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ÉPITRE DÉDICATOIRE

A MONSEIGNEUR

CHARLES-ANTOINE COUSSEAU

ÉVÊQUE D'ANGOULÈME,

MONSEIGNEUR,

L'hommage du Cartulaire de Baigne vous appartient à plus d'un titre ; je viens vous le présenter avec confiance.

Le premier, vous avez salué, avec la joie d'un véritable appréciateur, la découverte inattendue du manuscrit original, que tant d'époques désastreuses avaient épargné, et dont l'érudition du XVIIIe siècle n'avait même pas soupçonné l'existence.

Vous avez assuré sa conservation par les sacrifices pécuniaires qui l'ont rendu votre propriété; vous avez aplani les voies à sa publication, surtout en le présentant sous votre patronage à la Société archéologique et historique de la Charente, qui vous compte avec orgueil parmi ses membres les plus zélés et les plus érudits.

Si le savant, profondément versé dans la science de nos antiquités ecclésiastiques, s'est réjoui en voyant s'ouvrir une mine inexplorée, l'évêque

ne pouvait rester indifférent à un livre qui doit enrichir l'histoire de son diocèse. Depuis le Concordat, c'est-à-dire depuis cet acte, le plus mémorable des temps modernes, qui fermait les plaies sanglantes que la Révolution avait faites à l'église de France, cent vingt-sept communes détachées de l'ancien diocèse de Saintes, ont passé sous votre houlette. L'Abbaye de Baigne était jadis le centre et la vie de ce vaste territoire. Longtemps avant de vous être transféré par l'autorité sacrée du vicaire de Jésus-Christ, le pays où elle est située, d'abord baronnie, puis duché de Montausier, formait une sorte d'enclave en Saintonge qui portait le nom de Petit-Angoumois.

Cette vénérable Abbaye de Baigne vous devra, Monseigneur, une ère nouvelle. Vous avez encouragé la restauration de ce qui nous reste des vestiges de son antique splendeur. J'aime à rapprocher, dans ma pensée, deux époques séparées par une distance de huit cents ans: Austinde, archevêque d'Auch, que l'Eglise compte au nombre des saints, avait fait la dédicace de cette église (le 15 mai entre 1060 et 1066) cette année-ci (le 8 avril 1866), vous avez consacré son nouvel autel en marbre blanc. Je dois à votre bienveillance l'honneur d'avoir célébré la messe, en votre présence, sur cet autel que vos mains venaient de consacrer.

Combien d'autres églises, Monseigneur, auront été restaurées ou créées sous votre épiscopat si fécond et se montreront, à notre siècle indifférent, dignes de rivaliser avec les merveilles que savaient enfanter les âges de la foi! Mais votre œuvre capitale en ce genre de mérites, n'est-ce pas votre magnifique cathédrale d'Angoulême? Elle vous devra de nous apparaître comme la glorification de ce Moyen-Age qui rencontre encore parmi nous d'aveugles contempteurs vous lui avez redonné sa splendeur primitive, celle qu'elle avait reçue, à sa naissance, de la magnificence, de la richesse, de la piété de vos puissants comtes d'Angoulême.

Deux grands évêques de cette famille vous ont précédé sur ce siége d'Angoulême. Notre Cartulaire de Baigne a fait un bel éloge d'Adémar, le plus jeune des deux : « Il fut aussi distingué par l'éclat de ses vertus que par la noblesse de sa race, il mettait en pratique toutes les vertus qu'exposait sa doctrine tam virtutum splendore quam generis nobilitate clarus, exercens opere quod predicavit ore. » Vous êtes, Monseigneur, le digne héritier de tant d'évêques qui ont occupé ce siége et vous forment les plus illustres aïeux vos vertus ajouteront encore à l'éclat que vous recevez d'eux. C'est là, Monseigneur, ce qui vous a rendu le modèle aussi bien que le père de votre Clergé et de vos diocésains; c'est là ce qu'ils aiment à voir

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