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On ne peut blâmer ces auteurs d'avoir supposé que les traces d'antiquités romaines dont nous avons connaissance, étaient placées dans le voisinage des voies romaines; mais ils ont eu tort d'en tirer même la simple présomption que ces voies étaient les routes militaires dont les itinéraires nous ont conservé la direction; car les routes secondaires étaient bien plus multipliées que les voies de premier ordre. Il est digne de remarque que les vestiges de ces voies de seconde importance n'existent presque plus que sur les sommets ou plateaux des collines, et qu'ils aient disparu en général sur les flancs des montagnes, sauf en quelques points, où le chemin a été taillé dans le roc vif. Cette circonstance s'explique facilement par le mouvement continuel de descente, qui entraîne les terrains inclinés. Il n'est presque pas de vieillard dans nos campagnes qui n'ait conservé le souvenir de quelque éboulement considérable ou de la formation de quelque ravin profond. Il est donc très-peu surprenant que pendant la succession de 50 à 60 générations, la plus grande partie des routes romaines tracées sur les pentes des monts et des collines, se soit éboulée sur le sol inférieur, ou ait été recouverte par la chute des terrains supérieurs.

La chaîne de montagnes qui borne au couchant la vallée de Chambéry, et se trouve placée entre Lemincum et Augustum, n'a guère que 22,000 toises, ou 9

à 10 lieues communes de longueur entre le canal de Savière et la gorge des Echelles, et cependant elle était très-vraisemblablement traversée par plusieurs voies de construction romaine. Maintenant on y compte quatre passages accessibles ou aux voitures ou aux bêtes de somme.

Le premier de ces passages est le Mont-du-Chat, connu dans les chartes du moyen-âge sous le nom de Mons Munni. Quelle que soit l'étymologie de ce nom (question que je ne veux pas aborder, pour ne pas avoir à discuter toutes les absurdités qui ont été écrites à ce sujet), on ne peut révoquer en doute l'existence d'une route romaine à travers cette montagne. Les restes d'antiquités trouvés sur la route de Chambéry au sommet du col, c'est-à-dire à Servolex, à Etrembray, au Bourget et sur la sommité du passage, ne peuvent laisser aucun doute à cet égard; il faut encore leur ajouter l'existence, attestée par plusieurs personnes, des vestiges d'une ancienne route qui s'élève sur le flanc oriental du Mont-du-Chat, beaucoup au-dessus des contours ou tourniquets actuels, dont la pente était beaucoup moins rapide que le chemin qui existait il y a 20 ans, et dont la direction ferait supposer que la montée commençait vers le Bourget, et traversait des pentes et des éboulis, qui sont maintenant trop escarpés pour qu'il fût possible d'y tracer un grand chemin, ni même un simple

TABLEAU

DES

TREMBLEMENTS DE TERRE

OBSERVÉS A SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE

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sentier. Il est avéré que pendant les travaux de la route actuelle, les ouvriers qui y étaient employés trouvèrent une pierre chargée d'une inscription, qui n'a pu être lue par personne, car ceux qui l'avaient trouvée la précipitèrent dans le lac aussitôt après. Quant aux ruines d'édifice qu'on voit au bord du chemin qui traverse le col, que MM. Wickam et Cramer (1) ont pris pour les restes d'un ancien temple, il paraît, d'après des fouilles récentes, que ce n'était qu'une chapelle du moyen-âge, qui a vraisemblablement donné son nom à la petite commune appelée Chapelle-du-Mont-du-Chat, quoique son église actuelle soit bien au nord du passage.

Le second chemin qui traverse la même chaîne de montagnes est celui d'Espine ou de l'Espine. Celui-ci est beaucoup plus élevé que le Mont-du-Chat, et sa hauteur au-dessus du niveau de la mer est bien supérieure à celle qui lui a été attribuée dans les tables hypsométriques de M. de Candolle; ce qui n'a pas empêché d'Anville d'y placer la grande voie romaine, et de retrouver la station de Lavisco dans le bourg de Novalaise. Outre l'autorité du premier des géographes français, on peut dire en faveur de cette opinion, que la distance de 14 milles que donnent les itinéraires

(1) Dissertation sur la route d'Annibal, etc.

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