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il

que l'on prononce gajure, et j'eus, tu eus, il eut, etc., où l'on ne fait entendre qu'un u : J'us, tu us, ut, etc.

L'ou, comme le précédent, n'a point d'identique parmi les sons élémentaires, et il n'en représente aucun: il est le résultat du mouvement et de la prolation des lèvres en-dehors. Cette disposition des organes retient le son et le concentre dans la bouche, où il contracte l'espèce de sonorité sourde qui lui est propre. Il est peu propre aux éclats des hautes inflexions, et on ne peut que l'abréger ou le prolonger, comme dans tout bref, et tous long.

A l'exception de ces deux sons composés, qui sont uniques dans leur caractère grammatical, les autres servent à représenter des sons élémentaires, et à les reproduire sous d'autres formes.

L'a est représenté par les diphthongues oculaires ae, ao, ea: Caen, Laon,paon, il mangea, prononcez Can, Lan, pan, il manja.

L'e se retrouve avec ses diverses modifications dans ai, ei, eai, æ et ey. Il est ouvert dans je hais, je reconnais, jamais ; moyen dans haleine et geai ( oiseau), et fermé dans tous les prétérits et les futurs des verbes terminés en ai: j'aimai, j'aimerai, ainsi que dans les mots Edipe, Ecuménique.

L'o a pour représentatifs les sons au et eau, qui sont toujours graves, comme dans autel, chapeau, Leur emploi est très fréquent dans notre langue, et leur prononciation est très souvent vicieuse par l'analogie qu'on leur donne avec l'o bref et aigu. Ce vice,

outre qu'il peut jeter dans de très grandes équivoques de sens, ôte à la diction une partie de ses charmes, en la privant de ces sons pleins et harmonieux que rendent les diphthongues oculaires dont il s'agit, quand elles sont régulièrement émises.

L'ou et l'eu sont figurés, le premier par aou, dans les mots août et aoúteron (moissonneur), que l'on prononce : oút et oúteron, et le second par ceu, comme dans œuvre, œuf, oil, dites: euvre, euf, euil, etc.

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Telles sont les diphthongues oculaires, leurs fonctions et leur caractère. Quant aux diphthongues auriculaires, voici en quoi consiste leur essence: premièrement qu'il n'y ait pas, du moins sensiblement, deux pulsations marquées dans leur prononciation et, en second lieu, que l'oreille sente néanmoins distinctement les sons dont elles sont formées, par la même émission de voix. Dans le mot Dieu, par exemple, j'entends l'i et le son eu; mais ces deux voix se trouvent réunies en une seule syllabe, et sont énoncées dans un seul temps. C'est cette réunion de résultat d'une seule émission de voix, qui constitue l'essence de la diphthongue auriculaire.

sons,

Il serait bien à desirer que nos grammairiens fussent d'accord entre eux sur le nombre de ces sortes de diphthongues; mais nous n'en sommes pas encore à ce point. Les uns les restreignent trop, et les autres les multiplient sans mesure et souvent sans raison. La poésie, qui vient là-dessus avec ses licences, concourt encore à jeter du trouble dans le système des grammairiens, et il résulte de ces contradictions une in

certitude sur l'état fixe de nos diphthongues, qui durera sans doute long-temps encore.

Cependant quelle partie de notre langue mériterait davantage d'être fixée ? Il y a une grande différence entre prononcer un mot composé d'une diphthongue et un mot dissyllabique. Dans la conversation, cela ne se sent pas autant; mais, dans la lecture soutenue, la méprise n'est pas tolérable. On en a un exemple frappant dans les deux mots : fier (qui a de la fierté), et fier (qui a de la confiance), où l'i doit recevoir, dans les deux, une pulsation si différente, et qu'il serait si vicieux de confondre dans la prononciation. Ce sont des nuances à la vérité; mais ces nuances sont nécessaires à une bonne diction. Les hommes instruits et de goût les saisissent, et elles font, dans leur ensemble, le charme du débit oratoire.

Voici les diphthongues auriculaires dont l'existence paru incontestable.

m'a

Ail, eil et euil, comme dans attirail, vermeil, fauteuil, où le son de l'i, quoique extrêmement nuancé, se fait néanmoins sentir.

Aim, eim et ein, comme dans essaim, Reims, teindre.

Ja, comme dans diacre, fiacre.

, que l'on entend dans amitié, métier.

len, comme dans soutien.

Ieu, comme dans Dieu, milieu.

lo, comme dans fiole, carriole.

Ion. C'est la diphthongue auriculaire qui se reproduit le plus dans notre langue : elle est la finale d'un

nombre considérable de substantifs, presque tous dérivés du latin, où ils sont terminés en io. On la retrouve encore dans nos verbes comme nous aimions, nous lirions, et généralement elle conserve partout, du moins quant à la prononciation, son caractère de diphthongue : Occasion, ambition, etc. Iou, que l'on entend dans Montesquiou, chiourme. Oé, comme dans Boete, moelle, moelleux, que l'on prononce boate, moalle, moalleux.

Oi, que

l'on prononce oa ou oua, comme dans moi, noise, etc.

Oin, comme dans besoin, joindre.

Oua, uè, ui, comme dans équateur, équestre,

équitation, nuit, etc.

Ouè, que l'on entend dans ouest, pirouette.
Ouen, comme dans Rouen, Ecouen.

Oui, comme dans le monosyllabe oui, Louis.
Ouin, comme dans babouin, barragouin.
Uin, comme dans juin, Quintillien.

Des sons nasals.

Je fais une classe à part des sons nasals, à raison de l'importance qu'ils ont dans notre langue. Beaucoup de grammairiens ont voulu les ranger dans la catégorie des sons articulés; mais cette opinion n'a point prévalu. Qu'est-ce en effet qu'une voix nasale? C'est un son pur et simple, comme celui de l'a de l'é, de l'i, de l'o ou de l'u, lequel étant intercepté par un mouvement des organes de la parole, va expirer dans le nez et devient le son harmonique de la voix qui l'a

précédé. Ce son fugitif, ce retentissement est exprimé et figuré dans l'écriture par les deux consonnes m et n. C'est-à-dire que si le son est intercepté par le mouvement des organes de la parole qu'exige la consonne m, alors cette consonne est le signe de la voix nasalée; il en est de même du son nasal qui a pour signe la consonne n.

Je reviendrai ailleurs sur la prononciation des voyelles nasales (voyez le Traité de la liaison des voyelles et des consonnes finales, dans le volume qui accompagne celui-ci ); il me suffira pour le moment de vous présenter le tableau de nos sons nasals et de vous faire remarquer les modifications qu'elles subissent dans notre langue.

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Remarquez que am et en prennent quelquefois une autre modification, comme dans Jérusalem, hymen, examen, où l'e se prononce moyen: comme dans amnistie, Abraham, Priam, Siam, où le m conserve son articulation

Im.

In. Même son, ein..

propre.

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