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et la pour le féminin: l'un ou l'autre précède toujours les noms substantifs, et en indique le genre. Elle admet aussi des noms substantifs de deux genres: ainsi on dit très-bien : un fol amour, et de folles amours; de bonnes gens, et des gens malheureux; un bel automne, et une automne froide et pluvieuse.

La déclinaison des cas est une autre modification des noms substantifs, destinée à exprimer les relations qu'ont entre eux les objets. Pour bien comprendre cette définition, il faut observer qu'après avoir donné des noms aux objets extérieurs ou visibles, après les avoir particularisés au moyen de l'article, et les avoir distingués par le nombre et le genre, les hommes n'eurent encore qu'un langage imparfait ou insuffisant, jusqu'à ce qu'ils eussent inventé une méthode pour exprimer les relations qu'ont entre eux les objets. Il ne suffisait pas d'avoir inventé les noms d'homme d'arbre, de rivière, etc., il fallait trouver un expédient pour faire connaître ce qu'ils étaient relativement l'un à l'autre,s'ils s'approchaient, s'ils s'éloignaient, s'ils se confondaient, enfin la distance de leurs relations. Mais comme le nombre de ces relations était immense, on se borna d'abord aux plus importantes, à celles qui se présentaient le plus souvent dans le discours, et on inventa le génitif, le datif et l'ablatif, qui expriment à-la-fois le nom et sa relation. La désignation des autres relations appartient au langage porté à un très haut degré de perfection.

Quant à la manière d'exprimer la déclinaison des cas, on la désigna par une marque ou variation dans

le nom de l'objet, le plus généralement dans les dernières lettres. Quelques langnes cependant ont placé cette marque dans les lettres initiales. La grecque, la latine, et d'autres anciennes langues, ont employé la déclinaison. Au lieu de varier la terminaison, les langues modernes expriment les relations des objets au moyen des mots qu'on nomme prépositions, et il n'y a dans leur grammaire que très peu de chose d'analogue aux déclinaisons des anciennes langues.

DEUXIÈME SUITE DE LA TROISIÈME LEÇON.

Des Pronoms.

Les pronoms forment une classe de mots qui tiennent de très près aux noms substantifs, qui figurent à leur place dans le discours, et qui dispensent de les répéter chaque fois qu'on en veut rappeler l'idée. Je, tu, lui, elle, il, le, la, sont une manière abrégée de dénommer les personnes ou les objets dont le retour trop fréquent formerait une cacophonie insupportable à l'oreille.

Si les pronoms se confondent ainsi dans leurs fonctions avec les noms substantifs, ils doivent donc être assujétis aux mêmes modifications qu'eux, c'est-à-dire, aux modifications du genre, du nombre et des cas. J'observerai cependant, relativement au genre, qu'aucune langue ne semble avoir appliqué cette distinction au pronoms je et tu qui forment les pronoms de la première et de la seconde personne. La raison en est

simple, c'est que ces deux pronoms ne pouvant se rapporter qu'à des individus qui sont en présence, il était inutile que leur sexe fût indiqué par un pronom masculin ou féminin. Il n'en est pas de même de la troisième personne; comme elle peut être absente ou inconnue, la distinction du genre devient nécessaire. Quant aux cas, ils ont été conservés en partie pour les pronoms, même dans les langues qui n'en donnent point aux noms substantifs, sans doute afin d'exprimer plus brièvement les relations, les pronoms étant d'un usage très fréquent dans le discours.

Dans la grammaire française, on donne plusieurs attributions aux pronoms, et on les distingue en personnels, relatifs, absolus, indéfinis, démonstratifs et possessifs.

Les pronoms personnels sont ceux qui désignent directement les personnes, ou qui tiennent la place du nom des personnes. Ils se subdivisent en trois ordres. Je, me, moi, nous, sont les pronoms personnels de la première personne, ou de celle qui parle; tu, te, toi, vous, sont les pronoms de la seconde personne, ou de celle à qui on parle; il, elle, elles, soi, lui, eux, leur, sont les pronoms personnels de la troisième personne, ou de celle de qui on parle.

Les pronoms relatifs sont ainsi nommés, parce qu'ils ont une relation ou un rapport avec un nom qui précède: ce sont les pronoms qui, que, lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, dont, quoi, y et en. « L'honnête homme jouit en paix des biens qu'il a acquis par des voies justes>> : dans cette phrase, que est un pronom,

il réveille l'idée des biens; il les remplace; c'est comme si l'on disait l'honnête homme jouit en paix des biens, lesquels biens il a acquis par des voies justes.

Lorsque les pronoms qui, que, quoi, quel, lequel, laquelle, s'emploient sans rapport à un nom qui précède, on les nomme pronoms absolus, ils sont surtout en usage dans les phrases interrogatives, et dans celles qui expriment le doute, l'hésitation et l'incertitude. «< Qui doute que celui qui cultive les sciences et la vertu, ne goûte un bonheur plus solide que celui qui passe sa vie dans l'indolence ou la débauche? » Dans cette phrase, le premier qui est absolu, les autres sont relatifs. Les pronoms où et d'où se rangent aussi dans la classe des pronoms absolus quand ils sont au commencement de la phrase, et qu'on peut les tourner par quelle chose, ou par quel suivi d'un nom substantif, comme dans cet exemple : Où aspirez-vous? c'est-àdire, à quoi, ou à quelle chose aspirez-vous? Par où passerons-nous? c'est-à-dire, par quel lieu passerons

nous?

Les pronoms indéfinis sont ceux qui tiennent la place d'un ou de plusieurs noms, et qui expriment ordinairement leur objet d'une manière générale et indéterminée. Ces pronoms sont: où, quelqu'un, quiconque, chacun, personne, rien, autrui, l'un, l'autre, plusieurs, quel, quelque, quoi, quoi, méme, nul, aucun. Quand je dis : quiconque a médité les ouvrages de Cicéron, doit savoir en quoi consiste la véritable éloquence: j'emploie, dans le mot quicon

que, un pronom indéfini, et c'est comme si je disais : toute personne qui a médité, etc.

Par les pronoms démonstratifs, on indique ou on montre l'objet dont il s'agit dans le discours. Ce, cet, celui, celle, ceci, cela, celui-ci, celui-là, celle-ci, celle-là, sont les mots qui forment cette classe de pronoms.

Enfin les pronoms possessifs sont ceux qui indiquent la possession et la propriété de quelque chose, comme quand on dit : Ma maison, mon livre, votre fortune, son ouvrage. Telles sont les fonctions des pronoms dans la langue française: dans cette langue, comme dans toutes les autres, ils sont à la-fois les termes les plus généraux et les plus distinctifs; ils sont ordinairement irréguliers, et d'une étude pénible, parce qu'étant les mots les plus utiles, ils sont aussi les plus sujets à de fortes variations.

Des Adjectifs.

Les adjectifs, ou plutôt les mots qui désignent dans le discours un objet par sa qualité, sont les plus simples de toute la classe des termes qu'on nomme attributifs; ils existent dans toutes les langues, et la date de leur invention doit remonter très haut; car il était impossible de distinguer les objets les uns des autres, ou de traiter d'aucune affaire relativement à cet objet, avant d'avoir donné des noms à leurs différentes qualités.

Dans les langues grecque et latine, les adjectifs sont assimilés complètement aux noms substantifs; on les

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