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dérable, dur et indolent de la partie gauche du corps thyroïde. Il faut citer aussi, comme prédisposées au goître, les personnes qui font profession de crier, de chanter, de jouer d'un instrument à vent, etc. Les cris et les efforts de l'accouchement sont souvent encore le point du départ du goître. Enfin quelques observateurs ont insisté récemment (Morin, Hahn, Brunet, 1869) sur l'influence que pouvait avoir, sur la production du goître, la tension du cou dans un travail trop appliquant. Brunet explique même la plus grande fréquence et le plus grand volume du goître à droite, par la gêne qu'entraîne pour la circulation en retour la situation du cœur dans le côté gauche de la poitrine.

Mais ces explications pathologiques ou mécaniques ne rendent compte que d'un nombre très-restreint de cas de goître, et laissent en dehors le goître endémique et certaines formes de la maladie qui affectent une marche vraiment épidémique. Bien que l'étiologie du goître endémique ait été faite d'autre part, nous devons la résumer brièvement ici; car il n'est pas à dire que des influences, de même nature que celles qui ont été invoquées à ce propos, ne puissent pas agir çà et là d'une façon isolée, et constituer une bonne partie des goitres sporadiques. D'ailleurs aucune théorie du goître n'est encore établie d'une façon positive, et nous ne devons laisser passer aucune occasion de soumettre à la critique ce qui a été avancé à cet égard.

Ce qui est acquis, c'est que le goître est endémique dans les vallées profondes et dans les gorges étroites des pays de montagne; c'est que l'influence néfaste du milieu s'étend, non-seulement aux hommes, mais

encore aux animaux domestiques, tels que le cheval, le chien, la vache, le mouton, la chèvre, le porc, et surtout le mulet (Baillarger); c'est que les personnes qui, n'étant pas nées dans les pays à goître, viennent à les habiter, peuvent y contracter la maladie; c'est que les goîtreux, en s'éloignant de ces contrées, voient parfois leur infirmité rétrocéder et guérir; c'est qu'enfin l'iode est la substance dont l'efficacité est le mieux prouvée, pour neutraliser la cause goîtrigène quelle qu'elle soit.

D'une façon plus précise, on a signalé, comme cause immédiate du goitre endémique, les eaux potables agissant soit par leur crudité, soit par leur désoxygénation, soit parce qu'elles contiennent en excès des sels calcaires, et surtout des sels de magnésie (Grange), soit enfin parce qu'elles sont imprégnées de certaines matières organiques non encore déterminées (Bonjean, Vingtrinier, Moretin, E. Lenoir, Morel, etc.).

On a encore invoqué la nature du sol au travers duquel ces eaux avaient filtré et dont les émanations se répandraient dans l'air ambiant. Saint-Lager a particulièrement mentionné l'influence des terrains métallifères et pyriteux.

Pour ce qui est de l'atmosphère des contrées à goître, on a successivement accusé sa haute température, son extrême humidité, l'insuffisance de la lumière et de l'électricité.

Nous devons consacrer une remarque toute spéciale au fait de l'absence de l'iode dans l'air, dans les eaux, dans le sol et dans les produits alimentaires du pays. Chatin a consacré d'intéressantes études à ce sujet; ses conclusions sont corroborées

par la circonstance que l'iode est le meilleur antidote à opposer aux influences qui occasionnent le goître dans les localités où cette maladie est endémique.

- Un rôle analogue a été attribué à d'autres substances, telles que le brome et la lithine, mais avec une moins grande apparence de vérité que pour l'iode.

A l'opposé, nous voyons Maumené mettre en avant, comme agent goîtrigène, un corps dont on n'avait tenu aucun compte jusqu'ici, le fluor. Mais cette opinion ne repose que sur une expérience douteuse, de laquelle il résulte qu'une chienne, soumise pendant quatre mois à l'action du fluorure de sodium, aurait présenté un gonflement général du cou.

Le goître se manifeste quelquefois d'une façon aiguë et sous forme épidémique. On le voit alors se déclarer durant l'été chez des individus, tels que des moissonneurs, des militaires, des écoliers, qui ont bu avec avidité et à la régalade, de l'eau relativement très-fraîche; ou bien encore sur des militaires qui, dans un changement de garnison, ont passé brusquement d'une contrée chaude dans une région plus froide. Cette variété de goître, connue sous le nom de goître estival épidémique, affecte ordinairement une marche aiguë et disparaît en même temps que les causes qui l'ont occasionnée. Parmi les faits qui en ont été rapportés, nous mentionnerons spécialement ceux qui ont été recueillis ou observés par Nivet, dans le département du Puy-de-Dóme. Les conditions au milieu desquelles se déclarent de semblables épidémies ne sont pas parfaitement déterminées, et leur retour ne paraît pas d'ailleurs être trèsfréquent.

Si, en terminant cette revue étiologique du goitre, nous nous demandons ce qu'il y a de certainement acquis à la science sous ce rapport, nous demeurons dans le doute, et cela malgré le grand nombre de renseignements qui se sont accumulés sur la matière. Aucune des conclusions proposées n'est à l'abri d'une objection grave, et beaucoup sont contradictoires entre elles. Ce qui est probable, c'est que les origines du goître sont multiples; c'est que le corps thyroïde, en sa qualité de glande vasculaire sanguine, s'affecte, comme peuvent le faire les ganglions lymphatiques, la rate, le thymus, etc., et particu lièrement dans certaines intoxications miasmatiques, ou par l'action d'une diathèse. Mais il ne faudrait pas pousser trop loin les analogies, car de ce côté encore on arriverait à des difficultés insurmontables, tenant à ce que chaque affection ou chaque état constitutionnel intéresse plus spécialement, et comme par voie d'élection, tel ou tel organe. Faudrait-il done, d'après cela, voir dans le goitre la détermination d'une maladie sui generis encore mal connue? C'est à cette conclusion que paraissent s'être arrêtés quelques-uns des observateurs qui ont écrit sur le goitre endémique, et entre autres Vingtrinier, E. Lenoir, Morel, Lunier, etc. La cause de la nouvelle entité morbide consisterait dans un principe intoxicant plus ou moins proche de l'effluve maremmatique; l'iode en serait le spécifique. Dans ces termes l'opinion est soutenable; mais il faut reconnnaître qu'elle a besoin d'une démonstration plus directe. Réserves sont faites pour le goître de cause mécanique, pour le goître exophthalmique, et en général pour les goîtres sporadiques,

LIII

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ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

L'histoire anatomique du goître comprend, pour ainsi dire, toutes les lésions qui peuvent atteindre le corps thyroïde; car, en supposant que l'hypertrophie simple de cet organe soit le point de départ obligé de tout goître, il n'est pas d'altération secondaire qui ne puisse à son tour, et tôt ou tard, s'emparer du tissu hypertrophié.

L'hypertrophie vraie elle-même ne se manifeste pas sous une forme qui la mette à l'abri de toute contestation. C'est qu'en effet deux cas peuvent se présenter ou bien l'accroissement de la masse du corps thyroïde n'est accompagné d'aucune modification apparente dans sa structure, ou bien il résulte d'une amplification de chacun des éléments de l'organe, vésicules glandulaires, tissu lamineux, et vaisseaux; comme si, a-t-on dit, on voyait le tissu normal au travers d'un instrument grossissant. Ces deux formes de l'hypertrophie tyroïdienne existent incontestablement. Une discussion, soulevée en 1865 à la Société Anatomique, et éclairée par les recher. ches microscopiques de Cornil, a confirmé cette distinction.

Dans le premier cas, il faut évidemment qu'il y ait multiplication des éléments normaux de la thyroïde. Le tissu conserve son grain fin et homogène; les vésicules miliaires sont serrées les unes contre les autres, sans qu'aucune l'emporte sensiblement sur ses voisines. A la coupe, on n'observe point de développement exagéré des vaisseaux, ni de congestion sanguine; il s'en écoule seulement et en petite quantité un liquide jaunâtre et sirupeux; l'épithélium des vésicules est intact et avec son apparence ordinaire

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