TRAGÉDIE. ACTE PREMIER. SCENE I. ORESTE, PYLADE. OREST E. Ou 1, puisque je retrouve un ami si fidele, PYLAD E. J'en rends graces au ciel, qui m'arrêtant sans cesse Que ma triste amitié ne pouvoit partager! Où j'ai vu si long-temps votre ame ensevelie: Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours. N'est point d'un malheureux qui cherche le trépas. ORESTE. Hélas! qui peut savoir le destin qui m'amene? PYLAD E. Quoi! votre ame à l'amour en esclave asservie Par quel charme,oubliant tant de tourments soufferts, OREST E. Je me trompois moi-même ! Ami, n'accable point un malheureux qui t'aime : T'ai-je jamais caché mon cœur et mes desirs? Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs: Enfin, quand Ménélas disposa de sa fille En faveur de Pyrrhus vengeur de sa famille, Tu vis mon désespoir; et tu m'as vu depuis Trainer de mers en mers ma chaîne et mes ennuis. Je te vis à regret, en cet état funeste, Prêt à suivre par-tout le déplorable Oreste, Toujours de ma fureur interrompre le cours, Et de moi-même enfin me sauver tous les jours. Mais quand je me souvins que, parmi tant d'alarmes, Hermione à Pyrrhus prodiguoit tous ses charmes, Tu sais de quel courroux mon cœur alors épris Voulut en l'oubliant punir tous ses mépris. Je fis croire et je crus ma victoire certaine ; Détestant ses rigueurs, rabaissant ses attraits, On dit que, peu sensible aux charmes d'Hermione, |