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le sens convient éminemment aux circonstances douloureuses que la France a traversées, notre confrère vous a récité deux fables.

Maître Corbeau, témoin de la mort d'une vipère sous les coups d'un homme que le reptile avait mordu; traite cette vengeance de

Lâche et cruel abus

Qui ne répare rien.

Ne croiriez-vous pas voir ici l'un de ces avocats au noir vêtement, à la voix éclatante, qui réclament près du parlement la suppression de la peine de mort?

Dans l'Agneau et le Loup, fable rajeunie de La Fontaine, le mot de l'épilogue est celui-ci :

Le droit n'est rien, la force est tout.

Sur ce mot, vous devinez quel est l'agneau, quel est le loup.

Ces allusions politiques m'interdisent, à mon grand regret, de vous rien citer des deux pièces.

M. Piéton a choisi, pour vous les présenter, les plus beaux morceaux publiés par l'Académie des Jeux Floraux en 1870.

M. Soullié vous a lu des Etudes sur les quatre premiers chefs-d'œuvre de Racine: Andromaque, Britannicus, Bérénice et Bajazet. Appréciant son auteur, moins en admirateur passionné de la forme qu'en philosophe, il s'est attaché à montrer qu'en peignant la nature humaine telle qu'elle est et dans ses rapports essentiels avec sa destinée, le successeur et le rival de Corneille a été aussi moral et plus tragique que son illustre devancier. Si dans Racine la vertu est plus souvent opprimée, elle n'en reste pas moins

beaucoup plus digne d'envie que le crime, même triomphant, grâce à la peinture éloquente et vraie des passions et de leurs effets inévitables, pour le bonheur ou le malheur intime des bons ou des méchants, aussi bien que pour les catastrophes dont ils sont les victimes ou les auteurs. C'est ainsi que Andromaque, Britannicus et Junie, Bajazet et Atalide sont moins à plaindre dans leur infortune que Pyrrhus, Oreste ou Hermione, Agrippine, Néron ou Roxanne, leurs persécuteurs, punis l'un par l'autre.

Toujours au point de vue philosophique, le même membre a apprécié les Lettres sur le Beau en littérature, par M. l'abbé Mérit. Il vous a rendu compte, en outre, du recueil de chansons populaires publié par M. Achille Duclesieux, sous le titre de Renaissance; puis de plusieurs volumes des publications de l'Académie d'Angers et de celle de La Rochelle; il vous a particulièrement fait remarquer, dans l'un de ces derniers, les mots du patois d'Aunis que l'on retrouve en Champagne.

Pareillement M. Vanier vous a entretenus des travaux de l'Académie de Rouen en 1866-1867, puis de plusieurs volumes de la Société académique de l'Oise, de la Société académique de Saint-Quentin, enfin de la Société Iluvraise d'études diverses.

Les Causeries d'un octogénaire ont fait suite aux Tablettes liégeoises, dans lesquelles notre vénérable correspondant, M. d'Otreppe, a combattu pendant trente ans les travers de la société avec une verve toute juvénile. A quatre-vingt-six ans, me direz-vous, écrire encore! Notre correspondant n'a-t-il pas souvenir du bon archevêque de Grenade?« Monseigneur,

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lui disait Gil-Blas, vos facultés baissent, n'écrivez plus. A ces avertissements charitables, savez-vous ce que répond M. d'Otreppe? Le voici : « Si je ne dois pas écrire pour mes contemporains, comme J.-B. Rousseau, je m'adresserai aux âges futurs. A propos de son ode dédiée à la postérité, le philosophe de Fernay disait : « L'ode à la postérité n'arri> vera jamais à son adresse. » Lequel des deux s'est trompé?» Ce ferme langage ne marque pas la décadence. En preuve, je voudrais vous lire quelques extraits, mais le temps qui nous presse m'oblige à vous renvoyer au livre lui-même. Vous y trouverez des pages sur la difficulté de s'arracher au temps et de penser à l'éternité; sur les ridicules de la mode. et le tort qu'ont les femmes d'y placer tout leur bonheur; sur l'art de causer, art que la France jadis a connu, et que les goûts nouveaux, les habitudes nouvelles, qui se sont introduits dans la société avec l'abus du cigare, le billard, la bière mousseuse et l'énervante lecture des journaux, ont mis passablement en danger de se perdre.

Une lettre de Linguet, dont M. E. de Barthélemy a pu vous procurer une copie, révèle la circonstance jusqu'alors inconnue de démarches faites par le célèbre avocat pour prendre rang parmi les Français lettrés dont ce prince avait peuplé sa cour? On ne sait pas si le projet de Linguet réussit ; tout porte à le croire cependant, quand on le voit dédier au roi de Prusse son Histoire des jésuites: particularité curieuse à signaler, aujourd'hui que la Prusse brûle ce que Frédéric adorait, aujourd'hui qu'elle enveloppe dans son abjuration du passé, et l'éducation qu'elle a reçue au siècle dernier de l'esprit français,

et le patronage qu'elle accordait aux ordres religieux. Avec cette lettre, M. de Barthélemy en avait recueilli une du roi Charles VI au lieutenant des habitants, relative à la défense de la ville en 1415; une relation de la mort de Colbert; enfin une lettre de André du Chesne à Jehan Rogier, pour le remercier d'un mémoire communiqué en vue de l'Histoire de Reims que le premier savant avait entreprise.

Vous devez également à M. E. de Barthélemy la copie in extenso de deux importants chapitres des Mémoires de Rogier, qui vous ont confirmés dans le dessein, depuis longtemps arrêté, de publier l'intéressante étude du prévôt de l'échevinage, et d'en faire jouir intégralement le public.

Quand on a lu les dissertations de Rogier sur les points principaux de notre histoire intérieure, on est convaincu que l'histoire de l'échevinage et du conseil de ville est intimement liée avec celle des lieux où ces corps se réunissaient pour délibérer, avec le centre d'action de la vie municipale, avec l'Hôtel-de-Ville. En entreprenant sur l'Hôtel-de-Ville actuel et sur ceux qui l'ont précédé une histoire complète et détaillée, j'aurai, je crois, facilité beaucoup l'histoire de l'échevinage, que l'Académie mettait à l'étude dès les premières années de son existence.

Ainsi ne seront pas stériles, quoique renfermées dans le cadre restreint que je m'étais imposé, les recherches dont j'ai pu vous communiquer les résultats, depuis l'établissement de la loge de l'échevinage sur le marché, à l'un des angles de l'impasse du Brasd'Or, et sa translation à l'angle de la rue pour aller aux Crevez, jusqu'aux harmonieuses constructions commencées en 1627 sur les dessins et sous la di

rection de Jehan Bonhomme, décorées en 1635 par le ciseau de François Jacques, continuées en 1823 par les soins de M. Ruinart de Brimont, en voie d'achèvement enfin de nos jours.

A cette monographie se rattache une note sur nos archives et sur l'intérêt de premier ordre qu'il y a pour le pays de conserver à Reims la partie ecclésiastique dont le retour aux archives départementales est demandé.

M. l'abbé Tourneur vous a annoncé son dessein de rééditer, avec de notables augmentations, l'bistoire de la destruction de Linchamps, précédemment publiée par ses soins dans les travaux de 1855. Il vous a donné un avant-goût du livre en Vous lisant, sous la forme d'introduction, une intéressante histoire du mouvement littéraire à Reims, à l'époque où vivait Micqueau, auteur de l'ouvrage, ou plutôt autour de Charles de Lorraine, protecteur naturel des lettres et des lettrés dans sa ville épiscopale et dans son vaste diocèse.

Les historiens qui n'avaient pas lu Micqueau avaient donné, sur la disparition de Linchamps, une explication tout à fait erronée, faute de recourir aux sources, ce qui confirme pour la centième fois ce mot attribué à de Maistre que l'histoire est une conspiration contre la vérité. » Exagération à part, on ferait un gros livre, rien qu'en relevant les petits mensonges de l'Histoire.

M. Barbat a cité quelques exemples pour vous prouver combien de faits sont travestis .et détournés du vrai sens par ceux-là même qui semblent en position de les connaître; combien d'idées. fausses, d'erreurs, de préjugés s'accréditent, grâce à la fa

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