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rappeler vos propres œuvres. Je ne dirai pas tout, car je serais infini, et on composerait presque une bibliothèque avec les documents fournis par vous, depuis trente ans, à l'Archéologie locale et à l'Histoire.

V. Je ne parlerai pas des cinquante volumes de vos Travaux, si riches en souvenirs de tout genre, et que bientôt les amis de l'histoire locale se disputeront. Je ne dirai rien du Marlot annoté et mis au jour; du Flodoard et du Richer, traduits par vos soins; non plus que de la Correspondance de Mayenne et des Mémoires de Pussot, sortis, grâce à vous, des ténèbres de nos archives. J'oublie à dessein les deux congrès de 1845 et de 1861, dans lesquels l'Académie a su donner à l'Archéologie et à l'Histoire de Reims une si honorable place.

Mais je parle 1o des ouvrages dus à votre influence et provoqués par vous: les Actes de la Province de Reims, riches de documents introuvables et de la plus haute valeur: les Toiles peintes et les Tapisseries de Reims, par M. L. Paris; les Rues de Reims, les Trésors des églises de Reims, par M. Prosper Tarbé; les Antiquités de Reims, avec leur plan, par M. Brunette; la Mosaïque de Reims, Reims sous les Romains, l'Eclairage sous les Romains, par votre savant et infatigable secrétairegénéral, qui me pardonnera de ne pas le louer davantage, tant j'ai hâte de lui céder la parole (1).

(1) Ajoutons: Le Journal historique de Reims, par M. Galeron; les Histoires de Rethel, par M. Jolibois; de Charleville, par M. J. Hubert; de Rozoy-sur-Serre, par M. Martin; de Maubert-Fontaine, de Montcornet-en-Ardenne, de Château

Mais je parle 20 des travaux composés par vous: la Monographie de Saint-Nicaise, par M. l'abbé Nanquette, depuis évêque du Mans; Saint-André, par M. Ch. Givelet; les Reliques de Saint-Remi, le Toucher des Ecrouelles, par M. l'abbé Cerf; la Statistique monumentale des Ardennes, par M. J. Hubert, notre correspondant.

Mais je parle 3o des travaux offerts à vos concours, dont vous avez souvent inspiré la pensée, tracé le plan dans vos programmes et toujours couronné publiquement le mérite par vos récompenses. Ce sont : le premier par la date, Charles de Lorraine, par M. H. Paris; l'Ameublement et les chapelles de NotreDame, par M. L. Paris; les Vitraux de Notre-Dame, par un autre auteur; la grande Monographie de la cathédrale de Reims, par MM. les abbés Cerf et Hannesse, l'ouvrage le plus complet sur notre basilique, et auquel il faudra toujours recourir quand on voudra la bien connaitre; la Ligue en Champagne, par M. Henry; Maucroix, précédé d'une si délicieuse notice, toute parfumée des senteurs littéraires du XVIIe siècle, et remplie des faits les plus curieux d'histoire locale, par M. L. Paris, l'un de nos fondateurs.

Je suis long, Messieurs, veuillez me le pardonner! Ce sont les œuvres historiques et archéologiques de l'Académie que j'énumère. Que ne vous doit pas l'histoire locale? Huit volumes in-4° sur l'Abbaye

Porcien, par M. Lépine; de Notre-Dame de Reims, de Linchamps et Lumes, de Saint-Valfroy, par M. V. Tourneur; enfin, le commentaire sur la Loy de Beaumont-en-Argonne, consciencieux travail par M. Defourny, membre correspondant,

d' Hautvillers (1); trois volumes in-8° sur Sedan (2); les cantons entiers de Bourgogne, de Fismes, de Verzy, Ay, Louvois, Trigny, Witry, et bien d'autres (3) dans la Marne; Rimogne, Rumigny, Tarzy, etc., dans les Ardennes; et aujourd'hui même, comme produit du concours de cette année, le Châtelet-sur-Retourne, Arcy-le-Ponsart, Maubert-Fontaine et Donchery.

Est-ce tout? Non encore; mon énumération n'est pas complète, parce que je ne veux point abuser de votre indulgence; mais comment passer sous silence les commissions envoyées par vous à Epernay, afin d'y étudier un manuscrit venant d'Hincmar; à Saint-Masmes, pour y recueillir des haches en pierre polie, emmanchées dans des bois de cerf?... Pendant qu'une société académique, notre voisine, nommait, le 1er avril 1873, une commission chargée de surveiller les fouilles faites dans les environs, votre commission à vous, instituée le 12 mai 1864, n'a pas cessé depuis neuf années de remplir fidèlement la même mission.

Le temps n'est donc plus où on pouvait ici accuser l'Archéologie de frivolité (4)..! Avec les délégués des sociétés savantes à la Sorbonne, en avril dernier, nous aimons à dire, au contraire: Les lectures et les discussions de la réunion de 1873 ont montré que l'Archéologie tend de plus en plus à devenir une science exacte... On observe, et on se rend

(1) Par M. l'abbé Pierquin.

(2) Par M. l'abbé Prégnon.

(3) Aussonce, Heutrégiville, Bétheniville, Pontfaverger.

(4) M. Tarbé de Saint-Hardouin, secrétaire-général, séance publique de l'an 1846. (Travaux, t. VI, p. 519.)

compte des observations... Les temps de la mé» thode expérimentale sont venus (1).

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Courage donc, dirons-nous aux chercheurs et å leurs plumes laborieuses aussi bien l'Archéologie et l'Histoire viennent d'elles-mêmes au-devant de nous, pour nous inviter au travail. Le Mont de Berru ne livre pas seulement à la géologie les secrets de sa structure; il laisse à nu des débris historiques de tous les âges. Le sol d'Alger et de la Pompelle s'ouvre pour nous donner des dépouilles vieilles de seize siècles. Muizon nous reporte aux temps Mérovingiens; et Baye, aux époques préhistoriques des troglodytes et de l'âge de pierre. D'un autre côté, notre vieille basilique de Saint-Remi, interrogée par une science aussi habile que respectueuse, nous révèle avec les fondements de son ancienne abside, les traces certaines de sa construction primitive. On peut la refaire, au moins sur le papier, telle que l'ont vue Hincmar au IX° siècle, et même Sonnace au VII; il est désormais facile d'établir sa parenté manifeste et ses airs de famille avec nos amphithéâtres et nos monuments romains, du style le plus correct (2).

L'usage attribue à M. le secrétaire-général le soin de payer le tribut d'adieux et de regrets aux collègues que la Compagnie a perdus depuis sa dernière

(1) Journal officiel, 5 mai 1873, col. 2,953.

(2) L'Académie de Sens a trouvé dans les tables des ouvrages publiés par M. l'abbé Migne, un volume entier de documents peu connus relatifs au pays Sénonais. Après vérification faite, annonçons aux amis de l'Histoire de Remsi que ces mêmes tables contiennent sur notre métropole des renseignements beaucoup plus nombreux encore.

séance générale. Je ne veux pas mettre le pied sur son domaine; qu'il me soit seulement permis, au nom de l'Archéologie et de l'Histoire, d'adresser ici, de leur part, un hommage suprême à M. l'abbé Bourassé, chanoine de Tours, à M. P. Tarbé, l'éditeur des vieux Poètes Champenois, l'auteur de tant d'ouvrages d'histoire locale, et l'un de nos fondateurs! Mais surtout à notre correspondant du premier jour, M. de Caumont, récemment décédé, et que nous avons vu si souvent au milieu de nous. Il y a vingt ans, M. de Montalembert disait de lui au congrès de Troyes: « Messieurs, quand nous » élèverons une statue à M. de Caumont, nous y » graverons ces mots: Te saxa loquuntur! Les » pierres proclament votre gloire. Et ces pierres, ce sont les monuments de notre vieille France, » c'est-à-dire les plus nobles pierres qu'on puisse » voir sous le soleil. Plus haut, et plus éloquemment que toutes les autres, parleront nos pierres monumentales de Reims, que M. de Caumont a tant étudiées, tant glorifiées, tant aimées: Te Remensia saxa loquuntur!

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Merci, Messieurs et chers collègues, de l'honneur que vous avez bien voulu me faire, en me plaçant cette année à la tête de la compagnie. Puissé-je vous exprimer aujourd'hui, et surtout vous prouver désormais ma reconnaissance autant que je la

ressens.

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