dans téte, et enfin l'e muet, comme dans les deux premières syllabes du mot recevoir, auquel j'associerai l'e guttural dont il diffère par une

modification sensible, quoiqu'il soit également muet. Mais il ne suffit pas de connaître les principales modifications de l'e, il faut encore savoir distinguer les variétés qu'il éprouve suivant sa position dans nos mots. Le son de l'é fermé conserve presque toujours son caractère, et ne varie qu'aux infinitifs des verbes de la première conjugaison, et dans les mots terminés en ìer, où il devient moyen, quand le r se lie avec la voyelle initiale du mot suivant; mais l'è moyen varie singulièrement, non-seulement sous le rapport du plus ou du moins d'ouverture qu'il exige, mais encore sous le rapport de son caractère propre.

Je dis sous le rapport du plus ou du moins d'ouverture qu'il exige: il y a en effet une différence sensible dans la prononciation de beaucoup de nos mots où se trouve l'è moyen. Dans les mots collège, cortège, l'è est bien moins ouvert que dans sectaire, et il l'est encore moins dans hymèn, examèn, où on le prononce presque fermé. Quand on a saisi avec justesse la prononciation des hommes de goût, on sent facilement ces nuances délicates qui sont loin d'être minutieuses, et qui contribuent plus qu'on ne pense, à la beauté et à la bonté de la diction.

J'ai ajouté que l'è moyen variait encore sous le rapport de son caractère propre; il devient en effet souvent et très souvent muet suivant la nature des syllabes qu'il précède ; il est moyen dans: il appèlle, parce que la syllabe qui le suit est féminine; et il est muet dans il appelait ; parce qu'il est suivi d'une syllabe masculine. Il devient souvent encore fermé dans les

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