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jusqu'à l'élection de Martin V, dans le concile général de Constance, le 11 novembre 1417, ou, suivant d'autres, jusqu'à l'année 1429, lorsque D. Gil Mugnoz, chanoine de Barcelonne (qu'on avait élu sous le nom de Clément VIII) renonça à la papauté. Cette révolution dut influer sur l'état de l'Inquisition comme sur les autres points de la discipline ecclésiastique. La Castille suivit le parti de Clément VII, et le Portugal celui d'Urbain VI. L'institut des dominicains se divisa également ceux de ces moines qui habitaient les couvens des provinces qui reconnaissaient Urbain, avaient un général, et ceux qui obéissaient à Clément en avaient un autre. Par cette raison, les dominicains portugais qui étaient pour Urbain, élu rent un vicaire général dont ils reconnurent la juridiction, afin de se soustraire à celle de leur provincial de Castille.

XXV. Urbain VI mourut le 15 octobre 1589, et son parti élut Boniface IX le 4 novembre suivant. Celui-ci, instruit qu'il n'y avait pas d'inquisiteur apos tolique en Portugal, nomma à cette place, le 4 de novembre 1394, F. Rodrigue de Cintra, moine frauciscain, confesseur du roi Jean I (1). Le 2 décembre suivant il délégua pour inquisiteur des royaumes de Portugal et des Algarves, F. Vincent de Lisbonne, de l'ordre de Saint-Dominique, qui devait en exercer les fonctions aussi long-temps qu'il plairait au pape; sa nomination était sans préjudice de priviléges accordés à son ordre et aux inquisiteurs enfin, le 14 juillet 1401, il le nomma inquisiteur général d'Es pagne (2), sans doute afin d'en avoir un de son choix

(1) Monteiro, part. 1, liv. 2, chap. 37.

(2) Monteiro, ubi suprà, chap. 35.

pour tous les pays du royaume qui l'avaient reconnu, de même qu'il y en avait un pour la Castille, la Navarre et l'Aragon, soumis alors à Benoît XIII, qui avait été élu pape en 1393, après la mort de Clément VII. Tel était l'état de l'Inquisition en Espagne à la fin du 14° siècle.

ARTICLE III.

État de l'Inquisition ancienne en Espagne, pendant le quinzième siècle.

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I. Il est incertain si, au commencement du 15° siècle, l'Inquisition existait en Castille. En effet, quoique Boniface IX, le 14 juillet 1401, eût nommé F. Vincent de Lisbonne inquisiteur général de la province d'Espagne, et qu'après la mort de celui-ci il eût chargé, par un bref du 1 février 1402, les provinciaux dominicains de la province d'Espagne des fonctions d'inquisiteurs généraux, son autorité n'était point reconnue dans les royaumes de Castille, soumis alors à Benoît XIII, qui, après le concile de Constance, ne fut plus désigné que sous le nom de l'Antipape Pierre de Luna. Cependant, il est vraisemblable qu'étant Aragonais, et voyant que l'Inquisition était en vigueur dans son pays, il voulut que le provincial dominicain de Castille usât des pouvoirs qui lui étaient délégués par le bref d'Innocent IV, si même il ne jugea pas à propos de les renouveler (1).****

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(1) Monteiro, Hist. de l'Inquis. de Portugal, part. 1, liv. 2, chap. 36.

II. En 1406, il fallut connaître d'une affaire dans laquelle le sacristain de la paroisse de Saint-Facundus de Ségovie fut compromis avec les juifs de cette ville, à la suite du vol d'une hostie consacrée, dont on peut voir l'histoire dans Colmenares (1). Paramo prétend que l'évêque seul, D. Jean de Tordesillas, fit poursuivre les coupables, après en avoir reçu l'ordre du roi Henri III; mais Colmenares fait intervenir dans ce procès le prieur du couvent des dominicains de Sainte-Croix de la ville: il ajoute que ce religieux reçut du juif l'hostie miraculeuse, et qu'il en informa l'évêque. Lorsqu'on voit ce juif s'adresser au prieur, et en se rappelant que les moines dominicains passaient pour inquisiteurs dans toute la chrétienté, on peut bien croire que les juifs de Ségovie reconnaissaient un inquisiteur dans la personne du prieur.

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III. La bulle de Boniface IX, de l'année 1402, ne produisit que peu d'effet en Portugal, parce que les moines dominicains de ce royaume n'eurent aucune communication avec le provincial castillan, pendant la durée du schisme, parce qu'ils furent soumis à un vicaire général. Ce fut peut-être pour ce motif que Jean XXIII (qui était reconnu dans ces provinces) expédia, le 1er juin de la troisième année de son pontificat, qui répond à l'année 1412, un bref par lequel il nommait F. Alphonse d'Afraon, religieux franciscain, à la place d'inquisiteur des royaumes de Portugal et des Algarves, mais avec la clause que cette disposition ne porterait aucune atteinte aux droits des moines qui étaient inquisiteurs (2).

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(1) Colmenares, Hist. de Ségovie, chap. 28. (2) Monteiro, part. 1, liv. 2, chap. 37.

IV. La ville de Perpignan était le siége d'une des Inquisitions provinciales du royaume d'Aragon, dont la juridiction s'étendait sur les comtés de Roussillon et de Cerdagne, et sur les trois îles Baléares, Majorque, Minorque et Iviça. Benoît XIII (qui était reconnu dans cette partie d'Espagne) jugea à propos de rẻformer cet état de choses. Il divisa cette province, créa une Inquisition particulière pour les trois îles, et nomma pour premier inquisiteur de Majorque F. Guillaume Segarra, et laissa F. Bernard Pagès à la tête de celle de Roussillon (1). Ces deux inquisiteurs, qui étaient dominicains, célébrèren: quelques autoda-fé; admirent à la réconciliation beaucoup d'accusés, et en livrèrent un assez grand nombre à la justice séculière, qui les fit brûler (2).

V. L'élection de Martin V, par le concile général de Constance (laquelle eut lieu le 11 novembre 1417), ayant mis fin au grand schisme d'Occident, les religieux portugais auraient dû se soumettre à l'autorité du provincial de la province d'Espagne, qui était alors un moine de leur nation, nommé F. Jean de SainteJuste; mais les dominicains qui étaient à Constance, persuadèrent au pape que sa juridiction était beaucoup trop étendue, ce qui engagea le souverain pontife à régler, par un bref du 5 février 1418, que la province d'Espagne serait divisée en trois provinces; que la première comprendrait, sous le nom de province d'Espagne, la Castille, Tolède, Murcie, l'Estremadure, l'Andalousie et la Biscaye avec les Asturies

(1) Paramo, de Origine Officii S. Inquis., liv. 2, chap. 8.

(2) Diago, Cron. des Dominic. d'Aragon, liv. 1.

de Santillane; que la seconde, celle de Santiago, serait composée du royaume de Léon, de la Galice et des Asturies d'Oviédo; et que la troisième, ou celle de Portugal, s'étendrait sur ce royaume et sur toutes les terres soumises aux lois de son souverain (1).

VI. Depuis ce moment, les provinciaux de Portugal furent inquisiteurs généraux du royaume, et ils eurent la faculté d'en nommer de particuliers dans leurs provinces, en vertu du bref d'Innocent VI; quoiqu'il paraisse qu'ils avaient aussi obtenu' une déclaration spéciale, semblable à celle qui fut adressée aux Aragonais, lorsqu'ils se séparèrent de la couronne de Castille (2).

VII. Le roi d'Aragon, Alphonse V, voyant que la Catalogne, le Roussillon et Majorque avaient des Inquisitions provinciales, crut qu'il était peu honorable pour le royaume de Valence de ne pas avoir la sienne. Si telle était l'opinion d'un prince aussi sage qu'Alphonse, sur la nature de l'Inquisition, que penser de la révolution qui s'était faite dans les esprits? Ce fut pour satisfaire au vœu de ce prince que Martin V expédia, le 27 mars 1420, une bulle par laquelle il était ordonné au provincial d'Aragon d'établir, en vertu des pouvoirs qui lui avaient été délégués, une Inquisition provinciale dans la ville de Valence, et de ne pas se contenter d'y envoyer des commissaires, comme ses prédécesseurs et lui-même avaient fait.

VIII. Le provincial exécuta les ordres du pape, et nomma pour premier inquisiteur F. André Ros, qui

(1) Voyez la copie de cette bulle dans Monteiro, part. 1, liv. 2, chap. 38.

(2) Monteiro, ubi suprà, et chap. 39.

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