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DES

TRAVAUX DES ANNÉES 1871-1873

Par M. LORIQUET, Secrétaire général.

Messieurs,

En invoquant vos souvenirs sur les faits douloureux qui ont amené une trop longue suspension de nos travaux, M. le président, il n'y a qu'un instant, reportait aux derniers jours de juillet 1870 l'époque de notre dernière réunion et le point de départ de ce rapport; il vous rappelait aussi que, dans cet espace de trois années, la moitié environ s'était écoulée sans séance.

Après une telle interruption, nous n'oserions dire que les choses soient revenues à la situation où elles. étaient avant les événements qui l'ont motivée. C'est beaucoup assurément qu'au premier signal du bureau, un noyau de confrères fidèles soit venu reprendre nos assemblées, sous la présidence du trop modeste M. Gosset père, que vous avez continué dans ses fonctions pendant deux ans malgré ses répugnances. J'espère démontrer que là ne se sont pas bornées les

preuves de vitalité données par l'Académie, au milieu des préoccupations qui ont succédé presque sans interruption aux douleurs et aux inquiétudes de la guerre. Vos concours s'en sont ressentis davantage; vous avez dû les proroger, et malgré les délais accordés, l'absence de travaux sur une partie du prograinme prouve que les esprits n'ont pas encore toute la liberté nécessaire pour se livrer à des recherches et à des travaux de longue haleine.

Afin de ne plus attrister ce compte-rendu par des souvenirs douloureux, vous me permettrez de rappeler dès maintenant le récit circonstancié de l'entrée des Prussiens dans Reims, qui vous a été lu dans l'une de vos premières réunions. Le nom de l'auteur de cette relation suffit à en garantir la rigoureuse exactitude. M. Dauphinot, qui a eu une part si grande dans les amertumes de ce moment, devait en être l'historien ému mais fidèle.

Au moment où le vainqueur pénétrait dans cette ville, les ruines sanglantes de Bazeilles fumaient encore. M. l'abbé Tourneur ne pouvait oublier cette circonstance dans le discours qu'il prononçait peu de mois après, lors de l'inauguration d'une église provisoire dans cette malheureuse commune.

L'Académie elle-même est venue en aide à d'autres infortunes. La ville de Saintes, privée de sa bibliothèque par un cruel incendie, a fait appel aux corps savants pour la reconstituer, ou plutôt pour en former une nouvelle, puisque des trésors ainsi détruits ne se retrouvent pas. Vous aviez quelques livres, vos publications depuis trente ans, vous les avez offerts sans hésiter à la bibliothèque de Saintes.

On a tant répété que ce qui a vaincu à Sedan et

ailleurs c'est le maître d'école, » qu'on finirait par le croire sérieusement, si les causes de nos désastres n'apparaissaient multiples autour de nous. De bons esprits cependant ont cru qu'il fallait plus que jamais s'occuper de l'éducation du peuple, et de toutes parts des hommes de bonne volonté se sont offerts pour aider au relèvement de l'instruction, à sa propagation, à sa réorganisation sur de meilleures bases. C'est pour répondre à ce besoin qu'un rapport vous a été demandé par M. le ministre de l'instruction publique sur l'état et les progrès des écoles primaires a Reims avant 1790 et depuis. La rédaction de ce travail que vous m'avez confiée devant se borner à des indications bibliographiques, m'a été rendue facile au moyen des renseignements que les maîtres et maîtresses ont mis à ma disposition.

Le mouvement inauguré avant la guerre par la Ligue de l'Enseignement dans un but mal défini, aura-t-il des résultats dont le peuple lui-même ait vraiment à se louer? l'avenir le dira. Quoi qu'il en soit, les tendances accusées dans de précédents opuscules devaient nous faire trouver M. Emile Lefèvre parmi les plus actifs propagateurs de l'œuvre. Indépendamment d'une brochure sur la Ligue elle-même, nous avons pour preuve de son zèle diverses brochures sur l'état et les besoins des écoles, des conféren ces faites à Vouziers sur l'ivrognerie, sur l'union, sur la mutualité, et jusqu'à des almanachs.

Ce but généreux de former les populations pour de nouvelles épreuves est aussi celui que poursuit M. l'abbé Gainet; mais il le comprend d'une tout autre sorte. Son souci n'est pas le plus ou moins d'extension à donner à l'instruction, ni sa diffusion

sur un plus grand nombre de têtes, mais bien la nature de celle qu'on distribue aux jeunes intelligences.

Dans l'Enseignement public en France, il soutient que la cause des douloureux événements dont nous avons été les témoins, doit être cherchée dans le pervertissement de l'opinion, dans la fausse direction donnée depuis près d'un siècle à l'enseignement public, dans le libre exposé des systèmes les plus aventureux; et il est amené à examiner successivement, à ce point de vue, l'enseignement des sciences naturelles en ce qui concerne les origines de l'homme, l'enseignement philosophique et l'enseignement économique.

Pareillement, dans les Questions préliminaires sur la loi de l'enseignement public, il demande le retour aux principes fondamentaux sans lesquels il n'y a pas d'ordre social; et, partant de cette base, il indique la direction à donner à l'instruction, l'ordre qui doit présider à ses développements, le degré de liberté qu'il convient de lui assurer.

C'est aussi l'abus de la science, ou plutôt des formes de la science au service de l'erreur, que M. Ath. Renard signale comme l'un des symptômes les plus dangereux de la maladie de ce temps. Le rationalisme, selon lui, n'est pas la science, non plus que la raison, car la science sait douter d'elle-même, et la raison s'arrête devant les vérités éternelles de la conscience. Le rationalisme, dont il signale avec énergie, parfois même avec éloquence, les effets désastreux sur la société, n'est qu'un des côtés de l'esprit d'opposition systématique à tout pouvoir établi, qu'il a entrepris de combattre sous ce titre : Le Parlementarisme et le Philosophisme révolution

naire. Mais nous touchons ici à des cordes que votre secrétaire, pas plus que d'autres, n'a le droit de faire mouvoir.

Je ne m'arrêterai donc ni à la Régénération de la France par M. Barbat, que la Société académique de Châlons-sur-Marne a honoré l'an dernier d'une médaille d'or, ni aux Simples notions d'économie soit gouvernementale, soit budgétaire de M. Bourdonné, ni au projet de restauration que M. Eugène Mahon de Monaghan propose dans.... l'Araucanie et son roi. Justice! Justice! tel est le cri que font pousser à M. Em. Lefèvre les droits imposés il y a quelques mois sur les matières premières, cri qui trouve un écho dans chacun de nos ateliers, à Reims comme à Sedan, à Roubaix et ailleurs, cri répété avec l'accent d'une saine raison et les développements que la complète connaissance des choses pouvait inspirer, dans la note remise à la réunion des députés partisans de la liberté commerciale, par M. Simon Dauphinot, au nom de l'industrie lainière de la ville de Reims.

Dans le même ordre d'idées, je vous rappellerai encore le rapport présenté au nom de la quatrième section de la commission permanente des valeurs de douane, par son président, M. Natalis Rondot.

Le rapport, présenté par M. Duchàtaux au Conseil général, sur les améliorations à introduire dans le service des enfants assistés, et dont il vous a fait hommage, est un traité complet sur la matière. En faisant l'historique de la question, en retraçant l'origine, la marche et les vicissitudes de ce service administratif, M. Duchâtaux a mis en pleine lumière, à l'aide de documents puisés aux sources, tous les résultats et les améliorations dont il est susceptible.

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