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historiques, destinées à retracer les souvenirs des principaux événemens de leur empire; mais ces sortes d'annales étaient trop imparfaites pour suffire longtemps aux besoins des hommes. Les peintures peuvent représenter la partie des événemens qui frappe les yeux, mais non pas leurs liaisons: elles ne peuvent ni décrire les qualités qui échappent à la vue, ni donner une idée des discours des hommes et de leurs dispositions.

Aux peintures historiques succédèrent les caractères hiéroglyphiques, c'est-à-dire l'usage de certains symboles destinés à représenter des objets invisibles, avec lesquels on supposait que ces symboles avaient de l'analogie: ainsi, un œil était le symbole hieroglyphique de la science; et l'éternité qui n'a ni commencement ni fin, avait un cercle pour en blême.

C'est en Egypte surtout, que la science des hiéroglyphes fut cultivée et portée à sa plus grande perfection les prêtres s'en servaient pour transmettre leur science mystérieuse si vantée. Cependant, comme la propriété des objets qu'ils prenaient pour base de leurs hieroglyphes, étaient pour la plupart imaginaires, et leurs explications ambiguës et forcées, cette sorte d'écriture, nécessairement énigmatique et embrouillée, ne put servir que très faiblement à répandre quelques connaissances parmi ceux qui en avaient adopté l'usage.

Ailleurs; quelques nations avaient fait un pas de plus vers l'alphabet, en employant des signes arbitraires qui n'avaient ni analogie, ni relation avec les

objets qu'ils représentaient. Telle était, par exemple, l'écriture des Péruviens qui se servaient de petits cordons de différentes couleurs, et dont les nœuds plus ou moins gros, et différemment arrangés, formaient des signes de convention propres à transmettre une suite régulière de pensées.

Mais tous ces moyens de communication n'étaient pas encore ceux que l'esprit humain avait à desirer pour son perfectionnement. On commença enfin à soupçonner que des signes qui n'exprimeraient pas directement les choses, mais les mots dont on se sert pour les représenter dans le discours, offriraient bien plus d'avantages que toutes les tentatives qui avaient été faites jusqu'alors. La réflexion fit découvrir que, quoique chaque langue eût un grand nombre de mots, les sons articulés qui composent ces mots se réduisaient à un petit nombre; que ces mêmes sons revenaient sans cesse, et que les mots se formaient de leurs différentes combinaisons. Le premier résultat de cette découverte fut l'invention d'un alphabet de syllabes qui précéda probablement l'alphabet des lettres chez quelques-unes des anciennes nations. Enfin, arriva l'heureuse époque où quelque génie découvrit les plus simples élémens des sons de la voix humaine, et appliqua d'une manière fixe, à chacun de ces élémens, les signes que nous appelons aujourd'hui des

lettres.

La reconnaissance publique ne sait à qui payer le tribut de ses hommages pour une découverte aussi précieuse, et qui forme la plus grande époque peut

être dans les annales de l'humanité. Les ténèbres de l'antiquité en dérobent l'auteur à toutes les recherches de la critique et de l'histoire, et sa mémoire reste privée des honneurs qui lui sont dus. Cadmus, à qui les anciens attribuaient universellement l'invention de l'alphabet, l'apporta dans la Grèce (1); il ne contenait, dit-on, à cette époque, que seize signes ou Lettres. Dans la suite, on ajouta les autres à mesure le défaut de caractères, pour certains sons, se fit sentir. Bientôt on se servit avec empressement d'une invention aussi utile et aussi simple, et toutes les nations éclairées du globe en devinrent les dépositaires.

que

On entend par alphabet d'une langue, la table ou la liste des caractères ou des signes qui entrent dans la composition de cette langue. Toutes les nations qui écrivent leur langue ont un alphabet qui leur est propre, ou qu'elles ont adopté d'une autre langue plus ancienne. Pour nous, nous n'avons pas d'alphabet qui nous soit particulier. Il en est de même des Italiens des Espagnols, et de quelques autres de nos voisins; nous avons tous adopté l'alphabet des Romains.

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Ses divisions sont les mêmes que celles de tous les autres alphabets quelconques : on y distingue les signes propres aux sons simples, qu'on appelle voyelles, et les signes propres aux sons articulés, qu'on nomme

consonnes.

(1) Phænices primi, famæ si creditur, ausi Mansuram rudibus vocem signare figuris.

LUCIAN.

II.

Des sons simples ou voyelles, et premièrement des signes orthographiques qui les modifient.

Les sons simples, qui forment la première division de notre alphabet, ne sont autre chose que la voix humaine elle-même, sans aucun mélange d'articulation. Ces sons dépendent, dans la prononciation, d'une disposition particulière de la langue, des lèvres et des dents. Quand la disposition de ces organes est fixe et permanente, alors le son voyelle reste le même ; dans cet état, il est susceptible d'une durée plus ou moins longue, et il peut recevoir tous les degrés d'élévation et d'abaissement possibles. Quand la disposition des organes se modifie, alors'le son change de nature. De ces premières facultés de la voix, résultent les sons simples ou voyelles, au nombre de cinq; qui e i ou y, o, u.

sont a,

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L'importance de ces premières notions, sur la manière de modifier les sons simples, me paraît d'autant plus digne de remarque, que c'est précisément parce qu'on les méconnaît, que la lecture ou le débit de tant d'hommes est constamment sec, aride, et sans grâce; on sent, en effet, qu'il n'est pas possible de donner le moindre développement à un son qui se brise sur les dents, ou qui sort par une ouverture de bouche étroite et resserrée. Mais, qu'on l'ouvre complètement pour les sons qui l'exigent; alors, il est évi

dent qu'on pourra leur donner de l'harmonie, de l'étendue, de la force, du caractère; en un mot, que l'on pourra approprier le débit à la nature des sentimens ou des idées que l'on aura à transmettre.

Mais la difficulté n'est point, en général, de présenter à un son une ouverture de bouche plus ou moins grande; elle consiste plutôt dans la connaissance des circonstances où les sons demandent à être modifiés de cette manière. Si nous avions des signes qui indiquassent à chaque mot, la modification particulière des voyelles qui le composent, l'embarras disparaîtrait sans doute; mais nos signes sont en trop petit nombre pour suffire à cette fonction; la langue française, il faut l'avouer, est très pauvre sous ce rapport, surtout en considérant la grande variété de nos sons voyelles dans la prononciation; et delà vient que l'étude de notre langue est si difficile pour ceux qui sont jaloux de la parler correctement. La plupart de nos à graves et de nos è moyens et ouverts, manquent de signes et cependant que devient la prononciation française, lorsque ces sons ne sont pas émis régulièrement, et avec les diverses modifications qui conviennent à leur position?

Les signes qui indiquent, dans notre langue, les modifications des sons, se réduisent à trois : L'accent aigu (1); l'accent grave (1), et l'accent circonflexe (^).

L'accent aigu ne se place que sur la voyelle é, et son objet est d'indiquer quand cette voyelle doit être prononcée fermée, comme dans bonté, pénétré.

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