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CAPITULUM III.

De cardinali de Luna, qui pro parte Clementis loquutus est cum Anglicis.

Tunc cardinalis de Luna, qui diu Parisius degens non faventes Clementi pape conatus fuerat confirmare, cum francigenis ducibus convenerat; occasione cujus nil egerunt cum Anglicis, sed tantum eos rogaverunt ut in favorem unionis Ecclesie cardinali audienciam prestarent. Quamvis ipsis displiceret, victi tamen precibus, quod petebatur annuerunt, diemque vicesimam octavam hujus mensis cardinali assignantes, cum in tentoriis eorum se conspectibus obtulisset, canonicam electionem Clementis elegantissime perorans, supplicavit ut eamdem approbantes, super hoc regi Anglie favorabiliter scriberent, et antequam regnum introiret, ejus et principum mentes pretemptarent quidnam de suo ingressu sentirent.

Verba grata non fuerunt. Et quamvis regno Anglie in beneficiis conferendis vel subsidiis colligendis Bonifacius nil commoditatis perciperet vel honoris, sed sibi obediretur solo verbo, in favorem tamen ejus dux Lencastrie tale intulit responsum : « Dominum Bonifacium hucusque asseruimus verum papam, ipsique cum domino rege in cunctis spiritualibus, sicut vero << Christi vicario, obtemperare intendimus; contra quem si vobis placet in regno predicare, licenciam transfretandi concedi«< mus. Quicquid autem de pestifero scismate intulistis, vos, <«< cardinales Avinionenses, huic introitum prebuistis, hoc << fovistis de die in diem et augetis. Unde ve vobis merito, quo<«< niam, si michi crederetur, pace in regnis peracta, aut huic «< finem daretis, aut periretis de terra ».

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CHAPITRE III.

Le cardinal de Luna parle aux Anglais en faveur du pape Clément.

Le cardinal de Luna, qui était depuis long-temps à Paris, et qui avait essayé de raffermir dans l'obédience du pape Clément ceux qui commençaient à s'en détacher, vint trouver les ducs de Berri et de Bourgogne à la conférence. Mais ces princes ne firent aucune démarche en sa faveur auprès des Anglais; ils se bornèrent seulement à les prier de donner audience au cardinal dans l'intérêt de l'union de l'Église. Cela déplaisait fort aux Anglais; néanmoins ils cédèrent aux instances qui leur étaient faites, et accordèrent une entrevue au cardinal pour le 28 du mois. Le prélat fut reçu par eux dans leurs tentes. Il soutint dans un discours éloquent que l'élection de Clément était canonique, et supplia les ducs de Lancaster et de Glocester de l'approuver, et d'en écrire favorablement au roi d'Angleterre, afin de pressentir ses dispositions et celles des grands du royaume, avant qu'il passât la mer.

Ces propositions furent mal accueillies. Ce n'était pas que Boniface trouvât une source abondante de revenus dans la collation des bénéfices ou dans la levée des subsides en Angleterre, ni qu'il fût bien honoré dans ce royaume, car on ne lui prêtait qu'une obéissance nominale. Cependant le duc de Lancaster fit une réponse tout en sa faveur : « Nous << avons toujours reconnu jusqu'à présent, dit-il, monseigneur Boniface « pour le seul pape légitime, et nous voulons, ainsi que le roi notre «< sire, lui obéir dans toutes les choses spirituelles, comme au véritable << vicaire de Jésus-Christ. S'il vous plaît d'aller prêcher contre lui dans << le royaume, nous vous laissons la liberté de traverser le détroit'. Mais << puisque vous avez parlé de ce schisme funeste, sachez que c'est «< vous, cardinaux d'Avignon, qui y avez donné naissance, vous qui l'en« tretenez, vous qui l'augmentez chaque jour. Aussi malheur à vous! si

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Suivant Froissart, le duc de Lancaster montra moins de condescendance; il ne voulut pas même voir le cardinal.

II.

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Hac brevi responsione impacienter audita, dominus cardinalis recedens que audierat ducibus enarravit. Ipsi vero, circa finem hujus mensis cum Anglicis iterum convenientes, que verbotenus tractaverant tenere firmiter juraverunt. Formam et modum tractatus ignorabam, quamvis personaliter pro negociis Ecclesie ducum vestigiis adhererem. Alias tamen ad noticiam hoc poterit pervenire. Credo tamen quod hoc ambo reges cum sacramentis vallassent, nisi infirmitas dolorosa, que regi Francie in Abbatis villa degenti inopinate supervenit, ob

stitisset.

CAPITULUM IV.

De quadam filia resuscitata precibus beate Marie matris Domini gloriose.

Ad honorem beate Marie Virginis, Dei gloriose matris, enucleatur miraculum, et qualiter parencium auxiliatrix sit optima, in villa Parisiensi filiam vite restituens, que ante baptismum, ut creditur, jussu proprie genitricis fuerat suffocata. Quamvis nomen miserrime matris ignotum sit, tute tamen presumitur quod partum furtivum sic destruere voluit, forsan pudore muliebri consternata. Unde, eo primam lucem attingente, guttur panno lineo violenter opilavit, in fasciisque tenuissimis involutum super commune sterquilinum extra portam sancti Martini de Campis cum immundiciis domorum proici imperavit. Non ibi diu remansit. Nam dum quidam burgensis valde honestus et multis associatus locum illum pertransiret, canes venaticos secum ducens, contigit unum ex illis locum illum instancius apertis naribus hinc et inde perlustrare; qui quia nutibus, verbis ac sibilo abigi nec revocari nequibat,

« l'on m'en croyait, la paix une fois conclue entre les deux royaumes, << vous seriez forcés de mettre fin au schisme, ou exterminés. >>

Le cardinal se retira fort mécontent d'une réponse si brève, et vint raconter aux ducs de Berri et de Bourgogne ce qui s'était passé. Les princes français reprirent leurs conférences avec les Anglais vers la fin du mois, et jurèrent d'observer fidèlement les articles dont ils étaient convenus de vive voix'. Bien que je fusse en personne à la suite des ducs pour défendre les intérêts de l'Église, je n'ai pu savoir la forme et la teneur du traité. On les connaîtra peut-être plus tard. Toutefois je crois que les deux rois auraient ratifié ce traité par leurs serments, n'eût été la déplorable maladie qui reprit tout à coup le roi pendant son séjour à Abbeville.

CHAPITRE IV.

Jeune fille ressuscitée par l'intercession de la glorieuse Vierge Marie, mère de Dieu.

Je vais rapporter, en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie, un miracle qui eut lieu à Paris, et qui prouve combien la protection de la glorieuse mère de Dieu est utile aux parents. Elle rendit la vie à une jeune fille qui avait été, dit-on, étouffée par sa mère avant d'avoir reçu le baptême. On ignore le nom de cette misérable femme; ce qu'on suppose avec raison, c'est que, égarée par la crainte du déshonneur, elle voulut détruire ainsi le fruit d'une liaison coupable. Dès que son enfant eut vu le jour, elle introduisit de force dans sa gorge des linges qui l'étouffèrent, enveloppa son corps de quelques langes, et le fit jeter, au milieu des immondices, à la voirie située en dehors de la porte Saint-Martindes-Champs. Peu de temps après, un honnête bourgeois vint à passer par là accompagné de plusieurs de ses amis et ayant avec lui des chiens de chasse. Le hasard voulut qu'un de ces animaux, qui quêtait çà et là,

Froissart raconte qu'au moment de conclure le traité, les ducs de Lancaster et de Glocester voulurent que la France s'engageât à reconnaître Boniface comme pape, et que cette circonstance faillit rompre les négocia

tions; mais que sur les observations du duc de Bourgogne, ils renoncèrent à leur demande. Froissart, qui était alors à Abbeville, dit aussi qu'il ne put rien savoir,

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in mentem circumstancium incidit quid ibi quereret expectare. Sic inspirante Domino eos credimus convenisse. Nam cum canis diucius huc et illuc immundicias pedibus dispersisset, tandem institam illam dentibus apprehendens et distrahendo devolvens, nudum corpus infantuli omnibus patefecit.

Scelus horribile justicie ilico nunciatum est. Undique utriusque sexus populi ad spectaculum inoppinatum accurrunt; et dum omnes hesitarent quid de invento corpore ageretur, adderentque non benedicta terra dignum, quia nundum sacro crismate linitum, quedam mulier illud elevans, cunctis audientibus, zelo fidei succensa, hec intulit : «Violenter et non baptizata decedens <«< infantula quamvis a christianorum consorcio et visione Dei <«< debeat separari, quia tamen dolendum est tam pulcherrimam figuram pati talia sine culpa, eam primo ad ecclesiam beati << Martini defferamus, beatam Mariam Virginem innocencium adjutricem exorantes ut huic dignetur misericorditer sub<< venire. » Assistentes quadringentorum promiscui sexus numerum excedebant; qui muliercule obtemperantes monitis, et corpusculum usque ad ecclesiam conducentes, illud super altare beate Marie posuerunt, pronique cum religiosis ecclesie suppliciter oraverunt ut violenter suffocate misericorditer subveniret, ne eternaliter dampnaretur.

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Nec mora, tante multitudinis preces parvule profuerunt. Nam mox corpus et manus leviter cepit movere ; oculos quoque aperiens, cum panniculum quo guttur impletum fuerat alacriter evomisset, fortiter clamare cepit. Inde beate Marie Virgini laudes pro vita reddita attolluntur; et dum, campanis pulsantibus, Te Deum laudamus altissonis decantaretur vocibus, quia propter constipacionem plebis ad baptisterium nequibat

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