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Fondation de l'Université de Louvain.

Au commencement du XVe siècle, il n'existait encore aucun établissement de haut enseignement dans toute l'étendue du territoire actuel de la Belgique et de la Hollande. On n'y trouvait que des écoles d'humanités établies auprès des églises collégiales, dans quelques couvents, et surtout dans les différentes maisons des Frères de la Vie commune ou Hieronymites. Pour faire des études supérieures de philosophie, de théologie, de droit ou de médecine, nos compatriotes étaient obligés de s'expatrier et de se rendre à grands frais en pays étranger. Les Universités de Paris et de Cologne, les plus rapprochées de nos frontières, étaient visitées de préférence par les Belges et les Néerlandais. Cet éloignement considérable des villes universitaires n'était pas sans présenter, à certains moments, de graves inconvénients : souvent, à ces époques tourmentées du moyen âge, les routes n'étaient pas sûres tant à cause des voleurs que de l'état souvent troublé de l'Europe. C'est ainsi, par exemple, que lors de la guerre qui désola la France à l'avènement du roi Charles VII en 1422, l'accès de la capitale de ce pays devint pour ainsi dire impossible aux étudiants des Pays-Bas.

Vivement émus de ces circonstances, les conseillers de Jean IV, duc de Brabant (1), engagèrent leur souverain à solliciter du

(1) Jean IV était aussi duc de Limbourg et marquis du Saint-Empire. Quelques historiens de l'Université ont affirmé à tort que, du chef de sa

Saint-Siège la faveur de l'érection d'une Université dans ses états. C'est à l'initiative des conseillers et de quelques autres personnages influents de la cour ducale, et non à celle du duc lui-même, prince jeune et d'un tempérament faible, que nous sommes redevables de la création d'une Université brabançonne. Nous ne voulons pas omettre de leur payer ici un juste tribut de reconnaissance, en reproduisant leurs noms : Engelbert comte de Nassau, Henri Vander Leck, seigneur de Heeswyck, Jean de Glimes, seigneur de Berg-op-Zoom, les abbés d'Afflighem et de Tongerloo, maître Jean Bont, le secrétaire du duc de Brabant Edmond de Dynter, et Pierre Pistoris ou Beckers, maître des comptes (1).

Le duc, accédant aux légitimes désirs que son entourage lui

femme Jacqueline de Bavière, le duc de Brabant était, en outre, souverain des comtés de Hainaut, de Zélande et de la seigneurie de Frise. Bien qu'il ait toujours pris ces derniers titres dans les chartes qu'il octroyait, il n'avait jamais été qu'administrateur de ces pays; et, depuis la tentative criminelle de divorce de la part de Jacqueline pour s'unir à Humphroi de Glocester vers la fin de l'année 1422, cette administration devint purement nominale. Aussi fut-elle contestée depuis lors au duc par Philippe le Bon, duc de Bourgogne et comte de Flandre, et par Jean de Bavière, l'oncle, et Humphroi, le prétendu mari de Jacqueline.

(1) Voici ce qu'écrit Pierre Impens au sujet des préliminaires de la fondation de l'Université de Louvain, dans son Chronicon Bethlemiticum, fol. 140. « Anno 1422 Karolo sexto defuncto succedit Karolus septimus > in Francie regno omnium malorum et calamitatum tempestatibus » repleto; nulli tutum iter erat ex Brabantie, Hannonie, Hollandie » ceterisque terris Johanni, Brabantie duci, subjectis, qui studii causa » Parisii Universitatem adire non metueret. Hinc hij apud quos consiliorum principis nostri graviora examinabantur negotia, judicabant "magnum illaturum detrimentum Brabantie aliarumque patriarum incolis » et illorum filiis si, preclusa via Parisensis studii, indoctos et inexercitatos "scientiis juvenes coalescere sinerentur. Horum precipui feruntur fuisse » qui studium generale fundari cupiebant, inter nobiles dominus Yngle» bertus de Nassouwe, dominus Henricus Van der Leck, dominus Johannes de Rotselaer, dominus Johannes de Bergis et de Glimis; » inter prelatos domini Joannes de Afligemio, et Joannes de Tongherlo » monasteriorum abbates; inter consiliarios principis magister Johannes Bont, magister Edmundus de Dynter et Petrus Pistoris, magister compoti (rationum) Brabantie. »

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avait exprimés à maintes reprises, choisit Louvain comme siège de l'Université projetée (1). « Ville, dit le docteur Van de Velde, déchue de son ancienne opulence par les troubles intestins, qui avoient ruiné ses manufactures, pour laquelle l'érection d'une étude générale (Université), qui amèneroit une grande multitude d'étrangers, pourroit ouvrir une nouvelle force de richesse et de considération; située d'ailleurs dans une position salubre et avantageuse, et presque au centre des possessions du duc, elle étoit fort propre à un établissement de cette nature. Les instantes prières des habitants de la même ville de Louvain ne contribuèrent pas peu à déterminer le duc pour y établir l'Université. » Recherches historiques sur l'érection, constitution, droits et privilèges de l'Université de Louvain, no 1, p. 12.

Dès les premiers mois de l'année 1425, les démarches collectives à faire auprès du Saint-Siège pour obtenir la faveur tant désirée furent concertées entre le duc, le chapitre de Saint-Pierre et le magistrat communal de Louvain. Le 5 juillet de cette même année, le magistrat dépêcha un exprès au duc, qui se trouvait en ce moment à Mons en Hainaut, à l'effet d'obtenir des lettres pour la mise à exécution du projet (2). Le 31 août suivant, la ville reçut de la part du duc des lettres de recommandation pour le Souverain Portife. Peu de jours après Guillaume Neefs ou Nepotis, écolâtre de

(1) Jean IV avait voulu d'abord établir la nouvelle Université à Bruxelles; mais, à l'avis demandé par le duc le magistrat de cette ville avait répondu en faisant observer qu'il semblait dangereux d'admettre, dans une cité aussi peuplée que Bruxelles, une jeunesse nombreuse et fougueuse, de l'étourderie de laquelle il y avait tout à craindre. On a affirmé sans fondement que le duc balança quelque temps entre Louvain et Malines. Nous ferons remarquer qu'il ne pouvait être question de cette dernière ville, vu qu'elle ne faisait pas même partie des états du duc. Philippe le Bon était seigneur de Malines, où il avait été inauguré le 8 octobre 1419. (2) Item meester Gielis vanden Stoct gesent v in julio te Bergen in » Henegouwe ane den jonchere, van, Monjouwen omme brieuen te ghecrigen van minnen here van Brabant van der scolen die men te Louen » gerne hebben soude; van iij dagen, clxxx plecken. » Comptes de la ville de Louvain de 1425.

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Saint-Pierre, partit pour Rome, comme délégué de toutes les autorités. Grâce aux lettres dont il était porteur, grâce aussi aux démarches individuelles réitérées que le duc avait déjà fait faire auparavant à la cour romaine, sa mission réussit promptement: dès le 9 décembre de la même année, il obtint du pape Martin V la bulle d'érection de l'Université en même temps que trois autres bulles contenant diverses faveurs pour les membres du futur établissement; il rentra à Louvain le 25 avril 1426, après une absence de 220 jours (1).

Dans la bulle de fondation le souverain pontife concède à perpétuité à Louvain une Université, avec l'autorisation d'y faire enseigner toutes les sciences, la théologie seule exceptée. Les autres bulles concernent les faveurs accordées aux professeurs, aux étudiants, etc. : a) de percevoir les revenus des bénéfices qu'ils possèdent, tout en ne faisant pas la résidence, pendant le temps qu'ils sont aux études; b) de ne pouvoir être obligés à recevoir, si ce n'est après un terme de sept ans, le diaconat, auquel ils étaient tenus de se faire promouvoir, d'après le droit commun, à cause des bénéfices dont ils jouissaient; c) de pouvoir s'appliquer à l'enseignement et à l'étude du droit civil malgré la défense des lois canoniques à ce sujet. L'octroi de ces faveurs avait pour but de faciliter le développement de l'institution naissante en y attirant, par leur appât, des maîtres distingués en même temps qu'un grand nombre d'étudiants.

Voici le texte de ces précieux documents tel que nous le trouvons dans un manuscrit du XVe siècle, contemporain de

(1) Item ghegeuen meester Willem den scolaster bi beuele der stadt » xxv in aprille van dat hi reet te Rome omme te impetriren ane den "pauws van Romen een studium vniversale dat te Louen liggen soude ende omme een vniversiteit te Louen te hebben ten ewelicken daghen, » van je xx dagen dat hi vvt was, elxs daghs ij gulden Ryns, valet iiije xl gulden Ryns; stuc xlvij plecken gedragen, valent xxjm cxx plecken. » Item ghegeuen vanden bulle vander vocrs, vniuersiteit te scriben en te bezegelen ane de cardinalen iije lxv cronen xlij plecken; stuc te » lx plecken, valent xxim ixe xlij plecken.

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» Item gegeuen van verliese vanden gelde ijge plecken. «Comptes de la ville de Louvain de 1426

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