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plus récente que la plupart des autres classes des mots; et ce qui le prouve authentiquement, c'est qu'ils sont presque tous dérivés d'autres mots introduits précédemment dans le discours.

Les grammairiens français distinguent plusieurs sortes d'adverbes; adverbes de temps: aujourd'hui, maintenant, hier, demain, autrefois ; adverbes de lieu ailleurs, devant; adverbes de quantité: médiocrement, amplement, etc. Dans la langue française, plusieurs adjectifs sont quelquefois pris adverbialement, comme dans ces phrases: il chante faux, il voit clair, il sent bon. Les mots faux, clair, bon, joints aux verbes, les modifient, en expriment quelque circonstance, et sont des adverbes. Enfin l'adverbe est toujours indéclinable, et n'est jamais suivi d'aucun régime.

Des Prépositions et des Conjonctions.

Les prépositions et les conjonctions sont des mots beaucoup plus essentiels au discours que la plupart des adverbes; ils forment la classe des mots qu'on nomme connectifs, sans lesquels les langues ne pourraient pas exister. Leur objet est d'exprimer les relations que les choses ont entre elles, leur influence mutuelle, leur cohérence et leur dépendance. Par les prépositions, on lie les mots, en indiquant la relation d'un substantifavec un autre substantif, et en employant les termes de, par, à, dessus, dessous, devant, après, etc. Par les conjonctions, on lie les sentences ou les membres des sentences, en employant ces mots.

et, parce que, donc, quoique, etc.; d'où il résulte que ces particules connectives sont d'une utilité indispensable dans le discours, puisqu'elles indiquent les relations et les transitions qui transportent l'esprit d'une idée dans une autre. En formant la liaison des idées, elles forment la base de tous les raisonnemens, et quoique, dans les siècles d'ignorance, la collection de ces mots fût sans doute peu nombreuse, elle doit nécessairement s'être multipliée à mesure que les hommes ont fait des progrès dans l'étude du raisonnement et de la réflexion; aussi voyons-nous que c'est dans la langue grecque que ces particules connectives sont en plus grand nombre.

Dans la langue française, les prépositions ne s'emploient jamais sans régime, et quand il n'est pas exprimé, il est sous-entendu. Elles se placent presque toujours avant les mots qu'elles régissent. Seules, elles ne forment point de sens; elles n'ont aucune des propriétés qui conviennent aux noms; elles n'ont ni masculin, ni féminin, ni singulier, ni pluriel. La seule attention qu'elles exigent, c'est la manière de les employer avec leurs régimes; et, à cet égard, la langue française a des règles et des exceptions particulières. Par exemple, ce serait une faute de dire il regarde au travers les vitres, ou à travers des vitres; il faut dire : il regarde au travers des vitres, ou à travers les vitres. On dit encore il est hors de la France; et cependant il faut dire et écrire: tous les juges furent du même avis, hors le président. y a des circonstances où les prépositions deviennent de vrais noms substantifs, susceptibles d'articles

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et de nombre, comme quand on dit : le devant de la porte; prendre les devans; les dedans d'une maison; les dehors de la ville.

Quant aux conjonctions, la langue française en admet de simples et de composées.

Les conjonctions simples, sont celles-ci: ou, mais, si, car, ni, aussi, or, donc, etc.; et on reconnaît les composées lorsqu'on dit: à moins-que, pourvuque, afin-que, soit-que, de sorte-que, parce-que, par-conséquent, etc. Ces dernières conjonctions sont formées, comme l'on voit, de noms, d'adverbes, de verbes même. Par exemple, soit est un verbe qui fait l'office de conjonction quand on dit : soit que vous vouliez, soit que vous ne le vouliez pas. Condition est un nom substantif; mais il devient conjonction lorsqu'on dit je ferai cela à condition que vous serez de la partie, parce qu'alors il lie les membres de la mière phrase à la seconde. Le pronom que est mis aussi quelquefois au nombre des conjonctions ; ainsi lorsqu'on dit: il possède la musique aussi bien que la philosophie...... que est une conjonction. Voyez les grammaires de Wailly, de Restaud, de Lhomond, etc., pour y suivre avec plus de détail l'emploi des prépositions et des conjonctions, ainsi que des autres parties du discours.

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QUATRIÈME LEÇON.

II.

De la prononciation mesurée, ou de la loi du nombre et des repos qui doivent régler toute lecture publique.

A mesure que nous avançons dans cette seconde partie de mon cours, les sujets que nous traitons se rapprochent insensiblement de l'objet principal de nos discussions, et cessent d'être des leçons préparatoires. En traitant de la prononciation mesurée, ou de la loi du nombre et des repos dans toute lecture publique, nous touchons au développement d'une question qui se rattache d'une manière immédiate à l'art de phraser. Figurez-vous un lecteur, comme il y en a tant, qui ne sachant point discerner les rapports plus ou moins marqués qui existent entre les idées, établit toutes ses interruptions à faux, forme une masse de ce qui devrait être classé et divisé, ou morcelle ce qui demandait à rester lié: que peut devenir sa lecture au milieu de ce chaos? La ponctuation, direz-vous, peut obvier à ce désordre, et le diriger dans sa marche : mais si le lecteur ignore les conditions précises de la ponctuation, si sa diction est trop lente ou trop précipitée, s'il croit lire en articulant seulement les mots de sa phrase, s'il ne sait pas en un mot la raison des signes de la ponctuation et de leur variété; à quel degré de déraison et de défaut de sens ne peut-il pas faire descendre sa lecture, et à quel

supplice ne condamne-t-il pas tous ceux qui ont le malheur de l'entendre?

Le premier langage des hommes fut certainement très borné dans ses moyens et dans ses ressources; on se contenta d'abord du service qu'il pouvait rendre en établissant le commerce réciproque des sentimens et des pensées. Mais lorsqu'il fut assez affermi dans ses principes et assez riche en mots et en tours pour recevoir des grâces, on observa que parmi ceux qui portaient la parole en public, il y en avait qui, sans dire de meilleures choses, étaient plus intelligibles, plus touchans, et par conséquent plus persuasifs que les autres. On fit l'analyse de leurs moyens, et on trouva qu'une partie de leur secret consistait dans une prononciation mesurée, et dans la distribution des espaces et des repos, faite de manière faite de manière que l'auditeur écoutait

sans fatigue et sans ennui.

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Ces espaces et ces repos n'étaient point l'ouvrage de ceux qui les premiers en avaient fait usage dans le discours : c'était la nature, en qui tout n'est que mouvement et repos, qui avait agi en eux, et qui les avait conduits aux nombres par le besoin même et par nécessité. Mais comme tout ce qui est naturel est susceptible d'être perfectionné, l'art ajouta bientôt aux nombres, ou espaces terminés, le choix, la précision, la variété. Il le fit dans la musique; de la musique, il le porta dans la poésie; enfin de la poésie, il l'a étendu

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prosc,

Le nombre, soit dans la poésie, soit dans la peut être considéré sous deux rapports: 1° il est quel

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