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mesures de police. Il voulut empêcher la bulle de parvenir au légat qui était dans sa cour. Il ordonna et on établit la surveillance la plus sévère dans tous les ports, passages et routes; les voyageurs étaient arrêtés, fouillés, interrogés; on envoyait au roi les dépêches suspectés (1): la bulle

<< sant une pénitence salutaire, à moins que vos péchés << n'exigent que le Saint-Siége soit consulté. >>

Charissimo in Christo filio Frederico, regi Trinacria illustri.

Indulgemus ut aliquem idoneum et discretum presbyterum in tuum possis confessorem eligere, qui quotiens oportunum fuerit confessionem tuam audiat et, pro commissis, debitam tibi absolutionem impendat, ac injungat pœnitentiam salutarem, NISI TALIA FUE

RINT PROPTER QUÆ SEDES APOSTOLICA SIT MERITO

CONSULENDA. Avenioni, kal. junii anno V-Arch, secrètes du Vatican. Regestrum litterarum communium anni v Clementis papœ V, litt. 610.

(1) Intellexit rex sententiam ejus modi latam fuisse contra se Romæ, quæ ne in Franciam ad legatum Johannem transferretur; jussit omnes vias, portus, aditusque custodire diligenter, et quoscumque, peregrè accedentes, interrogari, undè, et quò, litterasque, si quas rei testes differrent, ad se mitti.....

fut interceptée. Ceux qui l'apportaient au légat furent mis en prison (1), et des prêtres, auxquels ils en avaient laissé prendre des copies, furent punis de leur imprudente curiosité.

Enfin, ce pontife altier qui avait osé écrire au roi : « Nos prédécesseurs ont déposé trois rois de France (2); les Fran

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(1) Nuper Nicolaum de Benefracta Capellanum cardinalis dicti, nostras ad eum portantem litteras, quibus regem excommunicatum, per eundem cardinalem mandavimus publicè nunciari, capi fecit et repetitum a cardinali eodem noluit relaxare, etc. Bulle SUPER PETRI SOLIO.

(2) Aucun autre monument historique ne parle de cette prétendue déposition de trois rois de France. La fable mème de la déposition de Childéric par Zacharie, n'a été inventée que long-temps après la mort de Childéric; si les papes avaient exercé une telle autorité sur nos rois, est-il vraisemblable que, postérieurement, les prélats de l'Eglise gallicane eussent répondu à Grégoire IV, qui, venant en France en 833, pour favoriser l'un des fils de Louis-le-Débonnaire, menaçait d'excommunication : « Si vous venez pour excommunier, << vous retournerez excommunié. SI EXCOMMUNICA« TURUS VENIS, EXCOMMUNICATUS ABIBIS.>>

Vit. Lud. pii.
b

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çais en ont des preuves dans leurs chro

niques, et nous dans les nôtres; et si «< vous ne vous amendez, je vous dépose<< rai comme un petit garçon, SICUT UNUM « GARCIONEM,» Boniface poussa l'arrogance et le délire jusqu'à disposer de la couronne de France en faveur d'Albert d'Autriche.

Philippe, justement indigné contre le pontife, le traita militairement, comme un prince temporel, qui déclarait la guerre.

Voulant le faire déposer dans un concile, il résolut de s'emparer de sa personne. Boniface résidait alors dans la ville d'Agnanie; quelques Français, conduits par Guillaume de Nogaret, s'y rendirent secrètement, surprirent le pontife et le firent prisonnier.

Le pape, délivré par les habitans, mourut peu de jours après, au moment où il ordonnait, pour sa vengeance, la convocation d'un concile général.

Le nouveau pontife, Benoît XI, eut assez de politique et de religion pour révoquer

les censures et l'excommunication lanBoniface VIII.

cées par

Dans la bulle qui lève l'excommunication, le pape déclare que Philippe n'a pas sollicité d'être absous, et cependant le roi avait fait à ses ambassadeurs une procuration expresse pour recevoir cette absolution.

Si Philippe la désira, ce fut sans doute pour montrer à la France et à l'Europe que les censures de Boniface avaient été lancées injustement; et, en même temps, il eut assez d'adresse et d'autorité pour obtenir que non seulement le pape ne fît pas mention de la demande, mais même qu'il déclarât qu'elle n'avait pas été faite.

Le siége de Rome devint encore vacant. Philippe-le-Bel fut le premier roi de France qui sentit l'importance et même la nécessité d'appliquer sa politique aux opérations du conclave; il profita habilement de la disposition des électeurs, et le candidat qu'il protégeait, Clément V, fut élu.

Doit on accorder une entière croyance au récit d'un historien étranger qui a donné le détail des conditions secrètes qu'imposa Philippe à l'archevêque de Bordeaux, avant de placer sur sa tête la couronne pontificale?

S'il était permis de hasarder des conjectures à cet égard, je dirais qu'il est vraisemblable que Philippe exigea une seule condition, qui renfermait toutes les autres, la résidence du pape en France; et ce ne fut pas le moindre succès de la haute politique du roi.

Heureux si la sagesse de son administration l'avait préservé de la nécessité, également fatale aux princes et aux peuples, d'employer souvent des moyens désastreux pour se procurer des ressources pécuniaires!

Depuis le commencement de la monarchie jusqu'à ce jour, Philippe-le-Bel est l'un des princes qui ont joui des revenus les plus considérables. Cependant il fut souvent réduit au malheur d'altérer

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