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AD CHRISTUM 1.

« O qui perpetuo moderaris sidera motu,

« Fulmine qui terras imperioque regis, « Summe Deus, magnum rebus solamen in arctis, <«< Una salus famulis præsidiumque tuis, Sancte parens, facilem præbe implorantibus aurem, Atque humiles placidâ suscipe mente preces;

« Huc adsis tantum, et propius res aspice nostras

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Leniaque afflictis lumina mitte locis.

Hanc tutare domum, quæ per discrimina mille,

Mille per insidias vix superesse potest.
Aspice ut infandis jacet objectata periclis,
Ut timet hostiles irrequieta manus.
Nulla dies terrore caret, finemque timoris
Innovat infenso major ab hoste metus.
Undique crudelem conspiravere ruinam,
Et miseranda parant vertere tecta solo.

Tu spes sola, Deus, miseræ. Tibi vota precesque
Fundit in immensis nocte dieque malis.

"

· Quem dabis æterno finem, rex magne, labori?

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« Nulla ne post longos requies speranda tumultus :
« Gaudia sedato nulla dolore manent?

«Sic ne adeo pietas vitiis vexatur inultis?

<< Debita virtuti præmia crimen habet.
Aspice virgineum castis penetralibus agmen,
Aspice devotos, sponse benigne, choros.
Hic sacra illæsi servantes jura pudoris,

Te veniente die, te fugiente vocant.

voir citer la pièce entière, en plaçant des guillemets aux vers que Louis Racine avoit supprimés.

On reconnoît dans cette pièce un jeune homme nourri des bons poëtes latins, dont il sait employer à propos les tours et les expressions. C'est en imitant les anciens dans leur langue, que Racine est parvenu à servir à jamais de modéle dans la sienne. (G.)

Coelestem liceat sponsum superare precando:

Fas sentire tui numina magna patris.
Huc quoque nos quondam tot tempestatibus actos

Abripuit flammis gratia sancta suis.
Ast eadem insequitur mæstis fortuna periclis :

Ast ipso in portu sæva procella furit.
Pacem, summe Deus, pacem te poscimus omnes ;

Succedant longis pasque diesque malis.
Te duce disruptas pertransiit Israel undas :

Hos habitet portus, te duce, vera salus.
« Hic nemora, hic nullis quondam loca cognita muris ,

« Hic horrenda tuis laudibus antra sonant.
« Huc tua dilectas deduxit gratia turmas,

« Hinc ne unquam Stygii moverit ira noti.

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En parlant des ouvrages de sa première jeunesse , qu'on peut appeler son enfance, je ne dois pas oublier sa traduction des hymnes des féries du Bréviaire romain. Boileau disoit qu'il l'avoit faite à Port-Royal, et que M. de Sacy, qui avoit traduit celles des dimanches et de toutes les fêtes pour les Heures de Port-Royal, en fut jaloux ; et, voulant le détourner de faire des vers, lui représenta

, que la poésie n'étoit point son talent. Ce que disoit Boileau demande une explication. Les hymnes des féries imprimées dans le Bréviaire romain, traduit par M. Le. Tourneux, ne sont pas certainement l'ouvrage d'un jeune homme; et celui qui faisoit les odes sur les bois, l'étang, et le paysage de Port-Royal, n'étoit pas encore capable de faire de pareils vers. Je ne doute pas cependant qu'il ne soit auteur de la traduction de ces hymnes; mais il faut qu'il les ait traduites dans un âge avancé, ou qu'il les ait depuis retouchées avec tant de soin, qu'il en ait fait un nouvel ouvrage. On lit, en effet, dans les Hommes Ilustres de M. Perrault, que, long-temps après les avoir composées, il leur donna la dernière perfection. La tra

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duction du Bréviaire romain fut condamnée 1 I par l'archevêque de Paris, pour des raisons qui n'avoient aucun rapport à la traduction de ces hymnes. Cette condamnation donna lieu dans la suite à un mot que rapportent plusieurs personnes, et que je ne garantis pas. Le roi, dit-on, exhortoit mon père à faire quelques vers de piété: «J'en ai voulu faire, répondit-il, on les a con« damnés. "

Il ne fut que trois ans à Port-Royal; et ceux qui savent combien il étoit avancé dans les lettres grecques et latines n'en sont point étonnés, quand ils font réflexion qu'un génie aussi vif que le sien, animé par une grande passion pour l'étude, et conduit par d'excellents maîtres, marchoit rapidement. Au sortir de Port-Royal, il vint à Paris, et fit sa logique au collège d'Harcourt, d'où il écrivit à un de ses amis :

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En 1660, le mariage du roi ouvrit à tous les poëtes une carrière dans laquelle ils signalèrent à l'envi leur zéle et leurs talents. Mon père, très inconnu encore, entra comme les autres dans la carrière, et composa l'ode intitulée la Nymphe de la Seine. Il pria M. Vitart, son oncle, de la porter à Chapelain, qui présidoit alors sur tout le

Elle fut condamnée uniquement comme version en langue vulgaire. (L. R.) Ces hymnes sont recueillies dans cette édition.

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Parnasse, et par sa grande réputation poétique, qu'il n'avoit point encore perdue, et par la confiance qu'avoit en lui M. Colbert pour ce qui regardoit les lettres. Chapelain découvrit un poëte naissant dans cette ode, qu'il loue beaucoup; et parmi quelques fautes qu'il y remarqua, il releva la bévue du jeune homme, qui avoit

, mis des tritons dans la Seine. L'auteur, honoré des critiques de Chapelain, corrigea son ode; et la nécessité de changer une stance pour réparer sa þévue le mit en très mauvaise humeur contre les tritons, comme il paroît par une de ses lettres. Chapelain le prit en amitié, lui offrit ses avis et ses services, et, non content de les lui offrir, parla de lui et de son ode si avantageusement à M. Colbert, que ce ministre lui envoya cent louis de la part du roi, et peu après le fit mettre sur l'état

pour

une pension de six cents livres en qualité d'homme de lettres. Les honneurs soutiennent les arts. Quel sujet d'émulation pour un jeune homme, très inconnu au public et à la cour, de recevoir de la part du roi et de son ministre une bourse de cent louis ! Et quelle gloire pour le ministre qui sait découvrir les talents qui ne commencent qu'à naître, et que ne connoît pas encore celui même qui les posséde!

Il composa en ce même temps un sonnet qui, quoique fort innocent, lui attira, aussi bien que son ode, de vives réprimandes de Port-Royal, où l'on craignoit beaucoup pour lui sa passion démesurée pour les vers. On eût mieux aimé qu'il se fût appliqué à l'étude de la jurisprudence. pour se rendre capable d'être avocat, ou que du moins il eût voulu consentir à accepter quelqu'un de ces emplois qui, sans conduire à la fortune, procurent une aisance de la vie capable de consoler de l'ennui de cette espèce de travail, et de la dépendance plus ennuyeuse encore que le travail. Il ne vouloit point entendre parler d'occupations contraires au génie des muses; il n'aimoit

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que les vers, et craignoit en même temps les réprimandes de Port-Royal. Cette crainte étoit cause qu'il n'osoit mon. trer ses vers à personne, et qu'il écrivoit à un ami : « Ne “pouvant vous consulter, j'étois prêt à consulter, comme « Malherbe, une vieille servante qui est chez nous, si je « ne m'étois aperçu qu'elle est janseniste comme son « maître, et qu'elle pourroit me déceler, ce qui seroit « ma ruine entière, vu que je reçois tous les jours lettres « sur lettres, ou plutôt excommunications sur excomu munications à cause de mon triste sonnet'. » Voici ce triste sonnet; il le fit pour célébrer la naissance d'un enfant de madame Vitart, sa tante 2 :

Belle aurore,

Il est temps que la nuit termine sa carrière :
Un astre tout nouveau vient de naître en ces lieux;
Déja tout l'horizon s'aperçoit de ses feux,
Il échauffe déja dans sa pointe première.
Et toi, fille du jour, qui nais devant ton père,

rougis, ou te cache à nos yeux :
Cette nuit un soleil est descendu des cieux,
Dont le nouvel éclat efface ta lumière.
Toi qui dans ton matin parois déja si grand,
Bel astre, puisses-tu n'avoir point de couchant!
Sois toujours en beautés une aurore naissante.
A ceux de qui tu sors puisses-tu ressembler!
Sois digne de Daphnis et digne d'Amaranthe :
Pour être sans égal, il les faut égaler.

· Ce n'est pas ce sonnet, comme le croit Louis Racine, qui attira à son père les réprimandes de Port-Royal, mais bien un sonnet composé à la louange du cardinal de Mazarin, à l'occasion de la paix des Pyrénées. Voyez la première lettre de Racinc à l'abbé Le Vasseur : clle ne laisse aucun doute à ce sujet.

? C'est une erreur. M. Vitart, intendant de la maison de Chevreuse, chez qui Racine fut employé pendant quelques années au sortir du colTége, étoit son cousin, et non son oncle.

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