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« délégués de l'inquisiteur, et les commissaires du roi «<le leur promettent.» (1)

Il existe une troisième pièce, relative à l'interroga— toire des mèmes treize Templiers; elle est très-importante, et seule elle suffirait à expliquer par quels moyens les agens de l'Inquisition et de la Cour parvenaient à extorquer les aveux.

Il parait que ces treize Templiers, en deux précédens interrogatoires, avaient persisté à nier les faits imputés à l'Ordre. Cette pièce le déclare expressé

ment.

Cependant les deux procès-verbaux précédens certifient qu'ils ont fait des aveux, ce qui permettrait de croire, ou que ces actes ont relaté des faits contraires à la vérité, ou que, lorsque les Templiers refusaient de faire les aveux, on ne dressait point de procès-verbal.

Quoi qu'il en soit, voici un extrait de cette pièce : << Les quiex avaient juré par deux fois et esté exa« minez diligemment sur les articles desus diz et sin« gulièrement, LES QUIEX ARTICLES EUX AVAIENT « NIÉ A PLEIN.

<< Requi demandez et examinez chascun pour soi << derrechief sur lesdiz articles cognurent et confesserent « les erreurs contenues es diz articles..... Se requérant

(1) Petendo misericordiam ecclesiæ et relaxationem pœnarum corporalium et membrorum cum instantiâ ac etiam implorando, quæ Fratres-Prædicatores et milites ante dicti nomine quo supra eisdem

Concesserunt.

« à nous sous-prieur, recteur...... la miséricorde de « sainte église et à nous lesditz Huges et Enguerran « de peine temporel.

<< Les quiex choses leur furent otriees. >>

Si de tels détails ne portaient pas avec eux-mêmes leur commentaire, j'observerais que deux de ces témoins, Gautier de Bullens et Mathieu Renaud, furent condamnés par le concile de Sens, pour avoir révoqué les aveux qu'ils n'avaient faits à Caen, qu'après les avoir refusés deux fois.

S VII.

CARCASSONNE.

Six Templiers furent interrogés à Carcassonne, au commencement de novembre 1307.

Outre les aveux ordinaires relatifs aux réceptions illicites, leurs dépositions offrent des détails particuliers.

Le premier, JEAN CASSANHAS, parle d'une idole de cuivre jaune, ayant la figure d'homme et couverte d'une espèce de dalmatique ; VOILA, dit-on au récipiendaire, UN AMI de Dieu, qui CONVERSE AVEC DIEU, QUAND IL VEUT.

Le témoin déclare qu'on l'adora par trois fois

qu'à chaque fois on réniait le crucifix.

Il croit que cette idole s'appelait Démon.

,

Le second, GAUCERAND DE MONT-PEZAT, parle

aussi d'une idole dorée, ayant la forme barbue d'un

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homme, qu'on lui assura être faite en figure BAFFOMÉTIQUE'; on lui déclara, ajoute-t-il, que c'était par cette idole qu'il pouvait être sauvé et non autrement.

Le troisième, RAYMOND RUBEI, dépose qu'on lui montra un bois, où était dépeinte la figure BAFFOMÉTIQUE et qu'il l'adora en disant YALLA, mot des Sarrazins.

Le quatrième, GUILLAUME Bos, dit avoir adoré une figure en bois, observant qu'il ne put pas discerner ce que représentait ce bois, mais qu'il lui sembla être de couleur blanche et noire.

Le cinquième, ARNAUD SABATIER, déclare qu'on lui présenta, et qu'il adora un bois qui avait la figure d'un homme.

Le sixième, PIERRE DE MOSSI, dit la même chose. Les deux premiers assurent que l'idole était tirée de QUODAM COFINO DE CAXIA.

Il est à remarquer que ces témoins ont été reçus en divers temps et en divers lieux.

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Voilà donc des réceptions où l'on suppose des idoles,

en différens temps et en différens lieux, en Languedoc, en Roussillon et en Provence !

Que sont devenues ces idoles de différentes formes, de métal ou de bois, en fonte, en sculpture et en peinture? Pourquoi n'en a-t-on trouvé aucune, lorsque les Templiers ont été arrêtés ?

C'est qu'elles n'ont jamais existé.

Je reviendrai sur cet article, parce qu'il a servi de texte à un auteur étranger qui, admettant l'existence des figures, a essayé d'expliquer ce que c'était que cette figure BAFFOMÉTIQUE.

Mais les dépositions de ces témoins portent avec elles-mêmes l'empreinte du mensonge, qu'ont exigé la violence ou la terreur; on n'aurait pas pris la peine de bâtir un système là-dessus, si l'on avait été instruit que le premier de ces témoins, Jean Cassanhas, et le sixième, Pierre de Mossi, se présentant parmi ceux qui déclaraient vouloir défendre l'Ordre, firent par cette démarche la rétractation la plus formelle de leurs précédens aveux ; et que Jean Cassanhas fut ensuite brûlé à Carcassonne, pour avoir révoqué la première déposition, et parce qu'il persista, jusqu'à la mort, dans cette rétractation; que le second témoin, Gaucerand de Mont-Pezat, après son premier interrogatoire, avait été présenté au pape, mais qu'il révoqua ensuite à Paris expressément et littéralement les aveux faits devant le pape.

S VIII.

INFORMATION DU BIGORRE.

Six accusés sont interrogés: deux font les déclarations exigées; trois y ajoutent que lors de leurs réceptions, ils foulèrent la croix sous les pieds.

Dans une seconde information, ils répètent les

mêmes aveux.

Quatre de ces témoins, GUILLAUME DE NOER, BERTRAND DE MONTPELLIER, ARMAND GUILLERMI et DRAGO DE CORTADA se présentèrent comme défenseurs de l'Ordre, et révoquèrent ainsi leurs premières dépositions.

SIX.

CAHORS.

Le 2 janvier 1507 (ou 1308.)

Sept Templiers sont interrogés à Cahors; ils font les aveux ordinaires.

ÉTIENNE GAUCELIN, l'un d'eux, fixe, à plus de cinquante ans, l'époque de sa réception.

RAYMOND et PIERRE TEYAC, déclarent que l'un d'eux a été reçu en présence de ses deux autres frères.

Devant les commissaires du pape, Pierre de Teyac rétracta expressément ses aveux, et déclara vouloir

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