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Dans quatre de ces coupures, le vieux lit du fleuve s'est tellement encombré de gravier près des points d'intersection avec le nouveau lit, qu'il y est à sec, quand les eaux sont très-basses, et qu'alors il n'y a plus de courant d'eau dans le vieux lit.

L'effet que ces coupures ont produit pendant des grandes eaux qui ont eu lieu depuis 1818, et surtout pendant les crues des mois d'Octobre et de Novembre 1825, a démontré d'une manière incontestable l'utilité de cette rectification.

Quoique le nouveau lit du Rhin ne soit pas encore complétement formé sur toute sa longueur, cependant la plus grande hauteur du Rhin entre Daxland et Knielingen, sur la rive droite, et entre Hagenbach, Pfortz et Worth sur la rive gauche, a été de cinq pieds moindre qu'elle n'aurait été sans la rectification du Rhin.

Cette différence de cinq pieds dans la hauteur, entre ce qu'elle a été effectivement et ce qu'elle aurait été sans les coupures, a diminué peu à peu depuis Daxland jusqu'aux environs d'Illingen en remontant, et depuis Knielingen, en descendant, jusqu'à l'embouchure de la dernière coupure, où la différence est devenue nulle.

Si le niveau du Rhin n'avait pas été baissé (et cet abaissement n'aurait pas eu lieu dans l'ancien état du fleuve), il n'aurait pas été possible d'empêcher que des digues se rompissent sur la rive droite et sur la rive gauche; toute la basse plaine du Rhin aurait été inondée, et les villages d'Au, de Würmersheim, de Neubourgweyer et la partie basse du village de Knielingen sur la rive droite, ainsi que les villages

de Neubourg, de Hagenbach, de Pfortz, de Woerth, de Neupfortz et de Leimersheim sur la rive gauche,. auraient été submergés, ainsi que les villages situés un peu plus loin en aval, qui l'ont été.

Dans les endroits où la baisse du niveau du Rhin a été la plus considérable, on aurait pu se dispenser de conserver les digues, si le Rhin n'était pas resté trop long-temps à une grande hauteur, et si, par suite, il n'y eût pas eu à craindre que les digues ne fussent trop ramollies par les eaux, auxquelles elles étaient constamment exposées.

ARTICLE 12.

Dépenses pour les travaux du Rhin dans les précédentes et dernières années.

Il est impossible de spécifier les dépenses qui ont été faites pour les travaux du Rhin dans les anciens temps, parce qu'autrefois on s'est servi de corvées. Les matériaux de construction et les terres nécessaires à l'établissement des digues, étaient presque toujours fournis gratis, et très-souvent diverses caisses subvenaient aux dépenses en argent.

Nous bornons ici nos recherches aux dépenses qui ont été faites dans les huit années, depuis et compris celle de 1816 jusqu'à 1823.

de

La somme qu'on a dépensée durant cet espace temps, pour les travaux du Rhin sur la rive badoise, monte, terme moyen, à 288,000 florins

a) Le long de la frontière française. b) Le long de la frontière bavaroise.

Somme.

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par an,

savoir :

208,000 florins.

80,000

288,000 florins.

Il est vrai que nous avons compté parmi ces dépenses tous les frais qui ont été faits pour les travaux de rectification près de Kehl, près de Wintersdorf, et pour la rectification commencée en 1817, depuis Neubourg jusqu'à Schreck; frais qui montent en totalité à 330,000 florins; et on pourrait croire que cette somme partielle devrait être retranchée de la dépense totale employée aux travaux du Rhin, afin d'avoir le montant de celle qui eût été nécessaire, si l'on n'eût pas exécuté de rectification; mais ce calcul pas juste, parce que, si l'on n'avait pas exécuté les coupures du Rhin, on aurait été dans le cas de faire des dépenses pour d'autres travaux, qui seraient alors devenus indispensables.

ne serait

Admettons cependant qu'on puisse retrancher des 288,000 florins ci-dessus, la moitié des 330,000 florins employés pour la rectification du Rhin dans l'espace de huit ans, ou retrancher en terme moyen 21,000 florins par an, et que par conséquent on puisse fixer la somme qui aurait été nécessaire, si l'on n'eût point fait de coupures, à 267,000 florins, il n'en sera pas moins vrai que, dans l'incertitude où l'on était et où l'on est encore, si la rectification sera générale ou non, on a renvoyé à d'autres temps bien des constructions qui, par la rectification du Rhin, n'atteindraient pas leur but, et que par conséquent les dépenses ont été d'autant moins élevées.

Au reste l'expérience a démontré que, si les rives doivent être défendues comme leur position l'exige, les moyens pécuniaires qui ont été accordés jusqu'à présent pour de pareils travaux, n'ont pas été suffisans, et qu'il faudrait les augmenter.

ARTICLE 13.

Dépenses pour les travaux du Rhin, si ce fleuve n'est pas rectifié.

Pour fixer d'avance avec quelque probabilité les dépenses moyennes qui seraient annuellement nécessaires pour les travaux du Rhin, dans l'hypothèse de la non-rectification, il faudrait, avant tout, qu'il fût convenu entre les différentes administrations, d'après quel système le Rhin doit être traité sous les rapports hydrotechniques.

La dépense sera d'autant moindre que l'on abandonnera plus de terrain au fleuve, que l'on s'éloignera plus de son action en reculant les villages et les digues, que l'on cherchera moins à recouvrer les terrains que le fleuve aura enlevés, ou à cultiver les nouveaux atterrissemens.

- Mais la population toujours croissante, et le perfectionnement de l'agriculture qui en résulte, ne permettront plus à l'avenir d'abandonner négligemment les rives aux attaques du fleuve; par cette raison, et parce que les sommes affectées jusqu'à présent aux travaux du Rhin n'ont pas été suffisantes, les sommes annuelles que l'on dépensera à l'avenir, doivent être augmentées, quand même on voudrait seulement s'opposer un peu plus qu'on ne l'a fait jusqu'à présent, aux dégâts et aux inondations du Rhin, et diminuer tant soit peu les inconvéniens qui en résultent.

Si le Rhin n'est pas rectifié, il faudra lui laisser, au moins le long de la frontière française, la faculté d'agir avec quelque liberté; car on ne pourrait guères

avant plusieurs années, défendre les rives, ni conserver tous les ouvrages de défense qui sont déjà

construits.

Le long de la frontière bavaroise, où le Rhin est un fleuve tout formé, et où, par la rectification très-avancée de son cours, il a déjà été forcé d'abandonner sept sinuosités sur une longueur de trois lieues, il serait plus possible de maintenir le fleuve, dans son lit actuel.

Cependant il y a des circonstances qui rendraient la conservation du lit actuel du fleuve au moins trèsdifficile; avant tout il serait nécessaire que les digues du Rhin fussent en partie exhaussées et renforcées, en partie reculées, et que l'on fit pour ces travaux, outre la dépense de 122,000 florins déjà accordée, une nouvelle dépense de 338,000 à 340,000 florins; ensuite il faudra garantir bientôt les rives dans les coupures déjà exécutées, et sans compter la partie rectifiée, on aurait encore à conserver une rive de vingt-quatre lieues de développement.

Mais quand tous ces travaux seront faits, on n'aura pas empêché que le fond du lit du Rhin, ainsi que le terrain situé en dehors des digues, ne s'exhaussent encore avec le temps; il s'ensuit de là que peu à peu les digues seront encore une fois trop basses et trop faibles, et qu'il faudra de nouveau augmenter leur hauteur et leur épaisseur.

En ayant égard aux circonstances mentionnées cidessus, on pourra, sans se tromper de beaucoup, admettre que la dépense annuelle, qui sera nécessaire pour les travaux du Rhin sur la vive badoise, devra monter, si la rectification du Rhin n'est pas continuée :

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