pas loin de la prospérité générale : c'est ce que nous observons pour l'Allemagne. D'ailleurs, cette manière de concevoir l'influence des industries chimiques sur la prospérité d'une nation n'est pas nouvelle. Un savant n'a-t-il pas exprimé cette opinion que la valeur industrielle d'un pays était en proportion avec la quantité d'acide sulfurique employé? Dire que le progrès chimique est le critérium de la valeur industrielle d'un peuple n'est donc qu'une extension de cette idée. Quoiqu'il en soit, l'Allemagne en est un exemple. Nous avons vu dans la première partie de ce livre que les grands outils nationaux, si je puis m'exprimer ainsi, tels que les chemins de fer, les canaux, les transports maritimes étaient en voie de grand perfectionnement; que les industries de toutes sortes qu'il s'agisse de tissage, de construction ou de machines, progressaient avec la même rapidité. Après avoir établi dans la deuxième partie, par les tableaux d'importation et d'exportation et par l'exposé des situations générales, que les industries chimiques se développaient de plus en plus, j'ai fait ressortir dans la troisième partie tous les avantages que l'on avait su tirer en Allemagne de l'aménagement des usines et du perfectionnement des institutions patronales en vue d'un meilleur rendement dans le travail. Quant aux chapitres de la quatrième partie, dans lesquels j'ai exposé l'organisation scientifique de toutes ces questions budgets de laboratoires, programmes d'enseignement, diplômes, etc., ils sont de nature à donner une idée de l'importance que l'on porte à tout ce qui se rattache à la chimie, qui trouve des défenseurs jusque sous les voûtes du Parlement. Enfin, la cinquième partie a mis en évidence l'utilité des Chambres de commerce, des syndicats professionnels et des sociétés chimiques qui jouent un si grand rôle dans la défense des intérêts chimiques. Mais ce n'est pas tout que de constater le progrès de l'Allemagne. Quelle conclusion à notre profit et quel enseignement devons-nous en tirer? Le but de ce livre est-il simplement de nous renseigner sur ce qui se passe de l'autre côté du Rhin? Il faut porter plus haut sa pensée : ce que j'ai voulu surtout montrer par l'étalage de ces documents, c'est que si l'industrie chimique est stationnaire en France cela tient au fonctionnement ou à l'absence des organes qui devraient en constituer le mécanisme (1). Bien des auteurs, Haller, Lauth, Lefèvre, etc., ont signalé les lacunes que présentait l'enseignement de la chimie appliquée en France. On s'est mis courageusement à l'œuvre et à l'heure actuelle cet enseignement s'est considérablement amélioré. L'Institut chimique à Nancy, si brillamment inauguré par Haller, l'Ecole de Physique et de Chimie dont le programme, sous la vigoureuse impulsion de son directeur M. Lauth, est un véritable succès, l'Ecole de Chimie appliquée de la rue Michelet avec la direction de M. Moissan, l'Institut chimique de Lyon, etc., sont autant de preuves de notre organisation qui laisserait peu à (1) Voir l'ouvrage de M. Haller l'Industrie chimique, dans lequel l'auteur fait une critique sur les causes du ralentissement des industries chimiques en France. désirer si l'enseignement électrochimique et électrotechnique n'était pas aussi insuffisant. Nous commençons donc en France à être suffisamment organisés de ce côté : mais il ne suffit pas de former des chimistes, il faut leur offrir un champ d'activité où leurs productions ne soient pas stériles et surtout ne servent pas uniquement à augmenter la richesse industrielle de l'étranger. Il reste done maintenant à améliorer et à perfectionner tout l'outillage qui doit contribuer à développer l'industrie chimique de manière à lui donner un rang digne de notre pays. C'est cette question d'organisation que je me propose d'étudier dans un travail à part, en même temps que celle de la formation d'un Syndicat pour la défense commune de toutes les industries chimiques (1). (1) Dans une conférence que j'ai faite à la Chambre syndicale de produits chimiques, le 14 mars 1900, j'ai insisté sur la nécessité du rôle plus actif que devaient prendre en France les Sociétés d'ordre chimique, syndicats professionnels d'industrie chimique. etc., chaque fois qu'il s'agissait de questions d'enseignement technique, de créations de laboratoires, de modifications dans notre jurisprudence des brevets, d'aménagements dans les usines chimiques, de projets de création d'industries dans nos colonies, de la condition sociale du chimiste, etc.. au lieu de cantonner leur programme dans des limites étroites. J'ai insisté également sur l'utilité de créer un service de renseignements concernant les industries chimiques sous les auspices de la Chambre syndicale, et cette idee semble avoir été bien accueillie. (Bulletin de la Chambre syndicale de produits chimiques, mars 1900. TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE.. V INTRODUCTION : Causes principales du progrès chimique en Allemagne PREMIÈRE PARTIE SITUATION ÉCONOMIQUE GÉNÉRALE DE L'ALLEMAGNE - Historique. Situation économique. - - I Importations et exportations allemandes. Tableaux et graphiques. CHAP. II. — Exportations de l'Allemagne. 7 Exportations allemandes et françaises. Exportations en Russie. ..... CHAP. III. Situation de quelques industries. Industries textiles, coton, laine, etc.- Industries diverses.... 19 29 - Historique et développement des industries chimiques. - Leurs rami- Division. 51 CHAP. II. Industrie du charbon, de la métallurgie et des Bassins houillers.- Charbons, situation de l'industrie du charbon.— - - - 70 CHAP. III. - Grande industrie chimique. 91 CHAP. IV. Industrie des produits chimiques de la pharmacie, Historique du développement de l'industrie des produits pharmaceu- - CHAP. V. — Industrie des couleurs organiques et minérales et - Historique du développement des industries dérivées du traitement CHAP. VI. Industries diverses. Engrais, sels ammoniacaux, superphosphate de chaux, nitrate de 207 |