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auxquelles il avait depuis longtemps consacré ses loisirs et qui furent la consolation de ses dernières années comme elles avaient été le noble aliment de son esprit, dans la maturité de son existence, il savait élever les questions et, à côté de recommandations destinées à accroître le savoir de nos cultivateurs, il ne manquait jamais de placer les considérations morales propres à fortifier leur esprit. C'est par cette double action de l'agronome et du philosophe qu'il justifiait vaillamment le droit que « la théorie, » malgré les dédains qu'elle soulève parfois, a de prendre rang à côté de la pratique, afin de lui prêter une aide qui, pour n'être pas toujours bien comprise par la foule, n'en a pas moins son influence décisive.

M. de Parseval-Grandmaison a donc eu sa large part dans cette œuvre laborieuse, poursuivie depuis 1805 par notre Société, dans l'intérêt de l'agriculture, commencée par elle avec un Lamartine, oncle de notre grand poète, et continuće d'une façon si féconde par le regretté M. Chamborre. C'est à ce titre qu'il a droit à la reconnaissance de l'Académie et à l'estime que méritent les hommes qui, comme lui, ont su se rendre utiles à leur pays.

Notre Société, Messieurs, quelque préjudiciable que lui ait été la perte de ces agronomes qui ont si longtemps porté dans notre contrée la bannière du progrès agricole, ne faillira pas à sa tâche. Ouvrez ses Annales, vous verrez qu'à toute époque elle a placé l'agriculture au premier rang parmi les travaux que sa mission lui impose. Propager par des concours, par des écrits, les bonnes méthodes de culture, provoquer l'emploi des meilleures machines agricoles, honorer le travail des champs, défendre les intérêts du vignoble au point de vue de la culture comme au point de vue commercial, solliciter et diriger les recherches contre les fléaux qui ont, comme la pyrale, l'oïdium, tour à tour menacé notre richesse viticole, encourager la vulgarisation de l'enseignement populaire de l'agriculture, tel a été le but constant de ses recherches et de ses efforts.

Aucun objet de quelque intérêt agricole n'a échappé à son attention, aucune solution d'une question d'ordre rural n'a été obtenue autour d'elle sans qu'elle n'y ait pris part. Attentive à ce nouvel ennemi de nos vignes qui, s'il n'a pas encore pénétré dans le Maconnais, semble le menacer, elle est prête pour toutes les expérimentations séricuses, et elle s'est fait représenter par l'un de ses membres, M. de Surigny, dans cette commission départementale qui a reçu plus particulièrement mission d'étudier le fléau et qui est si excellemment dirigée par M. Alfred Mathey, d'Ameugny. Son comité d'agriculture n'est pas une étroite enceinte où l'on ne puisse pénétrer que par les sentiers fleuris du Parnasse, comme pourrait le faire croire ce titre pompeux d'Académie que la tradition, avec les Lamartine et les Lacretelle, a décerné à notre modeste association. Il est ouvert à tous les hommes qui veulent bien lui venir en aide pour le succès d'une œuvre qui a pour but le bien de l'agriculture, et pour laquelle il n'est aucune bonne volonté, aucun concours, si modeste qu'il soit, qui n'aient leur prix..... Les concours annuels sont comme un comice permanent qui se transporte d'un canton à l'autre, et où les cultivateurs sont conviés, les uns pour signaler le mérite dans nos communes rurales, les autres pour le voir couronner en eux. La tache que notre Société a assumée, elle est la même depuis plus de soixante ans, elle lui a valu les encouragements de l'Etat et ceux du Conseil général, si soucieux des intérêts agricoles de nos populations. L'Académie pourra chercher de nouveaux moyens de la mieux remplir, mais elle a conscience de n'y avoir jamais été inférieure et elle peut se rendre le témoignage qu'elle n'a jamais manqué aux devoirs que sa mission lui imposait.

Je viens de parler de la tâche accomplie par notre Société. Laissez-moi, Messieurs, en terminant, remercier les zélés collaborateurs qui ont bien voulu nous la faciliter, cette année, pour la préparation de ces concours: MM. les Membres des jurys d'abord, puis MM. les Maires du canton dont les indications nous ont été des plus utiles, et en particulier M. Bouilloud, maire de Lugny, à qui revient l'honneur d'avoir si bien assuré l'organisation de cette solennité.

Ces excellentes paroles ont été accueillies par des applaudissements mérités.

M. Febvre, rapporteur de la commission d'examen du concours de bestiaux, a fait ensuite connaître les résultats des travaux du jury :

1er CONCOURS.

Taureaux.

ANIMAUX REPRODUCTEURS.

1re catégorie, taureaux âgés de 15 à 20 mois: 1re prime, 60 fr., M. Bordet, de Cortevaix; 2o prime, 50 fr., M. Porcher, de Malay. -2o catégorie, taureaux âgés de 21 à 30 mois: 1re prime, 100 fr., M. Bordet; 2a prime, 50 fr., M. Pitaud, d'Ameugny.

Génisses. Génisses âgées de 15 à 30 mois : 1re prime, 80 fr., M. Porcher; 2o prime, 60 fr., M. Bordet; 3o prime, 40 fr., M. Bollevat, du Villars; 4o prime, 30 fr., M. Chomel, de Bray; 5 prime, 25 fr., M. Ferrand, de La Vineuse.

Vaches.

Vaches ayant au moins 4 ans : 1 prime, 80 fr., Mme veuve Baudras, de La Chapelle-sous-Brancion; 2e prime, 60 fr., M. Bordet; 3o prime, 50 fr., M. Moréteau, de Montbellet; 4e prime, 30 fr., M. Pitaud, d'Ameugny; 5o prime, une médaille de vermeil et 25 fr., M. J. Perrin, de Bissy-la-Maconnaise, 6o prime, 20 fr., M. Porcher.

M. Bouilloud, conseiller général et propriétaire à Viré, mis hors concours, a obtenu de l'Académie une médaille d'argent.

2o CONCOURS. EXPLOITATIONS RURALES.

C'est M. Lavenir qui était chargé du rapport de ce concours; il s'est acquitté très-consciencieusement de sa tâche, et nous empruntons volontiers à son rapport les considérations suivantes sur l'état de la culture dans le canton de Lugny :

MESSIEURS,

Le canton de Lugny avait été fixé, cette année, pour être le siége du concours d'exploitations rurales et viticoles qui sont ouverts annuellement par l'Académie de Macon.

La mission de votre commission n'a pas été des moins laborieuses, car les concurrents étaient nombreux et leurs mérites réels.

Avant de vous exposer les titres de chacun d'eux à l'obtention des récompenses, et afin de mieux les apprécier, je crois utile de dire quelques mots des conditions physiques et économiques dans lesquelles s'exerce la culture du sol dans cette partie de l'arrondissement.

Si le canton de Lugny, par ses collines multiples et ses vallées étroites, émerveille à chaque pas le voyageur par des points de vue aussi pittoresques qu'inattendus, il frappe aussi de stupeur le vigneron par les obstacles que la nature oppose à son travail.

Là, Messieurs, votre commission ne rencontre plus, comme dans les autres parties de l'arrondissement, les grands horizons, les grandes prairies et les grandes terres. Plus de grands systèmes agricoles ni d'application de la mécanique rurale à la culture, mais le morcellement dans tout son idéal, et les bras de l'homme comme instruments de travail. Or, vous le savez, l'application du travail au sol a ses lois et ses conditions de revers et de succès. La petite culture, la culture à bras, était donc la seule qui devait s'imposer dans toute sa rigueur et obtenir dans cette contrée les meilleurs résultats. Beaucoup d'esprits éminents, plus économistes qu'agriculteurs, et peut-être aussi de parti pris, ont condamné cette petite culture au point de vue social. La petite culture, disaient-ils, c'est l'homme attaché à la glèbe, c'est l'homme outil, c'est la multiplication indéfinie, au milieu de notre civilisation, de nombreuses colonies agricoles, affranchies sans doute de la crainte de la famine, mais prélevant avant tout leur subsistance sur leurs produits et ne livrant à la consommation générale que l'excédant de leur nourriture. Avouons-le, ceux-là ne connaissaient pas la vigne, ce précieux arbrisseau, ce colonisateur émérite. Ils n'avaient jamais parcouru nos riches collines du Mâconnais et le canton de Lugny en particulier, car ils eussent vu ce que peuvent l'énergique volonté et les bras d'un vigneron courageux aux prises avec un sol ingrat, aride et rocheux ; ils eussent constaté les richesses considérables qu'il en retire.

Votre commission, Messieurs, a étudié ce beau canton, et a pu l'apprécier comme il le mérite. Et, dans l'énumération des travaux de tous les spécimens de culture qui lui ont été montrés par les concurrents, elle vous dira que la vigne sagement aménagée, non-seulement produit ici l'aisance et le bien-être, mais la moralité, et, disons-le, l'intelligente liberté.

Mais déjà je m'aperçois que je m'écarte trop du sujet de ce rapport, et je me hâte d'y revenir.

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