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mots qui dérivent les uns des autres; il est moyen dans zéle ; et il est fermé dans zélateur. Enfin, il se change quelquefois en é ouvert, comme dans procés, quoiqu'il soit moyen dans procèssif.

Quant à l'e muet, il éprouve aussi un très grand nombre de variétés. Quelquefois, il est si rapide, qu'à peine son émission est sensible; comme dans pureté, dureté, que l'on prononce à peu-près purté, durté. Ailleurs, il disparaît entièrement; comme dans les mots, maniement, dévouement; comme dans les futurs et les conditionnels de quelques verbes, vous louerez, je l'avouerais. Enfin, il disparaît en général quand il s'agit de prononcer deux monosyllabes muets de suite, comme dans ces exemples: Je le pense, je le sais, — je ne puis, dans lesquels on ne fait entendre que la consonne du second monosyllabe. Non que je veuille généraliser ce principe, comme quelques grammairiens l'ont fait: il n'est pas en effet toujours vrai et il pourrait induire en erreur dans quelques applications. Le monosyllabe te, par exemple, doit toujours recevoir une pulsation marquée dans ce cas : il faut dire je te connus bientôt, et non pas, je ť connus bientôt. Il en est de même du monosyllabe que, on dit : ce que vous dites là, et non pas, ce q' vous dites là.

Au reste, nous verrons plus en détail dans nos exercices, les variétés qu'éprouve la voyelle e; ce que j'en dis ici, n'est que pour vous en donner une idée générale, et pour vous montrer combien il importe d'étudier sa prononciation: car je ne saurais me lasser de le répéter,

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tant j'attache de prix à cet objet : C'est de la manière dont on prononce les é, que dépend surtout la régularité du débit, et leur étude est un préliminaire indispensable et de rigueur.

De l'I. La valeur primitive et propre de l'i, est de représenter le son faible, délié et peu susceptible de développement que presque tous les peuples de l'Europe font entendre dans les syllabes du mot latin : inimici. Ce son n'est susceptible d'aucune modification par l'effet de l'ouverture de la bouche ; il est toujours aigu de quelque manière qu'on le prononce; il ne peut être que prolongé, et dans ce cas, il est toujours surmonté de l'accent circonflexe comme dans díme, nous fimes, etc.

De l'Y. Cette voyelle a trois fonctions différentes dans notre langue : premièrement celle de l'i pur, comme dans la particule y ; il y va, on y pense, et dans quelques mots venus du grec, où on l'a conservée pour en marquer l'étymologie, comme hymen, hymne. Secondement, celle de deux i dont le premier se joint à la voyelle qui le précède pour en changer le son, et dont le second conserve le son de l'i pur, comme dans pays, abbaye, que l'on prononce pai-ïs, abai-ïe; troisièmement, celle de voyelle et de consonne tout ensemble, où il représente également deux i, avec la différence que le second est le mouillé de deux / affaibli, comme dans crayon, moyen, que l'on prononce crai-ion, moi-ien. C'est la propriété la plus remarquable de l'y et celle dont les applications sont les plus fréquentes dans notre langue. Mais il est

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tendu

singulier combien cette manière de prononcer l'y, dans ce cas, est généralement méconnue, quoique le principe en soit proposé par tous les grammairiens. J'ai enpeu d'hommes l'observer dans les discours publics, et j'ai peine à me rendre compte de ce vice presque général de prononciation. Il me semble pourtant qu'il n'est pas plus difficile de dire ai-iant, que a-iant, voi-iage que vo-iage, moi-ien que mo-ien; et d'ailleurs, quand cela serait plus difficile, il faudrait au moins s'attacher à parler français quand il s'agit de s'exprimer dans cette langue; car rien n'est plus barbare que de la défigurer dans ses principes les plus élémentaires de prononciation.

De l'O. Cette voyelle a, dans notre langue, deux modifications distinctes: l'o aigu et l'o grave et long; leur distinction est de rigueur dans la prononciation. On sent, en effet, qu'il ne peut jamais être indifférent de prononcer également un sot et un saut, des mots où des maux, autel ou hôtel. L'o bref ou aigu se prononce avec une faible ouverture de bouche et sans aucun prolongement de son ; l'ó grave se prononce avec une plus grande ouverture de bouche, et, avant de sortir, il se fortifie à la faveur d'une certaine disposition de la langue et des autres organes, qui le rend plein, grave et complètement oral. L'émission particulière de ce son a besoin d'être étudiée: elle contribue singulièrement à la beauté de la diction, et il en résulte des inflexions qui la rendent harmonieuse, énergique et riche, tandis que l'emploi constant de l'o bref et aigu la rend aride, sèche et sans caractère.

De l'U. L'u avait, dans la langue latine, deux différentes attributions: il était quelquefois voyelle et quelquefois consonne. Quand il était voyelle, il représentait le son ou, et quand il était consonne, il exprimait l'articulation semi-labiale et faible du v. En prenant l'alphabet latin, nos pères n'y trouvèrent que la lettre z pour voyelle et pour consonne, et cette équivoque a subsisté long-temps dans notre écriture. La révolution qui a amené la distinction entre la voyelle u et la consonne est si peu ancienne, qu'on trouve encore, dans quelques dictionnaires, les mots qui commencent par u et par, mêlés et confondus.

La valeur propre de l'u est de représenter ce son sourd et constant, qui est le résultat du rapprochement des lèvres et de leur projection en-dehors. Il n'est point susceptible d'être modifié autrement que par le prolongement ou par la briéveté du son qui lui est propre. Dans ces deux cas, la disposition des organes reste la même. Quand l'u est long, il porte l'accent circonflexe, comme dans les mots affút, brúler, búche, múr, nous dúmes, vous fútes, etc.

III.

Des sons composés.

Toutes les voyelles se combinent entre elles, et de leur réunion résultent, dans notre langue, ou de nouveaux sons simples, qui augmentent et multiplient les ressources du langage, ou des sons analogues aux sons simples, et qui les reproduisent sous

d'autres formes, ou enfin des sons mixtes ou doubles, qu'on exprime par une seule émission de voix.

que

le

Tous ces sons composés sont généralement appelés diphthongues, avec cette différence que les unes sont oculaires, et les autres auriculaires. Quand on les prononce par une seule émission de voix, et que l'oreille n'entend qu'un son, on les appelle diphthongues oculaires ; c'est-à-dire l'oeil seul distingue que son est composé de deux ou de trois voyelles, comme eu et eau. Quand on les prononce par une seule émission de voix, dans laquelle néanmoins l'oreille entend distinctement deux sons, comme dans diacre, on les appelle diphthongues auriculaires. C'est à ces deux classes générales que se rapportent tous les sons composés dont il s'agit, et dont nous allons dire

un mot.

Les premiers des sons simples composés, ou des diphthongues oculaires, sont eu et ou, auxquels il ne manque que d'être figurés par un seul caractère, pour faire partie des voix élémentaires dont nous avons parlé; car ils en ont tous les caractères et toutes les propriétés.

L'emploi de l'eu est très fréquent dans notre langue, et il en varie singulièrement la prononciation, quoiqu'il soit un peu sourd et obscur de sa nature: il est susceptible d'une modification grave. On a un exemple des variétés qu'il éprouve, sous ce rapport, dans les mots jeune (d'âge) et jeúne (abstinence). Nous en avons quelques-uns où il perd son caractère propre et où il se change en u. Tels sont les mots gageure,

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