OU LES FRERES ENNEMIS, TRAGÉDIE. ACTE PREMIER. SCENE I. JOCASTE, OLYMPE. JOCASTE. Ils sont sortis, Olympe? Ah mortelles douleurs! OLYMPE. Du haut de la muraille Je les ai vus déja tous rangés en bataille; JOCASTE. N'en doutons plus, Olympe, ils se vont égorger. O toi, soleil, ô toi, qui rends le jour au monde, Et peux-tu sans horreur voir ce que nous voyons? Tu peux voir sans frayeur les crimes de mes fils, SCENE II. JOCASTE, ANTIGONE, OLYMPE. JOCAST E. Ma fille, avez-vous su l'excès de nos miseres? ANTIGONE. Oui, madame, on m'a dit la fureur de mes freres. JOCASTE. Allons, chere Antigone, et courons de ce pas Arrêter, s'il se peut, leurs parricides bras. Ou s'ils oseront bien, dans leur noire fureur, ANTIGONE. Madame, c'en est fait, voici le roi lui-même. SCENE III. JOCASTE, ÉTÉOCLE, ANTIGONE, OLYMPE. JOCASTE. Olympe, soutiens-moi ; ma douleur est extrême. Madame, qu'avez-vous? et quel trouble... JO CASTE. Ah mon fils! Quelles traces de sang vois-je sur vos habits? Est-ce du sang d'un frere? ou n'est-ce point du vôtre? Non, madame, ce n'est ni de l'un ni de l'autre. JOCAST E. Mais que prétendiez-vous ? et quelle ardeur soudaine Madame, il étoit temps que j'en usasse ainsi, Le peuple, à qui la faim se faisoit déja craindre, |