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Il y a également des exceptions pour ces nasales. L'i y conserve quelquefois le son aigu, comme dans Ibrahim, Sélim, comme dans les mots ou le m redouble après la nasale : dites im-matériel, im-mense, etc.

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Le son de la voyelle nasale on, dans presque toutes ses applications, a un caractère particulier que l'on n'a point suffisamment remarqué. Ce n'est point le son complétement oral de l'o; mais un son sourd et guttural qui approche plutôt de oun que de on prononcé naturellement; on ne dit pas en effet, on fait, comme mon fait. C'est un son véritablement français que les étrangers doivent s'attacher à saisir dans la prononciation de ceux qui parlent bien cette langue. La même observation s'applique aux diphthongues auriculaires en ion.

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Tels sont les sons simples ou composés dans la section prochaine, nous traiterons des sons articulés.

IV.

Des sons articulés, ou consonnes.

La parole, dernier résultat des sons combinés avec les divers mouvemens des organes de la voix est le prodige le plus étonnant qui puisse fixer l'attention

des hommes. Du côté des sons; avec quelle facilité ils subissent les changemens et les modifications qu'il nous convient de leur donner pour l'expression de nos idées! Et du côté des organes de la voix qui les coupent à l'infini; avec quelle surprenante mobilité, ces organes remplissent ces fonctions, exécutées dans le plus étroit espace, et à la faveur de la disposition quelquefois la plus insensible! Les voyelles forment la base et pour ainsi dire le support de la parole; mais ce sont les articulations ou les mouvemens des organes, qui la composent et la complètent. Les consonnes, résultat de ces mouvemens, ne peuvent rien sans leur secours ; elles n'ont aucun son par elles-mêmes; semblables à des touches d'un instrument qui n'aurait point de sonorité : delà vient qu'on les appelle consonnes, mot venu du latin, consonnans, qui sonne avec.

On divise les consonnes en certaines classes que l'on appelle du nom de l'organe particulier qui paraît le plus contribuer à leur formation. Ainsi, les unes sont appelées labiales parce qu'elles sont le résultat du mouvement simultané des lèvres; d'autres linguales ou palatales, parce qu'elles sont formées du mouvement de la langue vers le palais; d'autres dentales ou sifflantes, parce qu'elles résultent du rapprochement des dents; d'autres nasales, parce qu'elles retentissent dans le nez; d'autres enfin gutturales, parce qu'elles se prononcent avec une aspiration forte et par un mouvement formé dans la gorge. Quelques-unes peuvent être dans l'une et dans l'autre de ces classes lorsque divers organes concourent à leur formation.,

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Le nombre des consonnes n'est pas le même partout. La diversité des climats et des mœurs cause ces différences dans la prononciation des langues : il des peuples qui mettent en action certains organes dont les autres ne font aucun usage. Il y aussi des variétés dans la forme et dans la manière particulière de faire agir les mêmes organes. On en contracte l'habitude par l'éducation, et quand les organes ont pris une certaine marche, il est bien difficile de leur en faire prendre une nouvelle. Delà vient qu'il y a des peuples qui ne sauraient prononcer certaines lettres. Les Allemands, par exemple, ne peuvent pas distinguer le ́z d'avec les : ils prononcent zèle comme sèle. Ils ont bien de la peine encore à prononcer nos articulations mouillées : ils disent file, au lieu de fille. Chaque langue offre les mêmes difficultés à ceux qui n'ont pas l'habitude de sa prononciation.

Nos consonnes, ainsi que nos voyelles, se divisent en consonnes pures, figurées par un seul signe et en consonnes complexes formées de deux ou trois caractères. Les premières sont au nombre de dix-huit, savoir: b, c dur, k ou q, d, f, g dur ou gue, h aspiré; joug doux: l, m, n, p, r, s ou c doux; t, v et z. Le x n'est point rangé dans la classe des consonnes pures; parce qu'il n'a point de son qui lui soit propre : c'est une lettre double que les copistes ont mise en usage pour abréger. Quant aux sons articulés qui manquent d'un caractère particulier, et qui sont représentés par deux ou trois signes; on en compte quatre, savoir: le che que l'on prononce dans cheval;

le gne que l'on entend dans règne; les ille et les il que l'on appelle mouillés, comme dans famille, avril; et l'y lorsqu'il représente le son mouillé faible, comme fayence, payen. Enfin, nous avons des consonnes composées dont la propriété est de rendre des sons pareils à ceux de quelques consonnes simples: tels sont le phe est le the, dont le premier représente un f, comme dans phénomène, et le second un t, comme dans théâtre. Ce sont des caractères conservés des langues anciennes, et par respect pour l'étymologie des mots auxquels ils appartiennent.

Je classerai encore au nombre des sons articulés une prononciation moderne qui gagne singulièrement dans notre langue, et qui y jette un nouveau principe d'euphonie ; je veux parler du q et du c dur que l'on entend dans les mots coeur, vainqueur, bouquet, etc., dont on fait disparaître la dureté, en les adoucissant par une articulation qui tient du mouillé. Cette modification que l'oreille peut facilement saisir dans la prononciation des hommes qui parlent bien, est récente, et l'effet du génie particulier de notre langue qui tend toujours à tout adoucir; elle est susceptible de s'étendre, et je ne doute pas que dans la suite, il ne faille la classer parmi nos sons articulés dont la connaissance deviendra nécessaire pour l'étude de la bonne prononciation française. Je saisirai dans nos lectures toutes les occasions de vous la faire remarles diverses lois auxquelles la prononquer, ainsi que ciation de nos consonnes est soumise suivant leur position dans nos syllabes et dans nos mots.

SECONDE LEÇON.

Des conditions d'une bonne articulation dans la prononciation des lettres et des syllabes qui constituent les mots.

La juste distinction des lettres et des syllabes qui entrent dans la composition des mots, est une des premières bases d'une bonne prononciation. Quand les lettres et les syllabes sont nettement et régulièrement émises, c'est-à-dire, quand chacune d'elles reçoit sa pulsation et son articulation propres, alors la prononciation est juste et correcte fondamentalement; elle est nécessairement confuse, quand il n'y a aucune distinction de syllabes, c'est-à-dire, quand les mouvemens successifs de la voix sont, ou confondus dans une seule émission de son, ou perdus dans une articulation faible, sans caractère ou vicieuse.

C'est là véritablement la première cause et la plus réelle de la mauvaise prononciation de tant de lecteurs ou d'orateurs. Jamais les mots ne sont suffisamment énoncés dans leur bouche, parce que les consonnes ne sont point articulées suivant leur caractère grammatical et naturel; parce que les syllabes ne reçoivent pas les pulsations de voix qui conviennent à leur division; parce que les sons se confondent, et forment une masse à travers laquelle il est souvent impossible à l'oreille la plus attentive de saisir un mot. Il y en a dont on n'entend jamais la dernière syllabe; d'autres, dont les

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