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Hoc nimirum jam prelibavi, ne quis hujus operis auctorem me crederet, ac proinde, que dicturus, velut a me conficta respueret; sed potius, auctricis nomine patefacto, devotus lector attenderet non ex mendaciorum tenebroso latibulo, sed ex luculento veritatis fonte perspicuo totam narrationis nostre seriem emanasse. Quis vero vel insani capitis existimet venerabilem Beatricem aut falsum aliquid aut confictum de semetipsa proferre vel scribere potuisse, quod totum in experientie libro legit et didicit, quod eo veraciori quo fideliori stilo suis. postea manibus exaravit? Perpendat itaque lector providus ad quantum discretionis culmen mens hujus sancte mulieris excreverat, que superne thezaurum gratie sic intra pectoris sui claustrum contra spirituales insidias occultare studuit, et rursum in tempore opportuno, tunc videlicet cum easdem. insidias, elapso pene cursus sui tempore, maxime formidabat, hunc ipsum nobis conservis suis utiliter erogavit. Cum vero dicat in ewangelio Dominus: Attendite, ne justitiam vestram faciatis coram hominibus, ut videamini ab eis; et rursus alibi: Sic luceat lux vestra coram hominibus, ut videant opera vestra bona, et glorificent Patrem vestrum, qui in celis est; hujus utriusque dominici precepti superficialem discordantiam sic in unam obeditionis sententiam concordavit, ut et hostis antiqui versutias, secretum suum intra se vigilanter occultando deluderet, et rursum illud in palam oportuno tempore proferendo proximorum neccessitatibus erogaret; sicque, divina disponente clementia, factum est, ut lucerna diu latens sub modio tanio postea, revelata luce, clarius eniteret in publico, quanto studiosius ad lucendum jam diu preparata fuerat in occulto. Sed jam ad narrationis ordinem accedamus.

P. V. BETS, cure à Neerlinter.

ESQUISSE BIOGRAPHIQUE DE DEUX ÉVÊQUES BELGES AU XVI SIÈCLE.

L'antique mairie de Bois-le-Duc, qui vit naître le cardinal d'Enckevoirt', Thierri Hezius, secrétaire intime d'Adrien VI, et S. Nicaise Hezius, l'un des martyrs de Gorcum, eut aussi le privilége de donner à l'Eglise d'autres illustrations dont la mémoire mérite d'être entourée du souvenir reconnaissant de leurs compatriotes. De ce nombre sont deux prélats aussi savants que vertueux et zélés, qui apparaissent à nos yeux comme la personnification vivante de l'épiscopat belge au seizième siècle. Nous voulons parler de Martin Rythovius et de François Sonnius, à la mémoire desquels sont consacrées les pages suivantes.

Nous avons cru devoir réunir les notices historiques de ces illustres Brabançons, qui se distinguèrent l'un et l'autre au colloque de Worms et au saint Concile de Trente, et qui, placés sur la chaire épiscopale dans les conjonctures les plus critiques où jamais la patrie belge se soit trouvée, associèrent leur science et leur dévouement pour sauver les principes et le culte du catholicisme dans nos provinces. Tous deux d'ailleurs appartiennent à la glorieuse phalange de nourrissons de cette féconde Mère de savants qui était admirée et vénérée de l'Europe entière. L'université de Louvain, dit l'éminent auteur de l'histoire du concile de Trente, était à cette époque en très-grande estime non seulement en Belgique, mais dans toute l'Allemagne et la France, à cause de l'excellence des maîtres qui occupaient les diverses chaires, du nombre et de la noblesse des étudiants.

4) Voyez notre notice sur Wilhelm d'Enckevoirt dans l'Annuaire de l'Université catholique, année 1867, pag. 345-856.

2) Voyez l'Annuaire, année 1862, pag. 257 et suiv.

*) ... Ardua pectora Sonnî Rithoviique, dit Kerkherdere dans un poëme cité dans l'Annuaire, 1840, pag. 193.

qui y affluaient de toutes parts, et notamment à cause de l'orthodoxie de l'enseignement. Aussi considérait-on cette université comme l'arsenal de la foi contre les attaques de Luther en ces contrées1."

Juste Lipse, qui est lui-même l'une des célébrités de l'institution du duc Jean IV et du pape Martin V, salua, quelques mois avant sa mort, l'antique Louvain, l'asile glorieux des sciences et des lettres en notre pays :

Salvete Athenae nostrae, Athenae Belgicae,
O fida sedes artium et fructu bona,
Lateque spargens lumen et nomen tuum!

O quot millia

(Ita dico) protulistis insignes viros,
Auxilia vel consilia publicae rei !

Quot famae in aede consecrastis nomina!

(LOVANIUM, III, 1).

Pour conserver la métaphore un peu vieillie du docte Isquois, nous allons pénétrer dans le temple de la renommée, afin d'y contempler un instant les deux évêques éminents, mais trop peu connus, vers lesquels l'auteur de cette petite esquisse s'est toujours senti attiré d'une manière spéciale.

I.

FRANÇOIS SONNIUS.

1. Sonnius élève et professeur à l'université de Louvain. François de Campo, fils d'Egide Van den Velde, -car tel est vraisemblablement le nom patronymique ou vulgaire de notre Sonnius était issu d'une famille de cultivateurs peu fortunés.

1) PALLAVICINO, Storia del Concilio di Trento, XV, 7.

Il naquit, vers l'an 1506, au petit village de Sonne ou Zon, situé sur la rive gauche de la Dommel entre Eindhoven et Oir schot. Sonne faisait alors partie du décanat rural (concilium) de Woensel, dans le ci-devant archidiaconé liégeois de la Campine.

Après avoir achevé ses études humanitaires à Bois-le-Duc et à Utrecht, le jeune Van den Velde fut envoyé à Louvain pour y suivre, dans la pédagogie du Porc, le cours biennal de la philosophie et des sciences. A la promotion générale de la faculté des Arts en 1527, il remporta les lauriers de Primus in artibus sur cent et onze concurrents. Il n'avait pas encore accompli sa vingt-unième année.

Après ce brillant début, François de Sonne s'adonna pendant un an à l'étude de la médecine. Mais bientôt, se sentant appelé à une plus haute destination, il se tourna vers les sciences ecclésiastiques et se fit inscrire à la faculté de théologie. Il étudia comme boursier au collége récemment fondé par le pape Adrien V1, et prit le grade de bachelier formel. Elevé à la prêtrise, il devint curé de l'église de Meerbeek, qui était alors soumise à la juridiction des évêques de Cambrai'. Un peu plus tard (1535) il se vit transférer à l'importante paroisse de SaintJacques à Louvain2 que le célèbre docteur Jean Driedo, de Turnhout, avait dirigée durant environ vingt-trois ans. Toutes les heures de loisir que lui laissait le ministère pastoral, il les consacra à l'étude approfondie de l'Ecriture, des Pères et des grands théologiens du moyen âge. Le 12 juin 1536, il reçut, après les épreuves exigées, le grade de licencié dans la sacrée faculté; le 23 août 1539, il prit le bonnet doctoral en même temps que Jean Léonard Vander Eycken, communément appelé Hasselius du lieu de sa naissance (Hasselt). Il avait alors trentetrois ans. Au mois de février 1543, le docteur Sonnius fut élevé par les suffrages du sénat académique aux honneurs semestriels

1) Meerbeek appartenait à l'archidiaconé et au décanat de Bruxelles. *) Diocèse de Liége, archidiaconé de Brabant, décanat de Louvain.

du rectorat. Peu après il devint professeur ordinaire de théologie, et obtint à cette occasion une prébende canoniale du premier ordre dans l'église primaire de Saint-Pierre'. Il s'unit avec ses collègues de la stricte faculté pour présenter à Charles-Quint une déclaration dogmatique en trente-deux articles contre les novateurs allemands (6 décembre 1544). Cette importante pièce, sortie très-probablement de la plume savante de maître Ruard Tapper, d'Enckhuyzen, doyen de la collégiale de Saint-Pierre et chancelier de l'université, valut aux théologiens de Louvain les crapuleuses invectives du moine apostat de Wittenberg2.

2. Sonnius inquisiteur de la foi dans les provinces du nord.

C'est vers cette époque que maître Sonnius quitta la cité uni versitaire pour Utrecht (Georges d'Egmont était alors évêque de cette ville) sur les conseils de son vénérable ami et professeur, Ruard Tapper, qui connaissait son dévouement, sa prudence et son esprit de conciliation. Il y fut nommé chanoine du chapitre de cette ville épiscopale en vertu des priviléges académiques. Charles-Quint, qui savait employer les hommes de mérite, lui confia les délicates et pénibles fonctions d'inquisiteur de la foi dans la province d'Utrecht3. Plus tard (1553) la gouvernante Marie, reine de Hongrie, étendit ses pouvoirs d'inquisiteur

1) Il y avait aussi des chanoines de la seconde fondation. Leur collége, composé de reuf membres, avait été institué en 1443 par Eugène IV. Ce fut le même pape qui érigea à Louvain la faculté de théologie en 1431.

3) Le 25 article exprime la croyance des théologiens belges à l'infaillibilité des conciles généraux et du Saint-Siége. Cet article a été clairement commenté par Rythovius, plus tard évêque d'Ypres, comme le prouve le docteur Herman Damen dans un de ses discours académiques, réimprimés, en 1867, à Louvain, par les soins de M. le prof. Haine, S. T. D.

*) Les inquisiteurs généraux, nommés par le Saint-Siége, en juillet 1537, étaient Ruard Tapper et Michel Driutius. Sonnius n'était qu'un de leurs subdélégués. Voir le rapport de M. Gachard dans la Correspondance de Philippe II, tom. I, pag. CXIII et suiv.

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